ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"743"> dans la coupelle & à l'antimoine, qui jusqu'ici passoit pour le moyen le plus sûr pour dégager l'or des substances métalliques étrangeres avec lesquelles il étoit combiné. Cette espece d'analogie que la platine a avec l'or, est ce qui a donné lieu de l'appeller or blanc; les Alchimistes trouveront peut - être dans cette substance, cet or non mur si desiré, à qui il ne manque que l'ame, ou le soufre colorant pour être un or parfait.

Malgré toutes les expériences qui ont été rapportées, bien des chimistes doutent encore que la platine soit un métal particulier; ils croyent plutôt qu'on doit la regarder comme une combinaison particuliere dont le fer est la base, & qui est de la nature de la pyrite; c'est au tems à nous apprendre ce que l'on doit penser de ces conjectures.

Quant aux usages de la platine, nous avons déja dit que les Espagnols en Amérique en font différens bijoux: il y a tout lieu de croire qu'ils y joignent pour cela soit du cuivre, soit de l'argent, soit quelqu'autre substance métallique, que l'on pourroit aisément découvrir si la platine etoit assez commune parmi nous, pour pouvoir être employée à ces usages. Elle paroît sur - tout très - propre à faire des miroirs de réflexion pour les télescopes, par la faculté que quelques métaux alliés avec elle, ont de ne point se ternir à l'air. C'est au tems à nous apprendre si cette substance si singuliere a quelques vertus médicinales, & si elle peut être employée plus utilement dans la société. ( - )

Platine (Page 12:743)

Platine, s. f. terme d'Arquebusier, s'entend de toutes les pieces & ressorts montés à vis sur le corps de platine, & qui servent toutes ensemble à faire partir un fusil; elle se place ordinairement vers la lumie e du canon, dans une entaille pratiquée au fût ou bois de fusil du côté droit.

Les fusils à deux coups ont deux platines. l'une à droite, & l'autre à gauche, qui ont chacune leur détente.

Platine (Page 12:743)

Platine, (corps de) terme d'Arquebusier, c'est un morceau de fer taillé en losange qui est percé de plusieurs trous vissés en écrous, qui sont faits pour recevoir les vis des pieces qui composent la platine, qui sont la batterie, le ressort de la batterie, le grand ressort, la noix, la bride, la gachette & le ressort de gachette.

Platine (Page 12:743)

Platine de lumiere, (Artillerie.) les platines de lumiere, sont des plaques de plomb en table, qui servent à couvrir la lumiere du canon. (D. J.)

Platine (Page 12:743)

Platine, (bas au métier.) il y a les platines à ondes, les platines à plomb, les barres à platines, les gardes - platines, le moule à platine; toutes ces parties appartiennent au métier à bas. Voyez cet article.

Platines (Page 12:743)

Platines, (Fondeur de caracteres d'Imprimerie.) deux des pieces principales du moule, servant à sondre les caracteres d'lmprimerie. C'est la platine qui sert de point d'appui à toutes les autres, & sur laquelle elles sont assujetties par des vis & par des écrous. Voyez Moule & nos Planches.

Platine (Page 12:743)

Platine, terme d'Horlogerie, est une plaque de laiton à laquelle on donne une épaisseur suffisante, pour qu'elle ne puisse pas ployer; il y a deux platines dans chaque montre & dans chaque pendule. Les Horlogers appellent platine des piliers, celle sur laquelle ces piliers sont rivés, & qui porte le cadran, on la fait toujours un peu plus forte que l'autre qu'on appelle platine du nom, platine de dessus, ou petite platine, cette derniere porte le cocq, la coulisse, la rosette, &c. elle s'ajuste sur les piliers, & on l'y fixe par le moyen de coupilles; les platines ainsi ajustées, font ce que les Horlogers appellent cage. Voyez Cage, & voyez aussi nos figures, Pl. de l'Horlogerie, qui représentent les platines d'une montre vues des deux côtés.

Platine (Page 12:743)

Platine de presse d'Imprimerie, c'est une piece de cuivre très - poli, ou de bois bien uni; son usage est de fouler sur la forme, par le moyen de la vis qui presse dessus, elle est attachée aux quatre coins de la boëte qui enveloppe la vis, avec des ficelles, mais dans plusieurs imprimeries avec des tirans de fer à vis. La platine est située entre les deux jumelles de la presse, & suit tous les mouvemens de la vis: elle foule lorsque la vis descend, & se releve lorsque la vis remonte; c'est du bon ou du mauvais foulage d'une platine, que dépend souvent la qualité de l'impression: une platine doit être pour ses proportions, telle que l'exigele corps de presse pour laquelle elle a été faite: c'est pour cette raison qu'il y en a de différente grandeur. Voyez nos Pl. de l Imprimerie.

Platine (Page 12:743)

Platine, (Ustensile de ménage.) on s'en sert pour étendre, secher, & dresser le menu linge; la platine est faite d'un rond de cuivre jaune fort poli. Un pié de platine est ce qu'on met sous les vrais piés de la platine pour l'élever.

Platine se dit aussi d'une plaque de fer ou de cuivre qu'on applique en plusieurs endroits; une platine ou écusson de porte qu'on met au - devant d'une serrure; une platine de pistolet, de fusil, où s'attachent le ressort & le chien; une platine de montre qui soutient les roues, les ressorts, les piliers, l'aiguille. Voyez ici les divers sens du mot Platine. (D. J.)

Platine (Page 12:743)

Platine, en terme de Metteur - en - auvre, est cette partie de la chaîne d'une montre, derriere laquelle est le crochet pour suspendre la montre.

Platines (Page 12:743)

Platines, chez les Rubaniers, ce sont des plaques de plomb ou d'ardoise qu'on suspend sur chaque lisseron qui termine les hautes lisses; quand le pié de l'ouvrier abandonne une marche, la platine fait retomber la haute lisse que le tirant avoit haussé.

Platine (Page 12:743)

Platine, (Serrur.) c'est une petite plaque de fer sur laquelle est attachée un verrouil ou une targette. On appelle platine à panaches, celle qui est chantournée en maniere de feuillage; & platine ciselèe. celle qui est emboutie ou relevée de ciselures.

Platine de loquet. Maniere de plaque de fer, plate & déliée, qu'on attache à la porte au - dessus de la serrure; on l'appelle aussi entrée. (D. J.)

Platine (Page 12:743)

Platine, (Sucrerie.) On nomme la platine d'un moulin à sucre, une piece de fer acéré, longue de six pouces & large de trois, sur le milieu de laquelle on a pratiqué deux ou trois enfoncemens, pour recevoir la pointe du pivot du grand rôle; elle s'emboîte dans ce qu'on appelle la table du moulin. Le P. Labat. (D. J.)

PLATON (Page 12:743)

PLATON, voyez Bordeliere.

PLATONIQUE (Page 12:743)

PLATONIQUE, adj. (Géom.) Les corps platoniques sont ceux que l'on appelle autrement & plus communément corps réguliers. Voyez Régulier. On les appelle ainsi, parce qu'on croit que la premiere découverte des propriétés de ces corps est dûe à l'école de Platon, à qui la Géométrie a d'ailleurs tant d'autres obligations. Voyez Géométrie. (O)

PLATONICIENS & ARISTOTÉLICIENS (Page 12:743)

PLATONICIENS & ARISTOTÉLICIENS, guerre littéraire entre les, (Hist. de la Philos. mod.) Fabricius a développé très - distinctement cette querelle philosophique dans sa bibl. grc. tom. X. mais M. Boivin, dans les mém. de l acad. des Inscript. tom. III en a donné un détail encore plus exact, & dont voici le précis.

Ce fut vers le milieu du quinzieme siecle que s'alluma l'espece de guerre civile des Platoniciens & des Aristotéliciens entre les philosophes grecs, qui florissoient alors en assez bon nombre à Venise, à Florence, à Rome, & dans le reste de l'Italie.

Gémiste Pléthon, homme savant, l'un des beaux génies de son siecle, & grand platonicien, entreprit de décrier Aristote, qui dominoit depuis long - tems dans [p. 744] les écoles d'occident, où les philosophes arabes avoient fort accrédité sa philosophie. Il publia d'abord un petit livre sous le titre de différence des sentimens d'Aristote & de Platon, *PERI\W)\N *A)RISTOTE/LHZ *PRO\Z *PLATW/NZ DIAYE/RETAI. Il ne se borna pas dans cet écrit, qui a été imprimé, à marquer la différence qu'il y a entre l'une & l'autre philosophie, à préférer Platon à Aristote, mais il déchira impitoyablement ce dernier.

Il fut attaqué par trois hommes également illustres. Le premier, nommé George Scholarius, qui fut depuis patriarche de Constantinople, connu sous le nom de Gennadius, s'appliqua particulierement à faire voir que les principes d'Aristote s'accordoient beaucoup mieux que ceux de Platon avec la théologie chrétienne. Nous n'avons de cet ouvrage de Gennade, que ce que Pléthon lui - même nous en a conservé dans l'écrit intitulé, réponse aux raisons que Scholarius a alléguées pour la défense d'Aristote. Cette réponse n'a point été imprimée, mais elle se trouve en diverses bibliotheques. Pléthon y parle à son adversaire avec toute l'aigreur d'un homme piqué au vif, & avec toute la hauteur d'un maître qui fait la lecon à un écolier. Gennadius attendit une occasion favorable pour y répondre; elle se présenta peu de tems après, & il ne la laissa pas échapper. Il sut que Pléthon composoit un livre à l'imitation de la république de Platon, & que dans ce livre il prétendoit établir un nouveau système de religion, & une théologie purement payenne. Il laissa là Platon & Aristote, & attaqua directement l'auteur du nouveau système, l'accusant de vouloir renverser la religion chrétienne, & rétablir le paganisme. Pléthon, effrayé de cette accusation, n'osa publier son livre, & il le tint caché tant qu'il vécut.

Après sa mort, Démétrius, prince grec de la famille des Paléologues, chez qui apparemment ce livre avoit été déposé, le fit remettre entre les mains de Gennade pour lors patriarche, qui le parcourut promptement, & le condamna au feu. On a une lettre de Gennade à Jean l'Exarque, où ce fait est raconté tout au long, & où la doctrine contenue dans le livre de Pléthon est réfutée. Quoique la censure du livre de Pléthon, publiée par Gennade, n'attaque directement ni Platon ni les Platoniciens, on voit bien cependant que le patriarche a eu dessein de justifier ce qu'il avoit écrit autrefois contre la philosophie de Platon, & de montrer combien la lecture des livres de ce philosophe étoit dangereuse, puisqu'elle avoit tellement gâté l'esprit de Gémiste, qu'elle lui avoit fait naître l'idée extravagante de réformer le gouvernement & la religion.

Théodore Gaza fut le second des adversaires de Pléthon, qui écrivirent directement contre lui. Mais George de Crete, connu sous le nom de George de Trébisonde, commenca par attaquer le cardinal Bessarion, qui raconte lui - même l'origine de cette querelle dans son apologie de Platon. Voici le fait. Aristote, dans le second livre de sa physique, dit que tout ce que fait la nature, elle le fait pour quelque fin; & que cependant elle ne fait rien à dessein, c'est - à - dire, avec préméditation, avec connoissance, avec raison. Cette thèse ayant été attaquée par Pléthon, qui prétendoit avec Platon que la nature n'a rien fait qu'avec raison & avec prudence, Gaza prit le parti d'Aristote, & en écrivit au cardinal Bessarion. Le cardinal, qui étoit disciple de Pléthon, & qui le consultoit tous les jours sur des matieres de Philosophie, fit une réponse très - succincte, où expliquant les termes dont Platon & Aristote se sont servis, il montra que ces deux philosophes n'étoient pas si éloignés de sentiment qu'ils le paroissoient. George de Trébisonde en vouloit depuis long - tems à Bessarion, parce qu'il lui avoit préféré Gaza, & par la même raison il en vouloit à ce dernier dont la réputation lui faisoit ombrage. La réponse de Bessarion, sur la question dont nous venons de parler, lui étant tombée entre les mains, il feignit de croire que cet écrit étoit de Gaza; & l'ayant réfuté, il offensa également Bessarion, Gaza & Pléthon.

La querelle s'étant échauffée, d'autres grecs de moindre considération y entrerent. Michel Apostolius, attaché à Bessarion, écrivit contre Gaza & contre Aristote: son écrit, dit M. Boivin, n'étoit qu'un tissu d'injures grossieres, & une déclamation de jeune homme, qui décide hardiment sur des matieres qu'il n'entend pas. Andronic, surnommé Calliste, ou fils de Calliste, y fit une réponse. M. Boivin ne croit pas qu'il nous reste rien de ces deux pieces; mais si l'on doit s'en rapporter à M. Fabricius, l'écrit d'Apostolius se trouve en manuscrit dans la bibliotheque impériale, & dans la bodléienne. Quoi qu'il en soit, on en fit peu de cas; au lieu que la réponse d'Andronic fut approuvée par les personnes de bon goût, & surtout par Nicolas Secondin, homme de beaucoup d'esprit, qui le témoigna à Andronic lui - même par une lettre qu'il lui écrivit, datée de Viterbe, du 5 de Juin I 462. Il parle de l'ouvrage d'Apostolius comme d'un livre rempli d'injures & de calomnies; & de celui d'Andronic avec de grands éloges.

Andronic, péripatéticien sage & modéré, envoya l'écrit d'Apostolius avec sa réponse au cardinal Bessarion, protecteur des Platoniciens, se soumettant entierement à ce qu'il plairoit au cardinal de décider sur les questions proposées. Bessarion, après avoir lû & examiné avec attention ces deux nouvelles pieces, condamna Apostolius, & approuva fort les réponses d'Andronic. On a dans un manuscrit de la bibliotheque du roi de France, deux lettres de même date sur ce sujet, toutes deux de Bessarion. La premiere adressée à Andronic, n'est que l'enveloppe de la seconde, qui est fort ample & adressée à Apostolius; elle est datée des bains de Viterbe, le 19 Mai 1462. M. Boivin l'a donnée toute entiere, en francois d'abord, & ensuite en grec & en latin. Elle contient d'excellentes lecons touchant la vénération que l'on doit avoir pour les grands hommes qui ont inventé ou perfectionné les Arts & les Sciences, & sur - tout pour ceux dont la réputation est en quelque faÇon consacrée par l'approbation constante de tous les siecles.

Comme sa longueur nous empêche de l'insérer ici toute entiere, nous nous contenterons d'en rapporter quelques traits par lesquels le lecteur pourra juger du reste. « Ce n'est point, dit - il, par des injures, c'est par des raisons solides & convaincantes que l'on doit défendre ses amis, & combattre ses adversaires ». Il le censure ensuite d'avoir maltraité Théodore Gaza. « J'ai souffert avec peine que vous accusassiez d'ignorance un homme aussi savant que l'est Théodore. Mais, ajoute - t - il, que vous ayez traité aussi indignement Aristote même, Aristote notre guide & notre maître en tout genre d'érudition; que vous ayez osé lui dire des injures grossieres, le nommer ignorant, extravagant, ingrat, & l'accuser de mauvaise foi.... je ne crois pas qu'il y ait d'audace pareille à celle - là. Je voudrois, ajoute le cardinal, lorsque Pléthon attaque Aristote, lorsque d'autres attaquent les deux princes des Philosophes (Platon & Aristote), je voudrois, dis - je, que cela se fît avec toute la modération qu'Aristote a gardée lorsqu'il a contredit ceux qui l'avoient précédé.... & nous qui, en comparaison de ces grands hommes, ne sommes que de très - petits personnages, nous avons la hardiesse de les traiter d'ignorans, & de les railler d'une maniere incivile.... en vérité, cette conduite est bien étrange & bien insensée ». Il seroit à souhaiter

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.