ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Ce mot vient du grec A'SKO\ qui signifie un outre, une peau de bouc enflée. Potter prétend que de la peau du bouc immolé, les Athéniens faisoient un outre qu'ils remplissoient d'huile ou de vin, & qu'ils l'enduisoient encore en dehors de matieres onctueuses, ce qui le rendant également mobile & glissant, exposoit à de fréquentes chûtes les jeunes gens qui venoient sauter dessus, & divertissoit les spectateurs. (G)

ASCYRUM (Page 1:752)

ASCYRUM (Hist. nat. bot.) genre de plante dont les fleurs sont composées de plusieurs pétales disposés en rose. Il sort du calice qui est aussi composé de plusieurs feuilles, un pistil qui devient dans la suite un fruit pyramidal, divisé en cinq loges remplies de semences, le plus souvent assez menues & oblongues. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

ASEKI (Page 1:752)

ASEKI, ou comme l'écrivent quelques historiens assekai (Hist. mod.) nom que les Turcs donnent aux sultanes favòrites, qui ont mis au monde un fils. Lorsqu'une des sultantes du grand Seigneur est parvenue par - là au rang d'aseki, elle joüit de plusieurs distinctions, comme d'avoir un appartement séparé de l'appartement des autres sultanes, orné de vergers, de jardins, de fontaines, d'offices, de bains & même d'une mosquée: elle y est servie par des eunuques & d'autres domestiques. Le sultan lui met une couronne sur la tête, comme une marque de la liberté qu'il lui accorde, d'entrer sans être mandée dans l'appartement impérial aussi souvent qu'il lui plaira; il lui assigne un homme de confiance pour chef de sa maison, & une nombreuse troupe de baltagis destinés à exécuter ses ordres: enfin elle accompagne l'empereur lorsqu'il sort de Constantinople en partie de promenade ou de chasse, & qu'il veut bien lui accorder ce divertissement. Le sultan regle à sa volonté la pension des asekis: mais elle ne peut être moindre de cinq cents bourses par än. On la nomme paschmaklik ou pasmalk, qui signifie sandale, comme si elle étoit destinée à fournir aux sandales de la sultane, à peu près comme nous disons pour les épingles, pour les gants, &c. Les Turcs ne prennent point de villes qu'ils ne réservent une rue pour le paschmaklik. Les asekis peuvent être regardées comme autant d'impératrices, & leurs dépenses ne sont guere moindres que celles d'une épouse légitime. La premiere de toutes qui donne un enfant mâle à l'empereur est reputée telle, quoiqu'elle n'en porte point le nom, & qu'on ne lui donne que celui de premiere ou grande favorite, buyuk aseki. Son crédit dépend de son esprit, de son enjouement, & de ses intrigues pour captiver les bonnes graces du grand - seigneur; car depuis Bajazet I. par une loi publique, les sultans n'épousent jamais de femmes. Soliman II. la viola pourtant en faveur de Roxelane. Le sultan peut honorer de la couronne & entretenir jusqu'à cinq asekis à la fois: mais cette dépense énorme n'est pas toujours de son goût, & d'ailleurs les besoins de l'état exigent quelquefois qu'on la retranche. Les asekis ont eu souvent part au gouvernement & aux révolutions de l'empire Turc. Guer, Moeurs & usages des Turcs, tom. II. (G)

ASEM (Page 1:752)

* ASEM (Géog. sainte.) ville frontiere de la tribu de Juda & de Siméon, dans la Terre - promise.

Asem (Page 1:752)

* Asem, royaume de l'Inde, au - delà du Gange, vers le lac de Chiamaï. Il y a dans ce pays des mines d'or, d'argent, de fer, de plomb, des soies, de la laque excellente, &c. Il s'y fait aussi un commerce considérable de bracelets, & de carquans d'écaille de tortue ou de coquillage.

ASEMONA (Page 1:752)

* ASEMONA ou Hassemon, ville de la Terrepromise, sur les confins de la tribu de Juda, du côté de l'Idumée.

ASENA (Page 1:752)

* ASENA (Géog. sainte.) ville de la Terre - promise, dans la tribu de Juda, entre Sarea & Zanoe.

ASER - GADDA (Page 1:752)

* ASER - GADDA, ville de Palestine, dans la tri. bu de Juda, entre Molada & Hassemon.

ASGAR (Page 1:752)

* ASGAR, province du royaume de Fez en Afrique, vers la côte occidentale, entre la province de Fez & de Habat.

ASIARQUES (Page 1:752)

* ASIARQUES, s. m. pl. (Hist. anc.) c'est ainsi qu'on appelloit dans certaines villes d'Asie, des hommes revêtus pour cinq ans de la souveraine prêtrise; dignité qui donnoit beaucoup d'autorité, & qui se trouve souvent mentionnée dans les médailles & dans les inscriptions. Les Asiarques étoient souverains prêtres de plusieurs villes à la fois. Ils faisoient célébrer à leurs dépens des jeux solemnels & publics. Ceux de la ville d'Ephese empêcherent S. Paul, qu'ils estimoient, de se présenter au théatre pendant la sédition de l'orfévre Démétrius.

ASIATIQUES (Page 1:752)

ASIATIQUES. Philosophie des Asiatiques en général. Tous les habitans de l'Asie sont ou Mahométans, ou Payens, ou Chrétiens. La secte de Mahomet est sans contredit la plus nombreuse: une partie des peuples qui composent cette partie du monde a conservé le culte des idoles; & le peu de Chrétiens qu'on y trouve sont schismatiques, & ne sont que les restes des anciennes sectes, & sur - tout de celle de Nestorius. Ce qui paroîtra d'abord surprenant, c'est que ces derniers sont les plus ignorans de tous les peuples de l'Asie, & peut - être les plus dominés par la superstition. Pour les Mahométans, on sait qu'ils sont partagés en deux sectes. La premiere est celle d'Aboubecre, & la seconde est celle d'Ali. Elles se haïssent mutuellement, quoique la différence qu'il y a entre elles, consiste plûtôt dans des cérémonies & dans des dogmes accessoires, que dans le fond de la doctrine. Parmi les Mahométans, on en trouve qui ont conservé quelques dogmes des anciennes sectes philosophiques, & sur - tout de l'ancienne Philosophie orientale. Le célebre Bernier qui a vécu long - tems parmi ces peuples, & qui étoit lui - même très versé dans la Philosophie, ne nous permet pas d'en douter. Il dit que les Soufis Persans, qu'il appelle cabalistes, « prétendent que Dieu, ou cet être souverain, qu'ils appellent achar, immobile, immuable, a non - seulement produit, ou tiré les ames de sa propre substance; mais généralement encore tout ce qu'il y a de matériel & de corporel dans l'univers, & que cette production ne s'est pas faite simplement à la façon des causes efficientes, mais à la façon d'une araignée, qui produit une toile qu'elle tire de son nombril, & qu'elle répand quand elle veut. La création n'est donc autre chose, suivant ces docteurs, qu'une extraction & extension que Dieu fait de sa propre substance, de ces rets qn'il tire comme de ses entrailles, de même que la destruction n'est autre chose qu'une simple reprise qu'il fait de cette divine substance, de ces divins rets dans lui - même; ensorte que le dernier jour du monde qu'ils appellent maperlé ou pralea, dans lequel ils croyent que tout doit être détruit, ne sera autre chose qu'une reprise générale de tous ces rets, que Dieu avoit ainsi tirés de lui - même. Il n'y a donc rien, disent - ils, de réel & d'effectif dans tout ce que nous croyons voir, entendre, flairer, goûter, & toucher: l'univers n'est qu'une espece de songe & une pure illusion, en tant que toute cette multiplicité & diversité de choses qui nous frappent, ne sont qu'une seule, unique & même chose, qui est Dieu même; comme tous les nombres divers que nous connoissons, dix, vingt, cent, & ainsi des autres, ne sont enfin qu'une même unité repétée plusieurs fois ». Mais si vous leur demandez quelque raison de ce sentiment, ou qu'ils vous expliquent comment se fait cette sortie, & cette reprise de substance, cette extension, cette diversité apparente, ou comment il se peut faire [p. 753] que Dieu n'étant pas corporel, mais simple, comme ils l'avouent, & incorruptible, il soit néanmoins divisé en tant de portions de corps & d'ames, ils ne vous payeront jamais que de belles comparaisons; que Dieu est comme un océan immense, dans lequel se mouvroient plusieurs fioles pleines d'eau; que les fioles, quelque part qu'elles pussent aller, se trouveroient toûjours dans le même océan, dans la même eau, & que venant à se rompre, l'eau qu'elles contenoient, se trouveroit en même tems unie à son tout, à cet océan dont elles étoient des portions: ou bien ils vous diront, qu'il en est de Dieu comme de la lumiere, qui est la même par tout l'univers, & qui ne laisse pas de paroître de cent façons différentes, selon la diversité des objets où elle tombe, ou selon les diverses couleurs & figures des verres par où elle passe. Il ne vous payeront, dis - je, que de ces sortes de comparaisons, qui n'ont aucun rapport avec Dieu, & qui ne sont bonnes que pour jetter de la poudre aux yeux d'un peuple ignorant; & il ne faut pas espérer qu'ils répliquent solidement, si on leur dit que ces fioles se trouveroient véritablement dans une eau semblable, mais non pas dans la même, & qu'il y a bien dans le monde une lumiere semblable, & non pas la même, & ainsi de tant d'autres objections qu'on leur fait. Ils reviennent toûjours aux mêmes comparaisons, aux belles paroles, ou comme les Soufis aux belles poësies de leur Goult - hen - raz.

Voilà la doctrine des Pendets, gentils des Indes; & c'est cette même doctrine qui fait encore à présent la cabale des Soufis & de la plûpart des gens de lettres Persans, & qui se trouve expliquée en vers persiens, si relevés & si emphatiques dans leur Goulthen - raz. ou parterre des mysteres. C'étoit la doctrine de Fludd, que le célebre Gassendi a si doctement réfutée: or, pour peu qu'on connoisse la doctrine de Zoroastre & la Pnilosophie orientale, on verra clairement qu'elles ont donné naissance à celle dont nous venons de pailer.

Après les Perses, viennent les Tartares, dont l'empire est e plus étendu dans l'Asie; car ils occupent toute l'étendue du pays qui est entre le mont Caucase & la Chine. Les relations des voyageurs sur ces peuples sont si incertaines, qu'il est extremement difficile de savoir s'ils ont jamais eu quelque teinture de philosophie. On sait seulement qu'ils croupissent dans la plus grossiere superstition, & qu'ils sont ou mahométans ou idolatres. Mais comme on trouve parmi eux de nombreuses communautés de prêtres, qu'on appelle Lamas, on peut demander avec raison, s'ils sont aussi ignorans dans les sciences, que les peuples grossiers qu'ils sont chargés d'instruire; on ne trou pas de grands éclaircissemens sur ce sujet dans les auteurs qui en ont parlé. Le culte que ces lamas rendent aux idoles est fondé sur ce qu'ils croyent qu'elles sont les images des émanations divines, & que les ames qui sont aussi émanées de Dieu habitent dans elles. Tous ces lamas ont au - dessus d'eux un grand prêtre appellé le grand lama, qui fait sa demeure ordinaire sur le sommet d'une montagne. On ne sçauroit imaginer ie profond respect que les Tartares idolatres ont pour lui; ils le regardent comme immortel, & les prêtres subalternes entretiennent cette erreur par leurs supercheries. Enfin tous les voyageurs conviennent que les Tartares sont de tous les peuples de l'Asie les plus grossiers, les plus ignorans, & les plus superstitieux. La loi naturelle y est presque éteinte; il ne faut donc pas s'étonner s'ils ont fait si peu de progrès dans la Philosophie.

Si de la Tartarie on passe dans les Indes, on n'y trouvera guere moins d'ignorance & de superstition; jusques - là que quelques auteurs ont crû que les Indiens n'avoient aucune connoissance de Dieu: ce sentiment ne nous paroît pas fondé. En effet, Abraham Rogers raconte que les Bramins reconnoissent un seul & suprème Dieu, qu'ils nomment Vistnou; que la premiere & la plus ancienne production de ce Dieu, éroit une divinité inférieure appellée Brama, qu'il forma d'une fleur qui flottoit sur le grand abysme avant la création du monde; que la vertu, la fidélité, & la reconnoissance de Brama avoient été si grandes, que Vistnou l'avoit doüé du pouvoir de créer l'univers. Le détail de leur doctrine est rapporté par différens auteurs avec une variété fort embarrassante pour ceux qui cherchent à démêler la vérité; variété qui vient en partie de ce que les Bramins sont fort réservés avec les étrangers, mais principalement de ce que les voyageurs sont peu versés dans la langue de ceux dont ils se mêlent de rapporter les opinions. Mais du moins il est constant par les relations de tous les modernes, que les Indiens reconnoissent une ou plusieurs divinités.

Nous ne devons point oublier de parler ici de Budda ou Xekia, si célebre parmi les Indiens, auxquels il enseigna le culte qu'on doit rendre à la Divinité, & que ces peuples regardent comme le plus grand philosophe qui ait jamais existé: son histoire se trouve si remplie de fables & de contradictions, qu'il seroit impossible de les concilier. Tout ce que l'on peut conclurre de la diversité des sentimens que les auteurs ont eus à son sujet, c'est que Xekia parut dans la partie méridionale des Indes, & qu'il se montra d'abord aux peuples qui habitoient sur les rivages de l'Océan; que de - là il envoya ses disciples dans toutes les Indes, ou ils répandirent sa doctrine.

Les Indiens & les Chinois attestent unanimement que cet imposteur avoit deux sortes de doctrines: l'une faite pour le peuple; l'autre secrete, qu'il ne révéla qu'à quelques - uns de ses disciples. Le Comte, la Loubere, Bernier, & sur - tout Kempfer, nous ont suffiramment instruits de la premiere qu'on nomme exoterique. En voici les principaux dogmes.

1°. Il y a une différence réelle entre le bien & le mal.

2°. Les ames des hommes & des animaux sont immortelles, & ne different entr'elles qu à on des sujets où elles se trouvent.

3°. Les ames des hommes, séparées de leurs corps, reçoivent ou la récompense de leurs bonnes actions dans un séjour de délices, ou la punition de leurs crimes dans un séjour de douleurs.

4°. Le séjour des bienheureux est un lieu où ils goûteront un bonheur qui ne finira point, & ce lieu s'appelle pour cela gokurakf.

5°. Les dieux different entr'eux par leur nature, & les ames des hommes par leurs mérites; par conséquent le degré de bonheur dont elles joüiront dans ces champs élysées, répondra au degré de leurs mérites: cependant la mesure de bonheur que chacune d'entr'elles aura en partage sera si grande, qu'elles ne souhaiteront point d'en avoir une plus grande.

6°. Amida est le gouverneur de ces lieux heueux, & le protecteur des ames humaines, sur - tout de celles qui sont destinées à joüir d'une vie éternellement heureuse. C'est le seul médiateur qui puisse faire obtenir aux hommes la rémision de leurs péchés & la vie éternelle. (Plusievrs Indiens & quelques Chinois rapportent cela à Xekia lui - méme.)

7°. Amida n'accordera ce bonheur qu'à ceux qui auront suivi la loi de Xekia, & qui auront mené une vie vertueuse.

8°. Or la loi de Xekia renferme cinq préceptes généraux, de la pratique desquels dépend le salut éterne: le premier, qu'il ne faut rien tuer de ce qui est animé; 2°. qu'il ne faut rien voler; 3°. qu'il faut éviter l'inceste; 4°. qu'il faut s'abstenir du mensonge, 5°. & sur - tout des liqueurs fortes. Ces cinq préceptes sont fort célebres dans toute l'Asie méridionale &

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