ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"557"> jugaison des barytons; de FRA/ZW, FRA/SW: au contraire, dans le verbe allemand zischen, siffler, qui vient du grec SI/ZEIN, le s ou s grec est changé en z, & le Z ou z grec est changé en sch qui répond à notre ch françois. « Quand les Parisiens, dit encore M. de Dangeau (Opusc. pag. 50.), prononcent les mots chevaux & cheveux, ils prononceroient très distinctement le ch de la premiere syllabe, s'ils se vouloient donner le tems de prononcer l'e féminin, & qu'ils prononçassent ces mots en deux syllabes: mais s'ils veulent, en pressant leur prononciation, manger cet e féminin, & joindre sans milieu la premiere consonne avec l'v, consonne qui commence la seconde syllabe; cette consonne qui est foible affoiblit le ch qui devient j, & ils diront jvaux, & jveux».

Au reste, ces quatre articulations linguales ne sont pas les seules sifflantes: les deux semi - labiales v & f, sont dans le même cas, puisqu'on peut de même les faire durer quelque tems; comme une sorte de sifflement. Elles different des linguales sifflantes par la différence des dispositions organiques, qui font du même organe diversement arrangé deux instrumens aussi différens que le haut - bois, par exemple, & la flûte. L'articulation gutturale h, qui n'est qu'une expiration forte & que l'on peut continuer quelque - tems, est encore par - là même analogue aux autres articulations sifflantes. De - là encore la possibilité de mettre les unes pour les autres, & la réalité de ces permutations dans plusieurs mots dérivés: h pour f dans l'espagnol humo, fumée, venu de fumus; f pour h dans le latin festum venu de E(S2IA=N; v pour h dans vesta dérivé de E(S2I/A; pour s dans verro qui vient de SAI/RW; s pour h dans super au lieu du grec U(PE\R, &c.

Les articulations linguales liquides sont ainsi nommées, comme je l'ai déja dit ailleurs, (Voyez L.) parce qu'elles s'allient si bien avec plusieurs autres articulations qu'elles n'en paroissent plus faire ensemble qu'une seule, de même que deux liqueurs s'incorporent au point qu'il résulte de leur mélange une troisieme liqueur qui n'est plus ni l'une ni l'autre. Nous en avons deux le & re représentées par l & r: la premiere s'opere d'un seul coup de la langue vers le palais; la seconde est l'effet d'un trémoussement réitéré de la langue. Le titre de la dénomination qui leur est commune, est aussi celui de leur permutation respective; comme dans varius qui vient de BALI\OS2, où l'on voit tout à la fois le B changé en v, & le L en r; de même milites a été d'abord substitué à melites, descendu de mérites par le changement de r en l, & ce dernier mot venoit de mereri, selon Vossius, dans son traité de litterarum permutatione.

Pour ce qui est des articulations mouillées, je n'entreprendrai pas d'assigner l'origine de cette dénomination: je n'y entends rien, à moins que le mot mouillé lui même, donné d'abord en exemple de l mouillé, n'en soit devenu le nom, & ensuite du gn par compagnie: ce sont les deux seules mouillées que nous ayons. (B. E. R. M.)

LINGUES (Page 9:557)

LINGUES, s. m. (Com.) Satin lingues; il est fabriqué parmi nous, on l'envoie à Smyrne.

LINIERE (Page 9:557)

LINIERE, s. f. (Jardinage). C'est le lieu où est semé le lin.

LINIMENT (Page 9:557)

LINIMENT, s. m. (Pharm.), espece de remede composé externe, qui s'applique en en frottant légerement, enduisant & oignant les parties.

Le liniment proprement dit, doit être d'une consistance moyenne entre l'huile par expression, ou entre le baume artificiel & l'onguent; & il ne differe que par cette consistance de ces deux autres préparations pharmaceutiques. Leur composition & leurs usages sont d'ailleurs les mêmes. Ce sont toujours des huiles, des graisses, des résines, des baumes naturels, des bitumes destinés à amollir, assouplir, détendre, calmer, résoudre: & même cette différence unique qui dépend de la consistance, ne détermine que d'une maniere fort vague & fort arbitrai re, la dénomination de ce genre de remedes: ensorte qu'on appelle presqu'indifféremment baume, liniment, ou onguent, des mélanges de matieres grasses destinés à l'application extérieure, & qu'il importe très peu en effet de les distinguer.

Quoi qu'il soit presque essentiel à ce genre de remede, d'être composé de matieres grasses, & que l'élégance de la préparation, l'obligation de faire de ses différens ingrédiens un tout exactement mêlé, lié, aggrégé, en exclue les matieres non miscibles aux corps gras; cependant sub assiduâ conquassatione, en battant long - tems avec les huiles, ou d'autres matieres grasses résoutes, des liqueurs aqueuses, pures ou acidules, on parvient à les incorporer ensemble sous la forme d'un tout assez lié. Le cerat de Galien qui est un liniment proprement dit, & le nutritum vulgaire qui est appellé onguent, contiennent le premier, de l'eau, & le second, du vinaigre.

On peut donc absolument, si l'on veut, prescrire sur ce modele, des linimens magistraux dans lesquels on fera entrer des décoctions de plantes, de l'eau chargée de mucilages, de gomme, &c. mais si l'on veut, d'après l'ancien usage, dissiper par la cuite l'eau chargée d'extrait, de mucilage, &c. ces substances restent en masses distinctes parmi les matieres huileuses; elles ne contractent avec elles aucune espece d'union, & séparées de leur véhicule, de leur menstrue, de l'eau, elles n'ont absolument aucune vertu dans l'application extérieure.

Au reste, il paroît que les liqueurs aqueuses introduites dans les linimens n'ont d'autre propriété, que de les rendre plus légers, plus rares, plus neigeux; car d'ailleurs leur vertu médicinale réelle paroît appartenir entierement aux matieres huileuses. Voyez Huile & Onguent.

On fait entrer aussi assez souvent dans les linimens & les onguens, diverses poudres telles que celles des diverses chaux de plomb, de pierre calaminaire, de verd - de - gris, des terres bolaires, des gommes - résines, & même de quelques matieres végétales ligneuses, de semences farineuses, &c. toutes ces poudres qui sont ou absolument insolubles par les matieres graisseuses, ou qui s'y dissolvent mal dans les circonstances de la préparation des linimens & des onguens, non - seulement nuisent à la perfection pharmaceutique de ces compositions; mais même sont dans la plûpart des ingrédiens sans vertu, ou pour le moins dont l'activité est châtrée par l'excipient graisseux. (b)

LINKIO (Page 9:557)

LINKIO, s. m. (Botan. exotiq.) plante aquatique de la Chine. Son fruit est blanc & a le goût de la châtaigne, mais il est trois ou quatre fois plus gros, d'une figure pyramidale & triangulaire; il est revêtu d'une écorce verte, épaisse vers le sommet, & qui noircit en séchant. La plante qui le porte, croît dans les eaux marécageuses; elle a les feuilles fort minces, & elle les répand de toutes parts, sur la surface de l'eau. Les fruits viennent dans l'eau même; c'est du moins ce qu'en dit Hoffman dans son dictionnaire universel latin; celui de Trévoux, a fait de ce lexicographe, un auteur anonyme qui a écrit de la Chine. (D. J.)

LINON (Page 9:557)

LINON, s. m. (Comm.) espece de toile de lin blanchi, claire, déliée & très - fine, qui se manufacture en Flandres; il y a du linon uni, rayé & moucheté. L'un a de large & quatorze aunes à la piece, ou de large & douze à treize aunes à la piece. Le rayé & le moucheté est de de large sur quatorze aunes à la piece. On en fait des garnitures de tête, [p. 558] des mouchoirs de col, des toilettes, &c. on les envoye des manufactures en petits paquets quarrés d'une piece & demie chacune, couverts de papier brun, lissé & enfermé dans des cassettes de bois dont les planches sont chevillées.

LINOS (Page 9:558)

LINOS, s. m. (Littér.) espece de chanson triste ou de lamentation, en usage chez les anciens grecs.

Voici ce qu'en dit Hérodote, liv. II. en parlant des Egyptiens. « Ils ont, dit - il, plusieurs autres usages remarquables, & en particulier celui de la chanson linos, qui est célebre en Phénicie, en Chipre & ailleurs, où elle a différens noms, suivant la différence des peuples. On convient que c'est la même chanson que les Grecs chantent sous le nom de linos; & si je suis surpris de plusieurs autres singularités d'Egypte, je le suis sur - tout du linos, ne sachant d'où il a pris le nom qu'il porte. Il paroît qu'on a chanté cette chanson dans tous les tems; au reste, le linos s'appelle chez les Egyptiens maneros. Ils prétendent que Maneros étoit le fils unique de leur premier roi; & que leur ayant été enlevé par une mort prématurée, ils honorerent sa mémoire par cette espece de chanson lugubre, qui ne doit l'origine qu'à eux seuls ». Le texte d'Hérodote donne l'idée d'une chanson funebre. Sophocle parle de la chanson elinos dans le même sens; cependant le linos & l'elinos étoient une chanson pour marquer non - seulement le deuil & la tristesse, mais encore la joie suivant l'autorité d'Eurypide, cité par Athénée, liv. XIV. chap. iij. Pollux donne encore une autre idée de cette chanson, quand il dit que le linos & le lityerse étoient des chansons propres aux fossoyeurs & aux gens de la campagne. Comme Hérodote, Euripide & Pollux ont vécu à quelques siecles de distance les uns des autres, il est à croire que le linos fut sujet à des changemens qui en sirent une chanson différente suivant la différence des tems. Sophocle, in Ajace; Pollux, liv. I. c. j. Dissert. de M. de la Nauze sur les chansons des anciens. Mém. de l'ac. des Belles - Lettres, tome IX. pag. 358.

LINOSE (Page 9:558)

LINOSE, (Géog.) île de la mer Méditerranée, sur la côte d'Afrique, à 5 lieues N. E. de Lampedouse, presque vis - à - vis de Mahomette en Barbarie. Sanut pense que c'est l'Ethusa de Ptolomée. Elle a environ 5 lieues de tour, & pas un seul endroit commode, où les vaisseaux puissent aborder. Long. 31. 6. lat. 34. (D. J.)

LINOTE (Page 9:558)

LINOTE, s. f. linaria vulgaris, (Hist. nat. Ornitholog.) cet oiseau pese une once; il a environ six pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu'à l'extrémité de la queue, & dix pouces d'envergure; le bec est long d'un demi - pouce, fort noir par - dessus & blanc par - dessous. La tête a des teintes de couleur cendrée & de brun, & le dos est mêlé de brun & de roux. Le milieu de chaque plume est brun, & les bords sont cendrés dans les plumes de la tête, & roux dans celles du dos. La poitrine est blanchâtre; les plumes du bas - ventre, & celles qui sont autour de l'anus sont jaunâtres: le ventre est blanc, & le cou & l'endroit du jabot, sont de couleur roussâtre avec des taches brunes. Il y a dix - huit grandes plumes dans chaque aîle; elles sont noires; elles ont la poitrine blanchâtre. Les bords extérieurs des neuf premieres plumes sont blancs; les petites plumes qui recouvrent l'aîle sont rousses, & celles qui recouvrent l'aîleron sont noires. La queue est un peu fourchue, & composée de douze plumes. Les deux plumes extérieures ont deux pouces trois lignes de longueur, & celles du milieu n'ont que deux pouces; celles - ci ont les bords roux, & toutes les autres les ont blancs. Cet oiseau aime beaucoup les semences de lin; c'est pourquoi on l'a appellé linaria, linote. Son chant est très - agréable. Il se nourrit de graines de panis, de millet & de chénevi, &c. Avant que de manger ces semences, il en ôte l'écorce avec son bec, pour ne manger que le dedans. Mais le chénevi engraisse tellement ces oiseaux qu'ils en meurent, ou qu'ils en perdent au - moins leur vivacité, & alors ils cessent de chanter. La linote niche sur des arbres qui ne sont pas élevés; elle fait trois ou quatre oeufs. Willughb. Ornit.

Il y a deux sortes de linotes rouges; une grande & une petite. La grande linote rouge est plus petite que la linote; elle a le sommet de la tête rouge, & la poitrine teinte de cette même couleur; la petite linote rouge a le devant de la tête d'un beau - rouge. Raii synop. avium. Voyez Oiseau.

LINSOIRS (Page 9:558)

LINSOIRS, s. m. (Charpente.) sont des pieces de bois qui servent à porter le pié des chevrons à l'endroit des lucarnes des édifices, & aux passages des cheminées. Voyez nos Planches de Charpente & leur explication.

LINTEAUX (Page 9:558)

LINTEAUX, s. m. pl. (Charp.) sont des pieces de bois qui forment le haut des portes & des croisées qui sont assemblées dans les poteaux des croisées & des portes. Voyez nos Pl. de Charpente.

Linteau (Page 9:558)

Linteau, s. m. (Serrurerie.) bout de fer placé au haut des portes, des grilles, où les tourillons des portes entrent.

Linteau se dit aussi en Serrurerie comme en Menuiserie, de la barre de fer que l'on met aux portes & croisées, au lieu de linteau de bois.

LINTERNE (Page 9:558)

LINTERNE, en latin Linternum, ou Liternum, (Géog. anc.) ancienne ville d'Italie dans la Campanie, à l'embouchure du Clanis (le Clanio ou l'Agno), & auprès d'un lac ou marais que Stace appelle Linterna palus. La position de ce marais a engagé Silius Italicus à nommer la ville stagnosum Linternum.

Linterne étoit une colonie romaine qui fut augmentée sous Auguste. C'est - là que Scipion l'Afriquain, piqué de l'ingratitude de ses compatriotes, se retira, & qu'il passa le reste de ses jours dans l'étude, & dans la conversation des gens de lettres. Tous les Scipions les ont aimées, & ont été vertueux. Celui - ci, le premier des Romains qu'on honora du nom de la nation qu'il avoit soumise, mourut dans la petite bicoque de Linterne, après avoir subjugué l'Afrique, défait en Espagne quatre des plus grands généraux Carthaginois, pris Syphax roi de Numidie, vaincu Annibal, rendu Carthage tributaire de Rome, & forcé Antiochus à passer au - delà du mont Taurus.

On grava sur la tombe de cet homme immortel ces paroles remarquables, qu'il prononçoit lui - même quelquefois: Ingrata patria, nequidem habebis ossa mea.

Tous les auteurs qui ont parlé de Linterne, nous disent qu'après sa destruction par les Vandales en 455, on érigea sur le tombeau du grand Scipion la tour qu'on y voit encore; & comme il n'étoit resté de l'inscription que le seul mot patria, cette tour fut appellée torre di patria. Le lac voisin, autrefois Literna, ou Linterna palus, se nomme aussi Lago di patria; en un mot, on a donné le nom de Patria à la bourgade, à la tour, au lac, & même à la riviere qui est marquée dans plusieurs cartes, Rio, Clanio, Overo, Patria. Voyez Patria.

Linterne a été épiscopale avant que d'être entierement ruinée. On en apperçoit quelques masures sur le golfe de Gaëte, entre Pouzzoles & l'embouchure du Volturno, environ à trois lieues de l'une & de l'autre, près de la tour di patria. (D. J.)

LINTHÉES (Page 9:558)

LINTHÉES, s. f. (Comm.) étoffe de soie qui se fabrique à Nanquin.

LINTZ (Page 9:558)

LINTZ, en latin moderne Lentia, (Géog.) ville forte d'Allemagne, capitale de la haute Autriche, située dans une belle plaine sur le Danube, à 12 milles S. E. de Passau, 36 N. E. de Munich, 30 O. de Vienne. Long. suivant Képler & Cassini, 32 deg. 46 min. 15 sec. lat. 48. 16. (D. J.)

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