ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"491"> tardent pas à gagner. Hippocrate, d'après l'observation, regarde cette maladie comme plus commune en automne, & particulierement affectée aux adultes, Aphor. 22 & 40. lib. III. D'autres pensent au contraire qu'elle doit être plus fréquente en hiver & plus appropriée aux gens vieux.

Pour que cette maladie ait lieu, il faut absolument qu'il ne se fasse aucune digestion dans l'estomac, que les alimens éludent entierement l'action dissolvante des sucs gastriques, DIDRHSKEI PANERGON H TROFH, dit Aretée. Cette condition, qui est absolument nécessaire, suffit; car lorsque les menstrues de l'estomac n'ont fait aucune impression sur les alimens, ils sont insolubles & inaltérables par les sucs des intestins. La premiere élaboration doit précéder nécessairement la seconde, & la seconde coction, suivant l'axiome justement reçu, ne sauroit corriger les vices de la premiere. La foiblesse, l'atonie extrème de l'estomac, la rapidité des sucs gastriques, sont une cause très - simple, mais peut - être pas aussi fréquente, de ce défaut total de digestion: il est assez difficile à comprendre comment l'estomac pourroit venir à ce dernier point de relâchement, excepté peut - être quelques cas très rares de paralysie de viscere, encore y auroit - il alors lienterie? Comment les alimens seroient - ils poussés dans le pylore, car ce passage est une ex crétion active? Il pourroit aussi se faire que le cours des humeurs qui concourent à la digestion stomachale fût intercepté: alors il y auroit indigestion totale, & peut - être aussi lienterie.

On a cru, & sans doute avec plus de raison, que la digestion pouvoit être empêchée par quelqu'irritation dans les intestins, par des ulceres, par exemple; c'est un sentiment qu'Asclepiade a le premier soutenu, que Galien a réfuté, que quelques modernes ont renouvellé, & qui pourroit être appuyé, 1°. sur l'Aphorisme 72. liv VII. d'Hippocrate, EPI DUSENTERIN LEIENTERIH EPIGINETAI, à la dissenterie survient la lienterie; 2°. sur les symptômes qu'on observe dans quelques lienteries, douleurs, tranchées, excrétions sanguinolentes, &c; 3°. sur l'observation de Bontius, medecine des Indiens, liv. III. chap. xij, qui dit avoir trouvé des abscès au mésentere de la plûpart des personnes qui étoient mortes de la lienterie; 4°. sur l'analogie qui nous fait voir dans le dlabete l'irritation des reins, suivie de l'excrétion des boissons inaltérées, sous le nom & par les conduits de l'urine; 5°. sur l'épidémicité de cette maladie dans certaines constitutions de l'air; 6°. enfin, parce qu'il est certain qu'une irritation dans les intestins est très - capable d'empêcher la digestion, & d'attirer, pour me servir des termes expressifs & usités des anciens, les alimens dans leur conduit. Il est incontestable que les lavemens pris en certaine quantité & forts, dérangent, troublent & arrêtent la digestion: je suis persuadé qu'on pourroit par ce moyen exciter une lienterie artificielle.

La polissure, loevitas, des intestins paroît par - là être une cause très - insuffisante & précaire de la lienterie, tout au plus pourroit - elle déterminer une passion coeliaque; il en est de même de l'obstruction des vaisseaux lactés, qui est aussi fort inutile dans cette maladie, & qui n'est propre qu'à occasionner le flux chyleux. La plûpart des auteurs admettent pour cause de la lienterie toute sorte d'abscès, de suppurations internes aux reins, aux poumons, les vapeurs noires, comme dit Menjot, qui s'échappent d'une vomique ouverte, parce qu'on a observé dans la même personne ces deux maladies en même tems. Ils raisonnent à - peu - près comme ceux qui attribuent à l'opération d'un remede la guérison d'une maladie aiguë, effet constant de la nature; post hoc, concluent-ils, ego propter hoc. L'excrétion des alimens inaltérés, le défaut en conséquence du nouveau chyle, pour nourrir & séparer, donnent la raison de tous les phénomenes qu'on observe dans cette maladie, de l'exténuation, de la maigreur, de la mort prochaine, c. On observe cependant que ces accidens ne sont pas aussi prompts que dans ceux qui ne mangent pas du tout; cependant les alimens sont souvent rendus peu de tems après avoir été pris, & sans la moindre altération: ce qui peut dépendre & de la sensation agréable & restaurante qu'opere le poids des alimens sur l'estomac, & de ce qu'il échappe toujours des alimens quelques particules subtiles, quelques vapeurs qui entrent par les pores absorbans de l'estomac & des intestins: TROFH KAI PNEUMA, dit Iiippocrate, l'esprit est aussi nourriture.

Il n'est pas possible de se méprendre dans la connoissance de cette maladie. Pour la différencier des autres flux de ventre avec lesquels elle a quelque rapport, il n'y a qu'à examiner la nature des excrémens; on la distinguera surement, 1°. de la passion coeliaque, qui n'en est qu'un degré, une demi lienterie, si l'on peut ainsi parler; parce que les alimens ont souffert l'action des menstrues gastriques, ils sont dans un état chimeux; 2°. du flux chyleux dans lequel on voit du chyle mêlé avec les excremens; 3°. du cours de ventre colliquatif, par l'odeur fétide, putride, cadavéreuse qui s'exhale des excrémens, par leur couleur, &c. &c. &c. Il est à propos pour la pratique de ne pas confondre les causes qui ont produit la lienterie: elles se réduisent à deux chefs principaux, comme nous avons dit; les unes consistent dans l'abolition absolue des fonctions digestives de l'estomac, les autres dans l'irritation du conduit intestinal. Lorsque la lienterie doit être attribuée à la premiere cause, la faim canine, ensuite le défaut d'appétit, quelquefois aussi la passion coeliaque précédent; il y a ptialisme, pesanteur d'estomac, &c. Lorsqu'elle dépend de l'irritation & sur - tout de l'éxulcération des intestins, elle succede à la dissenterie, n'est point précédée de passion coeliaque, de faim canine, &c. Le malade éprouve des ardeurs, des tranchées, un morsus formicans dans le bas - ventre; il y a soif, sécheresse dans le gosier, âpreté & rudesse de la langue, les excrétions sont sanieuses, &c.

La lienterie n'est jamais, comme quelques autres cours de ventre, salutaire, critique; c'est une maladie très - grave, sur - tout funeste aux vieillards: il est rare qu'on en guérisse. Nicolas Pechlin raconte n'avoir vu que trois personnes lientériques, dont aucune ne put réchapper. C'est à tort que M. Lieutaud dit, & sur - tout sans restriction, que la passion coeliaque est plus dangereuse que la lienterie. « Lorsque la lienterie est jointe à une respiration difficile & poing de côté, elle se termine en éthisie, tabem. Les malades qui, après avoir été tourmentés long - tems de lienterie, rendent par les selles des vers avec des tranchées & des douleurs violentes, deviennent enflés quand ces symptômes disparoissent ». Hippocrate, coac. proenot.

Le danger dans la lienterie est proportionné à la fréquence des selles, à la diminution des urines, à l'état des excrémens plus ou moins altérés. Le danger est pressant & la mort prochaine si le visage est rouge, marqueté de différentes couleurs, si le basventre est mol, sale & ridé, & sur - tout si dans ces circonstances le malade est âgé. Il y a au contraire espoir de guérison si les symptômes precédens manquent, si la quantité des urines commence à se proportionner à celle de la boisson, si le corps prend quelque nourriture, s'il n'y a point de fievre, si le malade rend des vents mêlés avec les excrémens. Hippocrate regarde comme un signe très - favorable s'il survient des rots acides qui n'avoient pas encore paru; il a vérifié ce prognostic heureux dans Demanéta: ce qui prouve un commencement de digestion; [p. 492] car une indigestion totale ou un refroidissement extrème est AFUSON, sans vents; peut - être aussi, dit - il, les rots acides emportent la polissure des intestins.

Il est à présumer que la lienterie par irritation est moins dangereuse que l'autre qui marque un affaissement absolu, un anéantissement extrème de l'estomac.

Curation. Chaque espece de lienterie demande des remedes particuliers; il est des cas où il ne faut qu'animer, fortifier l'estomac & en reveiller le ton engourdi; les stomachiques astringens, absorbans, sont les remedes indiqués pour remplir ces vûes. Waldschimidius remarque que dans ce cas - là les stomachiques les plus simples, les plus faciles à préparer, sont les plus appropriés & réussissent le mieux. Les plus efficaces sont, suivant cet auteur, la muscade, le gingembre en conserve, le vin d'absynthe préparé avec le mastich & les sudorifiques, l'exercice, l'équitation, & comme dit un auteur moderne, le mariage, produisent dans ces cas - là de grands effets. Si les forces de l'estomac n'étoient qu'oppressées & non pas épuisées, l'émétique pourroit convenir; son administration pourroit avoir des suites fâcheuses, il est plus prudent de s'en abstenir. Hippocrate nous avertit d'éviter dans les lienteries les purgations par le haut, sur - tout pendant l'hiver, Aphor. 12. lib. II. Puisque les rots sont avantageux dans cette maladie, il seroit peut - être utile de les exciter par les remedes appropriés, comme l'ail, la rhue, que Martial appelle ructatricem. Ces remedes seroient plus goûtés en Espagne, où c'est une coutume & non pas une indécence de chasser les vents incommodes par les voies les plus obvies.

Si la lienterie dépend d'une irritation dans le conduit intestinal, il faut emporter la cause irritante, si on la connoît, sinon tâcher d'en émousser l'activité par les laitages affadissans les plus convenables, pris surtout en lavement; on ne doit pas négliger les stomachiques: l'émétique seroit encore ici plus pernicieux. Si l'on a quelques marques d'ulceres dans les intestins, il faut avoir recours aux différens baumes de copahu, de la Mecque, du Canada, &c. les lavemens térébenthinés peuvent être employés avec succès. (M)

LIENTZ ou LUENTZ (Page 9:492)

LIENTZ ou LUENTZ, (Géog.) en latin Loncium, petite ville du Tirol sur la Drave, à 4 milles germaniques d'lunichen. Longit. 29. 10. latit. 47. 15. (D. J.)

LIER (Page 9:492)

LIER, v. act. (Gramm.) il désigne l'action d'attacher ensemble des choses auparavant libres & séparées. Il se prend au moral & au physique: l'homme est lié par sa promesse: les pierres sont liées par les barres de fer qui vont de l'une à l'autre.

Lier (Page 9:492)

Lier, en terme de cuisine, est l'action d'épaissir les sauces avec farine, chapelure de pain, & autres ingrédiens propres à cet usage.

Lier (Page 9:492)

Lier, (Venerie.) se dit du faucon qui enleve la proie en l'air en la tenant fortement dans ses serres, ou, lorsque l'ayant assommée, il la lie & la tient serrée à terre.

On dit aussi que deux oiseaux se lient lorsqu'ils se font compagnie & s'unissent pour poursuivre le héron & le serrer de si près, qu'ils semblent le lier & le tenir dans leurs serres. A l'égard de l'autour, on dit empiéter.

LIERNE (Page 9:492)

LIERNE, s. f. (Hydr.) piece de bois qui sert à tirer les fils de pieux d'une palée; elle est boulonnée & n'a point d'entailles comme la morze pour accoler les pieux. On lierne souvent les pieux d'un batardeau. (K)

Lierne (Page 9:492)

Lierne, (Coupe des pierres.) C'est une des nervures des voûtes gothiques qui lie le nerf appellé tierceron avec celui de la diagonale, qu'on appelle ogive.

Liernes (Page 9:492)

Liernes, (Charpenterie.) servent à porter les plan chers en galetas, & s'assemblent sous le faît d'un poinçon à l'autre. Voyez nos Pl. de Charpente & leur explic.

Liernes (Page 9:492)

Liernes, terme de riviere, planches d'un bateau foncet, qui sont entretaillées dans les clans & dans les bras des lieures.

LIERRE (Page 9:492)

LIERRE, hedera, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur en rose composée de plusieurs pétales disposés en rond; il sort du milieu de la fleur un pistil qui devient dans la suite une baie presque ronde & remplie de semences arrondies sur le dos, & plates sur les autres côtés. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Lierre (Page 9:492)

Lierre, hedera, arbrisseau grimpant, toujours verd, qui est très - connu, & que l'on trouve partout, dans les pays tempérés, & même assez avant sous la zone glaciale; il se plaît sur - tout dans les forêts, & dans les lieux négligés ou abandonnés. Tantôt on le voit ramper & se confondre avec les herbes les plus communes & les plus inutiles; tantôt on l'apperçoit au - dessus des plus hautes murailles, & jusqu'à la cime des plus grands arbres. Un seul plan de lierre, à force de tems, s'empare d'un vieux château; il en couvre les murs, domine sur les toits; l'espace ne lui suffit pas; il surabonde, & présente l'aspect d'une forêt qui va s'élever. Par - tout où se trouve cet arbrisseau, il annonce l'insuffisance du propriétaire, ou son manquement de soin. On peut donc regarder le lierre comme le symbole d'une négligence invétérée. C'est un objet importun, nuisible, & si tenace, qu'il est souvent très - difficile de s'en débarrasser. Cependant il peut avoir malgré cela de l'utilité, de l'agrément & de la singularité.

Le tronc du lierre grossit avec l'âge, & il s'en trouve quelquefois qui ont un pié & demi de tour: cet arbrisseau s'attache fortement à tous les objets qu'il peut atteindre, & qui peuvent le soutenir & l'élever au moyen de quantité de fibres ou griffes dont ses branches sont garnies; elles s'appliquent sur le mortier des murailles, & sur l'écorce des arbres, avec une ténacité à l'épreuve de la force des vents & des autres injures du tems. Ces griffes ont tant d'activité, qu'elles corrompent & brisent le mortier des murailles, & quelquefois les font écrouler, sur - tout lorsque l'arbrisseau vient à périr. On observe que ces griffes qui semblent être des racines, n'en font pas les fonctions; car quand on coupe un lierre au - dessus des racines qui sont en terre, le tronc & toutes les branches se dessechent & périssent; & si quelque partie continue de végéter, ce sera parce que quelques branches se seront insinuées dans le mur, & y auront pris racine; c'est dans ce cas qu'il est très - difficile de les faire périr. La même force des griffes en question agit sur les plus gros arbres; dès que le lierre s'en est emparé, il enveloppe le tronc, se répand sur toutes les branches, pompe la seve, couvre les feuilles, & fait tant d'obstacles à la végétation, que l'arbre périt à la fin. On peut remarquer sur le lierre des feuilles de trois différentes formes, selon la différence de son âge. Pendant qu'il rampe à terredans sa premiere jeunesse, elles sont de la figure d'un fer de lance allongé sans échancrure; quand il s'est attaché aux murs ou aux arbres, ses feuilles sont échancrées en trois parties; elles sont d'un verd plus brun que les premieres, & elles sont mouchetées de taches blanchâtres; mais lorsque l'arbrisseau domine sur les objets auxquels il s'est attaché, ses feuilles sont presqu'ovales, & d'un verd jaunâtre. Au surplus, sa feuille à tout âge, est toujours ferme, épaisse, luisante en - dessus, & à l'épreuve de toutes les intempéries. Le lierre ne donne ses fleurs qu'au mois de Septembre; elles viennent en bouquet, sont petites, de couleur d'herbe, sans nul agrément, ni

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