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MACHINE (Page 9:794)
MACHINE, s. f. (Hydraul.) Dans un sens général
signifie ce qui sert à augmenter & à regler les forces
mouvantes, ou quelque instrument destiné à produire
du mouvement de façon à épargner ou du tems
dans l'exécution de cet effet, ou de la force dans la
cause. Voyez
Ce mot vient du grec
Les machines se divisent en simples & composées;
il y a six machines simples auxquelles toutes les autres
machines peuvent se réduire, la balance & le
levier, dont on ne fait qu'une seule espece, le treuil,
la poulie, le plan incliné, le coin & la vis. Voyez
Machine composée, c'est celle qui est en effet composée de plusieurs machines simples combinées ensemble.
Le nombre des machines composées est à - présent presqu'infini, & cependant les anciens semblent en quelque maniere avoir surpassé de beaucoup les modernes à cet égard; car leurs machines de guerre, d'architecture, &c. telles qu'elles nous sont décrites, paroissent supérieures aux nôtres.
Il est vrai que par rapport aux machines de guerre, elles ont cessé d'être si nécessaires depuis l'invention de la poudre, par le moyen de laquelle on a fait en un moment ce que les béliers des anciens & leurs autres machines avoient bien de la peine à faire en plusieurs jours.
Les machines dont Archimede se servit pendant le siége de Syracuse, ont été fameuses dans l'antiquité; cependant on révoque en doute aujourd'hui la plus grande partie de ce qu'on en raconte. Nous avons de très - grands recueils de machines anciennes & modernes, & parmi ces recueils, un des principaux est celui des machines approuvées par l'académie des Sciences, imprimé en 6 volumes in - 4°. On peut aussi consulter les recueils de Ramelli, de Lupold, & celui des machines de Zabaglia, homme sans lettres, qui par son seul génie a excellé dans cette partie.
Machine architectonique est un assemblage de pieces
de bois tellement disposées, qu'au moyen de
cordes & de poulies un petit nombre d'hommes
peut élever de grands fardeaux & les mettre en place,
telles sont les grues, les crics, &c. Voyez
On a de la peine à concevoir de quelles machines les anciens peuvent s'être servis pour avoir élevé des pierres aussi immenses que celles qu'on trouve dans quelques bâtimens anciens.
Lorsque les Espagnols firent la conquête du Pérou, ils furent surpris qu'un peuple qu'ils croyoient sauvage & ignorant, fût parvenu à élever des masses énormes, à bâtir des murailles dont les pierres n'étoient pas moindres que de dix piés en quarré, sans avoir d'autres moyens de charrier qu'à force de bras, [p. 795]
Machine hydraulique ou machine à eau, signifie ou bien une simple machine pour servir à conduire ou élever l'eau, telle qu'une écluse, une pompe, &c. ou bien un assemblage de plusieurs machines simples qui concourent ensemble à produire quelques effets hydrauliques, comme la machine de Marly. Dans cette machine le premier mobile est un bras de la riviere de Seine, lequel par son courant fait tourner plusieurs grandes roues qui menent des manivelles, & celles - ci des pistons qui élevent l'eau dans les pompes; d'autres pistons la forcent à monter dans des canaux le long d'une montagne jusqu'à un réservoir pratiqué dans une tour de pierre fort élevée au - dessus du niveau de la riviere, & l'eau de ce reservoir est conduite à Versailles par le moyen d'un aqueduc. M. Weidler, professeur en Astronomie à Wirtemberg, a fait un traité des machines hydrauliques, dans lequel il calcule les forces qui font mouvoir la machine de Marly; il les évalue à 1000594 livres, & il ajoute que cette machine éleve tous les jours 11700000 livres d'eau à la hauteur de 500 piés. M. Daniel Bernoully, dans son hydrodynamique, section 9. a publié différentes remarques sur les machines hydrauliques, & sur le dernier degré de perfection qu'on leur peut donner.
Les pompes de la Samaritaine & du pont Notre - Dame à Paris, sont aussi des machines hydrauliques.
La premiere a été construite pour fournir de l'eau au
jardin des Tuileries, & la seconde en fournit aux
différens quartiers de la ville. On trouve dans l'ouvrage
de M. Belidor, intitulé, architecture hydraulique, le calcul de la force de plusieurs machines de
cette espece. Voyez la description de plusieurs de ces
machines, au mot
Les machines militaires des anciens étoient de trois
especes: les premieres servoient à lancer des fleches,
comme le scorpion; des pierres ou des javelines,
comme la catapulte; des traits ou des boulets, comme
la baliste; des dards enflammés, comme le pyrobole: les secondes servoient à battre des murailles,
comme le bélier: les troisiemes enfin, à couvrir ceux
qui approchoient des murailles des ennemis, comme
les tours de bois, &c. Voyez
Pour calculer l'effet d'une machine, on la considere
dans l'état d'équilibre, c'est - à - dire dans l'état où la
puissance qui doit mouvoir le poids ou surmonter la
résistance, est en équilibre avec le poids ou la résistance.
On a donné pour cela des methodes aux mots
Machine de Boyle (Page 9:795)
Machines militaires (Page 9:795)
Il n'est pas rare de trouver des gens qui proposent
de nouvelles machines ou de nouvelles inventions
pour la guerre. Le chevalier de Ville rapporte dans
son traité de Fortification,
J'en ai vu, continue le même auteur, qui promettoient
pouvoir jetter avec une machine 50 hommes
tout - à - la - fois depuis la contrescarpe jusque
dans le bastion, armés à l'épreuve du mousquet;
d'autres de réduire en cendre les villes entieres,
voire les murailles mêmes, sans que ceux de dedans
y pussent donner remede, quand bien leurs maisons
seroient terrassées. Enfin on ne voit aucun
effet de ces promesses, & le plus souvent ou c'est
folie ou malice pour attraper l'argent du prince qui
les croit ».
Machine infernale (Page 9:795)
Les Anglois ont essayé de bombarder ou ruiner plusieurs des villes maritimes de France, & notamment Saint Malo, avec des machines de cette espece, mais sans aucun succès.
Celui qui les mit le premier en usage, fut un ingénieur italien, nommé Frédéric Jambelli. Durant le siége qu'Alexandre de Parme avoit mis devant Anvers, où les Hollandois se défendirent long - tems avec beaucoup de constance & de bravoure; l'Escaut est extraordinairement large au - dessus & au - dessous d'Anvers, parce qu'il approche - là de son em<pb-> [p. 796]
Frédéric Jambelli ayant passé d'Italie en Espagne pour offrir son service au roi, sans pouvoir
obtenir audience, se retira piqué du mépris
que l'on faisoit de sa personne, dit en partant
que les Espagnols entendroient un jour parler
de lui d'une maniere à se repentir d'avoir méprisé
ses offres. Il se jetta dans Anvers, & il y trouva
l'occasion qu'il cherchoit de mettre ses menaces à
exécution. Il construisit quatre bateaux plats,
mais très - hauts de bords, & d'un bois très - fort &
& très - épais, & imagina le moyen de faire des
mines sur l'eau de la maniere suivante. Il fit dans
le fond des bateaux & dans toute leur longueur
une maçonnerie de brique & de chaux, de la hauteur
d'un pié & de la largeur de cinq. Il éleva tout
à l'entour & aux côtés de petites murailles, & fit
la chambre de sa mine haute & large de trois piés;
il la remplit d'une poudre très - fine qu'il avoit fait
lui - même, & la couvrit avec des tombes, des
meules de moulin, & d'autres pierres d'une extraordinaire
grosseur: il mit par - dessus des boulets,
des monceaux de marbre, des crocs, des
clous & d'autre ferraille, & bâtit sur tout cela
comme un toît de grosses pierres. Ce toît n'étoit
pas plat, mais en dos d'âne, afin que la mine venant
à crever l'effet ne s'en fit pas seulement
en - haut, mais de tous côtés. L'espace qui étoit
entre les murailles de la mine & les côtés des bateaux,
fut rempli de pierres de taille maçonnées
& de poutres liées avec les pierres par des crampons
de fer. Il fit sur toute la largeur des bateaux
un plancher de grosses planches, qu'il couvrit encore
d'une couche de brique, & sur le milieu il
éleva un bucher de bois poissé pour l'allumer,
quand les bateaux démareroient, afin que les ennemis
les voyant aller vers le pont, crussent que
ce n'étoient que des bateaux ordinaires qu'on envoyoit
pour mettre le feu au pont. Pour que le
feu ne manquât pas de prendre à la mine, il se servit
de deux moyens. Le premier fut une meche
ensoufrée d'une certaine longueur proportionnée
au tems qu'il falloit pour arriver au pont, quand
ceux qui les conduiroient les auroient abandonnés
& mis dans le courant. L'autre moyen dont il
se servit pour donner le feu à la poudre étoit un
de ces petits horloges à réveils - matin, qui en se
détendant après un certain tems battent le fusil.
Celui - ci faisant feu devoit donner sur une traînée
de poudre qui aboutissoit à la mine.
Ces quatre bateaux ainsi préparés devoient être
accompagnés de treize autres où il n'y avoit point
de mine, mais qui étoient de simples brûlots. On
avoit su dans le camp des Espagnols qu'on préparoit
des brûlots dans le port d'Anvers; mais on
n'y avoit nul soupçon de l'artifice des quatre bateaux,
& Alexandre de Parme crut que le dessein
des ennemis étoit seulement d'attaquer le pont en
même tems au dessus du côté d'Anvers, & au - dessous du côté de la Zélande. C'est pourquoi il renforça
les troupes qu'il avoit dans les forts des digues
voisines, & sur tout le pont, & y distribua
ses meilleurs officiers, qu'il exposoit d'autant plus
au malheur qui les menaçoit, qu'il sembloit prendre
de meilleures mesures pour l'éviter. On vit
sortir d'abord trois brûlots du port d'Anvers, &
puis trois autres, & le reste dans le même ordre.
On sonna l'allarme, & tous les soldats coururent
à leurs postes sur le pont. Ces vaisseaux voguoient
en belle ordonnance, parce qu'ils étoient conduits
chacun par leurs pilotes. Le feu y étoit si vivement
allumé qu'il sembloit que les vaisseaux mêmes
brûloient, ce qui donnoit un spectacle qui eut
fait plaisir aux spectateurs qui n'en n'eussent eu
rien à craindre: car les Espagnols de leur côté
avoient allumé un grand nombre de feux sur
leurs digues & dans leurs forts. Les soldats étoient
rangés en bataille sur les deux bords de la riviere
& sur le pont, enseignes déployées, avec les officiers
à leur tête; & les armes brilloient encore
plus à la flamme qu'elles n'auroient fait au plus
beau soleil.
Les matelots ayant conduit leurs vaisseaux jusqu'à deux mille pas du pont, firent prendre, surtout
aux quatre où étoient les mines, le courant
de l'eau, & se retirerent dans leurs esquifs; car
pour ce qui est des autres ils ne se mirent pas si
fort en peine de si bien diriger leur route; ceux - ci
pour la plûpart échouerent contre l'estaccade &
aux deux bords de la riviere. Un des quatre destinés
à rompre le pont, fit eau & coula bas au milieu
de la riviere; on en vit sortir une épaisse fumée
sans autre effet. Deux autres furent poussés
par un vent qui s'éleva, & portés par le courant
vers Calloo au rivage du côté de la Flandre;
il y eut pendant quelque tems sujet de croire que
la même chose arriveroit au quatrieme, parce
qu'il paroissoit aussi tourner du côté de la rive de
Flandre; les soldats voyant tout cela, & que le
feu paroissoit s'éteindre sur la plûpart des bateaux,
commencerent à se moquer de ce grand appareil
qui n'aboutissoit à rien; il y en eut même d'assez
hardis pour entrer dans un des deux qui avoient
échoué au bord, & ils y ensonçoient leurs piques
sur le plancher pour découvrir ce qu'il y avoit
dessous; mais dans ce moment, ce quatrieme vaisseau,
qui étoit beaucoup plus fort que les autres,
ayant brisé l'estaccade, continua sa route vers le
pont. Alors les soldats espagnols que l'inquiétude
reprit, jetterent un grand cri. Le duc de Parme
qui étoit aussi attentif à la flotte hollandoise qui
étoit au - dessous du pont du côté de Lillo, qu'aux
brûlots qui venoient d'Anvers, accourut à ce cri.
Il commanda aussi - tôt des soldats & des matelots;
les uns pour détourner le vaisseau avec des crocs;
les autres pour sauter dedans & y éteindre le feu,
& se mit dans une espece de château de bois, bâti
sur pilotis à la rive de Flandre, & auquel étoient
attachés les premiers bateaux du pont. Il avoit
avec lui les seigneurs de Roubais, Caëtan, Billi,
Duguast, & les officiers du corps - de - garde de ce
château.
Il y avoit parmi eux un vieux enseigne, domestique
du prince de Parme, à qui ce prince fut
[p. 797]
A peine étoient - ils arrivés au fort de Sainte - Marie, sur le bord de la riviere du côté de Flandre, que le vaisseau creva avec un fracas épouventable. On vit en l'air une nuée de pierres, de
poutres, de chaînes, de boulets; le château de
bois, auprès duquel la mine avoit joué, une partie
des bateaux du pont, les canons qui étoient
dessus, les soldats furent enlevés & jettés de tous
côtés. On vit l'Escaut s'enfoncer en abyme, &
l'eau poussée d'une telle violence qu'elle passa sur
toutes les digues, & un pié au - dessus du fort de
Sainte - Marie; on sentit la terre trembler à près de
quatre lieues de - là; on trouva de ces grosses tombes
dont la mine avoit été couverte à mille pas de
l'Escaut ».
Un des autres bateaux qui avoit échoué contre le rivage de Flandre, fit encore un grand effet; il périt huit cens hommes de différent genre de mort; une infinité furent estropiés. & quelques - uns échapperent par des hazards surprenans.
Le vicomte de Bruxelle, dit l'historien, fut transporté fort loin, & tomba dans un navire sans se faire aucun mal. Le capitaine Tuc, auteur d'une relation de cette avanture, après avoir été quelque tems suspendu en l'air tomba dans la riviere; & comme il savoit nager, & que dans le mouvement du tourbillon qui l'emporta, sa cuirasse s'étoit detachée de son corps, il regagna le bord en nageant; enfin, un des gardes du prince de Parme fut porté de l'endroit du pont qui touchoit à la Flandre, à l'autre rivage du côté du Brabant, & ne se blessa qu'un peu à l'épaule en tombant. Pour ce qui est du prince de Parme, on le crut mort; car comme il étoit prêt d'entrer dans Sainte - Marie, il fut terrassé par le mouvement de l'air, & frappé en même tems entre les épaules & le casque d'une poutre; on le trouva évanoui & sans connoissance: mais il revint à lui un peu après; & la premiere chose qu'il sit fut de faire amener promptement quelques vaisseaux, non pas pour réparer la breche du pont, car il falloit beaucoup de tems pour cela, mais seulement pour boucher l'espace que la mine avoit ruiné, afin que le matin il ne parût point à la flotte hollandoise, qu'il y eût de passage ouvert; cela lui réussit. Les Hollandois voyant des soldats dans toute la longueur du pont qui n'avoit point été ruinée, & dans les bateaux dont on avoit bouché la breche, & entendant sonner de tous côtés les tambours & les trompettes, n'oserent tenter de forcer le passage. Cela donna le loisir aux Espagnols de réparer leur pont; & quelque tems après, Anvers fut contraint de capituler.
Voilà donc l'époque des machines insernales & de ces mines sur l'eau dont on a tant parlé dans les dernieres guerres, & qui ont fait bien plus de bruit que de mal; car nulle n'a eu un si bon succès à beaucoup près que celle de Jambelli en eut un au pont d'An<cb->
Pour donner une idée de la machine infernale
échouée devant Saint - Malo, on en donne
B. C'est le fond de calle de cette machine, rempli de sable.
C. Premier pont rempli de vingt milliers de poudre, avec un pié de maçonnerie au - dessus.
D. Second pont garni de six cens bombes à feu & carcassieres, & de deux piés de maçonnerie au - dessus.
E. Troisieme pont au - dessus du gaillard, garni de cinquante barils à cercle de fer, remplis de toutes sortes d'artifices.
F. Canal pour conduire le feu aux poudres & aux amorces.
Le tillac, comme on le voit en A, étoit garni de vieux canons & d'autres vieilles pieces d'artillerie de différentes especes.
La bombe qui est embarquée sur la Flûte le Chameau, est de la figure d'un oeuf; elle est remplie de
sept à huit milliers de poudre; on peut de - là juger
de sa grosseur; on l'a placée au fond de ce bâtiment
dans cette situation. Outre plusieurs grosses
poutres qui la maintiennent de tous côtés, elle
est encore appuyée de neuf gros canons de fer de
18 livres de balle, quatre de chaque côté, & un sur
le derriere qui ne sont point chargés, ayant la
bouche en bas. Par dessus on a mis encore dix
pieces de moindre grosseur, avec plusieurs petites
bombes & plusieurs éclats de canon, & l'on a fait
une mâçonnerie à chaux & à ciment qui couvre &
environne le tout, où il est entré trente milliers
de brique; ce qui compose comme une espece de
rocher au milieu de ce vaisseau, qui est d'ailleurs
armé de plusieurs pieces de canon chargées à crever,
de bombes, carcasses & pots à feu, pour en
défendre l'approche. Les officiers devant se retirer
après que l'ingenieur aura mis le feu à l'amorce
qui durera une heure, cette flûte doit éclater avec
sa bombe, pour porter de toutes parts les éclats
des bombes & des carcasses, & causer par ce
moyen l'embrasement de tout le port de la ville
qui sera attaquée. Voilà l'effet qu'on s'en promet:
on dit que cela coutera au roi quatre - vingt mille
livres ».
Suivant M. Deschiens de Ressons
Celle - ci contenoit huit milliers de poudre; elle
avoit neuf piés de longueur, & cinq de diametre
en dehors, six pouces d'épaisseur; mais quand je
l'ai fait rompre, j'ai trouvé que le noyau avoit
tourné dans le moule, & que toute l'épaisseur
étoit presque d'un côté, & peu de choses de l'autre;
ce qui ne se peut guere éviter, parce que la
fonte coulant dans le moule, rougit le chapelet de
fer qui soutient le noyau, dont le grand poids fait
plier le chapelet.
Il se rapportoit dessus un chapiteau, dans lequel
étoit ajusté la fusée, qui s'arrêtoit avec deux
barres de fer qui passoient dans les anses.
La fusée étoit un canon de mousquet rempli de
composition bien battue; ce qui ne valoit rien,
par la raison que la crasse du salpêtre bouchoit le
canon lorsque la fusée étoit brûlée à demi, ce qui
faisoit éteindre la fusée. Ainsi les Anglois ont été
obligés de mettre le feu au bâtiment de leur machine,
pour qu'il parvînt ensuite à la poudre ».
Machine a mater (Page 9:798)
Machine (Page 9:798)
Machine pyrique (Page 9:798)
Machine (Page 9:798)
Machine a forer (Page 9:798)
Machine pour la tire (Page 9:798)
Le corps de cette machine est simple; c'est aussi sa
simplicité qui en fait la beauté: c'est un bois de trois
pouces en quarré qui descend de l'estave du métier
au côté droit de la tireuse, qui va & vient librement.
De ce bois quarré, il se présente à côté du
temple deux fourches rondes, & une troisieme qui
est aussi ronde qui tient les deux autres; elle monte
directement à côté du premier bois dont il est ci - dessus parlé. La fille pour se servir de cette machine, tire
à elle son lacs, passe la main derriere, & entrelace
ses cordes de temple entre les deux fourches qui
sont à côté, & après les avoir enfilées, elle prend la
fourche qui monte en haut, & à mesure qu'elle la
descend en la tirant, elle fait faire en même tems un
jeu aux deux fourches qui embrassent les cordes.
Par ce mouvement elle tire net, & facilite l'ouvrier
à passer sa navette sans endommager l'étoffe. Après
que le coup est passé, elle laisse partir sa machine
qui s'en retourne d'elle même sans poids ni contrepoids
pour la renvoyer; la main seule de la tireuse
suffit. Voyez cette machine dans nos
Machine (Page 9:798)
Ces machines, parmi les anciens, étoient les dieux, les génies bons ou malfaisans, les ombres, &c. Shakespear, & nos modernes françois avant Corneille, employoient encore la derniere de ces ressources. Elles ont tiré ce nom des machines ou inventions qu'on a mis en usage pour les faire apparoître sur la scène, & les en retirer d'une maniere qui imite le merveilleux.
Quoique cette même raison ne subsiste pas pour le poëme épique, on est cependant convenu d'y donner le nom de machines aux êtres surnaturels qu'on y introduit. Ce mot marque & dans le dramatique & dans l'épopée l'intervention ou le ministere de quelque divinité; mais comme les occasions qui peuvent dans l'une & l'autre amener les machines, ou les rendre nécessaires, ne sont pas les mêmes, les regles qu'on y doit suivre sont aussi différentes.
Les anciens poëtes dramatiques n'admettoient jamais aucune machine sur le théâtre, que la présence du dieu ne fût absolument nécessaire, & ils étoient siflés lorsque par leur faute ils étoient réduits à cette nécessité, suivant ce principe fondé dans la nature, que le dénouement d'une piece doit naître du fond même de la fable, & non d'une machine étrangere, que le génie le plus stérile peut amener pour se tirer tout - à - coup d'embarras, comme dans Médée qui se dérobe à la vengeance de Créon, en fendant les airs sur un char traîné par des dragons aîlés. Horace [p. 799]
Nec deus intersit, nisi dignus vindice nodus Inciderit. Art. poet.
Mais au fonds, le mot dignus emporte une nécessité
absolue. Voyez
Il en est tout autrement dans l'épopée; les machines y sont nécessaires à tout moment & par - tout. Homere & Virgile ne marchent, pour ainsi dire, qu'appuyés sur elles. Pétrone, avec son feu ordinaire, soutient que le poëte doit être plus avec les dioux qu'avec les hommes, & laisser par - tout des marques de la verve prophétique, & du divin enthousiasine qui l'échausse & l'inspire; que ses pensées doivent être remplies de fables, c'est à - dire d'allégories & de figures. Enfin il veut que le poëme se disingue en tout point de l'Histoire, mais sur - tout moins par la mesure des vers, que par ce feu poétique qui ne s'exprime que par allégories, & qui ne fait rien que par machines, ou par l'intervention des dieux.
Il faut, par exemple, qu'un poëte laisse à l'nistorien raconter qu'une florte a été dispersée par la tempête, & jettée sur des côtes étrangeres, mais pour lui il doit dire avec Virgile, que Junon s'adresse à Eole, que ce tyran des mers déchaîne & souleve les vents contre les Troïens, & faire intervenir Neptune pour les préserver du naufrage. Un historien dira qu'un jeune prince s'est comporté dans toutes les occasions avec beaucoup de prudence & de discrétion, le poëte doit dire avec Homere que Minerve conduisoit son héros par la main. Qu'il laisse raconter à l'historien, qu'Agamemnon dans sa querelle avec Achille, voulut faire entendre à ce prince, quoiqu'avec peu de fondement, qu'il pouvoit prendre Troie sans son secours. Le poëte doit représenter Thétis, irritée de l'affront qu'a reçu son fils, volant aux cieux pour demander vengeance à Jupiter, & dire que ce dieu pour la satisfaire envoie à Agamemnon un songe trompeur, qui lui persuade que ce même jour - là il se rendra maître de Troie.
C'est ansi que les poëtes épiques se servent de machines dans toutes les parties de leurs ouvrages. Qu'on parcoure l'Iliade, l'Odyssée, l'Enéïde, on trouvera que l'exposition fait mention de ces machines, c'est - à - dire de ces dieux; que c'est à eux que s'adresse l'invocation; que la narration en est remplie, qu'ils causent les actions, forment les noeuds, & les démêlent à la fin du poëme; c'est ce qu'Aristote a condamné dans ses regles du drame, mais ce qu'ont observé Homere & Virgile dans l'épopée. Ainsi Minerve accompagne & dirige Ulysse dans tous les périls; elle combat pour lui contre tous les amans de Pénélope; elle aide à cette princesse à s'en défaire,
L'usage des machines dans le poëme épique, est, à quelques égards, entierement opposé à ce qu'Horace prescrit pour le dramatique. Ici elles ne doivent être admises que dans une nécessité extrême & absolue; là il semble qu'on s'en serve à tout propos, même lorsqu'on pourroit s'en passer, bien loin que l'action les exige nécessairement. Combien de dieux & de machines Virgile n'emploie - t - il pas pour susciter cette tempête qui jette Enée sur les côtes de Carthage, quoique cet évenement eût pû facilement arriver dans le cours ordinaire de la nature? Les machines dans l'épopée ne sont donc point un artifice du poëte pour le relever lorsqu'il a fait un faux pas, ni pour se tirer de certaines difficultés particulieres à certains endroits de son poëme; c'est seulement la présence d'une divinité, ou quelqu'action surnaturelle & extraordinaire que le poëte insere dans la plûpart de son ouvrage, pour le rendre plus majestueux & plus admirable, ou en même tems pour inspirer à ses lecteurs des idées de respect pour la divinité ou des sentimens de vertu. Or il faut employer ce mélange de maniere que les machines puissent se retrancher sans que l'action y perde rien.
Quant à la maniere de les mettre eu oeuvre & de
les faire agir, il faut observer que dans la Mythologie on distinguoit des dieux bons, des dieux malfaisans,
& d'autres indifférens, & qu'on peut faire de
chacune de nos passions autant de divinités allégoriques,
en sorte que tout ce qui se passe de vertueux
ou de criminel dans un poëme, peut être attribué à
ces machines, ou comme cause, ou comme occasion,
& se faire par leur ministere. Elles ne doivent cependant
pas toutes, ni toujours agir d'une même maniete;
tantôt elles agiront sans paroître, & par de
simples inspirations, qui n'auront en elles - mêmes
rien de miraculeux ni d'extraordinaire, comme quand
nous disons que le démon suggere telle pensée, tantôt
d'une maniere tout - à - fait miraculeuse, comme
lorsqu'une divinité se rend visible aux hommes, &
s'en laisse connoître, ou lorsque sans se découvrir à
eux, elle se déguise sous une forme humaine. Enfin
le poëte peut se servir tout à la sois de chacune de
ces deux manieres d'introduire une machine, comme
lorsqu'il suppose des oracles, des songes, & des inspirations
extraordinaires, ce que le P. le Bossu appelle
des demi - machines. Dans toutes ces manieres, il saut
se garder avec soin de s'écarter de la vraissemblance;
car quoique la vraissemblance s'étende fort loin
lorsqu'il est question de machines, parce qu'alors elle
est fondée sur la puissance divine, elle a toujours néanmoins
ses bornes. Voyez
Horace propose trois sortes de machines à introduire sur le théâtre: la premiere est un dieu visiblement présent devant les acteurs; & c'est de celle - la qu'il donne la regle dont nous avons déja parlé. La seconde espece comprend les machines plus incroyables & plus extraordinaires, comme la métamorphose de Progné en hirondelle, celle de Cadmus en serpent. Il ne les exclut, nine les condamne absolument, mais il veut qu'on les mette en récit & non pas en action. La troisieme espece est absolument absurde, & il la rejette totalement; l'exemple qu'il en donne, c'est un enfant qu'on retireroit tout vivant du ventre d'un monstre qui l'auroit dévoré. Les deux premiers genres sont reçus indifféremment dans l'épopée, & dans la distinction d'Horace, qui ne regarde que le théâtre. La différence entre ce qui se passe sur la scène, & à la vûe des spectateurs, d'avec ce qu'on suppose s'achever derriere le rideau, [p. 800]
On convient que les anciens poëtes ont pu faire
intervenir les divinités dans l'épopée; mais les modernes
ont - ils le même privilege? C'est une question
qu'on trouvera examinée au mot merveilleux. Voyez
Machines de Théatre (Page 9:800)
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