ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"789"> grande Tartarie, & tout le royaume de la Perse moderne. (D. J.)

Macédoine (Page 9:789)

Macédoine, (Géog. anc. & mod.) royaume entre la Grece & l'ancienne Thrace. Tite - Live, liv. XL. c. iij. dit qu'on la nomma premierement Poeonie, à cause sans doute des peuples Poeons qui habitoient vers Rhodope; elle fut ensuite appellée AEmathie, & enfin Macédoine, d'un certain Macedo, dont l'origine & l'histoire sont fort obscures.

Elle étoit bornée au midi par les montagnes de Thessalie, à l'orient par la Béotie & par la Pierie, au couchant par les Lyncestes, au septentrion par la Migdonie & par la Pélagonie: cependant ses limites n'ont pas toujours été les mêmes, & quelquefois la Macédoine est confondue avec la Thessalie.

C'étoit un royaume héréditaire, mais si peu considérable dans les commencemens, que ses premiers rois ne dédaignoient pas de vivre sous la protection tantôt d'Athènes & tantôt de thèbes. Il y avoit eu neuf rois de Macédoine avant Philippe, qui prétendoient descendre d'Hercule par Caranus, & être originaires d'Argos; ensorte que comme tels, ils étoient admis parmi les autres Grecs aux jeux olympiques.

Lorsque Philippe eut conquis une partie de la Thrace & de l'Illyrie, le royaume de Macédoine commença à devenir célebre dans l'histoire. Il s'étendit depuis la mer Adriatique jusqu'au fleuve Strymon, & pour dire plus, commanda dans la Grece; enfin, il étoit réservé à Alexandre d'ajoûter à la Macédoine, non - seulement la Grece entiere, mais encore toute l'Asie, & une partie considérable de l'Afrique. Ainsi, par les mains de ce conquérant, s'éleva l'empire de Macédoine sous un tas immense de royaumes & de républiques grecques; & le débris de leur gloire fit un nom singulier à des barbares qui avoient été long - tems tributaires des seuls Athéniens.

Aujourd'hui la Macédoine est une province de la Turquie européenne qui a des limites extrèmement étroites. Elle est bornée au septentrion par la Servie, & par la Bulgarie, à l'orient par la romanie proprement dite, & par l'Archipel, au midi par la Livadie, & à l'occident par l'Albanie.

Les Turcs appellent cette province Magdonia. Saloniki en est la capitale: c'étoit autrefois Pella où nâquirent Philippe & Alexandre.

Mais la Macédoine a eu l'avantage d'être un des pays où S. Paul annonça l'évangile en personne. Il y fonda les églises de Thessalonique & de Philippe, & eut la consolation de les voir florissantes & nombreuses. (D. J.)

MAGÉDONIENS (Page 9:789)

MAGÉDONIENS, s. m. plur. (Hist. ecclés.) hérétiques du iv. siecle qui nioient la divinité du S. Esprit, & qui furent ainsi nommés de Macedonius leur chef.

Cet hérésiarque qui étoit d'abord du parti des Ariens, fut élu par leurs intrigues patriarche de Constantinople en 342; mais ses violences & quelques actions qui déplurent à l'empereur Constance, engagerent Eudoxe & Acace prélats de son parti, qu'il avoit d'ailleurs offensés, à le faire déposer dans un concile tenu à Constantinople en 359. Macedonius piqué de cet affront devint aussi chef de parti: car s'étant déclaré contre Eudoxe & les autres vrais ariens, il soutint toujours le fils semblable en substance ou même consubstantiel au pere selon quelques auteurs; mais il continua de nier la divinité du S. Esprit comme les purs ariens, soutenant que ce n'étoit qu'une créature semblable aux anges, mais d'un rang plus élevé. Tous les évêques qui avoient été déposés avec lui au concile de Constantinople, embrasserent la même erreur; & quelques catholiques mêmes y tomberent, c'est - à - dire que n'ayant aucune erreur sur le fils, ils tenoient le Saint - Esprit pour une simple créature. Les Grecs les nommerent W=NEUMATOMAXOI, c'est - à - dire ennemis du Saint - Esprit. Cette hérésie fut condamnée dans le onzieme concile général tenu à Constantinople, l'an de J. C. 381. Théodoret, liv. II. c. vj. Socrat. liv. II. c. xlv. Sozom. liv. IV. c. xxvij. Fleury, Hist. eccles. tom. III. liv. XIV. n. 30.

MACÉDONIEN (Page 9:789)

MACÉDONIEN, adj. (Jurisprud.) ou senatusconsulte - macédonien, étoit un decret du senat, qui fut ainsi nommé du nom de Macédo fameux usurier à l'occasion duquel il fut rendu.

Ce particulier vint à Rome du tems de Vespasien; & profitant du goût de débauche dans lequel étoit la jeunesse romaine, il prêtoit de l'argent aux fils de famille qui étoient sous la puissance paternelle, en leur faisant reconnoître le double de ce qu'il leur avoit prêté; de sorte que quand ils devenoient usans de leurs droits, la plus grande partie de leur bien se trouvoit absorbée par les usures énormes de ce Macédo. C'est pourquoi l'empereur fit rendre ce senatus - consulte appellé macédonien, qui déclare toutes les obligations faites par les fils de familles nulles, même après la mort de leur pere.

La disposition du senatus consulte macédonien se trouve rappellée dans les capitulaires de Charlemagne.

Elle est observée dans tous les pays de droit écrit du ressort du parlement de Paris; mais elle n'a pas lieu dans les pays coutumiers: les défenses qui y ont été faites en divers tems de prêter aux enfans de famille, ne concernent que les mineurs, attendu que les enfans majeurs ne sont plus en la puissance de leurs pere, mere ni autres tuteurs ou curateurs. Voyez au digeste le titre ad senatus - consult. macédon. & le recueil de questions de M. Bretonnier, au mot fils de famille. (A)

MACELLA, ou MACALLA (Page 9:789)

MACELLA, ou MACALLA. (Géog. anc.) Tite - Live & Polybe placent cette ville dans la Sicile. Barri en fait une ville de la Calabre, & prétend que c'est aujourd'hui Strongili à trois milles de la mer. (D. J.)

MACELLUM (Page 9:789)

MACELLUM, s. m. (Antiq. rom.) Le macellum de Rome n'étoit point une boucherie, mais un marché couvert situé prés de la boucherie, & où l'on vendoit non - seulement de la viande, mais aussi du poisson & autres victuailles. Térence nous la peint à merveille, quand il fait dire par Gnathon, dans l'Eunuque, act. II. scène iij.

Intereà loci ad macellum ubì advenimus, Concurrunt loeti mi obviam cupedinarii omnes, Cetarii, lanii, coqui, fartores, piscatores, aucupes.

« Nous arrivons au marché: aussi - tôt viennent au - devant de moi, avec de grands témoignages de satisfaction, tous les confiseurs, les vendeurs de marée, les bouchers, les traiteurs, les rôtisseurs, les pêcheurs, les chasseurs, &c

On peut voir la forme du macellum, dans une médaille de Néron, au revers de laquelle, sous un édifice magnifique on lit: mac. Aug. c'est - à - dire, macellum Augusti.

Erizzo, dans ses dichiaraz. di medagl. ant. p. 117. est le premier qui ait publié cette médaille; elle est de moyen bronze, & représente d'un côté la tête de Néron encore jeune, avec la légende Nero. Claud. Coesar. Aug. Ger. P. M. Tr. P. Imp. P. P. Au revers un édifice orné d'un double rang de colonnes, & terminé par un dôme. Dans le milieu on voit une porte à laquelle on monte par quelques degrés qui forment un perron: en - dedans de cette porte est une statue de Néron de - bout; la légende de ce revers est mac. Aug. dans le champ S. C. Erizzo a lû macellum Augusti, fondé sur un passage de Dion, [p. 790] qui dit expressément que Néron fit la dédicace d'un marché destiné à vendre toutes les choses nécessaires à la vie, obsoniorum mercatum macellum nuncupatum dedicavit.

L'explication d'Erizzo a été suivie par tous les antiquaires, jusqu'au P. Hardouin qui entreprit de la combattre, & qui a expliqué cette médaille, mausoleum Coesaris Augusti; mais outre que les argumens du P. Hardouin contre l'explication commune, ne sont rien moins que convainquans, celle qu'il a donnée n'est pas heureuse. 1°. On ne voit pas pourquoi mausoleum seroit désigné par deux lettres, tandis que Coesaris est exprimé par une lettre seule. 2°. Les trois premieres lettres Mac. sont jointes ensemble, tout comme les trois dernieres Aug. le point est entre deux; pourquoi donc les trois premieres formeront - elles deux mots, & les dernieres un seul? 3°. L'édifice que nous voyons sur la médaille de Néron, ne ressemble point au mausolée d'Auguste. Voyez Mausolée. (D. J.)

MACE - MUTINE (Page 9:790)

MACE - MUTINE, s. f. (Hist. mod.) monnoie d'or. Pierre II. roi d'Arragon, étant venu en personne à Rome, en 1204, se faire couronner par le pape Innocent III. mit sur l'autel une lettre - patente, par laquelle il offroit son royaume au saint - siége, & le lui rendoit tributaire, s'obligeant stupidement à payer tous les ans deux cent cinquante mace - mutines. La mace mutine étoit une monnoie d'or venue des Arabes; on l'appelloit autrement mahoze - mutine. Fleuri, Hist. ecclés.

MACÉNITES (Page 9:790)

MACÉNITES, Macoenitoe, (Géog. anc.) *MAKANI=TAI dans Ptolomée, peuples de la Mauritanie Tingitane, sur le bord de la mer. Le mont Atlas étoit dans le Macénitide. (D. J.)

MACER (Page 9:790)

MACER, s. m. (Hist. nat. des drog.) écorce médicinale d'un arbre des Indes orientales, dont il est fait mention dans les écrits de Dioscoride, de Pline, de Galien, & des Arabes; mais ils ne s'accordent ni les uns ni les autres sur l'arbre qui produit cette écorce, sur la partie de l'arbre d'où elle se tire, sur la qualité de son odeur & de sa saveur; c'est à la variété de leurs relations sur ce point, & à l'ignorance des commentateurs qui confondoient le macer avec le macis, qu'il paroît qu'on peut sur - tout attribuer la cause de l'oubli dans lequel a été chez nous cette drogue depuis Galien; car pour ce qui est des Indes orientales d'où Pline, Sérapion, & Averroès conviennent qu'on la faisoit venir; Garcias - ab - Horto, Acosta, & Jean Mocquet qui dans le pénultieme siecle y avoient voyagé, assurent qu'alors ce remede y étoit usité dans les hôpitaux, & qu'à Bengale il s'en faisoit un commerce assez considérable.

Dioscoride donne à cette écorce le nom MA/KER & MAKE/IR. Il dit qu'elle est de couleur jaunâtre, assez épaisse, fort astringente, & qu'on l'apportoit de Barbarie. C'est ainsi qu'on appelloit alors les pays orientaux les plus reculés. On faisoit de cette écorce une boisson pour remédier aux hémorragies, aux dissenteries, & aux dévoiemens. Pline appelle des mêmes noms dont s'est servi Dioscoride, l'écorce d'un arbre qui étoit apporté des Indes à Rome, & qu'il dit être rougeâtre. Galien qui dans les descriptions qu'il en fait, & sur les vertus qu'il lui attribue, s'accorde avec ces deux auteurs, ajoute seulement qu'elle est aromatique; il n'est pas étonnant qu'Averroès & d'autres médecins arabes connussent le macer, puisque l'arbre dont il est l'écorce, croissoit dans les pays orientaux.

Les relations de quelques - uns de nos voyageurs aux Indes orientales, c'est - à - dire à la côte de Malabar & à l'île sainte - Croix, parlent d'une écorce grisâtre qui étant desséchée, devient à ce qu'ils assurent, jaunâtre, fort astringente, & douée des mêmes vertus que le macer des anciens.

Christophe Acosta, l'un des premiers historiens des drogues simples qu'on apporte des Indes, & qui y étoit médecin du viceroi, dit que l'arbre qui porte cette écorce, étoit appellé arbore de las camaras, arbore sancto par les Portugais, c'est à - dire, arbre pour les dissenteries, & par excellence, arbre saint; arbore de sancto Thome, arbre de saint Thomas par les chrétiens; macruyre par les gens du pays, & macre par les médecins brachmans, ce qui est conforme avec l'ancien mot macer. Ce même historien qui est le seul qui nous ait donné la figure de cet arbre, le compare à un de nos ormes, & attribue des vertus admirables à l'usage de son écorce.

Enfin M. de Jussieu croit avoir retrouvé le macer des Indes orientales, dans le Simarouba d'Amérique; mais il ne faut donner cette opinion que comme une légere conjecture; car malgré la conformité qui se trouve dans les vertus entre le macer des anciens, le macre des Indiens orientaux, & le simarouba des occidentaux, il seroit bien étonnant que ce fût la même plante. Il est vrai pour - tant que l'Asie & l'Amérique ont d'autres plantes qui leur sont communes, à l'exclusion de l'Europe. Le ginzing en est un bel exemple. Voyez Ginzing. (D. J.)

MACERATA (Page 9:790)

MACERATA, (Géog.) ville d'Italie dans l'état de l'Eglise, dans la marche d'Ancone, avec un évêché suffragant de Fermo, & une petite université. Elle est sur une montagne, proche de Chiento, à 5 lieues S. O. de Lorette, 8 S. O. d'Ancone. Long. 31. 12. lat. 43. 5.

Macerata est la patrie de Lorenzo Abstemius, & d'Angelo Galucci, jésuites. Le premier se fit connoître en répandant dans ses fables des traits satyriques contre le clergé. Le second est auteur d'une histoire latine de la guerre des Pays - bas, depuis 1593 jusqu'à 1609. Cet ouvrage parut à Rome en 1671, in - folio, & en Allemagne en 1677, in - 4°. (D. J.)

MACÉRATION (Page 9:790)

MACÉRATION, (Morale. Gramm.) C'est une douleur corporelle qu'on se procure dans l'intention de plaire à la divinité. Les hommes ont par - tout des peines, & ils ont très - naturellement conclu que les douleurs des êtres sensibles donnoient un spectacle agréable à Dieu. Cette triste superstition a été répandue & l'est encore dans beaucoup de pays du monde.

Si l'esprit de macération est presque toûjours un effet de la crainte & de l'ignorance des vrais attributs de la divinité, il a d'autres causes, sur - tout dans ceux qui cherchent à le répandre. La plûpart sont des charlatans qui veulent en imposer au peuple par de l'extraordinaire.

Le bonze, le talopin, le marabou, le derviche, le faquir, pour la plûpart se livrent à différentes sortes de supplices par vanité & par ambition. Ils ont encore d'autres motifs. Le jeune faquir se tient de - bout, les bras en croix, se poudre de fiente de vache, & va tout nud; mais les femmes vont lui faire dévotement des caresses indécentes. Plus d'une femme à Rome, en voyant la procession du jubilé monter à genoux la scala santa, a remarqué que certain flagellant étoit bien fait, & avoit la peau belle.

Les moyens de se macérer les plus ordinaires dans quelques religions, sont le jeûne, les étrivieres, & la mal propreté.

Le caractere de la macération est par - tout cruel, petit, pusillanime.

La mortification consiste plus dans la privation des plaisirs; la macération s'impose des peines. On mortifie ses sens, parce qu'on leur refuse; on macere son corps, parce qu'on le déchire; on mortifie son esprit, on macere son corps; il y a cependant la ma -

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.