ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"83"> ple, aux points 4, 5, &c. leur masse & leur surface sont augmentées par de nouvelles réunions; & ainsi par de nouvelles & constantes augmentations, elles deviennent de plus en plus capables de surmonter la résistance du milieu, & de continuer leur chûte à travers toutes les couches de l'air jusqu'à ce qu'elles atteignent la terre; leur masse étant alors excessivement grossie, & forme des gouttes de pluie.

Maintenant dans la descente des vapeurs, il faut considérer comment le barometre est affecté par cette descente. Avant qu'aucune des vésicules commence à baisser, soit par l'action du froid, ou par celle du vent, elles nagent toutes dans la partie de l'atmosphere A B D C, & pesent toutes vers le centre E. Or chacune d'elles demcurant respectivement dans une partie du milieu, qui est d'une pesanteur spécifique égale, perdra une partie de son poids égale à celle d'une partie du milieu qui auroit le même volume; c'est - à - dire, que chacune d'elles perdra toute sa pesanteur: mais alors cette pesanteur qu'elles auront perdue, sera communiquée au milieu qui pressera sur la surface de la terre A B, avec son propre poids joint à celui de ces vésicules. Supposez alors que cette pression conjointe agisse sur le mercure élevé dans le barometre à trente pouces: par la réunion des vésicules, faite comme nous avons dit ci - dessus, leur surface, & conséquemment leur frottement, est diminué: c'est pourquoi elles communiqueront moins de leur pesanteur à l'air, c'est - à - dire une partie moindre que tout leur poids; & conséquemment elles descendront avec une vîtesse proportionnelle à ce qui leur reste de pesanteur, ainsi que l'on vient de le dire. Or comme les vésicules ne peuvent agir sur la surface de la terre A B que par la médiation de l'air, leur action sur la terre sera diminuée en même proportion que leur action sur le milieu; d'où il est évident que la surface de la terre A B, sera alors moins pressée qu'auparavant; & plus les vésiculés garderont de leur poids qu'elles n'auront point communiqué au milieu, plus elles accélereront leur propre descente; c'est - à - dire, que la vîtesse de l'abaissement des vésicules ira toûjours en augmentant: en effet, quand les vésicules descendent, la masse augmente continuellement, & au contraire la résistance du milieu & la pression sur la terre diminuent, & le mercure baissera par conséquent pendant tout le tems de leur chûte. De - là il est aisé de concevoir que les vésicules qui ont une fois commencé à tomber, continuent; que le mercure commence à tomber en même tems, & qu'il continue & cesse en même tems qu'elles.

On peut faire une objection contre ce système; savoir, que les vésicules étant mises en mouvement, & heurtant contre les particules du milieu, rencontrent une résistance considérable dans la force d'inertie du milieu, par laquelle leur descente doit être retardée, & la pression de l'atmosphere rétablie. On peut ajoûter que la pression additionnelle sera plus grande à proportion de la vîtesse de la chûte des vésicules, une impulsion forte étant requise pour surmonter la force d'inertie des particules contigues du milieu.

Mais les partisans de l'opinion que nous rapportons, croyent pouvoir renverser cette objection par la raison & l'expérience: car, disent - ils, outre que la force d'inertie de l'air peut être très - foible à cause de son peu de densité, nous voyons que dans l'eau, qui est un milieu fort dense & non élastique, un morceau de plomb, en descendant à - travers le fluide, pese considérablement moins que quand il y est soûtenu en repos. Cependant ce fait est nié par M. Musschenbroek. Essays de Physique, §. 234.

Nous avons cru devoir rapporter assez au long cette explication qui, quoiqu'ingénieuse, n'a pas, à beaucoup près, toute la précision qu'on pourroit désirer. Mais dans une matiere si difficile, il ne nous resté presque autre chose à faire, que d'exposer ce que les philosophes ont pensé. Voyez une dissertation curieuse, de M. de Mairan, sur ce sujet, Bordeaux 1715. Voyez aussi Musschenbroek. Cet auteur regarde avec raison les prédictions du barometre, comme peu sûres.

Voici, selon M. Musschenbroek, la meilleure maniere de faire un barometre ordinaire ou commun; ces sortes de barometres étant les meilleurs de tous, à cé qu'il prétend. Premierement, on doit prendre du mercure bien pur, & être bien assûré qu'il ne soit pas salsifié; il faut le passer par un cuir bien net, & le verser dans un poellon neuf & verni, que l'on couvre d'un couvercle qui s'y ajuste bien. On doit mettre ce poellon couvert sur un feu de charbon bien pur, & faire bouillir le mercure: il devient alors volatil, mais on le retient à l'aide du couvercle qui est posé dessus. En faisant ainsi bouillir le mercure, on le purifie de l'eau & de l'air qui se tenoient entre ses parties. On doit avoir des tuyaux de verre nouvellement faits, dont on se sert pour les barometres; & afin qu'ils ne soient ni sales en - dedans, ni remplis d'air, il faut avoir soin de les faire sceller hermétiquement de chaque côté dans la Verrerié, avant que de les transporter. Lorsqu'on voudra les remplir, on peut les ouvrir par un bout avec une lime, & les tenit pendant ce tems - là près d'un feu oblong, pour les rendre également chauds, & même fort chauds, afin que l'humidité & l'air qui tient aux parois, se détache & se dissipe. Si on néglige de prendre cette précaution, l'air s'y attache avec tant de force, qu'il ne peut être chassé par le mercure qu'on verse dans le tuyau, mais il réste suspendu en plusieurs endroits. Pour réussir encore mieux à purger ce tuyau d'air, on ne fera pas mal d'attacher à un fil d'archal un morceau de chamois ou de cuir, & d'en former comme un piston de pompe, que l'on fera passer dans le tuyau de haut en bas, & de bas en haut à diverses reprisés, pour détacher l'air qui y tient. Par ce moyen, le mercure qui est tout bouillant, pourra alors dissiper l'air, en le faisant sortir du tuyau chaud. On forme ensuite d'un tuyau large de barometre un petit entonnoir de verre, & en l'allongeant on le réduit en un tuyau capillaire, lequel doit être un peu plus long que le tuyau qu'on doit remplir. Il faut d'abord bien nettoyer la partie supérieure de ce petit entonnoir, & la rendre bien seche & bien chaude en l'exposant devant le feu: on l'introduit ensuite dans le tuyau du barometre, ensorte qu'il pénetre jusqu'au fond, & on verse alors le mercure tout bouillant dans ce petit entonnoir, qui doit être blen chaud, afin que la chaleur du mercure ne le fasse pas sauter en pieces. Dès qu'on verse le mercure, il se précipite en bas, remplit le tuyau, & s'éleve ensuite lentement. On doit avoir soin de verser dans l'entonnoir sans aucune interruption, afin que le mercure continue toûjours de tomber sans s'arrêter, & que l'air n'ait pas lieu de s'insinuer entre ses parties. Lorsque le tuyau se trouve plein, on retire doucement le petit entonnoir. Voilà de quelle maniere en peut remplir le tuyau aussi juste qu'il est possible, & il paroît alors dans toute sa longueur de couleur brune, & sans la moindre pente bulle d'air. Si l'on n'a point de tuyaux scellés, il faut avant que de remplir celui dont on se sert, le bien nettoyer en - dedans, en le lavant avec de l'esprit - devin bien rectifié, & en attachant au bas d'un fil de laiton une petite couroie en maniere de piston de pompe, que l'on pousse souvent dans le tuyau pour en détacher l'air, qui sans cela ne manquéroit pas d'y rester suspendu. Après avoir ainsi nettoyé ce tuyau, on doit le faire sécher devant le feu, & le chauffer.

Barometre (Page 2:83)

Barometre portatif, est un barometre construit [p. 84] de maniere qu'on puisse le transporter d'une place à une autre, sans le déranger.

Il n'y a pas long - tems que le barometre portatif étoit une chose peu commune; à présent on en fait de portatifs de toutes les sortes; ils sont tellement construits, que le mercure peut venir tout - à - fait jusqu'à l'extrémité du tube, qui est fermée hermétiquement: cet artifice empêche le mercure de ballotter & de se répandre, & ne l'expose point au danger de casser le tube. Pour cela on attache sur le bord de la cuvette où plonge le tuyau, un cuir le plus fin que l'on peut, par le moyen duquel le mercure est contenu dans la cuvette, & on construit le barometre de maniere que sa partie supérieure se termine par un long cou étroit; par ce moyen l'effort du mercure contre cette partie devient beaucoup moins considérable, & la partie supérieure du barometre est moins en danger de se briser. Mais un tel barometre est peu sûr.

Phosphore du barometre. M. Picard découvrit le premier en 1676 que le mercure de son barometre secoüé dans l'obscurité donnoit de la lumiere: mais quand on voulut faire l'expérience sur d'autres, il s'en trouva fort peu qui eussent ce privilége.

M. Bernoulli ayant fait l'expérience sur son barometre, trouva qu'étant secoüé fortement dans l'obscurité, il donnoit une foible lueur.

Comme l'on pouvoit soupçonner que la lumiere, ou du moins une grande lumiere, n'étoit si rare dans les barometres, que parce qu'il n'y avoit pas un vuide parfait dans le haut du tuyau, ou que le mercure n'éroit pas bien purgé d'air, il s'assûra par expérience qu'avec ces deux conditions, des barometres n'étoient encore que très - foiblement lumineux; & par conséquent que ce n'étoit - là tout au plus que des conditions, & qu'il falloit chercher ailleurs une véritable cause. De plus son barometre n'étoit en expérience que depuis quatre semaines, lorsqu'il rendit de la lumiere; & ainsi on ne peut pas dire que la raison pourquoi plusieurs n'en rendoient pas, est peut - être qu'il y avoit trop peu de tems qu'ils étoient en expérience.

M. Bernoulli avoit remarqué que quand on secoüoit le barometre, & que par conséquent on faisoit aller le mercure avec rapidité, tantôt au - dessus, tantôt au - dessous du point d'équilibre, la lumiere ne se montroit que dans la descente du mercure, & qu'elle paroissoit comme attachée à sa surface supérieure. De - là il conjectura que quand par cette descente il se forme dans un tuyau un plus grand vuide que celui qui y étoit naturellement, il peut sortir du mercure pour remplir ce vuide en partie, une matiere très fine, qui étoit auparavant renfermée & dispersée dans les interstices très - étroits de ce minéral. D'ailleurs il peut entrer dans ce même moment par les pores du verre, plus grands apparemment que ceux du mercure, une autre matiere moins déliée, quoique beaucoup plus déliée que l'air; & la matiere sortie du mercure & toute rassemblée au - dessus de sa surface supérieure, venant à choquer impétueusement celle qui est entrée par les pores du verre, y fait le même effet que le premier élément de Descartes sur le second, c'est - à - dire, produit la lumiere.

Mais pourquoi ce phénomene n'est - il pas commun à tous les barometres? Pour l'expliquer M. Bernoulli imagina que le mouvement de la matiere subtile qui sort du mercure avec impétuosité, lorsqu'il descend, pouvoit être détruit, affoibli, interrompu, par quelque matiere hétérogene au mercure qui se seroit amassée sur sa surface supérieure, & y auroit été poussée par ce minéral plus pesant qu'elle; que cette espece de pellicule ne manquoit pas de se former sur le mercure, dès qu'il n'étoit pas extrèmement pur; que même quelque pur qu'il fût de lui - même, il contractoit en peu de tems par le seul attouchement de l'air, les saletés qui composent cette pellicule; qu'a<cb-> fin qu'il les contractât en un instant, il ne falloit que le verser en l'air de haut en bas, comme l'on fait ordinairement dans la construction des barometres; que ce mouvement lui faisoit ramasser dans l'air plus de saletés qu'il n'auroit fait durant plusieurs jours étant en repos; qu'enfin cela supposé, une méthode sûre pour avoir un barometre lumineux, étoit de le faire d'un mercure bien pur, & qui sur - tout, quand on le feroit entrer dans son tuyau, ne traversât point l'air & ne s'y souillât point.

Le succès des expériences répondit à tout ce raisonnement de M. Bernoulli, qu'il avoit fait sans aucune expérience préalable, excepté peut - être ce qui regardoit la pellicule formée sur la surface du vifargent.

En effet, si on expose du vif - argent dans quelque vase à l'air libre, on trouvera au bout de quelque tems sa superficie extérieure trouble & couverte d'une pellicule très - mince, laquelle étant ôtée par le moyen d'une plume nette, la surface redevient polie: mais si on le laisse encore exposé à l'air, une autre pellicule, d'abord semblable à une toile d'araignée qui s'épaissit avec le tems, s'étendra par dessus. Cette pellicule paroît au microscope fort semblable à de l'argent battu en feuille: en effet, ce n'est qu'un tissu très - fin d'une espece de mousse ou de poil tres fin, qui séparée du vif - argent par l'agitation de l'air, est repoussée à la surface; & se mêlant - là avec les corps hétérogenes que l'air y amene, forme cette espece de pellicule. Cette pellicule paroît plus ou moins dans toutes les liqueurs exposées à l'air; elle est formée par les corpuscules qui s'exhalent & retombent ensuite dessus. Si on laisse tomber de la hauteur d'un pié seulement une goutte de vif - argent le plus ne qu'il soit possible, dans un vase où il y en ait aussi de si net, que sa superficie soit polie comme celle d'un miroir; la goutte tombant sur cette surface polie, la ternira à l'endroit où elle tombera; preuve que toute nette qu'elle étoit, elle avoit été infectée de l'impureté de l'air: ainsi quand on fait tomber le vif - argent goutte - à - goutte dans le barometre, ces gouttes tombant les unes sur les autres, font crever les petites pellicules, qui bientôt après remontent à la surface, & se mettent entre la surface convexe du mercure & la surface concave du verre. En effet, si le tuyau étant ainsi rempli, on le renverse pour en faire le barometre en le fermant du bout du doigt, on verra que le mercure en descendant dans le tuyau, laissera en arriere des restes de cette pellicule attachés aux parois du verre.

En supposant que cette pellicule couvre exactement les pores de la surface du vif - argent, il sera aisé de concevoir qu'elle bouche le passage à la matiere renfermée dans le mercure, de même que le vif - argent qui passe par les peaux de presque tous les animaux, n'y sauroit passer quand on n'en ôte pas cette peau fine que les Medecins appellent épiderme, ou cuticule.

Rien de si nuisible à l'apparition de cette lumiere que l'humidité; car si l'on fait entrer de l'eau dans le tuyau, bien disposé d'ailleurs, avec le vif - argent, ou même de l'esprit - de - vin rectifié (quoique l'esprit - devin soit par lui - même inflammable) ces matieres se mettant dans le tuyau au haut du vif - argent, font l'effet de la petite pellicule, qui est d'empêcher la lumiere. Il faut donc que le tuyau soit bien dégraissé & net en dedans. Cela posé, voici deux manieres pour empêcher que le mercure ne contracte d'impuretés en passant dans le tuyau.

Premiere maniere. Pour cela il faut plonger un tuyau d'environ trois piés de long dans un vase d'assez petite hauteur, plein de mercure, le faire tremper dans ce mercure assez profondément, & incliner ce tuyau à la surface du mercure contenu dans le vase, le plus

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