ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"563"> crétion ou le cours de la bile; cette bile devenue plus âcre par le séjour, excitera bientôt la fievre nommée lipyrie.

Symptomes. Le malade est inquiet, agité, privé du sommeil, tourmenté d'angoisses, de dégoûts, de nausées, se plaignant sans cesse d'une chaleur interne & brûlante, en même tems que du froid aux extrémités. S'il survient alors naturellement des déjections de bile; le malade en reçoit son soulagement ou sa guérison.

Méthode curative. Il faut employer les antiphlogistiques melés aux savoneux, donnés tiédes, fréquemment & en petites doses; on y joindra des clysteres semblables: on appliquera des fomentations à la partic souffrante; on ranimera doucement la circulation languissante par quelques antiseptiques cardiaques & par de légeres frictions aux extrémités. (D. J.)

LIQUATION (Page 9:563)

LIQUATION, eliquatio, s. f. (Métallur.) c'est ainsi qu'on nomme dans les fonderies une opération par laquelle on sépare du cuivre la portion d'argent qu'il peut contenir; cette portion d'argent se trouve dans le cuivre, parce que souvent les mines de cuivre sont mêlées avec des particules de mines d'argent. L'opération de la liquation est une des plus importantes dans la Métallurgie: elle exige beaucoup d'expérience & d'habileté dans ceux qui la pratiquent. Pour la faire on commence par joindre avec le cuivre noir une certaine quantité de plomb ou de matiere contenant du plomb, telle qu'est la litharge: ce plomb entrant en fusion s'unit avec l'argent, avec qui il a plus d'affinité que l'argent n'en a avec le cuivre; & après que le plomb s'est chargé de la portion d'argent, il l'entraîne avec lui, & le cuivre reste sous une forme poreuse & spongieuse: alors il est dégagé pour la plus grande partie de l'argent qu'il contenoit.

L'opération par laquelle on joint du plomb avec le cuivre noir, se nomme rafraîchir, voyez cet article; elle se fait en joignant du plomb avec le cuivre noir encore rouge qui, au sortir du fourneau, a été reçu dans la casse ou dans le bassin destiné à cet usage: par ce moyen on forme des especes de gâteaux ou de pains composés de cuivre & de plomb, que l'on nomme pains ou pieces de rafraîchissement.

Ou bien au lieu de joindre du plomb au cuivre noir de la maniere qu'il vient d'être indiqué, on fond avec lui de la litharge, qui est une vraie chaux de plomb, ou de la cendrée de la grande coupelle, qui est imbibée de chaux de plomb. Par le contact des charbons qui sont dans le sourneau, ces substances reprennent leur forme métallique, elles redeviennent du plomb, & ce métal s'unit avec le cuivre noir; & le tout étant sondu découle dans le bassin, & forme ce qu'on nomme des pains ou pieces de rafraîchissement.

On porte ces pains sur le fourneau de liquation qui a été suffisamment décrit à l'article Cuivre, pag. 544, où l'on trouvera aussi l'explication de la Planche qui le représente. On les place verticalement sur ce fourneau, en laissant un intervalle entre chaque pain pour pouvoir mettre du charbon entre eux, & l'on met un morceau de fer entre deux pour qu'ils se soutiennent droits: alors on allume le feu, & le plomb découle des pains ou pieces qui sont posés sur le fourneau; ils deviennent poreux & spongieux par les trous qu'y laisse l'argent en se dégageant: pour lors on les appelle pains ou pieces de liquation. On les fait passer par une nouvelle opération qu'on appelle ressuage, voyez cet article. Quant au plomb qui a découlé après s'être chargé de l'argent, on le nomme plomb d'oeuvre, & on en sépare l'argent à la coupelle.

Dans cette opération on a encore ce qu'on ap<cb-> pelle des épines de liquation: ce sont de petites masses anguleuses & hérissées de pointes qui contiennent de la litharge, du cuivre, du plomb & de l'argent; l'on fait repasser ces épines par le fourneau de fusion dans une autre occasion.

Avant que de recourir à l'opération de la liquation, il faut connoître la quantité d'argent que contient le cuivre, & s'être assuré par des essais si elle est assez considérable pour qu'on puisse la retirer avec profit. C'est sur cette quantité d'argent qu'il faudra aussi se régler pour savoir la quantité de plomb qu'il conviendra de joindre au cuivre noir. Par exemple, on joint 250 livres de plomb sur 75 livres de cuivre noir qui contient peu d'argent; si le cuivre noir étoit riche & contenoit neus ou dix onces d'argent, il faudroit, sur 75 livres de cuivre, mettre 375 livres de plomb.

Il est plus avantageux de se servir de bois & de fagots pour la liquation, que de charbon: c'est une découverte qui est dûe à Orschall, qui a fait un traité en faveur de cette méthode. Voyez l'art. de la fonderie d'Orschall.

LIQUEFIER, LIQUEFACTION (Page 9:563)

LIQUEFIER, LIQUEFACTION, (Gramm.) c'est rendre fluide par l'action du feu ou par quelque autre dissolvant.

LIQUENTIA (Page 9:563)

LIQUENTIA, (Géogr. anc.) riviere d'Italie au pays de la Vénétie, selon Pline, liv. III. chap. xviij. qui dit qu'elle a sa source dans les monts voisins d'Opitergium, Oderzo. Le nom moderne est Livenza, voyez Livenza. (D. J.)

LIQUEUR (Page 9:563)

LIQUEUR, s. f. (Hydr.) Il y en a de grasses & de maigres: les maigres sont l'eau, le vin & autres; les grasses sont l'huile, la gomme, la poix, &c.

De tous les corps liquides on ne considere que l'eau dans l'hydraulique & dans l'hydrostatique, ou du - moins on y considere principalement l'équilibre & le mouvement des eaux: on renvoie les autres liqueurs à la physique expérimentale. (K)

Liqueurs (Page 9:563)

Liqueurs spiritueuses, (Chimie & Diete.) Elles sont appellées plus communément liqueurs fortes, ou simplement liqueurs.

Ces liqueurs sont composées d'un esprit ardent, d'eau, de sucre, & d'un parfum ou substance aromatique qui doit flatter en même tems l'odorat & le goût.

Les liqueurs les plus communes se préparent avec les esprits ardens & phlegmatiques, connus sous le nom vulgaire d'eau - de - vie: celles - là ne demandent point qu'on y emploie d'autre eau que ce phlegme surabondant qui met l'esprit ardent dans l'état d'eaude - vie, voyez Esprit - de - vin à l'article Vin. Mais comme toutes les eaux - de - vie & même la bonne eau - de - vie de France, qui est la plus parfaite de toutes, ont en général un goût de feu & une certaine âcreté qui les rendent désagréables, & que cette mauvaise qualité leur est enlevée absolument par la nouvelle distillation qui les réduit en esprit - de - vin, les bonnes liqueurs, les liqueurs fines sont toujours préparées avec l'esprit - de - vin tempéré par l'addition de deux parties, c'est - à - dire du double de son poids d'eau commune. L'emploi de l'esprit - de - vin au lieu de l'eau - de - vie, donne d'ailleurs la faculté de préparer des liqueurs plus ou moins fortes, en variant la proportion de l'esprit - de - vin & de l'eau.

Le parfum se prend dans presque toutes les matieres végétales odorantes; les écorces des fruits éminemment chargés d'huile essentielle, tels que ceux de la famille des oranges, citrons, bergamotes, cédras, &c. la plus grande partie des épiceries, comme gérofle, cannelle, macis, vanille, &c. les racines & semences aromatiques, d'anis, de fenouil, d'angélique, &c. les fleurs aromatiques, d'orange, d'oeillet, &c. les sucs de plusieurs fruits bien parfumés, comme d'abricots, de framboises, de cerises, &c. [p. 564]

Lorsque ce parfum réside dans quelque substance seche, comme cela se trouve dans tous les sujets dont nous venons de parler, excepté les sucs des fruits, on l'en extrait ou par le moyen de la distillation, ou par celui de l'infusion. C'est ordinairement l'espritde - vin destiné à la composition de la liqueur qu'on emploie à cette extraction: on le charge d'avance du parfum qu'on se propose d'introduire dans la liqueur, soit en distillant au bain - marie de l'eau - de - vie ou de l'esprit - de - vin avec une ou plusieurs substances aromatiques, ce qui produit des esprits ardens aromatiques, voyez Esprit, soit en faisant infuser ou tirant la teinture de ces substances aromatiques. Voyez Infusion & Teinture.

Les liqueurs les plus délicates, les plus parfaites & en même tems les plus élégantes, se préparent par la voie de la distillation; & le vrai point de perfection de cette opération consiste à charger l'esprit - devin autant qu'il est possible, sans nuire à l'agrément, de partie aromatique proprement dite, sans qu'il se charge en même tems d'huile essentielle: car cette huile essentielle donne toûjours de l'âcreté à la liqueur, & trouble sa transparence. Au lieu qu'une liqueur qui est préparée avec un esprit ardent aromatique qui n'est point du tout huileux, & du beau sucre, est transparente & sans couleur, comme l'eau la plus claire: telle est la bonne eau de cannelle d'Angleterre ou des îles. Les esprits ardens distillés sur les matieres très - huileuses, comme le zest de cédra ou de citron, sont presque toûjours huileux, du moins est il très difficile de les obtenir absolument exempts d'huile. L'eau qu'on est obligé de leur mêler dans la préparation de la liqueur, les blanchit donc, & d'autant plus qu'on emploie une plus grande quantité d'eau; car les esprits ardens huileux supportent sans blanchir le mélange d'une certaine quantité d'eau presque parties égales, lorsqu'ils ne sont que peu chargés d'huile. C'est pour ces raisons que la liqueur assez connue sous le nom de cédra, est ou louche ou très - forte: car ce n'est pas toujours par bisarrerie ou par fantaisie que telle liqueur se fait plus forte qu'une autre, tandis qu'il semble que toutes pourroient varier en force par le changement arbitraire de la proportion d'eau: souvent ces variations ne sont point au pouvoir des artistes, du moins des artistes ordinaires, qui sont obligés de réparer par ce vice de proportion un vice de préparation. Une autre ressource contre ce même vice, l'huileux des esprits ardens aromatiques, c'est la coloration: l'usage de colorer les liqueurs n'a d'autre origine que la nécessité d'en masquer l'état trouble, louche: en sorte que cette partie de l'art qu'on a tant travaillé à perfectionner depuis, qui a tant plu, ne procure au fond qu'une espece de fard qui a eu même fortune que celui dont s'enduisent nos femmes, c'est - à - dire, s'il est permis de comparer les petites choses aux grandes, qu'employé originairement à masquer des défauts, il a enfin déguisé le chef d'oeuvre de l'art dans les liqueurs, la transparence sans couleur, comme il dérobe à nos yeux, sur le visage des femmes, le plus précieux don de la nature, la fraîcheur & le coloris de la jeunesse & de la santé.

Quant à l'infusion ou teinture, on obtient nécessairement par cette voie, outre le parfum, les substances solubles par l'esprit - de - vin, qui se trouvent dans la matiere infusée, & qui donnent toujours de la couleur & quelqu'âcreté, au moins de l'amertume; l'esprit - de - vin ne touche que très - peu à l'huile essentielle des substances entieres auxquelles on l'applique, lors même qu'elles sont très - huileuses, par exemple aux fleurs d'orange; mais si c'est à des substances dont une partie des cellules qui contiennent cette huile ayent été brisées, par exemple, du zest de citron, un esprit - de - vin digéré sur une pareille matiere, peut à peine être employé à préparer une liqueur supportable. Aussi cette voie de l'infusion est - elle peu usitée & très imparfaite. Le ratafiat à la fleur d'orange est ainsi préparé, principalement dans la vûe médicinale de faire passer dans la liqueur le principe de l'amertume de ces fleurs, qui est regardé comme un très - bon stomachique.

On peut extraire aussi le parfum des substances seches par le moyen de l'eau, & employer encore ici la distillation ou l'infusion. Les eaux distillées ordinaires, voyez Eaux distillées, employées en tout ou en partie au lieu d'eau commune, rempliroient la premiere vûe; mais elles ne contiennent pas communément un parfum assez fort, assez concentré, assez pénétrant, pour percer à - travers l'esprit - de - vin & le sucre. Il n'y a guere que l'eau de fleur d'orange & l'eau de cannelle appellée orgée, voyez Eaux distillées, qui puissent y être employées. On prépare à Paris, sous le nom d'eau divine, une liqueur fort connue & fort agréable, dont le parfum unique ou au - moins dominant, est de l'eau de fleur d'orange. On a un exemple de parfum extrait, par une infusion à l'eau, dans une forte infusion de fleurs d'oeillet rouge qu'on peut employer à préparer un ratafiat d'oeillet.

On peut encore employer l'eau & l'esprit - de - vin ensemble, c'est - à - dire de l'eau - de - vie, à extraire les parfums par une voie d'infusion. On a par ce moyen des teintures moins huileuses; mais comme nous l'avons observé plus haut, avec de l'eau de - vie, on n'a jamais que des liqueurs communes, grossieres.

Enfin on fait infuser quelquefois la matiere du parfum dans une liqueur, d'ailleurs entierement faite, c'est - à - dire dans le mêlange, à proportion convenable d'esprit - de - vin, d'eau & de sucre. On prépare, par exemple, un très - bon ratafiat d'oeillet, ou plus proprement de gérofle, en faisant infuser quelques clous de gérofle dans un pareil mélange. On fait infuser des noyaux de cerises dans le ratafiat de cerise, d'ailleurs tout fait.

Une troisieme maniere d'introduire le parfum dans les liqueurs, c'est de l'y porter avec le sucre, soit sous forme d'oleosaccharum, soit sous forme de sirop. Les liqueurs parfumées par le premier moyen sont toujours louches & âcres; elles ont éminemment les défauts que nous avons attribués plus haut à celles qui sont préparées avec des esprits ardens, aromatiques, huileux. Le sirop parfumé employé à la préparation des liqueurs, en est un bon ingrédient: on prépare une liqueur très simple & très - bonne en mélant du bon sirop de coing, à des proportions convenables d'esprit - de - vin & d'eau.

Le simple mélange des sucs doux & parfumés de plusieurs fruits, comme abricots, peches, framboises, cerises, muscats, coings, &c. aux autres principes des liqueurs, fournissent enfin la derniere & plus simple voie de porter le parfum dans ces compositions. Sur quoi il faut observer que, comme ces sucs sont très - aqueux, & plus ou moins sucrés, ils tiennent lieu de toute eau, & sont employés en la même proportion; & qu'ils tiennent aussi lieu d'une partie plus ou moins considérable de sucre. On prépare en Languedoc, où les cerises mûrissent parfaitement & sont très - sucrées, un ratafiat avec les sucs de ces fruits, & sans sucre, qui est fort agréable & assez doux.

La proportion ordinaire du sucre, dans les liqueurs qui ne contiennent aucune autre matiere douce, est de trois à quatre onces pour chaque livre de liqueur aqueo - spiritueuse. Dans les liqueurs très - sucrées qu'on appelle communément grasses, à cause de leur consistance épaisse & onctueuse, qui dépend uniquement du sucre; il y est porté jusqu'à la dose de cinq & même de six onces par livres de liqueur.

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