ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"799"> paroît un peu moins sévere, & se contente de dire que les dieux ne doivent jamais paroître sur la scène à moins que le noeud ne soit digne de leur présence.

Nec deus intersit, nisi dignus vindice nodus Inciderit. Art. poet.

Mais au fonds, le mot dignus emporte une nécessité absolue. Voyez Intrigue. Outre les dieux, les anciens introduisoient des ombres, comme dans les l'erses d'Eschyle, où l'ombre de Darius paroît. A leur imitation Shakespear en a mis dans hamlet & dans mucbet: on en trouve aussi dans les pieces de Hardy, la statue du festin de Pierre, le Mercure & le Jupiter dans l'Amphitrion de Moliere sont aussi des machines, & comme des restes de l'ancien goût dont on ne s'accommoderoit pas aujourd'hui. Aussi Racine dans son Iphigénie, a t - il imaginé l'épisode d'Eriphile, pour ne pas souiller la scene par le meurtre d'une personne aussi aimable & aussi vertueuse qu'il falloit représenter Iphigénie, & encore parce qu'il ne pouvoit dénouer sa tragédie par le secours d'une déesse & d'une métamorphose, qui auroit bien pû trouver créance dans l'antiquité, mais qui seroit trop incroyable & trop absurde parmi nous. On a relégué les machines à l'Opéra, & c'est bien là leur place.

Il en est tout autrement dans l'épopée; les machines y sont nécessaires à tout moment & par - tout. Homere & Virgile ne marchent, pour ainsi dire, qu'appuyés sur elles. Pétrone, avec son feu ordinaire, soutient que le poëte doit être plus avec les dioux qu'avec les hommes, & laisser par - tout des marques de la verve prophétique, & du divin enthousiasine qui l'échausse & l'inspire; que ses pensées doivent être remplies de fables, c'est à - dire d'allégories & de figures. Enfin il veut que le poëme se disingue en tout point de l'Histoire, mais sur - tout moins par la mesure des vers, que par ce feu poétique qui ne s'exprime que par allégories, & qui ne fait rien que par machines, ou par l'intervention des dieux.

Il faut, par exemple, qu'un poëte laisse à l'nistorien raconter qu'une florte a été dispersée par la tempête, & jettée sur des côtes étrangeres, mais pour lui il doit dire avec Virgile, que Junon s'adresse à Eole, que ce tyran des mers déchaîne & souleve les vents contre les Troïens, & faire intervenir Neptune pour les préserver du naufrage. Un historien dira qu'un jeune prince s'est comporté dans toutes les occasions avec beaucoup de prudence & de discrétion, le poëte doit dire avec Homere que Minerve conduisoit son héros par la main. Qu'il laisse raconter à l'historien, qu'Agamemnon dans sa querelle avec Achille, voulut faire entendre à ce prince, quoiqu'avec peu de fondement, qu'il pouvoit prendre Troie sans son secours. Le poëte doit représenter Thétis, irritée de l'affront qu'a reçu son fils, volant aux cieux pour demander vengeance à Jupiter, & dire que ce dieu pour la satisfaire envoie à Agamemnon un songe trompeur, qui lui persuade que ce même jour - là il se rendra maître de Troie.

C'est ansi que les poëtes épiques se servent de machines dans toutes les parties de leurs ouvrages. Qu'on parcoure l'Iliade, l'Odyssée, l'Enéïde, on trouvera que l'exposition fait mention de ces machines, c'est - à - dire de ces dieux; que c'est à eux que s'adresse l'invocation; que la narration en est remplie, qu'ils causent les actions, forment les noeuds, & les démêlent à la fin du poëme; c'est ce qu'Aristote a condamné dans ses regles du drame, mais ce qu'ont observé Homere & Virgile dans l'épopée. Ainsi Minerve accompagne & dirige Ulysse dans tous les périls; elle combat pour lui contre tous les amans de Pénélope; elle aide à cette princesse à s'en défaire, & au dernier moment, elle conclut elle - même la paix entre Ulysse & ses sujets, ce qui termine l'Odyssée. De même dans l'Enéïde, Vénus protege son fils, & le fait à la fin triompher de tous les obstacles que lui opposoit la haine invétérée de Junon.

L'usage des machines dans le poëme épique, est, à quelques égards, entierement opposé à ce qu'Horace prescrit pour le dramatique. Ici elles ne doivent être admises que dans une nécessité extrême & absolue; là il semble qu'on s'en serve à tout propos, même lorsqu'on pourroit s'en passer, bien loin que l'action les exige nécessairement. Combien de dieux & de machines Virgile n'emploie - t - il pas pour susciter cette tempête qui jette Enée sur les côtes de Carthage, quoique cet évenement eût pû facilement arriver dans le cours ordinaire de la nature? Les machines dans l'épopée ne sont donc point un artifice du poëte pour le relever lorsqu'il a fait un faux pas, ni pour se tirer de certaines difficultés particulieres à certains endroits de son poëme; c'est seulement la présence d'une divinité, ou quelqu'action surnaturelle & extraordinaire que le poëte insere dans la plûpart de son ouvrage, pour le rendre plus majestueux & plus admirable, ou en même tems pour inspirer à ses lecteurs des idées de respect pour la divinité ou des sentimens de vertu. Or il faut employer ce mélange de maniere que les machines puissent se retrancher sans que l'action y perde rien.

Quant à la maniere de les mettre eu oeuvre & de les faire agir, il faut observer que dans la Mythologie on distinguoit des dieux bons, des dieux malfaisans, & d'autres indifférens, & qu'on peut faire de chacune de nos passions autant de divinités allégoriques, en sorte que tout ce qui se passe de vertueux ou de criminel dans un poëme, peut être attribué à ces machines, ou comme cause, ou comme occasion, & se faire par leur ministere. Elles ne doivent cependant pas toutes, ni toujours agir d'une même maniete; tantôt elles agiront sans paroître, & par de simples inspirations, qui n'auront en elles - mêmes rien de miraculeux ni d'extraordinaire, comme quand nous disons que le démon suggere telle pensée, tantôt d'une maniere tout - à - fait miraculeuse, comme lorsqu'une divinité se rend visible aux hommes, & s'en laisse connoître, ou lorsque sans se découvrir à eux, elle se déguise sous une forme humaine. Enfin le poëte peut se servir tout à la sois de chacune de ces deux manieres d'introduire une machine, comme lorsqu'il suppose des oracles, des songes, & des inspirations extraordinaires, ce que le P. le Bossu appelle des demi - machines. Dans toutes ces manieres, il saut se garder avec soin de s'écarter de la vraissemblance; car quoique la vraissemblance s'étende fort loin lorsqu'il est question de machines, parce qu'alors elle est fondée sur la puissance divine, elle a toujours néanmoins ses bornes. Voyez Vraissemblance.

Horace propose trois sortes de machines à introduire sur le théâtre: la premiere est un dieu visiblement présent devant les acteurs; & c'est de celle - la qu'il donne la regle dont nous avons déja parlé. La seconde espece comprend les machines plus incroyables & plus extraordinaires, comme la métamorphose de Progné en hirondelle, celle de Cadmus en serpent. Il ne les exclut, nine les condamne absolument, mais il veut qu'on les mette en récit & non pas en action. La troisieme espece est absolument absurde, & il la rejette totalement; l'exemple qu'il en donne, c'est un enfant qu'on retireroit tout vivant du ventre d'un monstre qui l'auroit dévoré. Les deux premiers genres sont reçus indifféremment dans l'épopée, & dans la distinction d'Horace, qui ne regarde que le théâtre. La différence entre ce qui se passe sur la scène, & à la vûe des spectateurs, d'avec ce qu'on suppose s'achever derriere le rideau, [p. 800] n'ayant lieu que dans le poëme dramatique.

On convient que les anciens poëtes ont pu faire intervenir les divinités dans l'épopée; mais les modernes ont - ils le même privilege? C'est une question qu'on trouvera examinée au mot merveilleux. Voyez Merveilleux.

Machines de Théatre (Page 9:800)

Machines de Théatre chez les anciens. Ils en avoient de plusieurs sortes dans leurs théâtres, tant celles qui étoient placées dans l'espace ménagé derrierere la scène, & qu'on appelloit W=ARASKENION, que celles qui étoient sous les portes de retour pour introduire d'un côté les dieux des bois & des campagnes, & de l'autre les divinités de la mer. Il y en avoit aussi d'autres au - dessus de la scène pour les dieux célestes, & enfin d'autres sous le théâtre pour les ombres, les furies, & les autres divinités infernales: ces dernieres étoient à - peu - près semblables à celles dont nous nous servons pour ce sujet. Pollux l. IV. nous apprend que c'étoient des especes de trapes qui élevoient les acteurs au niveau de la scene, & qui redescendoient ensuite sous le théâtre par le relâchement des forces qui les avoient fait monter. Ces forces consistoient comme celles de nos théâtres, en des cordes, des roues, des contrepoids; c'est pour cela que les Grecs nommoient ces machines ANAPEISMATA: pour celles qu'ils appelloient W=ERIAKTOI, & qui étoient sur les portes de retour, c'étoient des machines tournantes sur elles mêmes, qui avoient trois faces différentes, & qui se tournoient d'un & d'autre côté, selon les dieux à qui elles servoient. Mais de toutes ces machines, il n'y en avoit point dont l'usage fût plus ordinaire que celles qui descendoient du ciel dans les dénouemens, & dans lesquelles les dieux venoient, pour ainsi dire, au secours du poëte, d'où vint le proverbe de QEOS2 APO MHXANHS2. Ces machines avoient même assez de rapport avec celles de nos cintres; car, au mouvement près, les usages en étoient les mêmes, & les anciens en avoient comme nous de trois sortes en général; les unes qui ne descendoient point jusqu'en bas, & qui ne faisoient que traverser le théâtre; d'autres dans lesqu elles les dieux descendoient jusques sur la scene, & de troisiemes qui servoient à élever ou à soutenir en l'air les personnes qui sembloient voler. Comme ces dernieres étoient toutes semblables à celles de nos vols, elles étoient sujettes aux mêmes accidens: car nous voyons dans Suétone, qu'un acteur qui jouoit le rôle d'Icare, & dont la machine eut malheureusement le même sort, alla tomber près de l'endroit où étoit placé Néron, & couvrit de sang ceux qui étoient autour de lui. Suétone, in Nerone, c. xij. Mais quoique ces machines eussent assez de rapport avec celles de nos cintres, comme le théâtre des anciens avoit toute son étendue en largeur, & que d'ailleurs il n'étoit point couvert, les mouvemens en étoient fort différens. Car au lieu d'être emportés comme les nôtres par des chassis courans dans des charpentes en plafond, elles étoient guindées à une espece de grue, dont le col passoit par dessus la scene, & qui tournant sur elle - même pendant que les contrepoids faisoient monter ou descendre ces machines, leur faisoient décrire des courbes composées de son mouvement circulaire & de leur direction verticale, c'est - à - dire une ligne en forme de vis de bas en haut, ou de haut en bas, à celles qui ne faisoient que monter ou descendre d'un côté du théâtre à l'autre, & différentes demi - ellipses à celles, qui après être descendues d'un côté jusqu'au milieu du théâtre, remontoient de l'autre jusqu'au dessus de la scene, d'où elles étoient toutes rappellées dans un endroit du postscenium, où leurs mouvemens étoient placés. Diss. de M. Boindin, sur les théâtres des anciens. Mém. de l'acad. des Belles - Lettres, tome I. pag. 148. & suiv. (G)

MACHINISTE (Page 9:800)

MACHINISTE, s. m. (Art méchan.) est un homme qui par le moyen de l'étude de la Méchanique, invente des machines pour augmenter les forces mouvantes, pour les décorations de théâtre, l'Horlogerie, l'Hydraulique & autres. (K)

MACHINOIR (Page 9:800)

MACHINOIR, s. m. (Cordonnerie.) petit outil de buis qui sert aux Cordonniers à ranger & décrasser les points de derriere du soulier. Il est fort pointu, long de quatre à cinq pouces, arrondi par les deux bouts, dentelé à l'un, le milieu est un peu excavé en arc, afin que l'ouvrier le tienne plus commodément. Ce sont des marchands de crépin qui vendent des machinoirs.

MACHLIS (Page 9:800)

MACHLIS, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) c'est un animal dont il est parlé dans Pline; il est, dit - il, commun en Scandinavie. Il a les jambes toutes d'une venue, sans jointures, ainsi il ne se couche point; il dort appuyé tontre un arbre. Pour le prendre on scie l'arbre en partie; l'animal s'appuyant, l'arbre tombe & l'animal aussi, qui ne peut se relever. Il est si vite, qu'on ne pourroit le prendre autrement. Il ressemble à l'alcé. Il a la levre de dessus fort grande; de sorte qu'il est obligé d'aller à reculons pour paître.

MACHLYES (Page 9:800)

MACHLYES, (Géog. anc.) en grec *MA/XLUES2, ancien peuple d'Afrique aux environs des Syrtes, & dans le voisinage des Lotophages, selon Hérodote. (D. J.)

MACHO (Page 9:800)

MACHO, s. m. (Commerce.) on appelle en Espagne quintal - macho, un poids de cent cinquante livres, c'est - à - dire de cinquante livres plus fort que le quintal commun, qui n'est que de cent livres. Il faut six arobes pour le quintal macho, l'arobe de vingt - cinq livres, la livre de seize onces, & l'once de seize adarmes ou demi - gros; le tout néanmoins un peu plus foible que le poids de Paris; en sorte que les cent cinquante livres du macho ne rendent que cent trente - neuf livres & demi, un peu plus, unpeu moins de cette derniere ville. Dict. de comm. (G)

MACHOIRE (Page 9:800)

MACHOIRE, s. f. en Anatomie; c'est une partie d'un animal où les dents sont placées, & qui sert à mâcher les alimens. Voyez Mastication & Dent.

Les mâchoires sont au nombre de deux, appellées à cause de leur situation, l'une supérieure & l'autre inferieure.

La mâchoire supérieure est immobile dans l'homme & dans tous les animaux que nous connoissons, excepté dans le perroquet, le crocodile, & le poisson appellé acus vulgaris. Voyez Ray, Synops. pisc. p. 109.

Elle est composée de treize os, joints les uns aux autres par harmonie, six de chaque côté & un au milieu. Leurs noms sont le zigomatique ou os de la pommette, l'os maxillaire, l'os unguis, l'os du nez, l'os du palais, le cornet inférieur du nez, & le vomer. Voyez Zigomatique, &c. Il y a dans cette mâchoire des alveoles pour seize dents. Voyez nos Pl. d'Anat. & leur explic.

La mâchoire inférieure n'est composée que de deux os, qui d'abord sont unis au milieu du menton par le moyen d'un cartilage qui se durcit à mesure que l'enfant croît, & qui vers l'âge de sept ans, devenant osseux, unit tellement les deux os, qu'ils n'en forment plus qu'un seul de la figure de l'U grec. Voyez nos Pl.

Cette mâchoire est composée de deux tables, entre lesquelles se trouve une substance spongieuse, qui est médullaire dans les enfans. La partie antérieure est mince, & garnie ordinairement de seize alvéoles pour autant de dents. Voyez Alvéole.

On distingue dans la mâchoire inférieure une arcade antérieure, qu'on appelle le corps, laquelle se termine sur les parties latérales en deux branches.

On remarque au bord supérieur de l'arcade, les alvéoles qui reçoivent les dents. On divise le bord

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