ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"585"> diverses couleurs, brodées d'or & de pourpre; 3°. enfin dans les trépiés d'or & d'argent.

Pline, l. XXXIII. c. xj. remarque qu'il n'étoit pas extraordinaire sous Auguste, de voir les lits de table entierement couverts de lames d'argent, garnis des matelats les plus mollets, & des courtepointes les plus riches. Du tems de Seneque, ils étoient communément revêtus de lames d'or, d'argent ou d'électrum, métal d'or allié avec l'argent. Cette mode passa de l'Orient à Rome, comme il paroît par la pompe triomphale de Lucullus, dont Plutarque nous a laissé la description.

Aulugelle se plaignant du luxe des Romains en lits d'or, d'argent & de pourpre, ajoûte qu'ils donnoient aux hommes dans leurs festins, des lits plus magnifiques qu'aux dieux mêmes; cependant un docteur de l'Eglise, en parlant des lits des dieux, dit: dri vestri tricliniis celestibus, atque in chalcidicis aureis coenitant. En effet, un auteur grec fait mention d'un lit des dieux, qui étoit tout d'or dans l'île de Pandere. Que devoit - ce être des lits des hommes, s'ils les surpassoient encore!

Ciaconius qui a épuisé ce sujet dans sa dissertation de triclinio, vous en instruira. Il vous apprendra le degré de somptuosité où l'on porta la diversité de ces lits, suivant les saisons; car il y en avoit d'été & d'hiver. Il vous indiquera la matiere de ces divers lits, le choix des étoffes & de la pourpre; enfin leur perfection en broderie. Pour moi j'aime mieux ne vous citer que ce seul vers d'Ovide, qui peint l'ancienne pauvreté romaine: « Les lits de nos peres n'étoient garnis que d'herbes & de feuilles; il n'appartenoit qu'aux riches de les garnir de peaux,

Qui pelles poterat addere, dives erat».

La mode donna à ces lits depuis deux piés jusqu'à quatre piés de hauteur; elle en changea perpétuellement la forme & les contours. On en fit en long, en ovale, en forme de croissant; & ensuite on les releva un peu sur le bout qui étoit proche de la table, afin qu'on fût appuyé plus commodément en mangeant. On les fit aussi plus ou moins grands, non seulement pour être à son aise, mais encore afin que chaque lit pût tenir au besoin, sans se gêner, quatre ou cinq personnes; d'où vient qu'Horace dit, Sat. jv. l. I. v. 86: « Vous voyez souvent quatre personnes sur chacun des trois lits qui entourent une table ».

Soepè tribus lectis videas coenare quaternos.

Plutarque nous apprend que César après ses triomphes, traita le peuple romain à vingt - deux mille tables à trois lits. Comme il est vraissemblable que le peuple ne se fit point de scrupule de se presser pour un ami, & de se mettre quelquefois quatre, il en résulte qu'il y avoit au - moins deux cens mille personnes à ces vingt mille tables, aux dépens de César: lisez au mot Largesse ce que j'ai dit de l'argent qu'il avoit employé pour se faire des créatures.

Puisque dans les repas publics on faisoit manger le peuple romain sur des lits, l'on ne doit pas s'étonner de voir cet usage établi en Italie sous le regne de Néron, jusque parmi les laboureurs: Columelle leur en fait le reproche, & ne leur permet qu'aux jours de fêtes.

Quant aux tables autour desquelles les lits étoient rangés, c'est assez d'observer ici, que de la plus grande simplicité, on les porta en peu de tems à la plus grande richesse. Les convives y venoient prendre place à la sortie du bain, revêtus d'une robe qui ne servoit qu'aux repas, & qu'on appelloit vestis coenatorîa, vestis convivalis. C'étoit encore le maître de la maison qui fournissoit aux conviés ces robes de festins qu'ils quittoient après le repas.

Nous avons des estampes qui nous représentent ces robes, ces tables, ces lits, & la maniere dont les Romains étoient assis dessus pour manger, mais je ne sais si, dans plusieurs de ces estampes, l'imagination des artistes n'a pas suppléé aux monumens: du - moins il s'y trouve bien des choses difficiles à concilier. Il vaut donc mieux s'en tenir aux seules idées qu'on peut s'en former par la lecture des auteurs contemporains, & par la vûe de quelques bas - reliefs, qui nous en ont conservé des représentations incomplettes.

Dans l'un de ces bas - reliefs on voit une femme à table, couchée sur un des lits, & un homme près d'elle, qui se prépare à s'y placer quand on lui aura ôté ses souliers: on sait que la propreté vouloit qu'on les ôtât dans cette occasion. La femme paroît couchée un peu de côté, & appuyée sur le coude gauche, ayant pour tout habillement une tunique sans manche, avec une draperie qui l'enveloppe au - dessus de la ceinture jusqu'en bas. Elle a pour coëffure une espece de bourse où sont ses cheveux, & qui se ferme autour de la tête.

La Planche XIV. du tome I. des peintures antiques d'Herculanum, représente aussi la fin d'un souper domestique de deux personnes seulement, assises sur un même lit. La table est ronde; il y a dessus trois vases & quelques fleurs, & le plancher en est tout couvert. Je crains que cette estampe ne soit l'unique parmi les richesses d'Herculanum, puisque les éditeurs ne nous en ont point annoncé d'autres pour les tomes suivans. S'il y en avoit par hasard, elles me fourniroient un supplément à cet article. (D. J.)

Lit nuptial (Page 9:585)

Lit nuptial, lectus genialis, (Antiq. rom.) Lit préparé par les mains de l'Hymen. C'étoit un lit qu'on dressoit exprès chez les Romains pour la nouvelle mariée, dans la salle située à l'entrée de la maison, & qui étoit décorée des images des ancêtres de l'époux. Le lit nuptial étoit toujours placé dans cette salle, parce que c'étoit le lieu où la nouvelle épouse devoit dans la suite se tenir ordinairement pour filer & faire des étoffes.

On avoit un grand respect pour ce lit; on le gardoit toujours pendant la vie de la femme, pour laquelle il avoit été dressé; & si le mari se remarioit, il devoit en faire tendre un autre. C'est pourquoi Cicéron traite en orateur, de crime atroce, l'action de la mere de Cluentius, qui devenue éperduement éprise de son gendre, l'épousa, & se fit tendre le même lit nuptial, qu'elle avoit dressé deux ans auparavant pour sa propre fille, & dont elle la chassa.

Properce appelle le lit de nôces, adversum lectum, parce qu'on le mettoit vis - à - vis de la porte. Il s'appelloit genialis, parce qu'on le consacroit au génie, le dieu de la nature, & celui - la même qui présidoit à la naissance des hommes. (D. J.)

Lits (Page 9:585)

Lits, (Chimie.) en parlant des minéraux & des fossiles, signifie certain strata ou certaines couches de matieres arrangées les unes sur les autres. Voyez Couche, Veine, Stratifier, Cément

Lit (Page 9:585)

Lit, (Hydraul.) on dit un lit de pierre, de marne, de craie, de glaise. Ce terme exprime parfaitement leur situation horisontale, & leur peu d'épaisseur: on dit encore le lit d'une riviere, d'un canal, d'un reservoir, pour parler de son plafond. (K)

Lit de Marée (Page 9:585)

Lit de Marée, (Marine.) endroit de la mer où il y a un courant assez rapide.

Lit du vent, nom qu'on donne aux lignes ou directions par lesquelles le vent souffle.

Lit (Page 9:585)

Lit, en Architecture, se dit de la situation naturelle d'une pierre dans la carriere.

On appelle lit tendre, celui de dessus, & lit dur, celui de dessous.

Les lits de pierre sont appellés par Vitruve, cubicula.

Lit de voussoir & de claveau, c'en est le côté caché dans les joints. [p. 586]

Lit en joint, c'est lorsqu'une pierre, au lieu d'être posée sur son lit, est posée sur son champ, & que le lit forme un joint à plomb. Voyez Delit.

Lit de pont de bois; c'en est le plancher, composé de poutrelles, & de travons avec son ponchis.

Lit de canal ou de reservoir; c'en est le fond de sable, de glaise, de pavé, ou de ciment & de caillou.

Lit (Page 9:586)

Lit, (Coupe des pierres.) par analogie au lit sur lequel on se couche, se dit 1°. de la situation naturelle de la pierre dans la carriere, qui est telle, que presque toujours les feuillets de la pierre sont paralleles à l'horison d'où ils ont pris le nom de lits; 2°. de la surface sur laquelle on pose une pierre. La surface qui reçoit une autre pierre, laquelle regarde toujours vers le ciel supérieur, s'appelle lit de dessus. La surface par laquelle une pierre s'appuie sur une autre, & qui regarde toujours la terre ou le ciel inférieur, s'appelle lit de dessous. Lorsque les surfaces sont inclinées à l'horison, comme dans les voussoirs ou claveaux, on les appelle lits en joint. Voyez Joint.

Lit (Page 9:586)

Lit, en terme de Cirier; c'est un matelat couvert de drap & d'une couverte, entre lesquels on met les cierges jettés refroidir ou étuver, pour les rendre plus maniables.

Lit (Page 9:586)

Lit, (Jardinage.) on dit un lit de terre, un lit de fumier; cest une certaine largeur, une épaisseur de terre ou de fumier, entremêlés l'un dans l'autre, ou bien c'est un lit de sable, un lit de fruits, tels que ceux que l'on pratique dans les mannequins, pour conserver les glands & les chataignes pendant l'hiver.

Dans les fouilles des terres, on trouve encore différens lits, un lit de tuf, un lit de craie, de marne, de sable, de crayon, de caillou, de coquilles appellés coquillart, de glaise & autres.

Lit, Malle, Muée (Page 9:586)

Lit, Malle, Muée, ou Bouillon de Poissons, (Pêche.) c'est ainsi que les pêcheurs de l'amirauté des sables d'Olone, appellent les troupes de poissons qui viennent ranger la côte dans certaines saisons.

Lit sous plinthe (Page 9:586)

Lit sous plinthe, terme de Sculpture. Le sculpteur dit faire un lit sous plinthe, pour exprimer le premier trait de scie qu'il fait donner à l'un des bouts d'un bloc de marbre, pour en former l'assise, base ou plinthe. Voyez Plinthe.

LITA (Page 9:586)

LITA, (Géog.) petite ville de la Turquie européenne, dans la Macédoine, avec un évêché suffragant de Salonique, à 7 lieues du golfe de ce nom. Long. 40. 47. lat. 40. 41. (D. J.)

LITANIES (Page 9:586)

LITANIES, s. f. (Théologie.) terme de Liturgie. On appelle litanies dans l'Eglise les processions & les prieres qu'on fait pour appaiser la colere de Dieu, pour détourner quelque calamité dont on est menacé, & pour remercier Dieu des bienfaits qu'on reçoit de sa bonté.

Ce mot vient du grec LIANEIA, supplication. Le P. Poyrou voit plus loin; & comme il a prétendu, que litare est pris du lit des Celtes, qui veut dire solemnité, il tireroit aussi apparemment les LITW ou LISSO des Grecs du lit des Celtes.

Les auteurs ecclésiastiques & l'ordre romain appellent litanie les personnes qui composent la procession & qui y assistent.

Ducange dit que ce mot signifioit anciennement procession. Voyez Procession.

S méon de Thessalonique dit, que la sortie de l'églife dans la litanie, marque la chute & le péché d'Adam qui fut chassé du paradis terrestre; & que le retour à l'Eglise, marque le retour d'une ame à Dieu par la pénitence.

A l'occasion d'une peste qui ravageoit Rome l'an 590, saint Grégoire, pape, indiqua une litanie ou procession à sept bandes, qui devoient marcher au point du jour le mercredi suivant, sortant de diver<cb-> ses églises pour se rendre toutes à sainte Marie Majeure. La premiere troupe étoit composée du clergé; la seconde des abbés avec leurs moines; la troisieme des abbesses avec leurs religieuses; la quatrieme des enfans; la cinquieme des hommes laïques; la sixieme des veuves; la septieme des femmes mariées. On croit que de cette procession générale est venue celle de saint Marc, qu'on appelle encore la grande litanie.

Litanies, est aujourd'hui une formure de prieres qu'on chante dans l'église à l'honneur des saints, ou de quelque mystere. Elle contient certains éloges ou attributs, à la fin de chacun desquels on leur fait une invocation en mêmes termes.

LITANTHRAX (Page 9:586)

LITANTHRAX, s. m. (Hist. nat.) nom donné par les anciens naturalistes au charbon de terre & au jais. Voyez ces deux articles.

LITCHFIELDS (Page 9:586)

LITCHFIELDS, Litchfeldia, (Géog.) ville d'Angleterre en Stafordshire, avec titre de comté, & un évêché suffragant de Cantorberi. Elle envoie deux députés au parlement. On voit près de Litchfields quelques restes de murs de l'ancien Etocetum, demeure des Carnavens, ou de l'ancien Litchfields même. Quoi qu'il en soit, cette ville est à 20 milles O. de Stafford, & à 94 N. O. de Londres. Long. 15. 50. lat. 52. 40.

Litchfields a donné le jour à deux hommes célebres qui étoient contemporains, Addisson & Ashmole.

Adisson (Joseph) un des beaux esprits d'Angleterre, a fait des ouvrages où regnent l'érudition, le bon goût, la finesse & la délicatesse d'un homme de cour. Sa tragédie de Caton est un chef d'oeuvre pour la diction & pour la beauté des vers; comme Caton étoit le premier des Romains, c'est aussi le plus beau personnage qui soit sur aucun th âtre. Le poëme d'Adisson sur la campagne des Anglois en 1704, est très - estimé; celui qu'il fit à l'honneur du roi Guillaume, lui valut une pension de 300 livres sterlings. Il se démit en 1717 de sa place de secrétaire d'état, & mourut deux ans après, à l'âge de 47 ans. Il fut enterré dans l'abbaye de Westminster avec les beaux génies, les rois & les héros.

Ashmole (Elie) se distingua par ses connoissances dans les médailles, la Chimie & les Mathématiques. C'est de lui que le Musoeum Ashmoloeanum bâti à Oxford, a tiré son nom, parce qu'il a gratifié cette université de sa belle collection de médailles, de sa bibliotheque, de ses instrumens chimiques, & d'un grand nombre d'autres choses rares & curieuses. (D. J.)

LITE (Page 9:586)

LITE, (Hist. nat.) nom générique que les habitans de l'île de Madagascar donnent à différentes especes de gommes ou de réfines, produites par les arbres de leur pays. Lite - menta, n'est autre chose que le benjoin; lite - rame, est la gomme - résine appellée plus ordinairement tacamahaca; lite fimpi, est une résine odorante, produite par un arbre appellé fimpi; lite - enfouraha, est une gomme - résine verte, d'une odeur très - aromatique; lite - mintsi, est une résine noire & liquide; mais elle se durcit avec le tems: elle est produite par un arbre qui ressemble à l'acacia; les femmes s'en servent pour se farder; elle est très - propre à guérir les plaies. Lite - bislic, c'est une résine blanche qui se trouve attachée aux branches des arbres, où elle est portée par des fourmis. Lithura ou litin - barencoco, est une substance de la nature du sang - de - dragon; litin pane est une gomme ou résine jaune & très - aromatique; litin - haronga, est une autre résine jaune, produite par des arbres dont les abeilles du pays font le meilleur miel.

LITEAU (Page 9:586)

LITEAU, s. m. (Menuis. & Charp.) c'est une petite tringle de bois, ainsi appellée ou de sa disposition ou de son usage, ou parce qu'elle est couchée sur une autre qui lui sert de lit, ou parce que d'autres reposent sur elle.

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