ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"845"> sions au camp. Il est très - important, dans les lieux où l'on a de grands magasins, de veiller soigneusement à leur conservation, & d'empêcher les espions ou gens mal intentionnés d'y mettre le feu. Il seroit bien à souhaiter que le général eût toujours des états bien exacts de ce qui se trouve dans chacun des magasins de l'armée, on éviteroit par - là, dans des circonstances malheureuses où l'on se trouve obligé de les dissiper & de les abandonner, l'inconvénient de s'en rapporter pour leur estimation à la bonne foi de ceux qui en sont chargés. D'ailleurs le général seroit par - là en état de juger si les entrepreneurs des vivres remplissent exactement les conditions de leurs marchés pour la quantité des munitions qu'ils doivent fournir. M. de Santacrux prétend qu'il est à propos que le général ait des gens affidés qui visitent les magasins, & qui lui rendent un compte exact de l'état des provisions pour s'assurer si elles sont conformes aux mémoires que les entrepreneurs en donnent. « Parce que ces sortes de gens, dit cet auteur, sont dans l'habitude de différer l'exécution des engagemens auxquels ils sont obligés, dans l'espérance de trouver quelque conjoncture favorable d'acheter à bon marché, & de pouvoir faire passer pour bon ce qui est gâté, ou de manquer à leur traité par malice ou par nonchalance, en disant toujours que tout est prêt; ce qui peut, continue toujours le même auteur, être cause de la perte d'une armée, qui, sur cette croyance se sera mise en campagne ». Réft. milit. de M. le marquis de Santacrux.

Magasins a Poudre (Page 9:845)

Magasins a Poudre, (Art milit.) sont dans l'Art militaire des édifices construits pour serrer la poudre, & la mettre à l'abri de tous accidens.

On ne faisoit point autrefois de magasins à poudre, comme on le pratique actuellement dans notre Fortification moderne. On la serroit dans des tours attachées au corps de la place, ce qui étoit sujet à de grands accidens; car quand le feu venoit à y prendre, soit par hasard ou par trahison, il se formoit une breche dont l'ennemi pouvoit se prévaloir, pour se procurer la prise de la place.

Les magasins à poudre, suivant le modele de M. le Maréchal de Vauban, ont ordinairement dix toises de longueur dans oeuvre sur 25 piés de largeur. Les fondemens des longs côtés ont neuf ou dix piés d'épaisseur. Sur ces fondemens on éleve des piés - droits de neuf piés d'épaisseur, lorsque la maçonnerie n'est pas des meilleures, & de huit piés seulement lorsqu'elle se trouve composée de bons matériaux. On leur donne huit piés de hauteur au - dessus de la retraite, de sorte que quand le plancher du magasin est élevé au - dessus du rez - de - chaussée, autant qu'il est nécessaire pour le mettre à l'abri de l'humidité, il reste à - peu - près six piés depuis l'aire du plancher jusqu'à la naissance de la voûte. Cette voûte qui est à plein cintre, a trois piés d'épaisseur au milieu des reins; elle est composée de quatre voûtes de briques répétées l'une sur l'autre; l'extrados de la derniere est terminée en pente, dont la direction se détermine en donnant huit piés d'épaisseur au - dessus de la clef, ce qui rend l'angle du faîte un peu plus ouvert qu'un droit.

Les pignons se font chacun de quatre piés d'épaisseur, élevés jusqu'aux pentes du toit, & même un peu au - dessus. Les piés droits ou longs côtés se soutiennent par quatre contreforts de six piés d'épaisseur & de quatre de longueur, espacés de douze piés les uns des autres.

Dans le milieu de l'intervalle d'un contrefort à l'autre, on pratique des évents pour donner de l'air aux magasins; les dez de ces évents ont ordinairement un pié & demi en tout sens, & l'espace vuide pratiqué autour, se fait de trois pouces de largeur, contourné de maniere qu'ils aboutissent au parement extérieur & intérieur en forme de creneaux. Ces dés servent à empêcher que des gens mal intentionnés ne puissent jetter quelque feu d'artifice pour faire sauter le magasin. Pour prévenir ce malheur, il est encore à propos de fermer les fentes des évents par plusieurs plaques de fer percées, parce qu'autrement on pourroit attacher à la queue de quelque petit animal une meche ou quelqu'autre artifice, pour lui faire porter le feu dans les magasins; ce qui ne seroit pas difficile, puisqu'on a trouvé plusieurs fois dans les magasins à poudre des coquilles d'oeufs & des volailles que les fouines y avoient portées. Science des Ingénieurs par M. Belidor.

Les magasins à poudre ainsi construits, sont voûtés à l'épreuve de la bombe. Il ne leur est arrivé aucun accident à cet égard dans les villes qui ont le plus souffert des bombes; il en est tombé plus de 80 sur un des magasins de Landau, sans qu'il en ait été endommagé. La même chose est arrivé dans les sieges de plusieurs autres villes, notamment au siege de Tournay de 1709; les alliés jetterent plus de 45000 bombes dans la citadelle, dont le plus grand nombre tomba sur deux magasins qui n'en furent point ébranlés.

Les magasins à poudre se placent ordinairement dans le milieu des bastions vuides: ils sont les plus isolés de la place en cas d'accidens, & ils sont entierement cachés à l'ennemi par la hauteur du rempart. Il y a cependant des ingénieurs qui les font aussi construire le long des courtines, afin de se conserver tout l'espace du bastion, pour y former différens retranchemens en cas de besoin.

Pour empêcher qu'on n'approche des magasins, on leur fait un mur de cloture à douze piés de distance tout autour. On lui donne un pié & demi d'épaisseur, & neuf ou dix de hauteur.

La poudre, qui est en barril, s'arrange dans le magasin sur des especes de chantiers, à peu prés comme on arrange des pieces de vin dans une cave.

Magasin général d'un arsenal de marine (Page 9:845)

Magasin général d'un arsenal de marine, (Marine.) est en France celui où se mettent & se distribuent les choses nécessaires pour les armemens des vaisseaux du roi.

Magasin particulier, c'est celui qui renferme les agrès & apparaux d'un vaisseau particulier. Voyez Pl. VII. (Marine.) le plan d'un arsenal de Marine, avec ses parties de détail, où sont les magasins généraux & particuliers.

MAGASINER (Page 9:845)

MAGASINER, v. act. (Commerce.) mettre des marchandises en magasin. Voyez Magasin.

MAGASINIER (Page 9:845)

MAGASINIER, subst. m. (Commerce.) garçon ou commis qui est chargé du détail d'un magasin. C'est la même chose que garde - magasin. Ce terme est moins usité dans le commerce que parmi les munitionnaires & entrepreneurs des vivres pour les armées & dans les arcenaux du roi. Diction. de comm. tome III. pag. 223.

MAGDALA (Page 9:845)

MAGDALA, (Géograp.) Magdala, magdalum, magdolum ou migdole, sont autant de termes qui signifient une tour. Il se trouve quelquefois seul, & quelquefois joint à un autre nom propre. Ainsi Magdalel signifie la tour de Dieu; Magdal - gad, la tour de Gad. (D. J.)

Magdala (Page 9:845)

Magdala, (Géog. sacrée.) ville de la Palestine, proche de Tibériade & de Chammatha, à une journée de Gadara. Il est dit dans S. Matthieu, ch. xiij. v. 39. que Jesus se rendit aux confins de Magdala, & quelques manuscrits portent Magédan. (D. J.)

MAGDALENA (Page 9:845)

MAGDALENA, (Géog.) c'est - à - dire en françois baie de la Magdeleine, baie de l'Amérique septentrionale au midi de la Californie, à l'orient de la baie de S. Martin, vers les 263 degrés de longitude, & les 25 degrés de latitude nord. (D. J.)

MAGDALEON (Page 9:845)

MAGDALEON, s. m. (Pharmacie.) petit rou<pb-> [p. 846] leau ou cylindre, sous la forme duquel on garde les emplâtres dans les boutiques. Pour mettre un emplâtre en magdaleon, on prend la masse presque refroidie, & on la roule par parties avec le plat de la main sur un marbre légerement frotté d'huile. On donne à tous les rouleaux un diametre à - peu - près égal, une longueur aussi à - peu - près pareille, & un poids déterminé, ce poids est d'une once le plus communément. On recouvre chacun de ces magdaleons d'un papier blanc qui y adhere suffisamment, & qu'on arrête d'ailleurs en l'enfonçant par des petites coches faites avec la lame des ciseaux dans un des bouts du magdaleon, de façon que le milieu de l'aire du cylindre reste à nud pour pouvoir reconnoître facilement l'espece d'emplâtre; & en fixant l'autre extrémité du papier en le pliant & le redoublant sur lui même de la même maniere qu'on ferme les paquets chez les apoticaires & chez les épiciers. (b)

MAGDEBOURG, le Duché de (Page 9:846)

MAGDEBOURG, le Duché de, (Géogr.) pays d'Allemagne au cercle de la basse Saxe. C'étoit autrefois le diocèse & l'état souverain de l'archevêque de Magdebourg; c'est à présent un duché, depuis qu'il a été sécularisé par les traités de paix de Westphalie, en faveur de l'électeur de Brandebourg, roi de Prusse, qui en jouit. La confession d'Augsbourg s'y est introduite sous la régence de ses ayeux. La capitale de ce beau duché est Magdebourg. Voyez - en l'article. (D. J.)

Magdebourg (Page 9:846)

Magdebourg, Magdeburgum, (Géog.) ancienne, forte, belle & commerçante ville d'Allemagne, capitale du cercle de la basse Saxe & du duché de même nom, autrefois impériale & anséatique, avec un archevêché dont l'archevêque étoit souverain, & prenoit la qualité de primat de Germanie; mais en 1666 cette archevêché a été sécularisé par le traité de Westphalie, & cédé au roi de Prusse, outre que la ville avoit déjà embrassé la confession d'Augsbourg.

Quelques auteurs prennent cette ville pour le Mesovium de Ptolomée. Bertius est même fondé à tirer son étymologie de Magd, vierge, & de Burg; car Othon en fit un présent de nôces à Edithe sa femme, l'entoura de murs, lui donna des privileges, & obtint du pape que son évêché seroit érigé en siége archiépiscopal; ce qui fut fait en 968.

On ne sçauroit dire combien cette ville a souffert par les guerres & autres accidens, non - seulement avant le regne d'Othon, mais depuis même qu'elle eut monté par les soins de ce monarque, à un haut degré de splendeur. Avant lui, Charlemagne avoit pris plaisir à l'embellir; mais les Wendes la ravagerent à diverses reprises. En 1013 elle fut ruinée par Boleslas, roi de Pologne; réduite en cendres par un incendie en 1180; ravagée en 1214 par l'empereur Othon IV. assiégée en 1547 & 1549; saccagée en 1631 par les Impériaux qui la prirent d'assaut, y commirent tous les desordres imaginables, & finirent par la brûler.

Elle est sur l'Elbe, à 9 milles d'Halberstad, 11 de Brandebourg, 12 N. E. de Wittemberg, 35 S. O. d'Hambourg, & 98 N. E. de Vienne. Long. selon Bertius, 83. 50. lat. 62. 18.

Magdebourg est la patrie d'Othon de Guérike & de Georges - Adam Struve. Guérike devint bourguemestre de cette ville, lui rendit de grands services par ses négociations, & se fit un nom célebre par son invention de la pompe pneumatique. Il décéda en 1686, âgé de 84 ans. Struve est connu des jurisconsultes par des ouvrages estimés, & en particulier par son Syntagma Juris civilis. Il mourut en 1692, âgé de 73 ans.

MAGDELAINE (Page 9:846)

MAGDELAINE, (Hist. eccl.) religieuses de la Magdelaine. Il y a plusieurs sortes de religieuses qui portent le nom de Sainte Magdelaine, qu'en bien des endroits le peuple appelle Magdelonnettes.

Telles sont celles de Mets établies en 1452; celles de Paris, qui ne le furent qu'en 1492; & celles de Naples fondées en 1324, & dotées par la reine Sanche d'Arragon, pour servir de retraite aux pécheresses, & celles de Rouen & de Bordeaux, qui prirent naissance à Paris en 1618.

Il y a trois sortes de personnes & de congrégations dans ces monasteres. La premiere est de celles qui sont admises à faire des voeux: elles portent le nom de la Magdelaine. La congrégation de Sainte Marthe est la seconde, composée de celles qui ne peuvent être admises, & qu'on ne juge pas à - propos d'admettre aux voeux. La congrégation du Lazare, est de celles qui sont dans ces maisons par force.

Les religieuses de la Magdelaine à Rome, dites les converties, furent établies par Leon X. Clement VIII. asfigna pour celles qui y seroient renfermées, cinquante écus d'aumône par mois, & ordonna que tous les biens des femmes publiques qui mourroient sans tester, appartiendroient à ce monastere, & que le testament de celles qui en feroient, seroit nul, si elles ne lui laissoient au - moins le cinquieme de leurs biens. Voyez le Dict. de Trévoux.

MAGDOLOS (Page 9:846)

MAGDOLOS, (Géog. anc.) ville d'Egypte dont parlent Jérémie, c. xlvj, Hérodote & Etienne le géographe. L'itinéraire d'Antonin semble la placer aux environs du Delta, à douze milles de Péluse. (D. J.)

MAGES, secte des (Page 9:846)

MAGES, secte des, (Hist. de l'Idol. orient.) Secte de l'Orient, diamétralement opposée à celle des Sabéens. Toute l'idolâtrie du monde a été longtems partagée entre ces deux sectes. Voyez Sabéens, Secte des.

Les Mages, ennemis de tout simulacre que les Sabéens adoroient, révéroient dans le feu qui donne la vie à la nature, l'emblême de la Divinité. Ils reconnoissoient deux principes, l'un bon, l'autre mauvais; ils appelloient le bon yardan ou ormuzd, & le mauvais, ahraman.

Tels étoient les dogmes de leur religion, lorsque Smerdis, qui la professoit, ayant usurpé la couronne après la mort de Cambyse, fut assassiné par sept seigneurs de la premiere noblesse de Perse; & le massacre s'étendit sur tous ses sectateurs.

Depuis cet incident, ceux qui suivoient le magianisme, furent nommés Mages par dérision; car mige - gush en langue persane, signifie un homme qui a les oreilles coupées; & c'est à cette marque que leur roi Smerdis avoit été reconnu.

Après la catastrophe dont nous venons de parler, la secte des Mages sembloit éteinte, & ne jettoit plus qu'une foible lumiere parmi le peuple, lorsque Zoroastre parut dans le monde. Ce grand homme, né pour donner par la force de son génie un culte à l'univers, comprit sans peine qu'il pourroit faire revivre une religion qui pendant tant de siecles avoit été la religion dominante des Medes & des Perses.

Ce fut en Médie, dans la ville de Xiz, disent quelques - uns, & à Ecbatane, selon d'autres, qu'il entreprit vers l'an 36 du regne de Darius, successeur de Smerdis, de ressusciter le magianisme en le réformant.

Pour mieux réussir dans son projet, il enseigna qu'il y avoit un principe supérieur aux deux autres que les Mages adoptoient; sçavoir, un Dieu suprème, auteur de la lumiere & des ténebres. Il fit élever des temples pour célébrer le culte de cet être suprème, & pour conserver le feu sacré à l'abri de la pluie, des vents & des orages. Il confirma ses sectateurs dans la persuasion que le feu étoit le sym<pb->

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