ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"580"> changent quelquefois de peau avant qu'ils aient tout leur accroissement.

On peut les conserver en vie plusieurs mois entre deux verres concaves, & les appliquer au microscope lorsqu'on le juge à propos: en les observant souvent on y découvrira beaucoup de particularités curieuses: Leuwenhock les a vû accouplés queue à queue; car quoique le pénis du mâle soit au milieu du ventre, il le tourne en arriere comme le rhinoceros. L'accouplement se fait, à ce qu'il dit, avec une vitesse incroyable. Leurs oeufs dans un tems chaud viennent à éclore dans douze ou quatorze jours; mais en hiver, & lorsqu'il fait froid, il leur faut plusieurs semaines. Il n'est pas rare de voir les petits se démener violemment pour sortir de leur coque.

Le diametre de l'oeuf d'une mite paroît égal à celui d'un cheveu de la tête d'un homme, dont six cent font environ la longueur d'un pouce. Supposant donc que l'oeuf d'un pigeon a les trois quarts d'un pouce de diametre, quatre cent cinquante diametres de l'oeuf d'une mite feront le diametre de l'oeuf d'un pigeon, & par conséquent, si leurs figures sont semblables, nous pouvons conclure que quatre vingt - onze millions & cent vingt mille oeufs d'une mite n'occupent pas plus d'espace qu'un oeuf de pigeon.

Les mites sont des animaux très - voraces, car elles mangent non - seulement le fromage, mais encore toute sorte de poissons, de chair crue, de fruits secs, des grains de toute espece, & presque tout ce qui a un certain degré de moisissure, sans être mouillé au - dessus: on les voit même se dévorer les unes les autres. En mangeant elles portent en avant une machoire, & l'autre en arriere alternativement, par où elles paroissent moudre leur nourriture; & après qu'elles l'ont prise, il semble qu'elles la mâchent & la ruminent.

Il y a une espece de mite qui s'insinue dans les cabinets des curieux, & qui mange leurs plus jolis papillons, & autres insectes choisis, ne laissant à leur place, que des ruines & de la poussiere: l'unique moyen de les prévenir, est de faire brûler de tems en tems du soufre dans les tiroirs ou dans les boîtes. Ses écoulemens chauds & secs pénetrent, rident, & détruisent les corps tendres de ces petits insectes.

Les diverses especes de mites sont distinguées par quelques différences particulieres, quoiqu'elles aient en général la même figure & la même nature; par exemple, suivant les observations de Power, les mites qu'on trouve dans les poussieres de dreche & de gruau d'avoine, sont plus vives que celles du fromage, & ont des poils plus longs & plus nombreux. Les mites de figues ressemblent à des escargots; elles ont au museau deux instrumens & deux cornes fort longues au - dessus, avec trois jambes de chaque côté. Leuwenhock observa qu'elles avoient les poils plus longs que ceux qu'il avoit vûs dans toutes les autres especes; & en les examinant de près, il trouva que ces poils étoient en forme d'épis. M. Hook a décrit une espece de mites, qu'il appelle mites vagabondes, parce qu'on les trouve dans tous les endroits où elles peuvent subsister.

M. Baker ayant jetté les yeux sur un pot vuide de fayence, le crut couvert de poussiere; mais en le regardant de plus près, il apperçut que les particules de cette poussiere étoient en mouvement; il les examina pour lors avec le microscope, & vit que c'étoient des essains de ces mites vagabondes, qui avoient été attirées par l'odeur de quelque drogue mise dans ce pot peu de jours auparavant.

La mite est excessivement vivace; on en a gardé des mois entiers sans leur donner aucune nourriture; & Leuwenhock assure qu'il en fixa une sur une épingle devant son microscope, qui vécut dans cette situation pendant onze semaines.

Quoique les Naturalistes ne parlent que de mites ovipares, cependant M. Lyonnet, sur les observations duquel on doit beau coup compter, déclare avoir souvent vû des mites de fromages vivipares, & qui mettent des petits tout vivans au monde. Ces petits de mites, direz - vous peut - être, devoient être bien petits de taille; soit; mais enfin une mite sur un gros fromage d'Hollande, est aussi grande à proportion qu'un homme sur la terre. Les petits insectes qui se nourrissent sur une feuille de pêcher représentent un troupeau de boeufs broutans dans un gros pâturage; les animalcules nagent dans une goutte d'eau de poivre avec autant de liberté que les baleines dans l'Océan; ils ont tous un espace égal à proportion de leur volume. Nos idées de matiere, d'espace, & de durée, ne sont que des idées de comparaison; mais je crains bien que la petitesse des animaux microscopiques, & le petit espace qu'ils occupent, comparés à nous - mêmes, ne nous fassent imaginer que nous jouons un grand rôle dans le système du monde. Pour confondre notre orgueil, comparons le corps d'un homme avec la masse d'une montagne, cette montagne avec la terre, la terre elle - même avec le cercle qu'elle décrit au - tour du soleil, ce cercle avec la sphere des étoiles fixes, cette sphere avec le circuit de toute la création, & ce circuit même avec l'espace infini qui est tout au - tour, alors, selon toute apparence, nous nous trouverons nous - mêmes réduits à rien. (D. J.)

MITELLA (Page 10:580)

MITELLA, (Botan.) genre de plante à fleur en rose composée de plusieurs pétales disposés en rond. Le pistil sort du calice, & devient dans la suite un fruit arrondi & pointu. Ce fruit s'ouvre en deux parties, & ressemble à une mitre; il est rempli de semences qui sont ordinairement arrondies. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Mitella (Page 10:580)

Mitella, s. f. (Hist. anc.) espece de bonnet qui s'attachoit sous le menton. C'étoit une coëffure des femmes que les hommes ne portoient qu'à la campagne. On appella aussi mitella des couronnes d'étoffe de soie, bigarées de toutes couleurs, & parfumées des odeurs les plus précieuses. Néron en exigeoit de ceux dont il étoit le convive. Il y en eut qui coûterent jusqu'à 4,000,000, de sesterces.

MITERNES (Page 10:580)

MITERNES, s. f. (Pêche.) on appelle ainsi de grosses mottes de terre, des îles, îlots & autres atterrissemens qui font des retraites pour les ennemis des poissons.

MIGANNIR (Page 10:580)

MIGANNIR, (Géog.) ville d'Egypte sur la rive orientale du Nil, entre Damiette & le Caire. (D. J.)

MITHRA, fêtes de (Page 10:580)

MITHRA, fêtes de, ou FÊTES MITRIAQUES, (Antiq. rom.) nom d'une fête des Romains en l'honneur de Mithra, ou du Soleil. Plutarque prétend que ce furent les Pirates vaincus & dissipés par Pompée, qui firent connoître aux Romains le culte de Mithra; mais comme ces pirates étoient des Pisidiens, des Ciliciens, des Cypriens, nations chez qui le culte de Mithra n'étoit point reçu, il en résulte que l'idée de Plutarque n'est qu'une vaine conjecture avancée au hasard.

Le plus ancien exemple de cette Mithra chez les Romains, se trouve sur une inscription datée du troisieme consulat de Trajan, ou de l'an 101 de l'Ere chrétienne. C'est la dédicace d'un autel au Soleil sous le nom de Mithra, deo Soli Mithroe. Sur une autre inscription sans date, Mithra est l'assesseur ou le compagnon du Soleil: Deo Mithra, & Soli socio. Le culte de Mithra, quoiqu'établi à Rome dès l'an 101, n'étoit pas encore connu en Egypte & en Syrie au tems d'Origene, mort l'an 263 de J. C. Cependant le culte de cette divinité & de ses mysteres étoit commun à Rome depuis plus d'un siecle. On voit [p. 581] dans les collections de Gruter & de Reinesius plusieurs dédicaces faites à Mithra, comme Sol invictus Mithra, ou nomen invictum Mithra, &c. Et Lampride dans la vie de Commode, fait mention des mysteres de Mithra, sacra Mithriaca. Commode a regné depuis l'an 180, jusqu'à l'an 192.

Ces mysteres devoient même avoir déja une certaine célébrité dans l'Occident, au tems de S. Justin, qui, dans sa seconde apologie, & dans son dialogue avec Tryphon, parle de l'antre sacré de Mithra, de ses mysteres, & d'une éspece de communion que recevoient les initiés. La seconde apologie de S. Justin, fut présentée à l'empereur Antonin, l'an 142 de J. C. Tertulien qui a fleuri peu après, l'an 200 de J. C. s'étend aussi sur les mysteres de Mithra, parle d'une espece de baptème qui lavoit les initiés de toutes les souillures que leur ame avoit contractées jusqu'alors. Il parle encore d'une marque qu'on leur imprimoit, d'une offrande de pain, & d'un embleme de la résurrection, qu'il n'explique pas en détail. Dans cette offrande, qui étoit accompagnée d'une certaine formule de prieres, on offroit un vase d'eau avec le pain. Ailleurs Tertulien dit, qu'on présentoit aux initiés une couronne soutenue sur une épée; mais qu'on leur apprenoit à la refuser en disant: c'est Mithra qui est ma couronne.

On lit sur une inscription trouvée en Carinthie, dans les ruines de Solva, aujourd'hui Selfeld, près de Clagenfurt, que le 8e des calendes de Juillet, sous le consulat de Gordien & d'Aviola, l'an 239 de J. C. on répara un ancien temple de Mithra, ruiné par le temps, vetustate colapsum. Une autre inscription, rapportée dans Gruter, fait mention d'une dédicace au même dieu, Pro salute Commodi Antonini. Commode ayant reçu de Marc - Aurele le titre de César, dans l'année 166, l'inscription qui ne lui donne pas ce titre doit être d'un tems antérieur.

Porphyre, qui vint à Rome en 263, nous apprend d'autres particularités des mysteres de Mithra. Il dit que dans ces mysteres, on donnoit aux hommes le nom de lions, & aux femmes celui de hyenes, espece de loup ou de renard, commun dans l'Orient. Les ministres inférieurs portoient les noms d'aigles, d'éperviers, de corbeaux, &c. & ceux d'un ordre supérieur, avoient celui de peres.

Les initiés étoient obligés de subir un grand nombre d'épreuves pénibles & douloureuses, avant que d'être mis au rang des adeptes. Nonus, Elias de Crete, & l'évêque Nicetas, détaillent ces épreuves dans les scholies sur les discours de S. Gregoire de Nazianze. Ils parlent d'un jeûne très austere de 50 jours, d'une retraite de plusieurs jours dans un lieu obscur, d'un tems considérable qu'il falloit passer dans la neige & dans l'eau froide, & de quinze fustigations, dont chacune duroit deux jours entiers, & qui étoient, sans doute, séparées par les intervalles nécessaires aux initiés, pour reprendre de nouvelles forces. Dès le tems de Commode, les mysteres de Mithra étoient accompagnés d'épreuves, mais dont il semble que l'objet étoit uniquement d'éprouver le courage & la patience des initiés. Cet empereur, qui aimoit le sang, changea en des meurtres réels, ce qui n'étoit qu'un danger apparent: sacra Mithriaca homicidio vero polluit, cùm illic aliquid ad speciem timoris vel dici vel fingi soleat, dit Lampride.

Le déguisement des ministres de Mithra, sous la forme de divers animaux féroces dont parle Porphyre, n'étoit pas une pratique absolument nouvelle à Rome: il se passoit quelque chose d'approchant dans les mysteres d'Isis. Valere Maxime & Appien disent que lors de la proscription des triumvirs, l'Edile Volusius sachant qu'il étoit sur la liste de ceux dont on avoit mis la tête à prix, emprunta d'un isiaque de ses amis, sa longue robe de lin, & son masque à tête de chien: on sait que les masques antiques enveloppoient la tête entiere. Dans cet équipage Volusius sortit de Rome, & se rendit, par les chemins ordinaires, un sistre à la main, & demandant l'aumône sur la route: per itinera viasque publicas stipem petens, dit Valere Maxime. Si les yeux n'avoient pas été accoutumés à voir des hommes dans cet équipage, rien n'étoit plus propre à faire arrêter Volusius par les premiers qui l'eussent rencontré. Ce fut peut - être par le secours d'un semblable déguisement, que Mundus persuada à Pauline, qu'elle avoit passé la nuit avec le dieu Sérapis.

Il semble que vers l'an 350 de J. C. c'est - à - dire, sous les enfans de Constantin, le zele du paganisme expirant se ranima pour la célébration des fêtes Mithriaques, & de plusieurs autres inconnues dans l'ancienne religion grecque & romaine. On trouve à la vérité avant cette époque, des consécrations d'autels à Mithra marquées sur les inscriptions; mais ce n'est qu'après Constantin qu'on commença à trouver des inscriptions qui parlent des mysteres, & des fêtes Mithriaques. Le culte de Mithra fut proscrit à Rome l'an 378, & son antre sacré fut détruit cette même année, par les ordres de Gracchus, préfet du prétoire.

Nous avons, dans les collections de Gruter & de M. Muratori, ainsi que dans les monumenta veteris Antii, & dans l'ouvrage de Thomas Hyde, plusieurs bas - reliefs, où l'antre sacré de Mithra est représenté. On le voit aussi sur quelques pierres gravées. Mithra en est toujours la principale figure: il est représenté sous la forme d'un jeune homme domptant un taureau, & souvent prêt à l'égorger: il est coëffé d'une tiarre persienne recourbée en - devant, comme celle des rois: il tient à la main une espece de bayonnette, que Porhyre nomme le glaive sacré d'Ariès, & qui doit être l'arme persane nommée acinacès: il est vétu d'une tunique courte avec l'anaxyride, ou la culote persane: quelquefois il porte un petit manteau. A ses deux côtés sont deux autres figures humaines, coëffées d'une tiare semblable, mais sans manteau: ordinairement l'un tient un flambeau élevé, & l'autre un flambeau baissé. Quelquefois ces figures sont dans une attitude, que l'honnêteté ne permet pas de décrire, & par laquelle attitude il semble qu'on a voulu désigner le principe de la fécondité des êtres.

On croit communément que le culte de Mithra étoit chez les Romains, le même que celui du Mihz ou Mihir des Perses; mais quand on examine de près les circonstances du culte de Mithra chez les Romains, on n'y trouve nulle ressemblance avec la doctrine & les pratiques de la religion persane. Voyez Mihir.

Il est plus vraissemblable que les fêtes de Mithra venoient de Chaldée, & qu'elles avoient été instituées pour célebrer l'exaltation dusoleil dans le signe du taureau. C'est l'opinion de M. Freret, qui a donné d'excellentes observations à ce sujet dans les mém. de littérature, tom. XIV. Ces sortes de matieres sont très - curieuses; car il est certain que les recherches savantes concernant les divers cultes du paganisme, répandent non - seulement un grand jour sur les antiquités ecclésiastiques, mais même sur la filiation de plusieurs autres cultes qui subsistent encore dans le monde. (D. J.)

MITRHAX (Page 10:581)

MITRHAX, s. m. (Hist. nat.) nom que Pline donne à une pierre prétieuse qui se trouvoit en Perse, qui, présentée au soleil, montroit une grande variété de couleurs; il nomme cette même pierre gemma solis, ou pierre du soleil dans un autre endroit. Solin a donné par corruption le nom de mithridax à cette pierre, qui, suivant sa description, paroît être une

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