ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"208"> Au reste le vrai évangile hébreu de saint Matthieu ne subsiste plus, que l'on sache, en aucun endroit. Car ceux que Sébastien Munster & du Tillet ont fait imprimer sont modernes, & traduits en hébreu sur le latin ou sur le grec. Quelques modernes comme Grotius, M. Huet, & Mille dans ses prolégomenes, ont avancé que l'évangile syriaque de saint Matthieu, qui est imprimé à part & dans les polyglottes, étoit le texte original; mais ceux qui l'ont examiné avec plus de soin remarquent que cette traduction est faite sur le grec.

La version grecque de cet évangile qui passe aujourd'hui pour l'original, a été faite dès les tems apostoliques. Quant à la traduction latine, on convient qu'elle est faite sur le grec, & n'est guere moins ancienne que la grecque même, mais l'auteur de l'une & de l'autre est inconnu.

Quelques modernes comme Erasme, Calvin, Ligfoot, Witaker, Schmith, Casaubon, le Clerc, &c. soutiennent que saint Matthieu écrivit en grec, & que ce que l'on dit de son prétendu original hébreu est faux & mal - entendu. Car, disent - ils, les Peres comme Origene, saint Epiphane & saint Jérome, n'en parlent pas d'une maniere uniforme; ils le citent, mais sans lui donner autant d'autorité qu'ils auroient dû faire si c'eût été un original. Si l'on en avoit eu cette idée, l'auroit - on laissé périr dans l'Eglise? Si saint Matthieu avoit écrit en hébreu, trouveroit - on dans son ouvrage l'interprétation des noms hébreux en grec? Y citeroit - il l'Ecriture, comme il la cite, suivant les Septante? La langue grecque étoit alors commune dans tout l'Orient, dans tout l'Empire, à Rome même, puisque saint Paul écrit en grec aux Romains, saint Pierre & saint Jacques écrivent dans la même langue aux Juifs dispersés en Orient, & saint Paul aux Hébreux de la Palestine. Enfin, pendant que tous les autres auteurs du nouveau - Testament ont écrit en grec, pourquoi veuton que saint Matthieu seul ait écrit en hébreu?

Mais ces raisons ne sont pas sans réplique. Car 1°. les anciens témoignent que saint Matchieu avoit écrit en hébreu, & ils le disent pour avoir vû & consulté cet évangile écrit en cette langue. Si leur témoignage n'est pas uniforme, c'est qu'il y avoit deux sortes d'évangile attribué à saint Matthieu: l'un pur & entier, dont ils ont parlé avec estime; l'autre altéré, qu'ils ont jugé faux & apocryphe. 2°. On convient que la langue grecque étoit vulgaire en Palestine, mais il n'en est pas moins vrai que le commun du peuple y parloit ordinairement hébreu, c'est - à - dire, un langage mélé de chaldaique & de syriaque. Saint Paul ayant été arrêté dans le temple, harangua la multitude en hébreu, act. XXI. v. 4. 3°. Les noms hébreux, expliqués en grec dans saint Matthieu, prouvent que le traducteur est grec & l'original hébreu. 4°. Saint Matthieu ne cite que dix passages de l'ancien - Testament, dont sept sont plus approchans du texte hébreu que de la version des Septante, & les trois autres ne paroissent conformes aux Septante que parce que dans ces passages les Septante eux - mêmes sont conformes au texte hébreu. 5°. La perte de l'original ne détruit pas la preuve de son existence, les églises l'abandonnerent insensiblement parce que les Ebionites le corrompoient, le grec qui étoit demeuré pur fut conservé & regardé comme seul authentique. Voilà pourquoi l'on négligea l'hébreu, mais s'ensuit - il de - là qu'il n'ait pas existé? 6°. Quoique les autres Apôtres aient écrit en grec aux Juifs de la Palestine, & à ceux qui étoient dispersés en Orient, on n'en sauroit conclure que saint Matthieu n'ait pas écrit en hébreu pour ceux de la Palestine qui parloient l'hébreu vulgaire plus communément que le grec. Enfin, on ne prétend pas que saint Matthieu ait absolument été obli<cb-> gé d'écrire en hébreu, mais il s'agit de savoir s'il y a écrit. Or c'est un fait attesté par tous les anciens dont plusieurs ont vû son original & ont été très capables d'en juger, comme Origene, Eusebe, saint Jérome. Oppose - t - on des conjectures a des faits attestés? Il paroît donc constant que l'évangile de saint Matthieu a été primitivement écrit en hébreu vulgaire.

Le but de saint Matthieu dans son évangile a été, selon le vénérable Pierre Damien, de montrer que Jesus - Christ étoit le Messie. Pour cela il montre par ses miracles qu'il est le Christ, que Marie sa mere est Vierge, que Jesus - Christ n'est point venu pour détruire la loi, mais pour l'accomplir, & que ses miracles vraiment divins sont des preuves incontestables de sa mission. On remarque dans saint Matthieu une assez grande différence dans l'arrangement des saits depuis le chap. iv. v. 22. jusqu'au chap. xiv. v. 13. d'avec l'ordre que suivent les autres évangelistes, mais cela ne préjudicie en rien à la vérite de ces faits. On a attribué à saint Matthieu quelques ouvrages apocryphes, comme le livre de l'enfance de Jesus - Christ, condamné par le pape Gelase, une liturgie éthiopienne, & l'évangile selon les Hébreux dont se servoient les Ebionites, c'est - à - dire, un évangile altéré dont le fonds étoit de saint Matthieu, mais non les parties surajoutées. Calmet, aictionn. de la Bille, tom. III. pag. 646 & suiv.

MATTIAQUES les (Page 10:208)

MATTIAQUES les, (Géog. anc.) Mattiaci, peuples de la Germanie, qui tiroient leur nom de Mattium ou Mattiacum, capitale du pays des Cattes. Les bains d'eau chaude appellés anciennement aquoe Mattiacoe, se trouvoient chez les peuples Mattiatiques. On nomme aujourd'hui ces bains Weisbaden, & comme leur situation est connue, il n'est pas besoin d'autre preuve pour établir la demeure des Mattiaques; il habitoient donc sur le Rhin, dans le pays que les Ubiens avoient abandonné, selon que Tacite, liv. I. ch. lvj. le fait entendre. (D. J.)

MATTIOLA (Page 10:208)

MATTIOLA, (Botan.) nom d'un genre de plante dont voici les caracteres, selon Linnaeus. Le calice particulier de la fleur est cylindrique court, droit, & subsiste après la chûte de la fleur; la fleur est monopétale, saite en long tuyau qui s'élargit insensiblement, & forme une gueule avec une bordure unie. Les étamines sont cinq silamens pointus, plus courts que la fleur. Le germe du pistil est arrondi & placé au - dessous du calice: le stile est très - délié, & celui du pistil est gros & obtus. Le fruit à noyau est spherique, contenant une seule loge. La graine est osseuse, arrondie, & renferme un noyau de même figure. (D. J.)

MATULI (Page 10:208)

MATULI, s. m. (Comm.) mesures des liquides dont on se sert en quelques villes de Barbarie. Le matuli de Barbarie est de trente - deux rotolis. Voyez Rotolis. Dictionn. de commerce.

MATUMA (Page 10:208)

MATUMA, s. m. (Hist. nat.) espece de serpent aquatique, qui se trouve dans les fleuves du Brésil, & qui ne sort jamais de l'eau; on en rencontre qui ont 25 ou 30 piés de long. Ils ont les dents d'un chien, sont très - voraces, & attaquent les hommes & les animaux. Les couleurs de sa peau sont de la plus grande beauté, & c'est à son exemple, dit - on, que les sauvages du pays se peignent le corps de différentes couleurs.

MATURATIFS (Page 10:208)

MATURATIFS, adj. (Pharm.) remedes propres à aider la formation de la matiere purulente. Tels sont les oignons de lys, la levure de biere, le vieux levain, la bousse de vache, les gommes & les résines, les plantes émollientes & leurs pulpes. Et enfin, ce terme se dit de tous les remedes qui peuvent hâter la coction, l'atténuation, la préparation des humeurs nuisibles & génératrices des maladies, pour [p. 209] ensuite les rendre plus faciles à être expulsées. Voyez Suppuration.

MATURATION (Page 10:209)

MATURATION des fruits (Chim.) L'altération spontanée qui fait passer les sucs de certains fruits, des fruits charnus, pulpeux, mous, de l'état d'immaturité, c'est - à - dire de verdure, d'acidité, d'âpreté, d'acerbité, quelquefois de causticité, comme dans la figue à l'état de maturité, c'est - à - dire de douceur; cette altération, dis - je, doit être rangée parmi les especes de fermentations, voyez Fermentation. J'ai appellé cette altération spontanée, ce qui suppose que pendant qu'un fruit l'éprouve, il ne reçoit rien du dehors, qu'il doit être consideré comme isolé par rapport à l'arbre auquel il tient quelquefois encore. En effet, non seulement l'analogie déduite de la maturation des fruits détachés des tiges qui les ont produits, & qui est singulierement remarquable dans le melon, la poire, la nêfle, &c. fait conjecturer, que le fruit ne tire plus rien de l'arbre lorsque l'ouvrage de la maturation s'accomplit; mais plusieurs observations concourent à appuyer cette idée; le fruit ne grossit plus, la queue ou pédicule se desseche, ou du - moins se flétrit, &c. Enfin, la loi générale des fermentations qui ne procedent convenablement que dans les liqueurs qui sont isolées, solitaires, sui juris, fournit une induction très - forte en faveur de cette opinion.

La maturation a cela de commun avec la putréfaction, qu'elle peut survenir à des sucs enfermés en très - petite quantité dans de petites ceilules distinctes; & elle differe en cela de la fermentation vineuse & de l'acéteuse, en ce que ces dernieres ne s'excitent jamais que dans des volumes considérables de liqueur, voyez Vin & Vinaigre; aussi les fruits passent - ils de la maturation à la putrefaction, & jamais à l'état vineux ou à l'état acéteux.

La théorie particuliere de la maturation, qui, comme on voit est toute chimique, n'a été ni exposée, ni suivie, ni même ou à peine mise au rang des objets chimiques. Elle est pourtant très - curieuse & très - intéressante par la circonstance de présenter un des phénomenes les plus sensibles de l'économie végétale, & par conséquent d'ouvrir la porte de cette partie du sanctuaire chimique. Savoir ce que c'est positivement que le sel acide, acerbe, austere, ou le suc résineux des fruits verds, par quelle succession de changemens ces corps se changent en corps doux; quel principe des premieres substances s'altere réellement; quel autre passe immué du suc verd dans le suc - doux, &c. ce sont - là des connoissances chimiques d'un ordre supérieur, tant en soi, que comme source de lumiere ultérieure pour l'analyse végétale transcendante; du - moins me promettrois - je beaucoup de ces notions, si je continuois un jour mes travaux sur les végétaux.

L'état de vapidité & l'amertume que contractent les fruits meurtris, qui est le produit d'une autre espece de fermentation, est encore un phénomene dont la théorie chimique est du même ordre que la précédent, & à laquelle elle est nécessairement liée. (b)

MATURE (Page 10:209)

MATURE, s. f. (Marine) ce mot se prend ou pour l'assemblage des mâts d'un vaisseau, voyez Mat, ou pour l'art & la science de mâter les vaisseaux.

Le mât est destiné à porter la voile, & la voile à transmettre au vaisseau l'action du vent; & comme on suppose qu'un navire en mouvement est enfin parvenu à une vitesse uniforme, il faut que l'action du vent soit égale & directement opposée à l'action de la résistance de l'eau, parce que l'une de ces actions tend à accélerer le mouvement du vaisseau, & la seconde au contraire à le ralentir. Or, de - là il s'ensuit que le mât doit être placé, s'il n'y en a qu'un, dans l'endroit où la direction du choc de l'eau coupe la quille; s'il y a plusieurs mâts, on les mettra de part & d'autre du point où la quille est coupée par la direction du choc de l'eau, & on obsevera en même - tems de disposer les voiles de maniere qu'il y ait entr'elles un parfait équilibre, voyez Voile. Ceux qui désireront sur ce sujet un plus grand détail, peuvent consulter les pieces de MM. Bouguer & Camus, sur la matiere des vaisseaux, & le traité du navire de M. Bouguer, p. 417. (O)

MATURITÉ (Page 10:209)

MATURITÉ, s. f. (Jardin.) c'est la coction du suc nourricier qui se fait au - dedans des fruits par la chaleur de la terre, & qui de durs qu'ils étoient, rend leur substance plus tendre & plus agréable au goût. C'est le tems que le fruit paroît propre à cueillir & bon à manger: ce tems varie, selon la qualité de la terre & l'exposition des fruits. « La Quintinie, tom. II. pag. 198. ne peut souffrir les gens qui tâtonnoient les truits, soit sur l'arbre, soit cueillis, & qui pour trouver un fruit à leur goût en gâtent cent avec l'impression violente de leur ma habile pouce ».

Les pêches sont mûres quand elles ont acquis leur gosseur, une couleur rouge d'un côte & jaune de l'autre: elles doivent, ainsi que la poire, obéir au pouce, quand il les presse doucement du côté de la queue.

La figue doit se détacher de l'arbre sans résistance.

Il faut que la prune quitte sa queue & soit un peu ridée de ce côté - là.

Aux poires & aux prunes, la qrunes, la queue se détache de l'arbre & leûr reste pour ornement.

Aux melons, outre la couleur & le sentiment du pouce, il faut encore l'odorat & l'écorce bien brodée.

La couleur jaune des poires d'hiver est la vraie marque de leur maturité.

Les pommes de même, étant bien jaunes & un peu ridées, dénotent qu'elles sont mures.

Les apis changent leur verd, les calvilles deviennent plus légeres & leurs pepins sonnent quand on les secoue: celles qui ne paroissent point telles, ainsi que les épines d'hiver & la louise - bonne, font connoître leur maturité par leurs rides.

Les abricots l'annoncent par leur couleur dorée, ceux qui sont à plein vent prennent plus de couleur & de goût; mais étant en espaliers, ils deviennent & plus gros & plus beaux.

Les oranges sont ordinairement seize mois à mûrir; le beau doré de leur couleur vous invite à les cueillir.

Maturité (Page 10:209)

Maturité, (Médecine.) On se sert de ce même terme par analogie, en parlant de quelque chose qui arrive à son juste degré de perfection. C'est ainsi que dans les maladies, on dit que la matiere morbifique est parvenue à sa maturité, ce qui veut dire que la matiere est au degré d'atténuation & de perfection pour en faciliter la crise ou l'expulsion.

C'est de cette maturité dont il est parlé dans l'aphorisme d'Hippocrate, où il est dit qu'il faut évacuer les matieres cuites, & non celles qui sont crues.

On doit attendre cette maturité ou la procurer, avant d'employer les remedes évacuans de l'humeur morbifique, ce qui se fait en y préparant la nature par les saignées. Voyez Thérapeutique.

MATUTA (Page 10:209)

MATUTA, (Mythol.) divinité des Romains. Cette déesse, la même que Leucothoé, étoit Ino soeur de Sémélé, mere de Bacchus, s'il en faut juger, dit Plutarque, par la cérémonie de ses sacrifices; car entre autres particularités, les dames romaines en célébrant sa fête, faisoient entrer au milieu de son temple, une seule de leurs esclaves, lui donnoient quelques soufflets, & la chassoient ensuite du temple avec ignominie. J'en ai dit la raison au mot Matronales: c'est le roi Servius Tullius qui

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