ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"803"> ché suffragant de Lyon. César en parle dans ses commentaires, l. VII. & l'appelle Matisco. Les tables de Peutinger en parlent aussi; mais Strabon & Ptolomée n'en disent rien. Il y a cinq à six cens ans, que par une transposition assez ordinaire, on changea Matisco en Mastico; & c'est de - là, qu'est venue la vicieuse orthographe qui écrit Mascon.

Cette ville appartenoit anciennement aux Eduéens, AEdui; on ne sait pas précisément le tems où elle en a été séparée; mais elle étoit érigée en cité, lorsque les Bourguignons s'en rendirent les maîtres.

L'évêché de Mâcon vaut environ vingt mille livres de rente, & n'est composé que de deux cens paroisses. On ignore le tems de cet établissement; on sait seulement que le premier de ses évêques, dont on trouve le nom, est Placidus, qui assista au troisieme concile d'Orléans.

Cette petite ville où l'on ne compte qu'environ huit mille ames, se sentit cruellement des desordres que les guerres sacrées causerent en France dans le xvj. siecle; siecle abominable, auprès duquel la génération présente, toute éloignée de la vertu qu'elle est, peut passer pour un siecle d'or, au - moins par son esprit de tolérance en matiere de religion! Il n'est pas possible d'abolir la mémoire des jours d'aveuglement, de sang, & de rage, qui nous ont précédés. Quelque fâcheux qu'en soit le récit pour l'honneur du nom françois & du nom chrétien, les seules sauteries de Mâcon, exécutées par Saint - Point, sont mieux immortalisées, que celles que Tibere mit en usage dans l'île de Caprée, quoiqu'un célebre historien, traduit dans toutes les langues, & cent fois imprimé, les ait insérées dans la vie de cet empereur odieux.

Mâcon est situé sur le penchant d'un côteau, proche de la Sône, à quatre lieues S. de Tournus, quatre E. de Cluny, 15 N. de Lyon, 90 S. de Paris. Long. 22. 23. lat. 46. 20. (D. J.)

MAÇON (Page 9:803)

MAÇON, s. m. (Architect.) artisan employé ordinairement sous la direction d'un architecte à élever un bâtiment. Il y a des auteurs qui le dérivent du mot latin barbare machio, machiniste, parce que les Maçons sont obligés de se servir de machines pour élever les murailles. Ducange fait venir ce mot de maceria, nom qu'on donnoit à une longue clôture de mur pour fermer les vignes, à quoi on imagine que les Maçons ont été d'abord employés; maçon est maceriarum constructor: M. Huet le dérive de mas, vieux mot qui signifie maison; ainsi maçon est une personne qui fait des mas ou des maisons: dans la basse latinité on appelloit un maçon magister, comacinus, ce que Lindenbroeck fait venir de comacina. C'est dans la Romagne où se trouvoient les meilleurs architectes du tems des Lombards.

Le principal ouvrage du maçon est de préparer le mortier, d'élever les murailles depuis le fondement jusqu'à la cime, avec les retraites & les à - plombs nécessaires, de former les voûtes, & d'employer les pierres qu'on lui donne.

Lorsque les pierres sont grosses, c'est aux Tailleurs de pierres (que l'on confond souvent avec les Maçons) à les tailler, ou à les couper; les ornemens de sculpture se font par les Sculpteurs en pierres; les outils dont se servent les Maçons sont la ligne, la regle, le compas, la toise & le pié, le niveau, l'equerre, le plomb, la hachette, le marteau, le décintroir, la pince, le ciseau, le riflar, la truelle, la truelle brétée, l'auge, le sceau, le balai, la pelle, le tamis, le panier, le rabot, l'oiseau, la brouette, le bar, la pioche & le pic. Voyez ces différens noms, & nos Pl. de Maçon.

Outre les instrumens nécessaires pour la main, ils ont aussi des machines pour lever de grands fardcaux; ce sont la grue, le gruau ou engin, le quin<cb-> dal, la chevre, le treuil, les moufles, le levier. Pour conduire de grosses pierres, ce sont le chariot, le bar, les madriers, les rouleaux. Voyez nos Pl.

MAÇONNÉ (Page 9:803)

MAÇONNÉ, en termes de Blason, se dit des traits, des tours, pans de murs, châteaux, & autres bâtimens.

Pontevez en Provence, de gueules au pont de deux arches d'or, maçonné de sable.

MAÇONNERIE (Page 9:803)

MAÇONNERIE, sub. fém. (Arts méchaniques.)

De la Maçonnerie en général. Sous le nom de Maçonnerie, l'on entend non - seulement l'usage & la maniere d'employer la pierre de différente qualité, mais encore celle de se servir de libaye, de moilon, de plâtre, de chaux, de sable, de glaise, de roc, &c. ainsi que celle d'excaver les rerres pour la fouille des fondations (a) des bâtimens, pour la construction des terrasses, des taluds, & de tout autre ouvrage de cette espece.

Ce mot vient de maçon; & celui - ci, selon Isidore, du latin machio, un machiniste, à cause des machines qu'il emploie pour la construction des édifices & de l'intelligence qu'il lui faut pour s'en servir; & selon M. Ducange, de macerioe, muraille, qui est l'ouvrage propre du maçon.

Origine de la Maçonnerie. La Maçonnerie tient aujourd'hui le premier rang entre les arts mécaniques qui servent à la construction des édifices. Le bois avoit d'abord paru plus commode pour bâtir, avant que l'on eût connu l'usage de tous les autres matériaux servant aujourd'hui à la construction.

Anciennement les hommes habitoient les bois & les cavernes, comme les bêtes sauvages. Mais, au rapport de Vitruve, un vent impétueux ayant un jour par hasard poussé & agité vivement des arbres fort près les uns des autres, ils s'entrechoquerent avec une si grande violence, que le feu s'y mit. La flamme étonna d'abord ces habitans: mais s'étant approchés peu - à - peu, & s'étant apperçu que la température de ce feu leur pouvoit devenir commode. ils l'entretinrent avec d'autres bois, en firent connoître la commodité à leurs voisins, & y trouverent par la suite de l'utilité.

Ces hommes s'étant ainsi assemblés, poussoient de leurs bouches des sons, dont ils formerent par la suite des paroles de différentes especes, qu'ils appliquerent chacune à chaque chose, & commencerent à parler ensemble, & à faire société. Les uns se firent des huttes (b) avec des feuillages, ou des loges qu'ils creuserent dans les montagnes. Les autres imitoient les hirondelles, en faisant des lieux couverts. de branches d'arbres, & de terre grasse. Chacun se glorifiant de ses inventions, perfectionnoit la maniere de faire des cabanes, par les remarques qu'il faisoit sur celles de ses voisins, & bâtissoit toûjours de plus en plus commodément.

Ils planterent ensuite des fourches entrelacées de branches d'arbre, qu'ils remplissoient & enduisoient de terre grasse pour faire les murailles.

Ils en bâtirent d'autres avec des morceaux de terre grasse desséchés, élevés les uns sur les autres, sur lesquels ils portoient des pieces de bois en travers qu'ils couvroient de feuilles d'arbres, pour s'y mettre à l'abri du soleil & de la pluie; mais ces couvertures n'étant pas suffisantes pour se défendre contre les mauvais tems de l'hiver, ils imaginerent des especes de combles inclinées qu'ils enduisirent de terre grasse pour faire écouler les eaux.

(a) On distingue ce mot d'avec fondement, en ce que le premier est l'excavation ou la fouille faite dans la terre pour recevoir un massif capable de supporter l'édifice que l'on veut construire, & le second est le massif même: cependant on confond quelquefois ces deux mots dans la pratique; mais ce que l'on en dit les fait bientôt distinguer. (b) Espece de baraque ou cabane.
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Nous avons encore en Espagne, en Portugal, en Aquitaine & même en France, des maisons couvertes de chaume ou de bardeau (c).

Au royaume de Pont dans la Colchide, on étend de part & d'autre sur le terrein des arbres; sur chacune de leurs extrémités on y en place d'autres, de maniere qu'ils enferment un espace quarré de toute leur longueur. Sur ces arbres placés horisontalement, on y en éleve d'autres perpendiculairement pour former des murailles que l'on garnit d'échalas & de terre grasse: on lie ensuite les extrémités de ces murailles par des pieces de bois qui vont d'angle en angle, & qui se croisent au milieu pour en retenir les quatre extrémités; & pour former la couverture de ces especes de cabanes, on attache aux quatre coins, par une extrémité, quatre pieces de bois qui vont se joindre ensemble par l'autre vers le milieu, & qui sont assez longues pour former un toît en croupe, imitant une pyramide à quatre faces, que l'on enduit aussi de terre grasse.

Il y a chez ces peuples de deux especes de toîts en croupe; celui - ci, que Vitruve appelle testudinatum, parce que l'eau s'écoule des quatre côtés à - la - fois; l'autre, qu'il appelle displuviatum, est lorsque le faîtage allant d'un pignon (d) à l'autre, l'eau s'écoule des deux côtés.

Les Phrygiens, qui occupent des campagnes où il n'y a point de bois, creusent des fossés circulaires ou petits tertres naturellement élevés qu'ils font les plus grands qu'ils peuvent, auprès desquels ils font un chemin pour y arriver. Autour de ces creux ils élevent des perches qu'ils lient par en haut en forme de pointe ou de cône, qu'ils couvrent de chaume, & sur cela ils amassent de la terre & du gason pour rendre leurs demeures chaudes en hiver & fraîches en été.

En d'autres lieux on couvre les cabanes avec des herbes prises dans les étangs.

A Marseille les maisons sont couvertes de terre grasse paîtrie avec de la paille. On fait voir encore maintenant à Athènes, comme une chose curieuse par son antiquité, les toîts de l'aréopage faits de terre grasse, & dans le temple du capitole, la cabane de Romulus couverte de chaume.

Au Pérou, les maisons sont encore aujourd'hui de roseaux & de cannes entrelacées, semblables aux premieres habitations des Egyptiens & des peuples de la Palestine. Celles des Grecs dans leur origine n'étoient non plus construites que d'argille qu'ils n'avoient pas l'art de durcir par le secours du feu. En Irlande, les maisons ne sont construites qu'avec des menues pierres ou du roc mis dans de la terre détrempée, & de la mousse. Les Abyssins logent dans des cabanes faites de torchis (e).

Au Monomotapa les maisons sont toutes construites de bois. On voit encore maintenant des peuples se construire, faute de matériaux & d'une certaine intelligence, des cabanes avec des peaux & des os de quadrupedes & de monstres marins.

Cependant on peut conjecturer que l'ambition de perfectionner ces cabanes & d'autres bâtimens élevés par la suite, leur fit trouver les moyens d'allier avec quelques autres fossiles l'argille & la terre grasse, que

(c) C'est un petit ais de mairain en forme de tuile ou de latte, de dix ou douze pouces de long, sur six à sept de large, dont on se sert encore à - présent pour couvrir des hangards, appentis, moulins, &c. (d) Pignon est, à la face d'un mur élevé d'à - plomb, le triangle formé par la base & les deux côtés obliques d'un toît dont les eaux s'écoulent de part & d'autre. (e) Torchis, espece de mortier fait de terre grasse détrempée, mêlée de foin & de paille coupée & bien corroyée, dont on se sert à - présent faute de meilleure liaison: il est ainsi appellé à cause des bâtons en forme de torche, au bout desquels on le tortille pour l'employer.
leur offroient d'abord les surfaces des terreins où ils établissoient leurs demeures, qui peu - à - peu leur donnerent l'idée de chercher plus avant dans le sein de la terre non - seulement la pierre, mais encore les différentes substances qui dans la suite les pussent mettre à portée de préférer la solidité de la maçonnerie à l'emploi des végétaux, dont ils ne tarderent pas à connoître le peu de durée. Mais malgré cette conjecture, on considere les Egyptiens comme les premiers peuples qui aient fait usage de la maçonnerie; ce qui nous paroît d'autant plus vraissemblable, que quelques - uns de leurs édifices sont encore sur pié: témoins ces pyramides célebres, les murs de Babylone construits de brique & de bitume; le temple de Salomon, le phar de Ptolomée, les palais de Cléopatre & de César, & tant d'autres monumens dont il est fait mention dans l'Histoire.

Aux édifices des Egyptiens, des Assyriens & des Hébreux, succéderent dans ce genre les ouvrages des Grecs, qui ne se contenterent pas seulement de la pierre qu'ils avoient chez eux en abondance, mais qui firent usage des marbres des provinces d'Egypte, qu'ils employerent avec profusion dans la construction de leurs bâtimens; bâtimens quipar la solidité immuable seroient encore sur pié, sans l'irruption des barbares & les siecles d'ignorance qui sont survenus. Ces peuples, par leurs découvertes, exciterent les autres nations à les imiter. Ils sirent naître aux Romains, possédés de l'ambition de devenir les maîtres du monde, l'envie de les surpasser par l'incroyable solidité qu'ils donnerent à leurs édifices; en joignant aux découvertes des Egyptiens & des Grecs l'art de la main - d'oeuvre, & l'excellente qualité des matieres que leurs climats leur procuroient: en sorte que l'on voit aujourd'hui avec étonnement plusieurs vestiges intéressans de l'ancienne Rome.

A ces superbes monumens succéderent les ouvrages des Goths; monumens dont la legereté surprenante nous retrace moins les belles proportions de l'Architecture, qu'une élégance & une pratique inconnue jusqu'alors, & qui nous assurent par leurs aspects que leurs constructeurs s'étoient moins attachés à la solidité qu'au goût de l'Architecture & à la convenance de leurs édifices.

Sous le regne de François I. l'on chercha la solidité de ces édifices dans ceux qu'il fit construire; & ce fut alors que l'Architecture sortit du cahos où elle avoit été plongée depuis plusieurs siecles. Mais ce fut principalement sous celui de Louis XIV. que l'on joignit l'art de bâtir au bon goût de l'Architecture, & où l'on rassembla la qualité des matieres, la beauté des formes, la convenance des bâtimens, les découvertes sur l'art du trait, la beauté de l'appareil, & tous les arts libéraux & méchaniques.

De la maçonnerie en particulier. Il y a de deux sortes de maçonnerie, l'ancienne, employée autrefois par les Egyptiens, les Grecs & les Romains, & la moderne, employée de nos jours.

Vitruve nous apprend que la maçonnerie ancienne se divisoit en deux classes; l'une qu'on appelloit ancienne qui se faisoit en liaison, & dont les joints étoient horisontaux & verticaux; la seconde, qu'on appelloit maillée, étoit celle dont les joints étoient inclinés selon l'angle de 45 degrés, mais cette derniere étoit très - défectueuse, comme nous le verrons ci - après.

Il y avoit anciennement trois genres de maçonnerie; le premier de pierres taillées & polies, le second de pierres brutes, & le troisieme de ces deux especes de pierres.

La maçonnerie de pierres taillées & polies étoit de deux especes; savoir la maillée, fig. premiere, appellée par Vitruve reticulatum, dont les joints des pierres étoient inclinés selon l'angle de 45 degrés, & dont

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