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AUSSIERE (Page 1:891)
AUSSIERE, (Marine.) Voyez
Aussieres (Page 1:891)
Les aussieres de deux fils se nomment bitord. Voyez
Celles de trois fils sont appellées du merlin. Voyez
Les aussieres composées de plusieurs faisceaux ou
torons, se nomment aussieres à trois, quatre torons,
&c. Voyez
Maniere de fabriquer les aussieres à trois torons. Lorsque les torons ont été suffisamment tors, le maître
Cordier fait ôter la clavette de la manivelle qui est
au milieu du quarré; il en détache le toron qui y correspond,
& le fait tenir bien solidement par plusieurs
ouvriers, afin qu'il ne se détorde pas: sur le champ
on ôte la manivelle, & dans le trou du quarré où étoit
cette manivelle, on en place une autre plus grande
& plus forte, à laquelle on attache non - seulement
le toron du milieu, mais encore les deux autres, de
telle sorte, que les trois torons se trouvent réunis à
cette seule manivelle qui tient lieu de l'émerillon,
dont on parlera dans l'article du
Comme il faut beaucoup de force élastique pour ployer, ou plûtôt rouler les uns sur les autres des torons qui ont une certaine grosseur, il faudroit tordre extrèmement les torons, pour qu'ils pussent se commettre d'eux - mêmes, s'ils étoient simplement attachés à un émerillon; c'est pour cela qu'au lieu d'un émerillon, on employe une grande manivelle qu'un ou deux hommes font tourner, pour concourir avec l'effort que les torons font pour se commettre. Ainsi au moyen des manivelles, il suffit que les torons ayent assez de force élastique pour ne point se séparer, quand ils auront été une fois commis; au lieu qu'il en faudroit une énorme pour obliger des to<cb->
Les torons bien disposés, on les frotte avec un peu de suif ou de savon, pour que le toupin coule mieux; ensuite on place le toupin dans l'angle de réunion des trois torons.
On approche le chariot du toupin le plus près du carré qu'il est possible; on conduit le toupin à bras jusqu'à ce qu'il soit arrivé jusqu'au chariot, où on l'attache fortement au moyen d'une traverse de bois; alors toutes les manivelles tournent, tant celle du quarré, que les trois du chantier. Le chariot avance, la corde se commet, les torons se raccourcissent, & le carré se rapproche de l'attelier petit à petit.
Quand les cordages sont longs, la grande manivelle du quarré ne pourroit pas communiquer son effet d'un bout à l'autre de la piece; on y remédie en distribuant derriere le toupin un nombre d'ouvriers, qui, à l'aide des manivelles, travaillent de concert avec ceux de la manivelle du quarré, à commettre la corde.
Quand le cordage est commis entierement, on en
lie fortement les extrémités avec de la ficelle, tant auprès
du toupin, qu'auprès de la manivelle du quarré,
afin que les torons ne se séparent pas les uns des autres.
Ensuite on le détache des palombes & de la manivelle,
& on le porte sur des chevalets, afin de le
laisser rasseoir, c'est - à - dire, afin que les fils prennent
le fil qu'on leur a donné en les commettant; & quelque
tems après on roue le cordage. Voyez
Aussieres (Page 1:891)
Elles se fabriquent de la même maniere que celles à trois torons, à l'exception que quand la corde est ourdie, ou du moins les fils étendus, on les divise en quatre parties égales pour en former les quatre torons; au lieu que dans les aussieres à trois torons, on ne les divise qu'en trois. Le toupin dont on se sert pour les aussieres à quatre torons, doit avoir quatre rainures pour assujettir les quatre torons.
La plûpart des Cordiers sont dans l'usage de mettre
une meche dans les aussieres à quatre torons. (Voyez
Les aussieres à cinq & à six torons ne peuvent pas
absolument être fabriquées sans meche: mais quelle
doit être la grosseur des meches dans les aussieres à
quatre, cinq & six torons? Voyez
M. Duhamel prétend qu'il est avantageux de multiplier les torons des aussieres: 1°. parce qu'il faut moins de force élastique pour commettre de petits torons, que pour en commettre de gros: 2°. plus les torons sont menus, moins il y a de différence entre la tension des fils qui se trouvent au milieu, & celle des fils qui se trouvent à la circonférence; d'où il conclud que de deux aussieres de même grosseur, mais d'un nombre inégal de torons, celle - là est la plus forte, qui est faite de plus de torons.
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Maniere d'ourdir les aussieres en queue de rat. Comme ces cordages sont une fois plus gros par un bout que par l'autre, on commence par étendre ce qu'il faut de fils pour faire la grosseur du petit bout, ou la moitié de la grosseur du gros bout; on divise cette quantité de fils en trois parties, si l'on veut faire une queue de rat à trois torons; & en quatre, si l'on veut en avoir une à quatre: donnons - en un exemple.
Si l'on se propose de faire une queue de rat à trois torons de 9 pouces de grosseur au gros bout, sachant qu'il faut 384 fils pour une aussiere de cette grosseur, je divise en deux cette quantité de fils pour avoir la grosseur de la queue de rat au petit bout, & j'étends 192 fils de la longueur de la piece, mettant en outre ce qu'il faut pour le raccourcissement des fils.
On apperçoit que chaque piece de cordage doit faire sa manoeuvre, c'est - à - dire, que chaque piece ne doit pas avoir plus de longueur que la manoeuvre qu'elle doit faire; car s'il falloit couper un cordage en queue de rat, on l'affoibliroit beaucoup en la coupant par le gros bout, & elle deviendroit trop grosse si l'on retranchoit du petit bout.
Si donc on veut une aussiere en queue de rat de 32 brasses de longueur; j'étends mes 192 fils à 48 brasses, si je me propose de la commettre au tiers, & à 43 brasses, si je veux la commettre au quart; ensuite je divise les 192 fils en trois pour faire une aussiere à trois torons, ou en quatre pour en faire une à quatre torons; jusques - là on suit la même regle que pour faire une aussiere à l'ordinaire: mais pour ourdir les 192 fils restans, il faut allonger seulement quatre fils assez pour qu'ils soient à un pié de distance du quarré, & au moyen d'une gance, on en attache un à chacun des torons: voilà déjà l'aussiere diminuée de quatre fils. On étend de même quatre autres fils qu'on attache encore avec des gances à un pié de ceux dont nous venons de parler, & la corde se trouve diminuée de huit fils: en répétant 48 fois cette opération, chaque toron se trouve grossi de 48 fils; & ces 192 fils étant joints aux 192 qu'on avoit étendus en premier lieu, la corde se trouve être formée au gros bout de 384 fils, que nous avons supposés qu'il falloit pour faire une aussiere de neuf pouces de grosseur à ce bout. Suivant cette pratique l'aussiere en question conserveroit neuf pouces de grosseur jusqu'aux quatre cinquiemes de sa longueur, & ne diminueroit que dans la longueur d'un cinquieme. Si un maître d'équipage vouloit que la diminution s'étendît aux deux cinquiemes, le Cordier n'auroit qu'à raccourcir chaque fil de deux piés au lieu d'un, &c. car il est évident que la queue de rat s'étendra d'autant plus avant dans la piece, qu'on mettra plus de distance
Maniere de commettre les aussieres en queue de rat. Quand les fils sont bien ourdis, quand les fils qui sont arrêtés par des gances sont aussi tendus que les autres, on démare le quarré: mais comme les torons sont plus gros du côté du chantier, que du côté du quarré, ils doivent se tordre plus difficilement au bout où ils sont plus gros; c'est pour cette raison, & afin que le tortillement se répartisse plus uniformément, qu'en tordant les torons, on ne fait virer que les manivelles du chantier, sans donner aucun tortillement du côté du quarré.
Quand les torons sont suffisamment tortillés, quand ils sont raccourcis d'une quantité convenable, on les réunit tous à l'ordinaire à une seule manivelle qui est au milieu de la traverse du quarré, on place le toupin, dont les rainures doivent être assez ouvertes pour recevoir les gros bouts des torons, & on acheve de commettre la piece à l'ordinaire, ayant grande attention que le toupin courre bien; car comme l'augmentation de grosseur du cordage fait obstacle à sa marche, & comme la grosseur du cordage du côté du quarré est beaucoup moindre qu'à l'autre bout, il arrive souvent, sur - tout quand on commet ces cordages au tiers, qu'ils rompent auprès du quarré. M. Duhamel, Traité de la Corderie.
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