ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"620"> ouvrages la livre poids & la livre mesure sans nous en avertir, attendu qu'ils parloient des choses connues de leur tems, & qu'il ne s'agissoit pas d'expliquer aux Boizards à venir. Toutes ces raisons contribuent donc à nous confondre sur l'évaluation des monnoies romaines, parce qu'on ne peut établir aucun système que sur des autorités qui se contredisent. Voilà pourquoi parmi nos savans les uns comptent 100 deniers, d'autres 96, & d'autres 84 à la livre romaine.

Enfin, non - seulement les deniers, les drachmes, les onces, en un mot toutes les parties de la livre en or, en argent & en cuivre, qu'ils ont pris pour base de leurs évaluations en les pesant, n'ont pas toujours eu le même poids sous la république, ni depuis Néron jusqu'à Septime Severe; mais dans les pieces mêmes contemporaines & du même consulat, il est arrivé que par l'user ou autres causes, les unes d'un même tems pesent plus & les autres moins. Après cela croyez que vous trouverez fixement ce que la livre romaine contenoit de deniers, & allez ensuite déterminer la valeur de cette livre en la comparant avec la livre de Paris. Hélas, nous ne perdons nos plus beaux jours, faute de judiciaire, qu'à de pénibles & de vaines recherches! (D. J.)

Livre (Page 9:620)

Livre, (Comm.) c'est un poids d'un certain rapport, qui sert fort souvent d'étalon, ou de modele d'évaluation pour déterminer les pesanteurs ou la quantité des corps. Voyez Poids.

En Angleterre on a deux différentes livres; le pound - troy, c'est - à - dire, un poids à 12 onces la livre, & le pound - avoir du poids ou la livre avoir du poids.

Le pound troy ou la livre troy consiste en 12 onces, chaque once de 20 deniers pesant, & chaque deniers de 24 grains pesant; de sorte que 480 grains font une once; & 5760 grains une livre. Voyez Once, &c.

On fait usage de ce poids pour peser l'argent, l'or, les pierres précieuses, toutes sortes de grains, &c.

Les apoticaires s'en servent aussi, mais la division en est différente. Chez eux 24 grains font un scrupule, trois scrupules une dragme, 8 dragmes une once, & 12 onces une livre. Voyez Scrupule, &c.

Le pound avoir du poids ou la livre avoir du poids pese 16 onces; mais alors l'once avoir du poids est plus petite de 42 grains que l'once troy; ce qui fait à peu près la douxieme partie du tout; de sorte que l'once avoir du poids ne contient que 438 grains, & l'once troy 480.

Leur différence est à peu près celle de 73 à 80, c'est - à - dire, que 73 onces troy font 80 onces avoir du poids, 112 avoir du poids font un cent pesant ou un quintal. Voyez Quintal.

On pese avec ce poids toutes les grandes & grosses marchandises, la viande, le beurre, le fromage, le chanvre, le plomb, l'acier, &c.

Une livre avoir du poids vaut 14 onces d'une livre de Paris; de sorte que cent des premieres livres n'en sont que 91 des secondes.

La livre de France contient 16 onces; mais une livre de France vaut une livre une once d'une livre avoir du poids; tellement que 100 livres de Paris font 109 livres avoir du poids.

On divise la livre de Paris de deux manieres: la premiere division se fait en deux marcs, le marc en 8 onces, l'once en 8 gros, le gros en 3 deniers, le denier en 24 grains pesant chacun un grain de froment.

La seconde division de la livre se fait en deux demi - livres, la demi - livre en deux quarts, le quart en deux onces, l'once en deux demi - onces, &c.

On se sert ordinairement de la premiere division, c'est - à - dire, de la division en marcs, &c. pour peser l'or, l'argent & d'autres marchandises précieuses, & l'on fait usage de la seconde pour celles d'une moindre valeur.

A Lyon, la livre est de 14 onces. Cent livres de Paris font 116 livres de Lyon. A Venise, la livre vaut 8 onces de la livre de France, &c.

Quant aux différentes livres des différentes villes & pays, leur proportion, leur réduction, leur division: voici ce qu'en a recueilli de plus intéressant M. Savary dans son Dictionnaire de commerce.

A Amsterdam, à Strasbourg & à Besançon, la livre est égale à celle de Paris. A Genève, la livre est de 17 onces, les 100 livres de Genève font à Paris 112 livres, & les 100 livres de Paris n'en font à Genève que 89. La livre d'Anvers est à Paris 14 onces , & une livre de Paris est à Anvers une livre 2 onces & ; de maniere que cent livres d'Anvers font à Paris 88 livres, & que 100 livres de Paris font à Anvers 113 livres ½. La livre de Milan est à Paris neuf onces ; ainsi 100 livres de Milan font à Paris 95 livres, & 100 livres de Paris font à Milan 169 livres ½. Une livre de Messine est à Paris neuf onces , & une livre de Paris est à Messine une livre 10 onces ¼, de sorte que 100 livres de Messine font à Paris 61 livres, & que 100 livres de Paris font à Messine 163 livres . La livre de Boulogne, de Turin, de Modene, de Raconis, de Reggio est à Paris 10 onces ½, & une livre de Paris est à Boulogne, &c. une livre 8 onces ¼; de maniere que 100 livres de Boulogne, &c. font à Paris 66 livres, & que 100 livres de Paris font à Boulogne, &c. 151 livres ½. Une livre de Naples & de Bergame est à Paris 8 onces , & une livre de Paris est à Naples & à Bergame une livre 11 onces ; en sorte que 100 livres de Naples & de Bergame ne font à Paris que 59 livres, & que 100 livres de Paris font à Naples & à Bergame 169 livres ½. La livre de Valence & de Sarragosse est à Paris 10 onces, & la livre de Paris est à Valence & à Sarragosse une livre 9 onces ; de façon que 100 livres de Valence & de Sarragosse font à Paris 63 livres, & que 100 livres de Paris font à Valence & à Sarragosse 158 livres ½. Une livre de Gènes & de Tortose est à Paris 9 onces , & la livre de Paris est à Gènes & à Tortose une livre 9 onces ; de maniere que 100 livres de Gènes de Tortose font à Paris 62 livres, & 100 livres de Paris font à Gènes & à Tortose 161 livres ¼. La livre de Francfort, de Nuremberg, de Bâle, de Berne est à Paris une livre ¼, & celle de Paris est à Francfort, &c. 15 onces ; ainsi 100 livres de Francfort, &c. font à Paris 102 livres, & 100 livres de Paris font à Francfort, &c. 98 livres. Cent livres de Lisbonne font à Paris 87 livres 8 onces un peu plus, & 100 livres de Paris font à Lisbonne 114 livres 8 onces un peu moins; en sorte que sur ce pié une livre de Lisbonne doit être à Paris 14 onces, & une livre de Paris doit être à Lisbonne une livre 2 onces.

La livre varie ainsi dans la plûpart des grandes villes de l'Europe, & dans le Levant: on en peut voir l'évaluation dans le Dictionn. de comm.

Livre (Page 9:620)

Livre signifie aussi une monnoie imaginaire dont on fait usage dans les comptes, qui contient plus ou moins suivant ses différens surnoms & les différens pays où l'on s'en sert. Voyez Monnoie.

Ainsi l'on dit en Angleterre une livresterling; en France une livre tournois & parisis; en Hollande & en Flandre une livre ou une livre de gros, &c.

Ce mot vient de ce que l'ancienne livresterling, quoiqu'elle ne contînt que 240 sols comme celle d'à - present; néanmoins chaque sol valant 5 sols d'Angleterre, la livre d'argent pesoit une livre - troy. Voyez Sou.

La livre - sterling ou la livre d'Angleterre contient 20 chelings, le cheling 12 sols, le sol 4 liards<pb-> [p. 621] Voyez Cheling, Sol, &c. Voyez aussi Monnoie.

On avoit anciennement trois moyens de payer une livre d'argent à l'échiquier. 1°. Le payement d'une livre de numero qui faisoit justement le nombre de 20 chelings. 2°. Ad scalum, qui faisoit 6 d. plus que 20 chelings. 3°. Ad pensam, ce qui donjuste le poids de 12 onces.

La livre de France ou la livre tournois contient 20 sols ou chelins, & le sol 12 deniers aussi tournois; ce qui étoit la valeur d'une ancienne monnoie de France appellée franc, terme qui est encore synonyme, ou qui signifie la même chose que le mot livre. Voyez Franc.

La livre ou la livre tournois contient pareillement 20 sols ou chelings, le sol 12 deniers ou sols parisis. Chaque sol parisis vaut 15 deniers tournois; de sorte qu'une livre parisis vaut 25 sols tournois. Voyez Livre.

La livre ou la livre de gros d'Hollande se divise en 20 chelings de gros, le cheling en 12 sols de gros. La livre de gros vaut 6 florins, le florin évalué à 24 sols tournois, supposant le change sur le pié de 100 sols de gros pour un écu de France de 3 livres tournois; de sorte que la livre de gros revient à 10 chelings & 11 sols & 1 liard sterling. La livre de gros de Flandre & de Brabant a la même division que celle d'Hollande, & contient comme elle 6 florins; mais le florin vaut 25 sols tournois; de sorte que la livre de Flandre vaut 7 livres 10 sols tournois, ou 11 chelings 3 deniers sterling; en supposant le change à 96 deniers de gros pour un an de livres tournois, ce qui est le pair du change: car lorsqu'il augmente ou qu'il diminue, la livre de gros hausse ou baisse suivant l'augmentation ou la diminution du change. Dictionn. de commerce. Voyez Change.

Les marchands, les facteurs, les banquiers, &c. se servent de caracteres ou de lettres initiales, pour exprimer les différentes sortes de livres de compte, comme L ou L S t livres sterling. L G livres de gros, & L ou tt livres tournois.

En Hollande une tonne d'or est estimée 100000 livres. Un million de livres est le tiers d'un million d'écus. On dit que des créanciers sont payés au marc la livre, lorsqu'ils sont colloqués à proportion de ce qui leur est dû, sur des effets mobiliaires, ce qu'on nomme par contribution; ou lorsqu'en matiere hypothécaire ils sont en concurrence ou égalité de privilege, & qu'il y a manque de fonds, ou encore lorsqu'en matiere de banqueroute & de déconfiture, il faut qu'ils supportent & partagent la perte totale, chacun en particulier aussi à proportion de son dû. En termes de commerce de mer, on dit livre à livre, au lieu de dire au sol la livre. Dictionn. de Comm.

LIVRÉE (Page 9:621)

LIVRÉE, s. f. (Hist. mod.) couleur pour laquelle on a eu du goût, & qu'on a choisie par préférence pour distinguer ses gens de ceux des autres, & par - là se faire reconnoître soi - même des autres. Voyez Couleurs.

Les livrées se prennent ordinairement de fantaisie, & continuent ensuite dans les familles par succession. Les anciens chevaliers se distinguoient les uns des autres, dans leurs tournois, en portant les livrées de leurs maîtresses. Ce fut de - là que les personnes de qualité prirent l'usage de faire porter leur livrée à leurs domestiques; il est probable aussi que la différence des émaux & des métaux dans le blason, a introduit la diversité des couleurs, & même certaines figures relatives aux pieces des armoiries dans les livrées, comme on peut le remarquer dans les livrées de la maison de Rohan, dont les galons sont semés de macles qui sont une des pieces de l'écusson de cette maison. Le P. Menestrier dans son traité des carouzels, a beaucoup parlé du mélange des couleurs dans les livrées. Dion rapporte que OEnomaüs fut le premier qui imagina de faire porter des couleurs vertes & bleues aux troupes qui devoient représenter dans le cirque des combats de terre & de mer. Voyez Parti & Factions.

Les personnes importantes dans l'état donnoient autrefois des livrées à gens qui n'étoient point leurs domestiques, pour les engager pendant une année à les servir dans leurs querelles. Cet abus fut réformé en Angleterre par les premiers statuts d'Henry IV. & il ne fut permis à personne, de quelque condition qu'elle fût, de donner des livrées qu'à ses domestiques ou à son conseil.

En France, à l'exception du roi, des princes & des grands seigneurs qui ont leurs livrées particulieres & affectées à leurs domestiques, les livrées sont arbitraires, chacun peut en composer à sa fantaisie, & les faire porter à ses gens: aussi y voit - on des hommes nouveaux donner à leurs domestiques des livrées plus superbes que celles des grands.

Livrée (Page 9:621)

Livrée, (Ruban.) est tout galon uni & façonné, ou à figures, qui sert à border les habits de domestique. La livrée du roi passe sans contredit pour la plus belle & la plus noble de toutes les livrées; celle de la reine est la même, excepté que tout ce qui est cramoisi dans celle du roi, est bleu dans celle de la reine; il y a un nombre infini de livrées dont la plûpart sont affectées à certaines familles; ainsi on dit livrée d'Orléans, livrée de Conti, &c.

LIVRER, DONNER, METTRE entre les mains (Page 9:621)

LIVRER, DONNER, METTRE entre les mains de quelqu'un, en sa possession, en son pouvoir, une chose qu'on lui a vendue, dont on lui fait présent, ou qui lui appartient.

Ce terme est également usité parmi les marchands & parmi les artisans. Les premiers disent qu'ils ont livré tant de pieces de drap pour l'habillement des troupes, tant d'aulnes de damas pour un ameublement. Les autres qu'ils ont livré leur besogne, des chenets, une serrure, une commode, &c. Dictionn. de Comm.

Livrer (Page 9:621)

Livrer, terme de chasse, on dit livrer le cerf aux chiens, c'est mettre les chiens après.

LIVRET (Page 9:621)

LIVRET à argenter, est une main de papier ordinaire, dans lequel les Batteurs d'or transvuident les livrets d'argent pour les Doreurs sur cuir. Les feuilles d'argent y sont rangées six à six. On voit le livret dans nos Pl. de batteur d'or.

Livret (Page 9:621)

Livret, s. m. (Batteur & Tireur d'or) petit livre où les ouvriers renferment leur or après qu'il est préparé.

LIVRON (Page 9:621)

LIVRON, (Géog.) en latin Libero ou Liberonium; petite ville de France, en Dauphiné, sur une hauteur dans un lieu important à cause de sa situation, mais entierement dépeuplé, depuis que les murailles de la ville ont été détruites. Elle est à une petite lieue du Rhône, & la Drome cotoye la colline sur laquelle elle est située. Henri III. en arrivant de Pologne en France, voulut avec quelques troupes qu'on lui avoit amenées, renverser des villes, qu'il auroit pû gagner & s'attacher par la douceur: il dut s'appercevoir quand il tenta d'entrer à main armée dans la petite ville de Livron, qu'il n'avoit pas pris le bon parti; on cria du haut des murs aux troupes qu'il conduisoit: « approchez assassins, venez massacreurs, vous ne nous trouverez pas endormis comme l'amiral ». Long. 22. 40. lat. 44. 47.

LIXA (Page 9:621)

LIXA, (Géog. anc.) & LIXOS, dans Pline, liv. V. ch. j. ville de la Mauritanie Tingitane, qui devint colonie romaine sous Claudius. Elle étoit arrosée par la riviere Lix, nommée Linx par Etienne le géographe, Lixus, Lixos par Pline, par Strabon. La ville Lixa, & le Lix qui y couloit, sont à pré<pb->

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.