ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"891"> petites mesures pour les liqueurs; elle ne contient que la moitié d'un demi - septier, ou le quart d'une chopine, ou la huitieme partie d'une pinte, mesure de Paris. Le poisson est de six pouces cubiques; on lui donne encore les noms de posson ou de roquille.

Poisson se dit aussi d'une liqueur mesurée; un poisson de vin, un poisson d'eau - de - vie, &c. Savary.

POISSONNIERE (Page 12:891)

POISSONNIERE, s. f. (Chauderonnerie.) c'est un ustensile de cuisine qui sert à cuire le poisson. Cet ustensile est un vaisseau de cuivre fait en long, médiocrement creux, avec des rebords & une anse, qu'on etame proprement.

Poissonniere (Page 12:891)

Poissonniere, s. f. ((Vendeuse de poisson.) à Paris les poissonnieres étalent dans les halles & marchés dans des baquets qu'elles ont devant elles, où le poisson vivant nage & se conserve dans l'eau, dont ces baquets sont remplis; le nom de poissonniere ne se donne qu'à des marchandes de poisson d'eau douce; les autres se nomment marchandes de marée, si leur commerce est de poisson de mer frais; ou marchandes de saline, si elles font commerce de poisson de mer salé.

POISSY (Page 12:891)

POISSY (Géog. mod.) petite ville de l'île de France, au bord de la forêt de Saint - Germain, sur la rive gauche de la Seine, à une lieue au - dessous du confluent de l'Oyse avec la Seine. Il y a un monastere de religieuses de S. Dominique, que Philippele - Bel commença, & qui fut achevé par Philippe de Valois en 1330; mais le feu du ciel tomba sur l'église en 1695, & consuma la pyramide levêtue de plomb, qui avoit quarante - cinq toises de haut. Il y a encore à Poissy une collégiale, une paroisse, un couvent de Capucins, un d'Urselines, & un hôpital.

Cette ville, où se tient aujourd'hui un gros marché de bestiaux pour l'approvisionnement de Paris, est connue dans l'histoire par l'assemblée de Catholiques & de Protestans qui y fut convoquée en 1561, & où se rendirent Charles IX. Catherine de Medicis sa mere, & toute la famille royale. Cette assemblée appellée le colloque de Poissy, n'eut aucun succès; la vanité du cardinal de Lorraine qui comptoit y briller, fut la seule cause qui procura cette assemblée, & Théodore de Beze s y distingua er portant la parole pour les Protestans. Long. de Poilly 19. 40. lat. 48. 56.

Ce lieu qui est fort ancien se nomme en latin Pinciacum, comme il est marqué dans les chartres & dans les capitulaires des rois. Le pays des environs s'appelle pagus Pinciacensis, & en françois le Pincerais; nos anciens rois ont quelquefois demeuré à Poissy, & y avoient un château des le tems même que celui de Sain - Germain - en - Laye fut bati.

Louis IX. y naquit le 25 Avril 1215. Il a été un des plus grands hommes & des plus singuliers, dit le pere Daniel. « En effet, ajoute M. Henault, ce prince d'une valeur éprouvée, n'étoit courageux que pour de grands intéréts. Il falloit que des objets puissans, la justice, ou l'amour de son peuple, excitassent son ame, qui hors de - là sembloit foible, simple & timide; c'est ce qui faisoit qu'on le voyoit donner des exemples du plus grand courage, quand il combattoit les rebelles, les ennemis de son état, ou les infideles; c'est ce qui faisoit que tout pieux qu'il étoit, il savoit résister aux entreprises des papes & des évêques, quand il pouvoit craindre qu'elles n'excitassent des troubles dans son royaume; c'est ce qui faisoit que sur l'administration de la justice, il étoit d'une exactitude digne d'admiration; mais quand il étoit rendu à lui - même, quand il n'étoit plus que particulier, alors ses domestiques devenoient ses maîtres, sa mere lui commandoit, & les pratiques de la dévotion la plus simple remplissoient ses journées; à la vérité, toutes ces pratiques étoient annoblies par les vertus solides jamais démenties, qui formerent son caractere ».

Le lecteur sera bien aise de trouver encore ici la peinture que M. de Voltaire a faite de ce prince, & de ses actions.

Il paroissoit, dit - il, destiné à rendre la France triompnante & policée, & à être en tout le modele des hommes. Sa piété, qui étoit celle d'un anachorete, ne lui ota aucune vertu de roi; sa libéralité ne déroba rien à une sage économie; il sut accorder une politique profonde avec une justice exacte; prudent & ferme dans le conseil, intrépide dans les combats sans êtré emporté, compatissant comme s'il n'avoit jamais été que malheureux; il n'est pas donné à l'homme de porter plus loin la vertu.

Conjointement avec la régente sa mere qui savoit regner, il modéra la puissance de la jurisdiction trop étendue des ecclésiastiques: distinguant sagement entre les lois civiles auxquelles tout doit être soumis, & les lois de l'Eglise, dont l'empire doit ne s'étendre que sur les consciences, il ne laissa pas plier les lois du royaume sousl'abusdes excommunications. Ayant dés le commencement de son administration, contenu les prétentions des évêques & des laics dans leurs bornes, Il avoit réprimé les factions de la Bretagne; il avoit gardé une neutralité prudente entre les emportemens de Grégoire IX. & les vengeances de Fréderic II.

Son domaine déjà fort grand, s'accrut de plusieurs terres qu'il acheta. Les rois de France avoient alors pour revenus leurs biens propres, & non ceux des peuples; leur grandeur dépendoit d'une économie bien entendue, comme celle d'un seigneur particulier.

Cette administration le mit en état de lever de fortes armées contre le roi d Angleterre Henri III. & contre des vassaux de France unis avec I'Angleterre. Henri III. moins riche, moins obéi de ses Anglois, n'eut ni d'aussi bonnes troupes, ni d'aussi - tôt prêtes. Louis le battit deux fois, & sur - tout à la journée de Taillebourg en Poitou en 1241. Cette guerre fut suivie d'une paix utile, dont Henri III. pay a les frais, & les vassaux de France rentrés dans leurs devoirs, n'en sortirent plus. Quand on songe que Louis IX. n'avoit pas vingt - quatre ans lorsqu'il se conduisit ainsi, & que son caractere étoit fort au - dessus de sa fortune, on voit ce qu'il eût fait, s'il fùt demeuré dans sa patrie, & on gémit que la France ait été si malheureuse par ces vertus memes qui devoient faire son bonheur.

L'an 1244, Louis attaqué d'une maladie violente, crut, dit - on, dans une létargie, entendre une voix qui lui ordonnoit de prendre la croix contre les infideles. A peine put - il parler qu'il fit voeu de se croiser. La reine sa mere, la reine sa femme, son conseil, tout ce qui l'approchoit, sentit le danger de ce vu funeste, l'évêque de Paris même lui en representa les conséquences; mais Louis regardoit ce vu comme un lien sacre, qu'il n'étoit pas permis aux hommes de dénouer. Il prépara pendant quatre années son expédition; enfin laissant à sa mere le gouvernement du royaume, il partit avec sa femme & ses trois freres, que suivirent aussi leurs épouses, & presque toute la chevalerie de France l accompagna. La slotte qui portoit tant de princes & de soldats, sortit de Marseille, & d'Aiguemortes, qui n'est plus un port aujourd'hui.

Si la fureur des croisades & la religion des sermens avoient permis à Louis d'écouter la raison, non - seulement il eût vû le mal qu'il faisoit à son pays en l'appauvrissant & le dépeuplant, mais il eût vû encore l'injustice de cet armement qui lui paroissoit si juste. Il mouilla dans l'île de Chypre, & aborda en Egypte, où après la mort de son frere, Robert d'Artois, il fut pris par le soudan d'Egypte en 1250 [p. 892] avec ses deux autres freres, & leur rançon coûta huit cens mille besans.

Saint Louis délivré de captivité, revint dans sa patrie, pour former une croisade nouvelle. Pendant son séjour en France il augmenta ses domaines de l'acquisition de Namur, de Péronne, d'Avranches, de Mortagne, du Perche. Il pouvoit ôter aux rois d'Angleterre tout ce qu'ils possédoient dans ce royaume, les querelles d'Henri III. & de ses barons lui en facilitoient les moyens; mais il préféra la justice à l'usurpation. Il les laissa jouir de la Guienne, du Périgord, du Limousin, & se contenta de les faire renoncer pour jamais à la Touraine, au Poitou, & à la Normandie, réunis à la couronne par Philippe - Auguste; ainsi la paix fut affermie.

Il établit le premier la justice de ressort; & les sujets opprimés par les sentences arbitraires des juges des baronnies commencerent à pouvoir porter leurs plaintes à quatre grands bailliages royaux, créés pour les écouter. Sous lui des lettrés commencerent à être admis aux séances des parlemens, dans lesquels des chevaliers, qui rarement savoient lire, décidoient de la fortune des citoyens. Il joignit à la piété d'un religieux la fermeté éclairée d'un roi, en réprimant les entreprises de la cour de Rome, par cette fameuse pragmatique, qui conserve les anciens droits de l'Eglise, nommés libertés de l'église gallicane.

Treize ans de sa présence réparoient en France tout ce que son absence avoit ruiné, lorsque sa passion pour les croisades l'entraîna. Il partit une seconde fois, non du côté de la Palestine ni du côté de l'Egypte, mais il fit cingler sa flotte vers Tunis, où il fut bien - tôt assiégé lui - même par les Maures. Les maladies que l'intempérance de ses sujets transplantés, & le changement de climats, avoient attirées dans son camp en Egypte, désolerent son camp de Carthage. Un de ses fils, né à Damiette pendant la captivité, mourut de cette espece de contagion devant Tunis. Enfin le roi en fut attaqué; il se sit étendre sur la cendre, & expira le 25 Août 1270, à l'âge de cinquante - six ans, avec la piété d'un religieux, & le courage d'un grand homme. Ce n'est pas un des moindres exemples des jeux de la fortune, que les ruines de Carthage aient vû mourir un roi chrétien qui venoit combattre des Musulmans, dans un lieu où Didon avoit apporté les dieux des Syriens.

Joinville, Mrs de la Chaise & de Choisi, ont écrit la vie de saint Louis, car Boniface VIII. canonisa ce prince à Orviete le 11 Août 1297. Il le méritoit par sa foi, qui étoit si grande, dit M. Bossuet, qu'on auroit cru qu'il voyoit plutôt les mysteres divins qu'il ne les croyoit.

Je ne connois qu'un homme de lettres né à Poissy, c'est Mercier (Nicolas), qui mourut à Paris en 1656. On a de lui un manuel des Grammairiens imprimé plusieurs fois, & un traité latin de l'Epigramme, ouvrage estimé, dont Baillet a eu tort de faire honneur a M. le Venier, puisque celui - ci a comblé l'auteur d'éloges, & que Mercier, qui étoit très en état de composer un pareil ouvrage, étoit incapable de s'en attribuer un qui ne fut pas de lui. (D. J.)

POITIERS (Page 12:892)

POITIERS, (Géog. mod.) ville de France, capitale du Poitou, sur une colline, à la rive gauche de la petite riviere de Clain, à 20 lieues au sud - ouest de Tours, 45 sud - ouest d'Orléans, 48 nord - est de Bordeaux, 74 sud - ouest de Paris. Long. suivant Cassini, 17. 46. 30. lat. 46. 34.

On compte dans Poitiers outre la cathédrale, 4 chapitres, 22 paroisses, 9 couvents d'hommes, 12 de filles, 2 séminaires.

L'évêque établi vers l'an 260, est suffragant de Bordeaux; cet évêché vaut plus de 40000 livres de revenu. L'université de Poitiers fut fondée en 1431 par Charles VII; elle a les quatre sacultés, dont aucune n'est brillante. Il v a outre cela, intend nee, bureau des finances, presidial, élection, marechaussée, hotel des monnoies; mais il n'y a prescue aucun commerce, & cette ville malgré son enéeinte considérable, est une des plus desertes & des plus ruinées du royaume.

Les restes de murailles, les souterreins qu'on trouve au vieux Poitiers, sont une preuve qu'il v a exissé anciennement un chàteau fortifié; sa situa ion eatre les rivieres de Vienne & du Clain, & pres de leur confluent, étoit fort avantageuse pour une place de défense; mais ses ruines & la dénomination du lieu, ne prouvent point que ce soit l'emplacement de l'ancienne capitale des peuples Pictavi.

La ville de Poitiers a été décorée par des ouvrages des Romains, d'un amphithéatre, & d'un magnifique aqueduc, dont on voit encore les vestiges; on ne découvre au vieux Poitiers aucun monument de la grandeur romaine.

La ville de Poitiers étoit au quatrieme siecle, le siége de l'évêque, la capitale du peuple, & une des plus célebres de l'Aquitaine; enfin, il est demontré qu'elle est l'ancienne Limonum ou Limonum Piltavorum, villé considérable au second siecle du tems de Ptolomée, & place importante lors de la conquéte des Gaules. Il est donc constant que Poitiers n'est point une ville nouvelle, & que depuis le siecle de Jules - César, elle a toujours existé dans la situation, je ne dis pas dans le triste état, où elle est presentement.

L'histoire moderne a rendu son nom célebre, par la bataille qui fut donnée dans son territoire le lundi 19 Septembre 1356, entre le roi Jean & Edouard, prince de Galles, que le gain de la bataille de Creey avoit déja rendu fameux. Ce prince surpris à deux lieues de Poitiers dans des vignes, dont il ne pouvoit se sauver, demanda la paix auroi Jean, offrant de rendre tout ce qu'il avoit pris en France, & une treve de sept ans. Le roi Jean resusa toutes ces conditions, attaqua huit mille hommes avec quatre - vingt mille; fut vaincu, fait prisonnier, conduit à Bordeaux, & l'année suivante en Angleterre.

Poitiers a produit quelques hommes de lettres, que je me hâte de nommer, & je souhaite que ce ne soient pas les derniers. S. Hilaire y est né dans le quatrieme siecle; mais j'ai parlé de ce celebre docteur de l'Eglise à l'article Peres de l'Eglise.

Aubert (Guillaume) naquit dans cette ville vers l'an 1534. Il paroît par ses ouvrages, qu'il avoit cultivé les belles lettres & la poésie, conjointement avec le droit; vous trouverez son article dans les Mém. du P. Niceron, tom. XXXV.

Berenger (Pierre) disciple d'Abailard, fit l'apologie de son maître, contre saint Bernard. Elle se trouve dans les oeuvres d'Abailard, & ne demande pas ici de plus grands détails.

Billettes (Gilles Filleau des) né en 1634, possédoit le détail des Arts, & sut aggrége par cette raison à l'académie des Sciences, il mourut en 1720, âgé de quatre - vingt - six ans.

Bois (Philippe Goibaut du) de l'académie Francoise, naquit l'an 1626, devint gouverneur du duc de Guise, & mourut en 1694. Il a traduit plusieurs ouvrages de S. Augustin, & quelques - uns de Ciceron. La monotonie du style & l'empreinte du travail sont visibles dans ses écrits; peut - être que la belle élocution de Ciceron l'ayant souvent désespéré, & celle de S. Augustin l'ayant dégouté plus souvent encore, il s'est cru permis de leur prêter à l'un & à l'autre son style personnel qui est toujours uniforme, quoique le langage de l'orateur de Rome & du rhéteur de Tagaste, soient si différens l'un de l'autre.

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