ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"926"> sini, 119. 36'30" selon les pp. de Beze & Camille, 117. 20'. 30". (D. J.)

Malacca (Page 9:926)

Malacca, Péninsule de, (Géog.) grande presqu'île des Indes, au midi du royaume de Siam, entre le golfe de Siam à l'orient, celui de Bengale & le détroit de Malacca à l'occident. On estime que la longueur de cette péninsule, le long de la côte, est d'environ 250 lieues. Cette étendue de terre renferme le royaume de Malacca, & six autres. Les habitans de cette presqu'île sont noirs, petits, bien proportionnés dans leur petite taille, & redoutables lorsqu'ils ont pris de l'opium, qui leur cause une espece d'ivresse furieuse. Ils vont tous nuds de la ceinture en haut, à l'exception d'une petite écharpe qu'ils portent tantôt sur l'une, tantôt sur l'autre épaule. Ils sont fort vifs, fort sensuels, & se noircissent les dents par le fréquent usage qu'ils font du bétel. Long. 119. lat. 3. 40. (D. J.)

Malacca (Page 9:926)

Malacca, Détroit de, (Géog.) détroit dans les Indes, entre la péninsule de Malacca, qui lui donne son nom, & l'île de Sumatra. Les Portugais le nomment le détroit de Sincapour. Il communique, du côté du nord, au golfe de Bengale. (D. J.)

MALACHBELUS (Page 9:926)

MALACHBELUS, (Myth.) nom d'une fausse Divinité qu'on trouve parmi les dieux des Palmyréniens, sujets de la fameuse Zénobie. Il paroît que cette partie de la Syrie adoroit entre ses dieux, Aglibelus & Malachbelus; c'est du - moins ce qu'on peut conclure d'une grande table qui fut enlevée du temple du Soleil, lorsqu'Aurelien prit la ville de Palmyre, & sur laquelle se lisoient ces deux noms. Il y avoit autrefois à Rome, dans les jardins qu'on appelloit Horti carpenses, & qui sont aujourd'hui ceux des princes Justiniani, près de S. Jean - de - Latran, un beau monument, qui avoit été apporté de Palmyre à Rome. M. Spon a publié en 1685 ce basrelief, avec l'inscription qui l'accompagne. Elle est en langue palmyrénienne, qui n'est plus connue, & en grec, qui contient apparemment la même chose. On trouvoit déja dans le trésor des antiquités de Gruterus l'inscription toute entiere, mais sans les figures. Le R. P. dom Bernard de Montfaucon s'en est procuré une copie beaucoup plus exacte, & mieux dessinée, que celle qui avoit paru dans d'autres recueils d'antiquités; c'est celle que nous avons sous les yeux; elle differe un peu de celle de Spon: en voici une traduction très - fidelle. « Titus Aurelius Heliodorus Adrianus, palmyrénien, fils d'Antiochus, a offert & consacré, à ses dépens, à Aglibelus & à Malachbelus, dieux de la patrie, ce marbre, & un signe ou petite statue d'argent, pour sa conservation, & pour celle de sa femme & de ses enfans, en l'année cinq cent quarante - sept, au mois Peritius ».

Le bas - relief est ce qu'on appelle un ex voto. Il représente le frontispice d'un temple, soutenu de deux colonnes. On y voit deux figures de jeunes personnes, au milieu desquelles est un arbre que quelques antiquaires ont pris mal - à - propos pour un pin, mais qui est sûrement un palmier, ce qui caracterise la ville de Palmyre, qui s'appelloit aussi Tadmor, ou Tamor, ce qui est la même chose; car thamar en hébreu signifie palme. Au côté droit de cet arbre, est le dieu Aglibelus, sous la figure d'un jeune homme, vêtu d'une tunique relevée par la ceinture, en sorte qu'elle ne descend que jusques au - dessus du genou, & qui a par - dessus une espece de manteau; tenant, de la main gauche, un petit bâton fait en forme de rouleau; le bras droit, dont peut - être il tenoit quelque chose, est cassé. A l'autre côté est le dieu Malachbelus, qui représente aussi un jeune homme, vêtu d'un habillement militaire, avec le manteau sur les épaules, une couronne radiale à la tête, & ayant derriere lui un croissant, dont les deux cornes débordent des deux côtés.

Le savant & judicieux M. l'Abbé Bannier, dans son excellent ouvrage de la Mythologie & des fables expliquées par l'histoire, tom. III. chap. vij p. 107. n'est pas satisfaisant sur cet article; il s'en rapporte à l'idée de M. Spon, dont l'opinion, dit - il, n'a point été contredite: mais assurément il ne s'en suit pas de - là qu'elle ne puisse l'être. Quelques auteurs, dit M. Spon, prétendent que ces deux figures représentent le soleil d'hiver & d'été; mais comme l'un des deux a derriere lui un croissant, il vaut mieux croire que c'est le soleil & la lune. Chacun sait, comme le remarque Spartien, & d'autres auteurs, que les Payens avoient leur dieu Lunus; & parmi les médailles de Seguin, il y en a une qu représente ce dieu Lunus avec un bonnet arménien.

Pour Aglibelus, ajoute M. Bannier, il n'est pas douteux que ce ne soit le Soleil, ou Bélus; car les Syriens peuvent fort bien avoir prononcé ainsi ce nom, que d'autres appelloient Baal, Belenus, Bel ou Belus. Le changement de l'e en o est peu de chose dans les différens dialectes d'une langue, mais le mot agli sera inintelligible, à moins qu'on n'admette la conjecture du savant Malaval, qui prétend que ce nom signifie la lumiere qu'envoie le soleil, fondé sur l'autorite d'Hesichius, qui met parmi les épithetes du soleil, celle d'AI)GLHTKS2; or il n'est pas étonnant que les Grecs ayent prononcé Aglibolus, au lieu d'Egletes Belos. Il appuie ce sentiment sur le culte particulier qu'on sait que les Palmyréniens rendoient au soleil.

Pour ce qui est de Malachbelus, ce mot est composé de deux autres; savoir, malach, qui veut dire roi, & baal, seigneur. Ce dieu étant représenté avec un croissant & une couronne, il est certain, prétend M. Spon, que c'est la Lune, ou le dieu Lunus, l'Ecriture - sainte désignant souvent la lune par l'épithete de reine du ciel; ainsi le prophete Jérémie, condamnant l'usage d'offrir des gâteaux à cette déesse, s'exprime ainsi: Placentas offert reginoe coeli.

M. Jurieu pense que Aglibolus signifie l'oracle de Bel, dérivant agli du mot hébreu revelavit. Une attention plus particuliere au mot Aglibelus & aux divers attributs des deux figures du monument, auroit donné à ces savans une idée plus juste, & les eût conduit à trouver dans ces deux figures les deux points du jour, le matin & le midi; l'une signifie gutta, ou uligo, humor quoe fit ex rore liquefacto; ce mot se trouve dans ce beau passage du livre de Job, chap. xxxviij. v. 28. La pluie n'a - t - elle point de pere? ou qui produit les gouttes de la rosée? Aglibolus est donc le dominateur des gouttes, le seigneur de la rosée, qui est dans la nature un des plus grands principes de végétation & de fécondité; le rouleau qu'il tient à la main, sont les cieux de nuit, éclairés & embellis par une multitude d'astres, que le point du jour fait disparoître, & qu'il roule, suivant l'expression du psalmiste, figure très - belle, empruntée dans l'énergie du style oriental; & si le bras droit d'Aglibelus ne manquoit pas, on verroit, sans doute, qu'il tenoit une coupe, ou qu'il exprimoit une espece d'éponge, ou de nue, dont il faisoit distiller la rosée; peut - être même avoit - il dans la main droite l'étoile du matin, conjectures que justifient un grand nombre d'autres figures analogues, qu'on trouve dans des recueils d'antiquités. La tunique relevée par la ceinture, & qui ne descend que jusqu'au genou, sert encore à confirmer notre explication, puisque c'est la précaution que prenoient sans doute les anciens, habillés de longues robes, & que prennent encore nos femmes de la campagne, lorsqu'elles vont à l'ouvrage, avant que la rosée soit dissipée.

Quant à Malachbelus, l'on ne peut assez s'étonner que M. Spon, M. l'Abbé Bannier, après lui, ayent [p. 927] pu, malgré son nom, qui semble l'élever au - dessus de toutes les autres divinités, & les divers attributs qui lui sont donnés dans le monument de Palmyre, & qui soutiennent ses prérogatives; que ces MM. dis - je, ayent pu le postposer en quelque sorte à Aglibelus; faire de celui - ci le soleil, & de Malachbelus la lune. Malachbelus est composé de deux mots: malac, moloch ou molech, suivant les divers dialectes, signifie roi, belus, ou bahal vient de dominer, être maître: ainsi Malachbelus est un roi dominateur & maître; ce qui nous donne l'idée d'un être suprême, du plus grand des dieux: aussi il paroît dans le monument palmyrénien, avec un éclat & une distinction particuliere, vêtu d'un habillement militaire, le manteau royal sur les épaules, la tête couronnée; cette couronne radiale marque l'éclat du soleil dans son midi; & s'il a derriere lui un croissant, dont les deux cornes débordent des deux côtés, c'est pour marquer l'empire que le soleil a sur la lune, qu'il fait disparoître par sa présence.

Au reste, Aglibolus occupant la droite dans ce monument, nommé avant Malachbelus dans l'inscription, justifie encore notre opinion, parce que le point du jour précede le midi. Le pin, ou plutôt le palmier qui est entre les deux figures, nous fait connoître que le dévot palmyrénien vivoit à la campagne, ou du moins s'intéressoit à l'agriculture, & qu'implorant le secours des dieux pour sa conservation, & celle de sa famille, il s'adressoit à ceux qui influoient le plus sur la fertilité de la terre.

C'est à ces divinités syriennes que nous devons rapporter le surnom du dernier empereur romain de la famille des Antonins; il s'appelloit Marc - Aurele Antoninus Varius, surnommé Elagabale, parce qu'il avoit été sacrificateur de ce dieu, dont les divers auteurs écrivent le nom avec quelques petites différences; les uns, comme Herodianus, Alagabalus; d'autres, comme Capitolinus, Elagabalus; quelques-uns, comme Lampridius, Heloeogabalus; mais les Grecs & les Latins, pour l'ordinaire, Heliogabalus.

Le mot de Bahal paroissant dans ces divers noms, c'est de l'intelligence de ce mot que dépend la connoissance de ces divinités, & de Malachbelus en particulier. Il n'y a pas de faux dieu plus célebre dans l'Ecriture - sainte que Bahal; c'est qu'il étoit, sans doute, l'un des principaux objets de la religion des peuples qu'avoient dépossédés les Hébreux, ou des Hordes qui avoisinoient la Palestine. C'est sur - tout dans l'histoire de Gédéon qu'il est extrêmement parlé de Bahal. Juges, 5. v. 25. Gedéon démolit son autel, & coupa le boccage qui étoit auprès; les gens du lieu s'en mirent fort en colere, & voulurens le faire mourir; mais Joas, pere de Gédéon, le défendit; & plus philosophe qu'on ne l'étoit dans ce tems - là, & qu'on ne l'a été depuis, il dit fort judicieusement: Si Baal est un dieu, qu'il prenne la cause pour lui - même, de ce qu'on a démoli son autel. Et il l'appella du nom de son fils, Jetabbahal, qui signifie, que Bahal prenne querelle, ou qu'il plaide & dispute: & c'est sans doute là le Jerombahal duquel le fameux Sanchoniaton dit avoir emprunté une partie des choses qu'il rapporte, PARA/ TOU= IEROMBADOU IEREAS2 TOU QEOU IEUW, ou selon Porphire. IAW, Jézabel, femme de l'impie Achab, roi d'Israël, & fille d'Ethbahal, roi des Sydoniens, apporta avec elle à Samarie, le culte de Bahal, & sut persuader à son époux de le préférer à celui de l'Eternel, I. liv. des Rois, chap. xviij. v. 4. dont tous les prophetes furent exterminés, à la réserve d'Elie, & de cent autres, qu'à l'insçu même de ce grand prophete, qui se croyoit seul en Israël, le pieux Abdias (v. 22.) avoit cachés dans deux cavernes, & qui échapperent ainsi à la fureur d'Achab & de Jézabel. Au reste, ce couple impie détruisoit d'un côté pour édifier de l'autre; car ils consacrerent plus de 450 pro<cb-> phetes au service du nouveau Dieu, & 400 à celui de ces boccages & hauts lieux qu'avoit fait planter Jézabel. Dans un état aussi petit que Samarie, & dans un tems où l'esprit humain emporté à tous vents de doctrine, se livroit à toute sorte de culte, c'est sans doute consacrer beaucoup trop de ministres aux solemnités & aux mysteres du culte d'un seul Dieu; mais il faut croire qu'alors ceux qui servoient aux autels, n'étoient pas, comme parmi nous, en pure perte pour la société civile, & que du moins on pouvoit être prophete, & donner des sujets à l'état. Quoi qu'il en soit, ce peuple de prophetes, & la cruelle Jézabel, leur protectrice, furent étrangement humiliés dans le fameux procès qu'ils eurent à soutenir avec Elie, pour savoir qui étoit le vrai Dieu, l'Eternel ou Bahal. Elie demande qu'on assemble (I. liv. des Rois, chap. xviij. v. 19.) les 850 prophetes de Bahal & des boccages, qui mangeoient à la table de Jézabel; il leur propose de sacrifier des victimes sans feu, (v. 23.) lui, sur un autel qu'il bâtiroit à son Dieu; eux, sur l'autel de Bahal; & que celui qui feroit brûler ses victimes, en faisant tomber le feu du ciel pour les consumer, seroit estimé le véritable Dieu. La proposition fut acceptée; l'enthousiasme s'en mêloit sans doute; il est rare que le don de prophétie en soit exempt.

I. Rois, xviij. v. 26. Ils prirent donc une jeune génisse qu'on leur donna, & l'apprêterent, & invoquerent le nom de Bahal, depuis le matin jusqu'à midi, disant: Bahal, exauce - nous; mais il n'y avoit ni voix, ni réponse, & ils sautoient d'outre en outre par - dessus l'autel qu'on avoit fait, &c. &c. Ils crioient donc à haute voix, & se faisoient des incisions avec des couteaux & des lancettes, selon leur coutume, tant que le sang couloit. v. 27. Elie, de son côté, se mocquoit d'eux, & disoit: Criez à haute voix, car il est dieu; mais il pense à quelque chose, ou il est occupé à quelque affaire, ou il est en voyage; peut - être qu'il dort, & il se reveillera.

v. 30 & seq. L'Eternel soutint sa cause, & fit glorieusement triompher son prophete, qui avoit imploré avec ardeur son puissant secours. A peine Elie eut - il élevé son autel, qu après plusieurs ablutions & aspersions réiterées, tant sur la victime, que sur le bois qui devoit lui servir de bûcher, au point que les eaux alloient à l'entour de l'autel, & qu'Elie remplit même le conduit d'eau, le feu de l'Eternel, un feu miraculeux descendit, consuma l'holocauste, le bois, les pierres & la poudre, réduisit tout en cendres, & huma toute l'eau qui étoit au conduit.

Dans une sécheresse des plus extraordinaires, & telle, que, (O tempora! O mores!) le roi Achab, pour ne pas laisser dépeupler son pays de bêtes, I. Reg. xviij. v. 3. 5. 6. parcouroit ses états à la tête de ses chevaux, ânes & mulets, pour chercher vers les fontaines d'eaux & torrens, de l'herbe pour leur sauver la vie; son favori, son premier ministre Abdias faisant la même chose de son côté; dans de telles circonstances, dis - je, l'eau qu'Elie prodiguoit dans ce sacrifice extraordinaire, ne fut sans doute pas ce que les spectateurs regretterent le moins. Il est vrai que le peuple s'etant prosterné, & ayant reconnu, après le sacrifice, l'Eternel pour le seul vrai Dieu, les prophetes de Bahal tous égorgés par l'ordre d'Elie, ce grand prophete obtint de la bonté du Très - Haut une pluie abondante.

II. Reg. cap. xj. v. 17. 18. La malheureuse Athalie, mere de Joas, avoit établi dans Jérusalem le culte du même dieu Bahal; mais Joas, sous la conduite & par l'ordre du souverain sacrificateur Jehojada, détruisit cette idole, & tout le peuple du pays entra dans la maison de Bahal, & la démolirent, ensemble ses autels, & briserent entierement

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