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A peine étoient - ils arrivés au fort de Sainte - Marie, sur le bord de la riviere du côté de Flandre, que le vaisseau creva avec un fracas épouventable. On vit en l'air une nuée de pierres, de poutres, de chaînes, de boulets; le château de bois, auprès duquel la mine avoit joué, une partie des bateaux du pont, les canons qui étoient dessus, les soldats furent enlevés & jettés de tous côtés. On vit l'Escaut s'enfoncer en abyme, & l'eau poussée d'une telle violence qu'elle passa sur toutes les digues, & un pié au - dessus du fort de Sainte - Marie; on sentit la terre trembler à près de quatre lieues de - là; on trouva de ces grosses tombes dont la mine avoit été couverte à mille pas de l'Escaut ».
Un des autres bateaux qui avoit échoué contre le rivage de Flandre, fit encore un grand effet; il périt huit cens hommes de différent genre de mort; une infinité furent estropiés. & quelques - uns échapperent par des hazards surprenans.
Le vicomte de Bruxelle, dit l'historien, fut transporté fort loin, & tomba dans un navire sans se faire aucun mal. Le capitaine Tuc, auteur d'une relation de cette avanture, après avoir été quelque tems suspendu en l'air tomba dans la riviere; & comme il savoit nager, & que dans le mouvement du tourbillon qui l'emporta, sa cuirasse s'étoit detachée de son corps, il regagna le bord en nageant; enfin, un des gardes du prince de Parme fut porté de l'endroit du pont qui touchoit à la Flandre, à l'autre rivage du côté du Brabant, & ne se blessa qu'un peu à l'épaule en tombant. Pour ce qui est du prince de Parme, on le crut mort; car comme il étoit prêt d'entrer dans Sainte - Marie, il fut terrassé par le mouvement de l'air, & frappé en même tems entre les épaules & le casque d'une poutre; on le trouva évanoui & sans connoissance: mais il revint à lui un peu après; & la premiere chose qu'il sit fut de faire amener promptement quelques vaisseaux, non pas pour réparer la breche du pont, car il falloit beaucoup de tems pour cela, mais seulement pour boucher l'espace que la mine avoit ruiné, afin que le matin il ne parût point à la flotte hollandoise, qu'il y eût de passage ouvert; cela lui réussit. Les Hollandois voyant des soldats dans toute la longueur du pont qui n'avoit point été ruinée, & dans les bateaux dont on avoit bouché la breche, & entendant sonner de tous côtés les tambours & les trompettes, n'oserent tenter de forcer le passage. Cela donna le loisir aux Espagnols de réparer leur pont; & quelque tems après, Anvers fut contraint de capituler.
Voilà donc l'époque des machines insernales & de ces mines sur l'eau dont on a tant parlé dans les dernieres guerres, & qui ont fait bien plus de bruit que de mal; car nulle n'a eu un si bon succès à beaucoup près que celle de Jambelli en eut un au pont d'An<cb->
Pour donner une idée de la machine infernale
échouée devant Saint - Malo, on en donne
B. C'est le fond de calle de cette machine, rempli de sable.
C. Premier pont rempli de vingt milliers de poudre, avec un pié de maçonnerie au - dessus.
D. Second pont garni de six cens bombes à feu & carcassieres, & de deux piés de maçonnerie au - dessus.
E. Troisieme pont au - dessus du gaillard, garni de cinquante barils à cercle de fer, remplis de toutes sortes d'artifices.
F. Canal pour conduire le feu aux poudres & aux amorces.
Le tillac, comme on le voit en A, étoit garni de vieux canons & d'autres vieilles pieces d'artillerie de différentes especes.
La bombe qui est embarquée sur la Flûte le Chameau, est de la figure d'un oeuf; elle est remplie de
sept à huit milliers de poudre; on peut de - là juger
de sa grosseur; on l'a placée au fond de ce bâtiment
dans cette situation. Outre plusieurs grosses
poutres qui la maintiennent de tous côtés, elle
est encore appuyée de neuf gros canons de fer de
18 livres de balle, quatre de chaque côté, & un sur
le derriere qui ne sont point chargés, ayant la
bouche en bas. Par dessus on a mis encore dix
pieces de moindre grosseur, avec plusieurs petites
bombes & plusieurs éclats de canon, & l'on a fait
une mâçonnerie à chaux & à ciment qui couvre &
environne le tout, où il est entré trente milliers
de brique; ce qui compose comme une espece de
rocher au milieu de ce vaisseau, qui est d'ailleurs
armé de plusieurs pieces de canon chargées à crever,
de bombes, carcasses & pots à feu, pour en
défendre l'approche. Les officiers devant se retirer
après que l'ingenieur aura mis le feu à l'amorce
qui durera une heure, cette flûte doit éclater avec
sa bombe, pour porter de toutes parts les éclats
des bombes & des carcasses, & causer par ce
moyen l'embrasement de tout le port de la ville
qui sera attaquée. Voilà l'effet qu'on s'en promet:
on dit que cela coutera au roi quatre - vingt mille
livres ».
Suivant M. Deschiens de Ressons
Celle - ci contenoit huit milliers de poudre; elle
avoit neuf piés de longueur, & cinq de diametre
en dehors, six pouces d'épaisseur; mais quand je
l'ai fait rompre, j'ai trouvé que le noyau avoit
tourné dans le moule, & que toute l'épaisseur
étoit presque d'un côté, & peu de choses de l'autre;
ce qui ne se peut guere éviter, parce que la
fonte coulant dans le moule, rougit le chapelet de
fer qui soutient le noyau, dont le grand poids fait
plier le chapelet.
Il se rapportoit dessus un chapiteau, dans lequel
étoit ajusté la fusée, qui s'arrêtoit avec deux
barres de fer qui passoient dans les anses.
La fusée étoit un canon de mousquet rempli de
composition bien battue; ce qui ne valoit rien,
par la raison que la crasse du salpêtre bouchoit le
canon lorsque la fusée étoit brûlée à demi, ce qui
faisoit éteindre la fusée. Ainsi les Anglois ont été
obligés de mettre le feu au bâtiment de leur machine,
pour qu'il parvînt ensuite à la poudre ».
Machine a mater (Page 9:798)
Machine (Page 9:798)
Machine pyrique (Page 9:798)
Machine (Page 9:798)
Machine a forer (Page 9:798)
Machine pour la tire (Page 9:798)
Le corps de cette machine est simple; c'est aussi sa
simplicité qui en fait la beauté: c'est un bois de trois
pouces en quarré qui descend de l'estave du métier
au côté droit de la tireuse, qui va & vient librement.
De ce bois quarré, il se présente à côté du
temple deux fourches rondes, & une troisieme qui
est aussi ronde qui tient les deux autres; elle monte
directement à côté du premier bois dont il est ci - dessus parlé. La fille pour se servir de cette machine, tire
à elle son lacs, passe la main derriere, & entrelace
ses cordes de temple entre les deux fourches qui
sont à côté, & après les avoir enfilées, elle prend la
fourche qui monte en haut, & à mesure qu'elle la
descend en la tirant, elle fait faire en même tems un
jeu aux deux fourches qui embrassent les cordes.
Par ce mouvement elle tire net, & facilite l'ouvrier
à passer sa navette sans endommager l'étoffe. Après
que le coup est passé, elle laisse partir sa machine
qui s'en retourne d'elle même sans poids ni contrepoids
pour la renvoyer; la main seule de la tireuse
suffit. Voyez cette machine dans nos
Machine (Page 9:798)
Ces machines, parmi les anciens, étoient les dieux, les génies bons ou malfaisans, les ombres, &c. Shakespear, & nos modernes françois avant Corneille, employoient encore la derniere de ces ressources. Elles ont tiré ce nom des machines ou inventions qu'on a mis en usage pour les faire apparoître sur la scène, & les en retirer d'une maniere qui imite le merveilleux.
Quoique cette même raison ne subsiste pas pour le poëme épique, on est cependant convenu d'y donner le nom de machines aux êtres surnaturels qu'on y introduit. Ce mot marque & dans le dramatique & dans l'épopée l'intervention ou le ministere de quelque divinité; mais comme les occasions qui peuvent dans l'une & l'autre amener les machines, ou les rendre nécessaires, ne sont pas les mêmes, les regles qu'on y doit suivre sont aussi différentes.
Les anciens poëtes dramatiques n'admettoient jamais
aucune machine sur le théâtre, que la présence
du dieu ne fût absolument nécessaire, & ils étoient
siflés lorsque par leur faute ils étoient réduits à cette
nécessité, suivant ce principe fondé dans la nature,
que le dénouement d'une piece doit naître du fond
même de la fable, & non d'une machine étrangere,
que le génie le plus stérile peut amener pour se tirer
tout - à - coup d'embarras, comme dans Médée qui se
dérobe à la vengeance de Créon, en fendant les
airs sur un char traîné par des dragons aîlés. Horace
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