ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"577"> brin dans deux mailles de la lisse, pour être susceptibles de ce double mouvement.

Lisses (Page 9:577)

Lisses, Hautes, Voyez Lisses: les hautes lisses enlisseronnées sont au nombre de vingt - quatre & quelquefois davantage; elles sont suspendues dans le châtelet, elles portent jusqu'à deux cents mailles chacune; de sorte, que si l'on ne vouloit passer qu'une seule rame dans chaque maille, les hautes lisses en porteroient 4800, elles peuvent cependant en porter davantage au moyen de l'emprunt. Voyez Emprunt. Elles servent par le secours des retours à faire hausser les rames qu'elles contiennent, passées suivant l'ordre du patron, pour operer la levée de chaîne nécessaire au passage de la navette.

Lisses (Page 9:577)

Lisses, (Manufact. en soie) ce sont des boucles de fil entrelacées, dans lesquelles on passe les fils de la chaîne pour les faire lever ou baisser; il y en a de diverses sortes.

Les lisses à grand colisse servent à passer les fils de poil dans les étoffes riches. Elles sont composées d'une maille haute & d'une maille basse alternativement, de façon que le colisse a environ 3 pouces de longueur. L'action de ces lisses est de faire baisser ou hausser le fil, selon que l'ouvriere l'exige.

Les lisses à petit - colisse, sont à petites boucles, arrêtées par un noeud; elles ne servent qu'aux étofses unies. On donne le même nom à celles dont la maille est alternativement, l'une sur une ligne plus basse que l'autre, afin que les fils disposés sur une hauteur inégale, ne se frottent pas, comme il arriveroit s'ils étoient sur une même ligne.

Les lisses de rabat, ce sont celles sous la maille desquelles les fils sont passés pour les faire baisser.

Les lisses de liage, ce sont celles sous lesquelles les fils qui doivent lier la dorure dans les étoffes sans poil, sont passés pour les faire baisser.

Lisse basse (Page 9:577)

Lisse basse, (Tapissier) espece de tissu ou tapisserie de soie ou de laine, quelquefois rehaussée d'or & d'argent, où sont représentées diverses figures de personnages, d'animaux, de paysages ou autres semblables choses, suivant la fantaisie de l'ouvrier, ou le goût de ceux qui les lui commandent.

La basse - lisse est ainsi nommée, par opposition à une autre espece de tapisserie qu'on nomme hautelisse; non point de la différence de l'ouvrage, qui est proprement le même, mais de la différence de la situation des métiers sur lesquels on les travaille; celui de la basse - lisse étant posé à plat & parallelement à l'horison, & celui de la haute - lisse étant dressé perpendiculairement & tout de bout.

Les ouvriers appellent quelquefois basse - marche, ce que le public ne connoît que sous le nom de basselisse; & ce nom de manufacture lui est donné, à cause des deux marches que celui qui les fabrique a sous les piés, pour faire hausser & baisser les lisses, ainsi qu'on l'expliquera dans la suite, en expliquant la maniere d'y travailler. Voyez Haute - lisse.

Fabrique de basse - lisse. Le métier sur lequel se travaille la basse - lisse est assez semblable à celui des tisserans. Les principales pieces sont les roines, les ensubles ou rouleaux; la camperche, le cloud, le wich, les tréteaux ou soutiens, & les arcs - boutans. Il y en a encore quelqu'autres, mais qui ne composent pas le métier, & qui servent seulement à y fabriquer l'ouvrage, comme sont les sautriaux, les marches, les lames, les lisses, &c.

Les roines sont deux fortes pieces de bois, qui forment les deux côtés du chassis ou métier & qui portent les ensuples pour donner plus de force à ces roines; elles sont non - seulement soutenues par - dessous avec d'autres fortes pieces de bois en forme de tréteaux, mais afin de les mieux affermir, elles sont encore arcboutées au plancher, chacune avec une espece de soliveau, qui les empêche d'avoir aucun mouvement, bien qu'il y ait quelquefois jusqu'à quatre ou cinq ouvriers appuyés sur l'ensuble de devant qui y travaillent à la fois. Ce sont ces deux soliveaux qu'on appelle les arcs - boutans.

Aux deux extrémités des roines sont les deux rouleaux ou ensuples, chacune avec ses deux tourillons & son wich. Pour tourner les rouleaux, on se sert du clou, c'est - à - dire, d'une grosse cheville de fer longue environ de trois piés.

Le wich des rouleaux est un long morceau, ou plutôt une perche de bois arrondie au tour, de plus de deux pouces de diametre, à peu près de toute la longueur de chaque ensuble; une rainure qui est creusée tout le long de l'un & l'autre rouleau, enferme le wich qui la remplit entierement, & qui y est affermi & arrêté de distance en distance par des chevilles de bois. C'est à ces deux wichs que sont arrêtées les deux extrémités de la chaîne, que l'on roule sur celui des rouleaux qui est opposé au basselissier; l'autre sur lequel il s'appuie en travaillant, sert à rouler l'ouvrage à mesure qu'il s'avance.

La camperche est une barre de bois, qui passe transversalement d'une roine à l'autre, presqu'au milieu du mérier, & qui soutient les sautriaux, qui sont de petits morceaux de bois à peu près de la forme de ce qu'on appelle le fleau dans une balance. C'est à ces sautriaux que sont attachées les cordes qui portent les lames avec lesquelles l'ouvrier, par le moyen des deux marches qui sont sous le métier, & sur lesquelles il a les piés, donne du mouvement aux lisses, & fait alternativement hausser & baisser les fils de la chaîne. Voyez Lames, Lisse.

Le dessein ou tableau que les Basselissiers veulent imiter, est placé au - dessous de la chaîne, où il est soutenu de distance en distance par trois cordes transversales, ou même plus s'il en est besoin: les extrémités de chacune aboutissent, & sont attachées des deux côtés aux roines, à une mentonniere qui en fait pattie. Ce sont ces cordes qui font approcher le dessein contre la chaîne.

Le métier étant monté, deux instrumens servent à y travailler; l'un est le peigne, ce qu'en terme de basse - lisse on nomme la flûte.

La flûte tient lieu dans cette fabrique de la navette des Tisserans. Elle est faite d'un bois dur & poli, de trois ou quatre lignes d'épaisseur par les bouts, & d'un peu moins par le milieu. Sa longueur est de 3 ou 4 pouces. Les deux extrémités sont aiguisées en pointe, afin de passer plus aisément entre les fils de la chaîne. C'est sur la flûte que sont dévidées les laines & les autres matieres qu'on veut employer à la tapisserie.

A l'égard du peigne, qui a ordinairement des dents des deux côtés, il est ou de buis ou d'ivoire. Son épaisseur dans le milieu est d'un pouce, qui va on diminuant des deux côtés jusqu'à l'extrémité des dents: sa longueur est de six ou sept pouces. Il sert à serrer les fils de la treme les uns contre les autres à mesure que l'ouvrier les a passés & placés avec la flûte entre ceux de la chaîne.

Lorsque le basselissier veut travailler (ce qui doit s'entendre aussi je plusieurs ouvriers, si la largeur de la piece permet qu'il y en ait plusieurs qui travaillent à la fois), il se met au - devant du métier, assis sur un banc de bois, le ventre appuyé sur l'ensuble, un coussin ou oreiller entre deux; & en cette posture, séparant avec le doigt les fils de la chaïne, afin de voir le dessein, & prenant la flûte chargée de la couleur convenable, il la passe entre ces fils, après les avoir haussés ou baissés par le moyen des lames & des lisses, qui font mouvoir les marches sur lesquelles il a les piés; ensuite pour serrer la laine ou la soie qu'il a placée, il la frappe avec le peigne, à [p. 578] chaque passée qu'il fait. On appelle passée, l'allée & le venir de la flûte entre les fils de la chaîne.

Il est bon d'observer que chaque ouvrier ne fait qu'une lame séparée en deux demi - lames, l'une devant l'autre, l'autre derriere. Chaque demi - lame qui a ordinairement sept seiziemes d'aune, mesure de Paris, est composée de plus ou moins de lisses, suivant la finesse de l'ouvrage.

Ce qu'il y a d'admirable dans le travail de la basselisse, & qui lui est commun avec la haute lisse, c'est qu'il se fait du côté de l'envers; en sorte que l'ouvrier ne peut voir sa tapisserie du côté de l'endroit, qu'après que la piece est finie & levée de dessus le métier. Voyez Hautelisse. Dict. de Trévoux.

Lisse - haute (Page 9:578)

Lisse - haute, espece de tapisserie de soie & de laine, rehaussée d'or & d'argent, qui représente de grands & petits personnages, ou des paysages avec toutes sortes d'animaux. La haute - lisse est ainsi appellée de la disposition des lisses, ou plutôt de la chaîne qui sert à la travailler, & qui est tendue perpendiculairement de haut en bas; ce qui la distingue de la basse - lisse, dont la chaîne est mise sur un métier placé horisontalement. Voyez Basse - lisse.

L'invention de la haute & basse lisse semble venir du Levant; & le nom de sarrasinois qu'on leur donnoit autrefois en France, aussi - bien qu'aux Tapissiers qui se mêloient de la fabriquer, ou plutôt de la rentraire & raccommoder, ne laisse guere lieu d'en douter. Les Anglois & les Flamands y ont - ils peut - être les premiers excellé, & en ont - ils apporté l'art au retour des croisades & des guerres contre les Sarrasins.

Quoi qu'il en soit, il est certain que ce sont ces deux nations, & particulierement les Anglois, qui ont donné la perfection à ces riches ouvrages; ce qui doit les faire regarder, sinon comme les premiers inventeurs, du moins comme les restaurateurs d'un art si admirable, & qui sait donner une espece de vie aux laines & aux soies dans des tableaux, qui certainement ne cedent guere à ceux des plus grands peintres, sur lesquels on travaille la haute & basselisse.

Les François ont commencé plus tard que les autres à établir chez eux des manufactures de ces sortes de tapisseries; & ce n'est guere que sur la fin du regne de Henri IV, qu'on a vu sortir des mains des ouvriers de France des ouvrages de haute & basselisse, qui aient quelque beauté.

L'établissement qui se fit d'abord à Paris dans le fauxbourg S. Marcel, en 1607, par édit de ce prince du mois de Janvier de la même année, perdit trop tôt son protecteur pour se perfectionner; & s'il ne tomba pas tout - à - fait dans sa naissance par la mort de ce monarque, il eut du moins bien de la peine à se soutenir; quoique les sieurs Comaus & de la Planche, qui en étoient les directeurs, fussent très - habiles dans ces sortes de manufactures, & qu'il leur eût été accordé & à leurs ouvriers de grands priviléges, tant par l'édit de leur établissement, que par plusieurs déclarations données en conséquence.

Le regne de Louis XIV. vit renaître ces premiers projets sous l'intendance de M. Colbert. Dès l'an 1664, ce ministre fit expédier des lettres - patentes au sieur Hinard, pour l'établissement d'une manufacture royale de tapisseries de haute & basse - lisse en la ville de Beauvais en Picardie; & en 1667, fut établie par lettres - patentes la manufacture royale des Gobelins, où ont été fabriquées depuis ces excellentes tapisseries de haute - lisse, qui ne cedent à aucune des plus belles d'Angleterre & de Flandres pour les desseins, & qui les égalent presque pour la beauté de l'ouvrage, & pour la force & la sûreté des teintures des soies & des laines avec lesquelles elles sont travaillées. Voyez Gobelins.

Outre la manufacture des Gobelins & celle de Beauvais, qui subsistent toûjours, il y a deux autres manufactures françoises de haute & basse - lisse, l'une à Aubusson en Auvergne, & l'autre à Felletin dans la haute Marche. Ce sont les tapisseries qui se fabriquent dans ces deux lieux, qu'on nomme ordinairement tapisseries d'Auvergne. Felletin fait mieux les verdures, & Aubusson les personnages. Beauvais fait l'un & l'autre beaucoup mieux qu'en Auvergne: ces manufactures emploient aussi l'or & l'argent dans leurs tapisseries.

Ces quatre manufactures françoises avoient été établies également pour la haute & basse lisse; mais il y a déja long tems qu'on ne fabrique plus ni en Auvergne, ni en Picardie, que de la basse - lisse; & ce n'est qu'à l'hôtel royal des Gobelins où le travail de la haute & basse - lisse s'est conservé.

On ne fait aussi que des basses - lisses en Flandres; mais il faut avouer qu'elles sont pour la plûpart d'une grande beauté, & plus grandes que celles de France, si l'on en excepte celles des Gobelins.

Les hauteurs les plus ordinaires des hautes & basseslisses sont deux aunes, deux aunes un quart, deux aunes & demie, deux aunes deux tiers, deux aunes trois quarts, trois aunes, trois aunes un quart, & trois aunes & demie, le tout mesure de Paris. Il s'en fait cependant quelques - unes de plus hautes, mais elles sont pour les maisons royales ou de commande.

En Auvergne, sur - tout à Aubusson, il s'en fait au - dessous de deux aunes; & il y en a d'une aune trois quarts, & d'une aune & demie.

Toutes ces tapisseries, quand elles ne sont pas des plus hauts prix, se vendent à l'aune courante: les belles s'estiment par tentures.

Fabrique de la haute - lisse. Le métier sur lequel on travaille la haute - lisse est dressé perpendiculairement: quatre principales pieces le composent, deux longs madriers ou pieces de bois, & deux gros rouleaux ou ensubles.

Les madriers qui se nomment cotterets ou cotterelles, sont mis tous droits: les rouleaux sont placés transversalement, l'un au haut des cotterets, & l'autre au bas; ce dernier à un pié & demi de distance du plancher ou environ. Tous les deux ont des tourillons qui entrent dans des trous convenables à leur grosseur qui sont aux extrémités des cotterets.

Les barres avec lesquelles on les tourne se nomment des tentoys; celle d'en haut le grand tentoy, & celle d'en - bas le petit tentoy.

Dans chacun des rouleaux est ménagée une rainure d'un bout à l'autre, capable de contenir un long morceau de bois rond, qu'on y peut arrêter & affermir avec des fiches de bois ou de fer. Ce morceau de bois, qui a presque toute la longueur des rouleaux, s'appelle un verdillon, & sert à attacher les bouts de la chaîne. Sur le rouleau d'en - haut est roulée cette chaîne, qui est faite d'une espece de laine torse; & sur le rouleau d'en - bas se roule l'ouvrage à mesure qu'il s'avance.

Tout du long des cotterets qui sont des planches ou madriers de 14 ou 15 pouces de large, de 3 ou 4 d'épaisseur, & de 7 ou 8 piés de hauteur, sont des trous percés de distance en distance du côté que l'ouvrage se travaille, dans lesquels se mettent des morceaux ou grosses chevilles de fer qui ont un crochet aussi de fer à un des bouts. Ces morceaux de fer qu'on nomme des hardilliers, & qui servent à soutenir la perche de lisse, sont percés aussi de plusieurs trous, dans lesquels en passant une cheville qui approche ou éloigne la perche, on peut bander ou lâcher les lisses, suivant le besoin qu'on en a.

La perche de lisse, qui est d'environ trois pouces

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