ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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PONT - FRAET, ou PONT - FRET, ou PONTFRACT (Page 13:79)

PONT - FRAET, ou PONT - FRET, ou PONTFRACT, (Géogr. mod.) ville à marché d'Angleterre dans l'York - Shire, sur l'Are, à 60 lieues au nordouest de Londres. Son nom lui vient à ce que l'on prétend, d'un pont de bois qui se rompit dans le tems du passage de Guillaume, archevêque d'Yorck, neveu d'Etienne, roi d'Angleterre. Il y avoit autrefois dans cette ville un château, où Richard II. fut assassiné; ce château a été détruit dans les guerres civiles sous le regne de Charles I. Pont - Fraet envoie deux députés au parlement d'Angleterre. Longit. 13. 12. lat. 53. 37.

Bramhall, (Jean) primat d'Irlande, naquit dans cette ville en 1593. Il fit recevoir à Dublin les 39 articles de la confession de foi de l'église anglicane; mais en même tems (& c'est un trait à sa gloire) il distingua toujours les articles de paix des articles de foi. Ses ouvrages ont été imprimés in - folio, & sa vie a été mise à la tête.

C'est à Pont - Fraet que Richard II. finit ses jours en 1400 à 33 ans. Ce prince monta sur le trône en 1377, à l'âge de 11 ans, & ne suivit malheureusement ni les traces du fameux prince de Galles son pere, ni celles d'Edouard III. son ayeul. Il ne pensa qu'aux plaisirs, n'écouta que des flateurs, & se jetta dans des dépenses excessives, qu'il voulut soutenir par toutes sortes de voies; ce furent là les causes de sa ruine. On lui reproche justement la mort du comte d'Arundel, du comte de Warwick, du duc de Glocester son oncle. Dès que les mécontens irrités se virent assez forts pour le détrôner, ils appellerent à leur tête le duc de Lancastre, qui surprit Richard dans un château où il s'étoit réfugié, & l'obligea de résigner sa couronne. Le parlement accepta cette démission, & nomma roi le duc de Lancastre. Richard fut enfermé dans la tour de Londres, & bientôt après conduit à Pont - Fraet, où il mourut d'une mort violente, dont le peuple crut que le duc de Lancastre son successeur n'étoit pas innocent. (D. J.)

PONTHIEU, le (Page 13:79)

PONTHIEU, le (Géogr. mod.) en latin Pagus pontivus, contrée de France, dans la Picardie, avec titre de comté; elle s'étend depuis la Somme jusqu'à la Canche. Son nom lui vient de la quantité des ponts qu'on y trouve. Hugues Capet, pour arrêter les courses des Danois & des Normands, fit fortifier l'an 992 Abbeville, & donna le gouvernement de tout le pays à un seigneur nommé Hugues. Voilà l'origine du comté de Ponthieu, qui fut réuni pour la deuxieme fois à la couronne par Louis XI. C'est un pays abondant en grains, fruits & pâturages. Il a aussi le commerce de la mer, & sa coûtume particuliere. Les lieux principaux du Ponthieu sont Abbeville, Montreuil & Saint - Valery.

PONTIA, ou PONTIAE (Page 13:79)

PONTIA, ou PONTIAE, (Géogr. anc.) île de la côte d'Italie, dans la mer de Toscane, vis - à - vis de la ville de Formies. Cette île étoit fameuse du tems des Romains, par le malheur de plusieurs personnes illustres qu'on y avoit envoyées en exil. L'empereur Tibere y relégua Néron; Caligula y relégua ses soeurs. Cette île fut aussi choisie pour être le lieu de l'exil de divers martyrs, relégués principalement de la ville de Rome. L'empereur Domitien y relégua sainte Flavie Domitille.

En 1583 on bâtit quelques maisons dans cette île, qui étoit demeurée déserte depuis fort long - tems; car anciennement elle avoit été peuplée par les Volsques; elle avoit même eu le titre de colonie romaine. Jerôme Zurita (annal. arragon.) remarque que les Génois remporterent près de cette île une grande victoire le 5 Août 1435, sur l'armée d'Alphonse V. roi d'Arragon, qu'ils firent prisonnier, aussi - bien que Jean, roi de Navarre, son frere.

Cette île se nomme aujourd'hui Pouza, & les François l'appellent Ponce. Elle appartient à l'état ecclé<cb-> siastique, & elle a appartenu autrefois aux ducs de Parme. Cette île est petite; mais comme le terrein est bon, & que l'air est assez sain, on ne laisse pas de la cultiver. Il y a une grosse tour où les habitans se retirent quand il y a quelque chose à craindre de la part des corsaires de Barbarie, qui rodent souvent sur ces côtes.

2°. Pontia, ou Pontioe, est une autre île sur la côte d'Italie, dans la mer de Toscane, vis - à - vis de Velia, & dans le voisinage de l'île Iscia. C'étoit, à ce que nous apprend Strabon, liv. VI. & Pline, liv. III. ch. viij. l'une des îles AEnotrides.

3°. Pontia est encore le nom d'une île que Ptolomée, liv. IV. ch. iij. place sur la côte d'Afrique, près celle de Mysinus.

4°. Pontia étoit une ville d'Italie chez les Volsques près de Terracine, & qui étoit une colonie romaine, selon Tite - Live, liv. IX. ch. xxviij.

Pontia, (Mythol.) Vénus avoit un temple dans le territoire de Corinthe, sous le nom de Vénus Pontia, c'est - à - dire Vénus qui présidoit à la mer, appellée chez les Grecs & les Latins pontus. La statue de la déesse étoit remarquable par sa grandeur & par sa beauté.

PONTICA GEMMA (Page 13:79)

PONTICA GEMMA, (Hist. nat.) nom donné par les anciens à une agate blanche remplie de taches rouges & noires, placées sans ordre.

PONTICI (Page 13:79)

PONTICI, (Géogr. anc.) Pomponius Mela, liv. I. ch. ij. donne ce nom à divers peuples qui habitoient aux environs du Pont - Euxin, les uns à un bout, les autres à l'autre, & que l'on comprenoit tous sous le nom général de Pontici. (D. J.)

PONTIERE (Page 13:79)

PONTIERE, s. f. (Gramm.) ouverture de l'intestin par lequel la poule, ou les oiseaux en général, rendent leurs oeufs.

PONTIFE, GRAND PONTIFE, ou GRAND (Page 13:79)

PONTIFE, GRAND PONTIFE, ou GRAND PRETRE, pontifex, (Théolog.) chez les Juifs c'étoit le chef de la religion & des sacrificateurs de l'ancienne loi. Aaron, frere de Moïse, fut le premier revêtu de cette dignité, qui fut remplie par ses descendans, & ensuite par d'autres juifs, pendant 1578 ans, jusqu'à la prise de Jérusalem par l'empereur Tite.

Le grand pontife étoit non - seulement le chef de la religion & le juge ordinaire des difficultés qui la concernoit, mais encore de tout ce qui regardoit la justice & les jugemens de la nation juive, comme il paroît par le chap. xviij. du Deuteronome, & par plusieurs passages de Philon & de Josephe. Lui seul avoit le privilege d'entrer dans le sanctuaire une fois l'année, qui étoit le jour de l'expiation solemnelle. Voyez Expiation.

Dieu avoit attaché à la personne du grand - prêtre l'oracle de la vérité; ensorte que quand il étoit revêtu des ornemens de sa dignite & de l'urim & thummim, il répondoit aux demandes qu'on lui faisoit, & Dieu lui découvroit les choses cachées & futures. Il lui étoit défendu de porter le deuil de ses proches, pas même de son pere & de sa mere, d'entrer dans un lieu où il y auroit eu un cadavre, de peur d'en être souillé. Il ne pouvoit épouser ni une veuve, ni une femme répudiée, ni une courtisane, mais seulement une fille vierge de sa race, & devoit garder la continence pendant tout le tems de son service. Voyez Urim & Thummin. Exod. xxviij. 30. Reg. xxiij. 9. Levit. xxj. 10. Ibid. v. 13.

L'habit du grand pontife étoit beaucoup plus magnifique que celui des simples prêtres. Il avoit un caleçon & une tunique de lin, d'une tissure particuliere. Sur la tunique il portoit une longue robe couleur de bleu céleste, ou d'hyacinthe, en bas de laquelle étoit une bordure composée de sonnettes d'or & de pommes de grenade, faites de laine de différentes couleurs, & rangées de distance en distance les unes au<pb-> [p. 80] près des autres. Cette robe étoit serrée par une large ceinture en broderie. C'est ce que l'Ecriture appelle éphod. Il consistoit en deux rubans d'une matiere précieuse, qui prenant sur le col & descendant de dessus les épaules, venoient se croiser sur l'estomac, puis retournant par - derriere, servoient à ceindre la robe dont nous venons de parler. L'éphod avoit sur les épaules deux grosses pierres précieuses, sur chacune desquelles étoient gravés six noms des tribus d'Israel; & par - devant sur la poitrine, à l'endroit où les rubans se croisoient, se voyoit le pectoral ou rationnal, qui étoit une piece quarrée d'un tissu très - précieux & très - solide, large de dix pouces, dans lequel étoient enchâssées douze pierres précieuses, sur chacune desquelles étoit gravé le nom d'une des tribus d'Israel. Quelques - uns croient que le rationnal étoit double comme une poche ou une gibeciere, dans laquelle étoient renfermés l'urim & le thummin. La tiare du grand pontife étoit aussi plus ornée & plus précieuse que celle des simples prêtres. Ce qui la distinguoit principalement, c'étoit une lame d'or qu'il portoit sur le devant de son bonnet, sur laquelle étoient écrits ou gravés ces mots, la sainteté est au Seigneur. Cette lame étoit liée par - derriere la tête avec deux rubans qui tenoient à ses deux bouts. Voyez Cidaris.

La consécration d'Aaron & de ses fils se fit dans le desert par Moïse, avec beaucoup de solemnités qui sont décrites dans l'exode, c. xl. 12. & dans le lévitique, viij. 1. 2. 3. &c. On doute si à chaque nouveau grand - prêtre, on réitéroit toutes ces cérémonies. Il est très - probable qu'on se contentoit de revêtir le nouveau grand - prêtre des habits de son prédécesseur; quelques - uns pensent qu'on y ajoutoit l'onction de l'huile sainte. Voyez Onction.

Pontife (Page 13:80)

Pontife, souverain (Hist. rom.) pontifex maximus, nom distinctif du chef du college des pontifes à Rome dans le tems du paganisme. On ne choisit dans les premiers tems que des patriciens pour remplir cette dignité, créée par Numa, mais environ l'an 500, on prit parmi les plébéiens, Tiberius Coruncanus; il avoit été censeur, dictateur & consul avec P. Valerius Laevinus. L'an 473 il fut élu souverain pontife, selon l'usage dans les comices par tribus.

Les fonctions du souverain pontife consistoient, 1°. à régler le culte public, & ordonner les cérémonies sacrées: 2°. réformer le calendrier, & déterminer les jours consacrés au repos en l'honneur de quelque divinité, & ceux où il étoit permis de rendre la justice & vaquer aux affaires civiles: 3°. juger de l'autorité des livres qui contenoient des oracles, des prédictions; & décider des circonstances où il étoit nécessaire de consulter ceux qu'il avoit jugés véritablement prophétiques: 4°. juger les prêtres & les prêtresses: 5°. dispenser des regles prescrites par la religion: 6°. connoître les différends en matiere de religion, & châtier les fautes contre les divinités adorées dans l'empire: 7°. recevoir les vestales: 8°. faire la dédicace des temples: 9°. offrir des sacrifices: 10°. assister aux jeux établis en l'honneur des divinités, &c.

Les grands - prêtres des Romains étoient obligés d'habiter une maison qui appartenoit à la république. On donnoit à cette maison le titre de maison royale, regia, parce que le roi des sacrifices, rex sacrorum, y avoit aussi son logement. Ils avoient la liberté de subroger un des autres pontifes en leur place, lorsque des raisons importantes les empêchoient de vaquer aux fonctions de leur ministere. Ils étoient dans l'usage de n'approcher d'aucun cadavre, lorsqu'ils devoient sacrifier, & ils se regardoient comme souillés lorsqu'ils en voyoient, ou en approchoient quelques - uns, quoiqu'il n'y eût cependant aucune loi qui leur en fît la défense.

La robe des souverains pontifes différoit de celle des autres pontifes, mais il seroit difficile de dire en quoi consistoit cette différence.

La liaison étroite qu'il y a toujours eu dans les états entre la religion & le gouvernement politique, fit penser aux empereurs romains que pour être maîtres absolus dans l'empire, il étoit nécessaire qu'ils fussent revêtus d'une dignité de laquelle dépendoit tout ce qui appartenoit au culte des dieux. Ils jugerent donc à propos de s'arroger le souverain pontificat, & de joindre pour jamais le titre de pontife souverain à celui d'empereur. La différence qui se trouva entre le souverain pontife des tems précédens, & l'empereur jouissant de cette dignité, c'est que du tems de la république, l'autorité du souverain pontife semble avoir été bornée à la ville de Rome & à sa banlieue; mais l'autorité que les empereurs avoient relativement à cette dignité, ne paroît avoir eu d'autres bornes que celles de l'empire. Lorsqu'il arrivoit dans les provinces quelque fait qui intéressoit la religion, les gouverneurs avoient soin d'en informer l'empereur, & de lui demander ses ordres; & le prince les donnoit, sans qu'il paroisse qu'il prît l'avis du college des pontifes.

Les élections des grandes prêtrises des provinces, qui se faisoient auparavant à la pluralité des voix dans les colleges sacerdotaux, ne se firent plus que par l'empereur, qui y envoyoit qui bon lui sembloit. Quelquefois même les empereurs laissoient ce soin aux gouverneurs des provinces; quelquefois ils laissoient le college pontifical, même à Rome, choisir des juges, & nommer aux places sacerdotales, parmi leurs collegues, pour remplir celles qui venoient à y vaquer.

Du tems de la république, lorsqu'un citoyen vouloit en adopter un autre, il falloit auparavant qu'il consultât le college des pontifes, & ils décidoient s'il n'y avoit aucun empêchement religieux ou civil qui y mît obstacle. Tout cela fut changé sous les empereurs; différentes lois du digeste & du code nous apprennent qu'alors il ne fut plus question de l'autorité du college des pontifes par rapport aux adoptions; l'intervention de l'empereur ou d'un magistrat y fut substituée.

Plutarque prétendoit que le souverain pontife, du tems de la république, ne pouvoit sortir de Rome; mais il y a lieu de croire qu'il se trompe; il lui étoit seulement défendu de sortir de l'Italie. Pareille défense étoit aussi faite à tout le corps sacerdotal. Ainsi Fabius Pictor fut empêché d'aller en Sardaigne, parce qu'il étoit prêtre de Quirinus.

Pendant tout le tems de la république, on ne vit jamais deux souverains pontifes à la fois, & ce titre a continué d'être unique sous les premiers empereurs. Dans la suite on l'a rendu commun à tous les augustes qui régnoient ensemble: les médailles frappées à leur coin, les inscriptions gravées en leur honneur, nous l'ont appris depuis long - tems. Mais il y a une grande diversité d'opinions sur les empereurs qui ont commencé les premiers de partager le souverain pontificat: le sentiment général a été cependant depuis près d'un siecle, que cette nouveauté s'introduisit à l'avénement de Balbin & de Pupien à l'empire, c'est - à - dire que Balbin & Pupien prirent tous deux en même tems le titre de souverains pontifes. Leurs successeurs, lorsqu'ils ont gouverné ensemble, ont aussi pris la même qualité, sans excepter Constantin, quoiqu'il eût abandonné la religion de ses peres pour embrasser le Christianisme. On peur en dire de même de ceux qui lui succéderent, & entr'autres de Valentinien & de Valens.

La qualité de souverain pontife ne cessa d'être prise par les empereurs, que lorsque Gratien succéda à Valentinien son pere, l'an de J. C. 375. Les pontifes

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