ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"582"> opale. On la trouve aussi nommée mithridates. ( - )

MITHRIAQUES, fêtes (Page 10:582)

MITHRIAQUES, fêtes, (Antiq. rom.) Voyez Mithra. (D. J.)

MITHRIDATE (Page 10:582)

MITHRIDATE, s. m. (Pharmacie & Matiere médicale. ) Voici sa préparation d'après l'édition de 1758 de la pharmacopée de Paris. Prenez myrrhe, safran, agaric, gingembre, canelle, nard indien, encens mâle, semence de thlaspi, de chacun dix dragmes; semence de seseli, vrai baume de Judée, jonc odorant, sthaecas arabique, caustus arabique, galbanum, térébenthine de Chio, poivre long, castor, suc d'hipocystis, stirax calamite, oppopanax, malabatrum, de chacun une once; cassia lignea, polium de montagne, poivre blanc, scordium, semences de daucus de Crete, fruits de baumier, trochisques de Cyphi, de chacun sept gros; nard celtique, gomme arabique, semences de persil de Macédoine, opium thébaïque, petit cardamum, semences de fenouil & d'anis, racines de gentiane, d'acorus vrai & de grande Valériane, sagapenum, de chacun trois dragmes; meum athamantique, acacia, lombes de scine marin, sommités d'hypericum, de chacun deux dragmes & demie; miel de Narbonne, une quantité triple de la quantité totale de tous les autres ingrédiens; vin d'Espagne, autant qu'il en faut pour délayer les sucs. Faites un opiat selon l'art.

Par ce mot de sucs, il faut entendre tout ce qui est soluble bien ou mal dans le vin, comme l'opium, l'hipocystis, & les gommes résines, sur - tout celles qui ne peuvent point être mises en poudre, ou qui ne peuvent l'être que très - difficilement. Cette méthode est prescrite explicitement dans plusieurs pharmacopées où l'on trouve: faites fondre les sucs & les gommes dans le vin, &c. au reste, ces mots selon l'art disent tout. La composition des remedes déorits dans les pharmacopées est censée uniquement confiée à des artistes instruits, à qui il ne faut pas en dire davantage.

Le mithridat est le plus ancien de tous les remedes officinaux très - composés. Il est décrit dans Celse sous le nom d'antidotum Mithridatis. Et cet auteur croit que c'est - là le vrai antidote dont le célebre Mithridate, roi de Pont, avoit usé tous les jours pour disposer son corps à résister à tous les poisons. Cette opinion sur l'origine du mithridate a été presque dans tous les tems l'opinion dominante. Il se trouve cependant des auteurs qui assurent que le vrai remede de Mithridate étoit quelque chose de beaucoup plus simple. Voici à ce sujet un passage de Sérénus Samonicus, qui est rapporté dans l'histoire de la Médecine de le Clerc:

Antidotus verò multis mithridatica fertur Consociata modis: sed magnus scrinia regis Cum raperet victor (c. - à - d. Pompée) vilem deprendit in illis Syntesim, & vulgata satis medicamina visit Bis denum Rutoe filium, salis & breve granum, Juglandesque duas totidem cum corpore ficus. Hoec oriente die pauco conspersa lyoeo Sumebat, metuens dederat quoe pocula mater.

On ne sait pas en quel tems la description de l'antidote très - composé, attribué bien ou mal - à - propos à Mithridate, a paru, ni qui est le véritable auteur ou restaurateur de ce remede: car Damocrate, sous le nom de qui on le trouve dans les pharmacopées modernes, est très - postérieur à Celse; & il paroît que l'usage d'intituler cet antidote du nom de Damocrate, vient de ce que ce remede se trouve décrit à - peu - près tel qu'on le prépare aujourd'hui, mais ne différant point essentiellement de celui de Celse dans un fragment de Damocrate qu'on trouve dans Galien. Le mithridat paroît avoir servi de mo<cb-> dele à toutes les grandes compositions officinales dont les boutiques ont été remplies depuis, & surtout à celles qui portent plus particulierement le nom d'antidote, telles que la thériaque, l'orviétan, le diascordium, &c. Voyez ces articles.

La principale vertu attribuée au mithridate, & celle qu'on lui a le moins contestée jusqu'à ce siecle, c'est la qualité alexipharmaque ou contre - venin. Mais depuis que des auteurs modernes, entre lesquels il faut sur - tout distinguer Wepfer, ont appris à mieux évaluer la nature & l'action des poisons, tous ces magnifiques antidotes & le très - noble mithridate comme les autres, ont beaucoup perdu de leur réputation. Voyez Poison.

Des vertus plus réelles du mithridat sont les qualités stomachiques, cordiales, sudorifiques, calmantes, fébrifuges, mais on ne l'emploie presque point à tous ces titres; par conséquent le mithridat est un remede qu'on ne prépare presque plus que pour la décoration des boutiques, par une espece de respect religieux pour son antiquité.

Voyez à l'article Composition, (harmac.) ce que nous estimons qu'on doit généralement penser sur les remedes très - composés. (b)

MITOMBO ou MITOUBA (Page 10:582)

MITOMBO ou MITOUBA, (Géog.) petit royaume d'Afrique dans la haute Guinée. Il a au nord la riviere de Sierre - Lione; à l'orient, les montagnes du pays des Hondo; au midi, les terres du pays de Corrodobou; & à l'occident, celles du royaume de Bouré. (D. J.)

MITON (Page 10:582)

MITON, s. m. terme de Marchand de mode; ce sont des especes de mitaines qui n'ont ni patte ni pouce, & qui ne sont faites que pour garantir les bras du froid: elles sont garnies en haut & en bas de blonde ou dentelle noire.

L'on en a fait de velours, mais plus ordinairement elles sont faites à l'aiguille & de soie noire: les Marchands de modes les font faire. Ils ne sont presque plus à la mode.

MITIGÉ (Page 10:582)

MITIGÉ, adj. part. MITIGER, v. act. (Gram.) adoucir, modérer, relâcher. On dit mitiger une regle austere; une morale mitigée; des Carmes mitigés; un luthérien mitigé.

MITONNER (Page 10:582)

MITONNER, terme dont se servent les Peintres en émail. Mitonner, est faire cuire doucement & à petit feu la couleur, en la changeant de place de tems en tems, & par degrés, à l'entrée du fourneau de reverbere où le feu est moins grand.

Mitonner (Page 10:582)

Mitonner, (Cuisine.) parmi les Cuisiniers, c'est mettre un mets, le potage, par exemple, sur un grand feu; faire bouillir le pain dans le bouillon pour mieux s'imbiber, & lui faire prendre son goût.

MITOTE (Page 10:582)

MITOTE, s. f. (Hist. mod.) danse solemnelle qui se faisoit dans les cours du temple de la ville de Mexico, à laquelle les rois même ne dédaignoient pas de prendre part. On formoit deux cercles l'un dans l'autre: le cercle intérieur, au milieu duquel les instrumens étoient placés, étoit composé des principaux de la nation; le cercle extérieur étoit formé par les gens les plus graves d'entre le peuple, ornés de leurs plumes & de leurs bijoux les plus précieux. Cette danse étoit accompagnée de chants, de mascarades, de tours d'adresse. Quelques - uns montoient sur des échasses, d'autres voltigeoient & faisoient des sauts merveilleux; en un mot, les Espagnols étoient remplis d'admiration à la vûe de ces divertissemens d'un peuple barbare.

MITOYEN, Mur (Page 10:582)

MITOYEN, Mur, (Jurisprud.) le mur qui fait la séparation commune de deux maisons contiguës.

Le seul principe que nous ayons dans le droit romain touchant le mur mitoyen, c'est que l'un des voisins ne pouvoit pas y appliquer de canaux malgré [p. 583] l'autre, pour conduire l'eau qui venoit du ciel ou d'un réservoir.

Mais nos coutumes, singulierement celle de Paris, en ont beaucoup d'autres dont voici quelques - uns.

Quand un homme fait bâtir, s'il ne laisse un espace vuide sur son propre terrein, il ne peut empêcher que son mur ne devienne mitoyen entre lui & son voisin, lequel peut appuyer son bâtiment contre ce mur, en payant la moitié du mur & du terrein sur lequel il est assis.

L'un des deux propriétaires du mur mitoyen n'y peut rien faire faire sans le consentement du voisin, ou du moins sans lui en avoir fait faire une signification juridique.

L'un des voisins peut obliger l'autre de contribuer aux réparations du mur mitoyen, à proportion de son hébage, & pour la part qu'il y a.

Le voisin ne peut percer le mur mitoyen, pour y placer les poutres de sa maison, que jusques à l'epaisseur de la moitié du mur, & il est obligé d'y faire mettre des jambes, parpaignes ou chaines, & corbeaux suffisans de pierre de taille, pour porter les poutres.

Dans les villes & fauxbourgs, on peut contraindre les voisins de contribuer aux murs de clôture, pour séparer les maisons, cours & jardins, jusques à la hauteur du rez - de - chaussée, compris le chaperon. Voyez tout le titre des servitudes de la coutume de Paris, à laquelle la plûpart des autres coutumes sont conformes sur cette matiere, à très peu de différences près.

MITOYERIE (Page 10:583)

MITOYERIE, terme de coutumes, séparation de deux héritages ou deux maisons voisines, par une clôture commune ou un mur mitoyen. Voyez ci - dessus Mitoyen.

MITRAILLE (Page 10:583)

MITRAILLE, s. f. (Art milit.) Ce sont des balles de mousquet, des pierres, de vieilles ferrailles, &c. qu'on met dans des boîtes, & dont on charge les canons. Voyez Dragée & Cartouche.

Les mitrailles sont sur - tout d'usage à la mer pour nettoyer le pont des vaisseaux ennemis, lorsqu'il est rempli d'hommes; de même que dans les attaques & les combats où l'on tire de près.

MITRALES, Valvules (Page 10:583)

MITRALES, Valvules, terme d'Ana omie, sont deux valvules du coeur, ainsi appellées parce qu'elles ont en effet la figure d'une mitre. Voyez Valvule & Coeur.

Elles sont placées à l'orifice auriculaire du ventricule gauche du coeur. Leur usage est de fermer cet orifice, & d'empêcher le retour du sang dans les poumons par la veine pulmonaire. Voyez Circulation, &c.

MITRE (Page 10:583)

MITRE, s. f. (Littérat.) en grec & en latin mitra, sorte de coëffure particuliere aux dames romaines. Ce que le chapeau étoit aux hommes, la mitre l'étoit aux femmes. Elle étoit plus coupée que la mitre moderne que nous connoissons, mais elle avoit comme elle ces deux pendans que les femmes ramenoient sous les joues. Servius, sur ce vers de Virgile, où Hiarbas reproche à Enée ses vêtemens efféminés,

Moenia mentum mitrâ, crinemque madentem Sub nexus, ajoute, mitrâ lydiâ; nam utebantur & Phryges & Lydii mitrâ, hoc est incurvo pileo, de quo pendebat etiam buccarum tegimen. Cet ornement dégénéra peu - à - peu; peut - être avoit - il l'air de coëffure trop négligée. Les femmes qui avoient quelque pudeur n'oserent plus en porter, de sorte que la mitre devint le partage des libertines. Juvenal s'en expliquoit ainsi, lorsqu'il reprochoit aux Romains le langage & les modes des Grecs, qu'ils tenoient eux - mêmes des Assyriens:

Ite quibus grata est pictd lupa barbara mitrâ.

Il faut admirer ici le caprice du goût, & celui de la bisarrerie de la mode, qui fait servir à nos cérémonies les plus augustes la même chose qu'elle employoit à l'appareil de la galanterie, & met sur la tête des plus respectables ministres du Seigneur les mêmes ornemens à - peu - près dont se paroient les courtisannes. (Voyez l'article suivant.) Ainsi, par un exemple de mode tout opposé à celui - ci, le voile qui d'abord n'avoit été d'usage que dans les fonctions du temple, devint une espece de coëffe sous laquelle les dames romaines ramassoient leurs cheveux bien frisés & bien ajustés. Les progrès du luxe produisirent cet effet, changerent la destination du voile, & firent servir à la vanité ce qui n'avoit été qu'un ornement de cérémonies & de sacrifices.

Un chanoine régulier de sainte Geneviéve, Claude du Molinet, a fait une dissertation sur la mitre des anciens, où il a recueilli bien des choses curieuses; le lecteur peut le consulter. (D. J.)

Mitre (Page 10:583)

Mitre, en latin mitra, (Hist. ecclés.) sorte d'ornement de tête dont les évêques se servent dans les cérémonies. Elle est de drap d'or ou d'argent, accompagnée de deux languettes de même étoffe, qui pendent d'environ un demi - pié sur les épaules, & qui, à ce qu'on croit, représentent les rubans dont on se servoit autrefois pour l'affermir en les nouant sous le menton, & elle forme à son sommet deux pointes, l'une par - devant, l'autre par - derriere, surmontées chacune par un bouton.

Dans un ancien pontifical de Cambrai, où l'on entre dans le détail de tous les ornemens pontificaux, il n'est point fait mention de la mitre, non plus que dans les anciens pontificaux manuscrits, ni dans Amalaire, dans Raban, dans Alcuin, ni dans les autres anciens auteurs qui ont traité des rits ecclésiastiques. C'est peut - être ce qui a fait dire à Onuphre, dans son Explication des termes obscurs, à la fin de ses vies des papes, que l'usage des mitres dans l'église romaine ne remontoit pas au delà de 600 ans. C'est aussi le sentiment du pere Hugues Menard, dans ses Notes sur le sacramentaire de saint Grégoire, où il répond aux opinions contraires. Mais le pere Martenne, dans son Traité des anciens rits de l'Eglise, dit qu'il est constant que l'usage de la mitre a été suivi dans les évêques de Jérusalem, successeurs de saint Jacques, comme cela est marqué expressément dans une lettre de Théodose, patriarche de Jérusalem, à saint Ignace, patriarche de Constantinople, qui fut produite dans le huitieme concile général. « Il est certain aussi, ajoute le même auteur, que l'usage des mitres a eu lieu dans l'église d'occident long - tems avant l'an 1000, comme il est aisé de le prouver par l'ancienne figure de saint Pierre, qui est au - devant de la porte du monastere de Corbie & qui a plus de mille ans, & par les anciens portraits des papes que les Bollandistes ont rapporté dans leur vaste recueil ». Théodulphe, évêque d'Orléans, fait - aussi mention de la mitre dans une de ses poésies, où il dit en parlant d'un évêque:

Illius ergò caput resplendens mitra tegebat.

Le pere Martenne ajoute que, pour concilier les différens sentimens sur cette matiere, il faut dire que l'usage des mitres a toûjours été dans l'Eglise, mais qu'autrefois tous les évêques ne la portoient pas, s'ils n'avoient un privilege particulier du pape à cet égard. Dans la cathédrale d'Acqs, on voit en effet sur la couverture d'un tombeau un évêque représenté avec sa crosse sans mitre. Le pere Mabillon & plusieurs autres aureurs prouvent la même chose pour l'église d'occident & pour les évêques d'orient excepté les patriarches. Le pere Goar & le cardinal

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