ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"950"> d'une manche d'habit bisarre. Il n'y en a des exemples qu'en Angleterre. Hastinghs, en Angleterre, d'or à une manche mal taillée de gueules.

MALTER (Page 9:950)

MALTER, s. m. (Comm.) qu'on prononce plus ordinairement malder, & en françois maldre, est une mesure de continence pour les grans, dont on se sert à Luxembourg. Voyez Malder, Dict. de Commerce.

MALTHA (Page 9:950)

MALTHA, MALQH, (Architect.) dans l'antiquité, marque un ciment, ou corps glutineux, qui avoit la faculté de lier les choses les unes aux autres. Voyez Ciment, Lut, Glu

Les anciens font mention de deux sortes de cimens, le naturel, & le factice; l'un de ces derniers, qui étoit fort en usage, étoit composée de poix, de cire, de plâtre & de graisse; une autre espece, dont les Romains se servoient pour plâtrer & blanchir les murs intérieurs de leurs aqueducs, étoit fait de chaux éteinte dans du vin, & incorporée avec de la poix fondue & des figues fraîches.

Le maltha naturel est une espece de bitume avec lequel les Asiatiques plâtrent leurs murailles. Lorsqu'il a une fois pris feu, l'eau ne peut plus l'éteindre, & elle ne sert au contraire qu'à le faire brûler avec plus d'ardeur.

MALTHACODE (Page 9:950)

MALTHACODE, s. m. (Pharm.) est un médicament amolli avec de la cire, ou de l'huile. Blanchard.

MALTHE (Page 9:950)

MALTHE, (Géog.) en grec MELI)TH, en latin Melita, île de la mer Méditerranée, entre les côtes d'Afrique, & celle de l'île de Sicile, qui n'en est éloignée que de quinze lieues au septentrion.

Elle a à l'orient la mer Méditerranée qui regarde l'île de Candie, au midi la ville de Tripoli en Barbarie, & à l'occident les îles de Pantalavée, de Linose, & de Lampadouze. Elle peut avoir six ou sept lieues de longueur, sur trois de large, & environ vingt de circuit.

Cluvier croyoit que cette île étoit l'ancienne Ogygie, où la nymphe Calypso demeuroit, & où elle reçut Ulysse avec tant d'humanité, après le naufrage qui lui arriva sur ses côtes. Mais outre qu'Homere nous en fait une description si riante, qu'il est impossible d'y reconnoître Malthe, il ne faut chercher en aucun climat une île fictive, habitée par une dé esse imaginaire.

Ptolomée a mis l'isle de Malthe entre celles d'Afrique, soit faute de lumieres, soit qu'il se fondât sur le langage qu'on y parloit de son tems, & que les natifs du pays y parlent encore aujourd'hui; c'est un jargon qui tient de l'arabe corrompu.

Malthe est en elle - même un rocher stérile, où le travail avoit autrefois forcé la terre à être féconde, quand ce pays étoit entre les mains des Carthaginois; car lorsque les chevaliers de S. Jean de Jérusalem en furent possesseurs, ils y trouverent des débris de colonnes, & de grands édifices de marbre, avec des inscriptions en langue punique. Ces restes de grandeur étoient des témoignages que le pays avoit été slorissant. Les Romains l'usurperent sur les Carthaginois, & y établirent un préfet, W=RW=TOS2, comme il est nommé dans les actes des Apôtres, c. xxviij. v. 7. & comme le prouve une ancienne inscription qui porte PRW=TOS2 *MELITAIW=N; ce préfet étoit sous la dépendance du préteur de Sicile.

Les Arabes s'emparerent de l'isle de Malthe vers le neuvieme siecle, & le Normand Roger, comte de Sicile, en fit la conquête sur les Barbares, vers l'an 1190. Depuis lors, elle demeura annexée au royaume de Sicile, dont elle suivit toujours la fortune.

Après que Soliman eut chassé les chevaliers de Malthe de l'isle de Rhodes en 1523, le grand maître Villiers - Lisle - Adam se trouvoit errant avec ses religieux & les Rhodiens attachés à eux sans demeure fixe & sans ports pour retirer sa flotte. Il jetta les yeux sur l'isle de Malthe, & se rendit à Madrid, pour demander à l'empereur qu'il lui plût par une inféodation libre & franche de tout assujettissement, remettre aux chevaliers cette isle, sans lesquelles graces la religion alloit être ruinée.

L'envie de devenir le restaurateur & comme le second fondateur d'un ordre qui depuis plusieurs siecles s'étoit consacré à la défense des chrétiens, & l'espérance de mettre à couvert des incursions des infideles les isles de Sicile & de Sardaigne, le royaume de Naples, & les côtes d'Italie déterminerent Charles - Quint en 1525, à faire présent aux chevaliers de Jérusalem, des isles de Malthe & de Goze, aussi bien que de Tripoli, avec tous les droits honorifiques & utiles. Le pape confirma le don en 1530; mais Tripoli fut bien - tôt enlevé à la religion par les amiraux de Soliman.

Les chevaliers de Jérusalem, après leur établissement à Malthe, la fortifierent de toutes parts; & même quelques - unes de ses fortifications se firent des deniers du grand - maître. Cependant Soliman indigné de voir tous les jours ses vaisseaux exposés aux courses des ennemis qu'il avoit cru détruits, se proposa en 1565 de prendre Malthe, comme il avoit pris Rhodes. Il envoya 30 mille hommes devant la ville, qu'on appelloit alors le bourg de Malthe: elle fut défendue par 700 chevaliers, & environ 8000 soldats étrangers. Le grand - maître Jean de la Valette, âgé de 71 ans, soutint quatre mois le siege; les Turcs monterent à l'assaut en plusieurs endroits différens; on les repoussoit avec une machine d'une nouvelle invention; c'étoient de grands cercles de bois couverts de laine enduite d'eau - devie, d'huile, de salpètre, & de poudre à canon; & on jettoit ces cercles enflammés sur les assaillans. Enfin, environ six mille hommes de secours étant arrivés de Sicile, les Turcs leverent le siége.

Le bourg de Malthe qui avoit soutenu le plus d'assauts, fut appellé la cité victorieuse, nom qu'il conserve encore aujourd'hui. Pierre de Monté grand-maître de l'ordre, acheva la construction de la nouvelle ville, qui fut nommée la cité de la Valette. Le grand - maître Alof de Vignacourt, fit faire en 1616 un magnifique aqueduc pour conduire de l'eau dans cette nouvelle cité. Il fortifia plusieurs autres endroits de l'isle; & le grand - maître Nicolas Cotoner y joignit encore de nouveaux ouvrages qui rendent Malthe imprenable.

Depuis ce tems - là, cette petite isle brave toute la puissance ottomane; mais l'ordre n'a jamais été assez riche pour tenter de grandes conquêtes, ni pour équiper des flottes nombreuses. Ce monastere d'illustres guerriers ne subsiste guere que des redevances des bénéfices qu'il possede dans les états catholiques, & il a fait bien moins de mal aux Turcs, que les corsaires d'Alger & de Tripoli n'en ont fait aux chrétiens.

L'isle de Malthe tire ses provisions de la Sicile. La terre y est cultivée autant que la qualité du terroir peut le permettre. On y recueille du miel, du coton, du cumin, & un peu de blé. On comptoit dans cette isle & dans celle de Goze, en 1662, environ 50 mille habitans.

La distance de Malthe à Alexandrie est estimée à 283 lieues de 20 au degré, en cinglant à l'est - sudest. La distance de Malthe à Tripoli de Barbarie, peut - être de 53 lieues en tirant au sud, un quart à l'ouest.

Dappert a situé Malthe à 49d. de longitude, & à 35d. 10 de latitude. Cette situation n'est ni vraie ni conforme à celle qui a été exactement déterminée par les observations du P. Feuillé, suivant lesquelies la longitude de cette isle est de 33d. 40'. 0". & sa latitude de 35d. 54'. 33". (D. J.) [p. 951]

Malthe (Page 9:951)

Malthe, (Géogr.) autrement dite la cité notable, la ville notable, capitale de l'isle de Malthe, & l'ancienne résidence de son évêque. Elle est située dans le fond des terres, & au milieu de l'isle, éloignée d'environ six milles du bourg & du grand port. Les anciens l'ont nommée Melita, Malite, du nom commun à toute l'isle, dont elle étoit à proprement parler, la seule place importante, oppidum; c'est maintenant une ville considérable, que les Catholiques ont pour ainsi dire en commun, & qu'on peut regarder comme le triste centre d'une guerre perpétuelle contre les ennemis du nom chrétien. On l'a si bien fortifiée, qu'elle passe pour imprenable: son hôpital est aussi beau que nécessaire à l'ordre de Malthe.

Une ancienne tradition veut que les Carthaginois soient les fondateurs de cette ville. Il est au - moins certain qu'ils l'ont possédée, que les Romains après avoir détruit Carthage, chasserent ces Africains de l'isle, & que les Arabes mahométans s'en emparerent à leur tour, & lui donnerent le nom de Medina.

Diodore de Sicile, l. V. c. xij. après avoir loué la bonté des ports de l'isle de Malthe, fait mention de sa capitale. Il dit qu'elle étoit bien bâtie, qu'il y avoit toutes sortes d'artisans, & principalement des ouvriers qui faisoient des étoffes extrémement fines, ce qu'ils avoient appris des Phéniciens qui avoient peuplé l'isle. Cicéron raconte à - peu - près la même chose: il reproche à Verrès de n'être jamais entré dans Malthe, quoique pendant trois ans il y eût occupé lui seul un métier à faire une robe de femme. Il parle ensuite d'un temple consacré à Junon, qui n'étoit pas loin de cette ville, & qui avoit été pillé par les gens de Verrès; tel maître, tels valets. Long. de cette ville 33. 40. lat. 35. 54. (D. J.)

Ordre de Malthe (Page 9:951)

Ordre de Malthe, (Hist. mod.) c'est le nom d'un ordre religieux militaire, qui a eu plusieurs autres noms, les hospitaliers de S. Jean de Jérusalem, ou les chevaliers de S. Jean de Jérusalem, les chevaliers de Rhodes, l'ordre de Malthe, la religion de Malthe, ou les chevaliers de Malthe; & c'est le nom qu'on leur donne toujours dans l'usage ordinaire en France.

Des marchands d'Amalfi au royaume de Naples, environ l'an 1048, bâtirent à Jérusarem une église du rit latin, qui fut appellée Sainte - Marie la latine; & ils y fonderent aussi un monastere de religieux de l'ordre de S. Benoît, pour recevoir les pélerins, & ensuite un hôpital auprès de ce monastere, pour y avoir soin des malades, hommes & femmes, sous la direction d'un maître ou recteur qui devoit être à la nomination de l'abbé de Sainte - Marie la latine. On y fonda de plus une chapelle en l'honneur de S. Jean - Baptiste, dont Gerard Tung, provençal de l'île de Martigue, fut le premier directeur. En 1099 Godefroi de Bouillon ayant pris Jérusalem, enrichit cet hôpital de quelques domaines qu'il avoit en France. D'autres imiterent encore cette libéralité; & les revenus de l'hôpital ayant augmenté considérablement, Gerard, de concert avec les hospitaliers, resolut de se séparer de l'abbé & des religieux de Sainte - Marie la latine, & de faire une congrégation à part, sous le nom & la protection de S. Jean - Baptiste; ce qui fut cause qu'on les appella hospitaliers, ou freres de l'hôpital de S. Jean de Jérusalem. Paschal II. par une bulle de l'an 1113. confirma les donations faites à cet hôpital qu'il mit sous la protection du saint siége, ordonnant qu'après la mort de Gerard, les recteurs seroient élus par les hospitaliers. Raymond du Puy, successeur de Gerard, fut le premier qui prit la qualité de maître; il donna une regle aux hospitaliers; elle fut approuvée par Calixte II. l'an 1120.

Tel fut le premier état de l'ordre de Malthe. Ce premier grand - maître voyant que les revenus de l'hôpital surpassoient de beaucoup ce qui étoit nécessaire à l'entretien des pauvres pélerins & des malades, crut devoir employer le surplus à la guerre contre les infideles. Il s'offrit donc dans cette vûe au roi de Jérusalem; il sépara ses hospitaliers en trois classes: les nobles qu'il destina à la profession des armes pour la défense de la foi & la protection des pélerins; les prêtres ou chapelains pour faire l'office; & les freres servans qui n'étoient pas nobles, furent aussi destinés à la guerre. Il régla la maniere de recevoir les chevaliers; & tout cela fut confirmé l'an 1130 par Innocent II. qui ordonna que l'étendard de ces chevaliers seroit une croix blanche pleine, en champ de gueulée, laquelle fait encore les armes de cet ordre.

Après la perte de Jérusalem, ils se retirerent d'abord à Margat, ensuite à Acre qu'ils défendirent avec beaucoup de valeur l'an 1290, après la perte entiere de la Terre - sainte. L'an 1291 les hospitaliers avec Jean de Villers, leur grand - maître, se retirerent dans l'île de Chypre, où le roi Gui de Lusignan qu'ils y avoient suivi, leur donnala ville de Limisson; ils y demeurerent environ dix - huit ans. En 1308 ils prirent l'île de Rhodes sur les Sarrasins, & s'y établirent; ce n'est qu'alors qu'on commença à leur donner le nom de chevaliers, on les appella chevaliers de Rhodes, equites Rhodii. Andronic, empereur de Constantinople, accorda au grand - maître Foulque de Villaret l'investiture de cette île. L'année suivante, secourus par Amedée IV. comte de Savoie, ils se défendirent contre une armée de Sarrasins, & se maintinrent dans leur ile. En 1480 le grand - maître d'Aubusson la défendit encore contre Mahomet II. & la conserva, malgré une armée formidable de Turcs, qui l'assiégea pendant trois mois; mais Soliman l'attaqua l'an 1522 avec une armée de trois cens mille combattans, & la prit le 24 Décembre, après que l'ordre l'eut possédée 213 ans. Après cette perte, le grand - maître & les chevaliers allerent d'abord en l'île de Candie, puis le pape Adrien VI. & son successeur Clément VII. leur donnerent Viterbe, enfin Charles - Quint leur donna l'île de Malthe qu'ils ont encore; c'est de - là qu'ils ont pris le nom de chevaliers de Malthe; mais leur véritable nom c'est celui de chevaliers de l'ordre de saint Jean de Jérusalem, & le grand - maître dans ses titres prend encore celui de maître de l'hôpital de saint Jean de Jérusalem, & gardien des pauvres de notre Seigneur Jesus - Christ. Les chevaliers lui donnent le titre d'éminence, & les sujets celui d'altesse.

L'ordre de Malthe ne possede plus en souveraineté que l'île de Malthe, & quelques autres petits endroits aux environs, dont les principaux sont Gose & Comnio. Le gouvernement est monarchique & aristocratique; monarchique sur les habitans de Malthe & des îles voisines, & sur les chevaliers, en tout ce qui regarde la regle & les statuts de la religion; aristocratique dans la décision des affaires importantes, qui ne se fait que par le grand - maître & le chapitre. Il y a deux conseils; l'un ordinaire, qui est composé du grand - maître, comme chef des grandscroix; l'autre complet, qui est composé de grand-croix, & des deux plus anciens chevaliers de chaque langue.

Par les langues de Malthe, on entend les différentes nations de l'ordre; il y en a huit: Provence, Auvergne, France, Italie, Arragon, Allemagne, Castille & Angleterre. Le pilier (comme on dit) de la langue de Provence est grand - commandeur; celui de la langue d'Auvergne est grand - maréchal; celui de France est grand - hospitalier; celui d'Italie est grand - amiral; celui d'Arragon grand - conservateur, ou drapiers, comme on disoit autrefois. Le pilier

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