ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"288"> un peu peuplée, du - moins relativement au climat rigoureux.

Saxon le grammairien qui fleurissoit sur la fin du xij siecle, est le premier qui ait parlé de ce pays & de ses habitans; mais comme le dit M. de Voltaire (dont le lecteur aimera mieux trouver ici les réflexions, que l'extrait de l'histoire mal digérée de Scheffer), ce n'est que dans le xvj siecle qu'on commença de connoître grossierement la Laponie, dont les Russes, les Danois & les Suédois même n'avoient que de foibles notions.

Ce vaste pays voisin du pole a voit été seulement désigné par les anciens géographes sous le nom de la contrée des Cynocéphales, des Himantopodes, des Troglotites & des Pygmées. En effet nous apprimes par les relations des écrivains de Suede & de Dannemark, que la race des pygmées n'est point une fable, & qu'ils les avoient retrouvés sous le pole dans un pays idolâtre, couvert de neige, de montagnes & de rochers, rempli de loups, d'élans, d'ours, d'hermines & de rennes.

Les Lapons, continue M. de Voltaire (d'après le temoignage de tous les voyageurs), ne paroissent point tenir des Finois dont on les fait sortir, ni d'aucun autre peuple de leurs voisins. Les hommes en Finlande, en Noiwege, en Suede, en Russie, sont blonds, grands & bienfaits; la Laponie ne produit que des hommes de trois coudées de haut, pâles, basanés, avec des cheveux courts, durs & noirs; leur tête, leurs yeux, leurs oreilles, leur nez, leur ventre, leurs cuisses & leurs piés menus, les différentient encore de tous les peuples qui entourrent leurs déserts.

Ils paroissent une espece particuliere faite pour le climat qu'ils habitent, qu'ils aiment, & qu'eux seuls peuvent aimer. La nature qui n'a mis les rennes que dans cette contrée, semble y avoir produit les Lapons; & comme leurs rennes ne sont point venues d'ailleurs, ce n'est pas non plus d'un autre pays que les Lapons y paroissent venus. Il n'est pas vraissemblable que les habitans d'une terre moins sauvage, ayent franchi les glaces & les déserts pour se transplanter dans des terres si stériles, si ténébreuses, qu'on n'y voit pas clair trois mois de l'année, & qu'il faut changer sans cesse de canton pour y trouver dequoi subsister. Une famille peut être jettée par la tempête dans une île déserte, & la peupler; mais on ne quitte point dans le continent des habitations qui produisent quelque nourriture, pour aller s'établir au loin sur des rochers couverts de mousse, au milieu des frimats, des précipices, des neiges & des glaces, où l'on ne peut se nourrir que de lait de rennes & de poissons secs, sans avoir aucun commerce avec le reste du monde.

De plus, si des Finois, des Norwingiens, des Russes, des Suédois, des Islandois, peuples aussi septentrionaux que les Lapons, s'étoient transplantés en Laponie, y auroient - ils absolument changé de figure? Il semble donc que les Lapons sont une nouvelle espece d'hommes qui se sont présentés pour la premiere fois à nos regards & à nos observations dans le seizieme siecle, tandis que l'Asie & l'Amérique nous faisoient voir tant d'autres peuples, dont nous n'avions pas plus de connoissance. Dès - lors la sphere de la nature s'est aggrandie pour nous de tous côtés, & c'est par - là vétitablement que la Laponie mérite notre attention. Essai sur l'Histoire universelle, tome III. (D. J.)

LAPPA (Page 9:288)

LAPPA, (Géog. anc.) , ville de l'île de Crete dans lesterres, entre Artacine & Subrita, selon Ptolomée, l. III. cap. 17. Dion nous dit que Metellus la prit d'assaut. Hieroclès nomme cette ville Lamiple, & la met entre les siéges épiscopaux de l'île. (D. J.)

LAPS (Page 9:288)

LAPS, s. m. (Jurisprud.) fignifie qui est tombé; on ne se sert de ce terme qu'en parlant d'un hérétique. On dit laps & relaps pour dire qui est tombé & retombé dans les erreuts.

Laps de tems, signifie l'écoulement du tems: on ne prescrit point contre le droit naturel par quelque laps de tems que ce soit. Il y a des cas où on obtient en chancellerie des lettres de relief de laps de tems pour parer a une fin de non - recevoir, qui sans ces lettres leroit acquise. Voyez Lettres de Relief de laps de temps . (A)

LAPSES (Page 9:288)

LAPSES, adj. pris subst. (Théol.) c'étoient dans les premiers tems du christianisme ceux qui retournoient du christianisme au paganisme. On en compte de cinq sortes désignées par ces noms latins, libellatici, mittentes, turificati, sacrificati & blasphemati, On appelloit stantes les persévérans dans la foi. Le mot lapses se donnoit aux hérétiques & aux pécheurs publics.

LAPTOS ou GOURMETS (Page 9:288)

LAPTOS ou GOURMETS, s. m. pl. (Com.) matelots mores qui aident à remorquer les barques dans les viviers de Gambie & de Sénégal.

LAPURDUM (Page 9:288)

LAPURDUM, (Géog. anc.) ancienne ville de la Gaule, dans la Novempopulanie. Sidonius Apollinaris, l. VIII. epist. xij. appelle lapurdenas locustas une sorte de poisson qui est fort commun dans ce pays - là, qu'on nomme langouste.

Il paroît que Bayonne est sûrement le Lapurdum des anciens: au treizieme siecle cette ville s'appelloit encore Lapurdum, & ses évêques & ses vicomtes étoient nommés plus souvent en latin Lapurdenses, que Bayonenses. Oyhenart, écrivain gascon, pense que Lapurdum étoit un nom gascon ou basque, donné à ce pays - là à cause des brigandages des habitans & de leurs pirateries, dont il est parlé dans la vie de S. Léon, évêque de Lapurdum au commencement du ve siecle.

Le canton où est Bayonne s'appelle encore aujourd'hui le pays de Labourd; de - là vient que dans les anciens monumens les évêques de Bayonne sont appellés Lapurdenses, parce que Lapurdum & Bayonne sont deux noms d'une même ville.

Il est arrivé à celle - ci la même chose qu'à Daramasia & à Ruscino, villes qui ont cédé leurs noms aux pays dont elles étoient les capitales, & en ont pris d'autres. Ainsi Tarantaise, Roussillon & Labourd, qui étoient des noms de villes, sont devenus des noms de pays; & au contraire, Paris, Tours, Reims, Arras, &c. qui étoient des noms de peuples, sont devenus les noms de leurs capitales. Voyez de plus grands détails dans Oyhenart, notice de Gascogne; Pierre de Marca, hist. de Béarn, & Longuerue, description de la France. (D. J.)

LAQS (Page 9:288)

LAQS, s. m. (terme de Chirurgie.) especes de bandes plus ou moins longues, faites de soie, de fil ou de cuir, suivant quelques circonstances, destinées à fixer quelque partie, ou à faire les extensions & contre - extensions convenables pour réduire les fractures ou les luxations. Voyez Extension, fracture, Luxation .

On ne se sert pas de laqs de laine, parce qu'étant susceptibles de s'allonger, ils seroient infideles; & que c'est par l'éloignement des laqs qui tirent à contre - sens, qu'on juge assez souvent que les extensions sont suffisantes.

Quelques praticiens ont établi qu'avec une parfaite connoissance de la disposition des parties, une expérience suffisante & une grande dextérité, on peut réussir à réduire les luxations par la seule opération de la main; & que les laqs qui servent aux extensions doivent être regardés comme des liens qui garotent les membres, qui les meurtr issent & y causent des douleurs inouies. Les laqs sont cependant des moyens que les chirurgiens anciens & modernes ont jugé très - utiles. Oribase a composé un [p. 289] petit traité sur cette matiere que les plus grands maîtres ont loué; il décrit la maniere d'appliquer les laqs, & leur donne différens noms qu'il tire de leurs auteurs, de leurs usages, de leurs noeuds, de leurs effets, ou de leur ressemblance avec différentes çhoses; tels sont le nautique, le kiaste, le pastoral, le dragon, le loup, l'herculien, le carchese, l'épangylote, l'hyperbate, l'étranglant, &c. mais toutes ces différences, dont l'explication est superflue, parce qu'élles sont inutiles, ne donnent pas au sujet le mérite qu'il doit aux réflexions solides de quelques chirurgiens modernes, & principalement de M. Petit, qui dans son traité des maladies des os, a exposé les regles générales & particulieres de l'application des laqs. 1°. Ils doivent être placés près des condyles des malleoles, ou autres éminences capables de les retenir en leur place au moyen de la prise: ils glisseroient & ne seroient d'aucun effet si on les plaçoit ailleurs. 2°. Il faut qu'un aide tire avec ses deux mains la peau autant qu'il lui sera possible pendant l'application du laqs du côté opposé à l'action qu'il aura; sans quoi il arriveroit que dans l'effort de l'extension, la peau pourroit être trop considérablement tirée; & le tissu cellulaire qui la joint aux muscles étant trop allongé, il s'y feroit rupture de quelques petits vaisseaux; ce qui produiroit une échymose & autres accidens. La douleur de cette extension forcée de la peau est fort vive, & on l'épargne au malade par la précaution prescrite. 3°. On liera les laqs un pen plus fortement aux personnes grasses, pour l'approcher plus près de l'os, sans quoi la graisse s'opposeroit à la sûreté du laqs, qui glisseroit avec elle par - dessus les muscles. 4°. Enfin il faut garantir les parties sur lesquelles ont applique les laqs; pour cet effet on les garnit de coussins & de compresses; on en met particulierement aux deux côtés de la route des gros vaisseaux: on doit s'en servir aussi aux endroits où il y a des contusions, des excoriations, des cicatrices, des cauteres, &c. pour éviter les impressions fâcheuses & les déchiremens qu'on pourroit y causer.

Les regles particulieres de l'application des laqs sont décrites aux chapitres des luxations & des fractures de chaque membre. On les emploie simples ou doubles, & on tire par leur moyen la partie également ou inégalement, suivant le besoin. Le noeud qui les retient est fixe ou coulant: ces détails s'apprennent par l'usage, seroient très - difficiles à décrire, & on ne les entendroit pas aisément sans démonstration.

Les laqs ne servent pas seulement pendant l'opération nécessaire pour donner à des os fracturés ou luxés leur conformation naturelle; on s'en sert aussi quelquefois pendant la cure, pour contenir les parties dans un degré d'extension convenable: c'est ainsi que dans la fracture oblique de la cuisse on soutient le corps par des laqs qui passent dans le pli de la cuisse, & d'autres sous les aisselles, & qui s'attachent vers le chevet du lit; d'autres laqs placés au - dessus du genou, sont fixés utilement à une planche qui traverse le lit à son pié. Dans une fracture de la jambe, avec déperdition considérable du tibia fracassé, M. Coutav oz parvint à consolider le membre dans sa longueur naturelle, au moyen d'un laqs qu'on tournoit sur un treuil avec une manivelle, pour le contenir au degré convenable. Voyez le second tome des memoires de l'académie royale de Chirurgie. (Y)

LAQUAIS (Page 9:289)

LAQUAIS, s. m. (Gram.) homme gagé à l'année pour servir. Ses fonctions sont de se tenir dans l'antichambre, d'annoncer ceux qui entrent, de porter la robe de sa maîtresse, de suivre le carosse de son maître, de faire les commissions, de servir à sable, où il se tient derriere la chaise; d'exécuter dans la maison la plûpart des choses qui servent à l'arrangement & à la propreté; d'éclairer ceux qui montent & descendent, de suivre à pié dans la rue, la nuit avec un flambeau, &c. mais sur - tout d'annoncer l'état par la livrée & par l'insolence. Le luxe les a multipliés sans nombre. Nos antichambres se remplissent, & nos campagnes se dépeuplent; les fils de nos laboureurs quittent la maison de leurs peres & viennent prendre dans la capitale un habit de livrée. Ils y sont conduits par l'indigence & la crainte de la milice, & retenus par la débauche & la fainéantise. Ils se marient; ils font des enfans qui soutiennent la race des laquais; les peres meurent dans la misere, à moins qu'ils n'ayent été attachés à quelques maîtres bienfaisans qui leur ayent laissé en mourant un morceau de pain coupé bien court. On avoit pensé à mettre un impôt sur la livrée: il en eût résulté deux avantages au moins; 1°. le renvoi d'un grand nombre de laquais; 2°. un obstacle pour ceux qui auroient été tentés de quitter la province pour prendre le même état: mais cet impôt étoit trop sage pour avoir lieu.

LAQUE (Page 9:289)

LAQUE, s. f. On donne ce nom à plusieurs especes de pâtes seches dont les Peintres se servent; mais ce qu'on appelle plus proprement laque, est une gomme ou résine rouge, dure, claire transparente, fragile, qui vient du Malabar, de Bengale & de Pégu. Son origine A, sa préparation B, & son analyse chimique C, sont ce qu'il y a de plus curieux à observer sur ce sujet.

A, son origine. Suivant les mémoires que le P. Tachard, jésuite, missionnaire aux Indes orientales, envoya de Pondichery à M. de la Hire en 1709, la laque se forme ainsi: de petites fourmis rousses s'attachent à différens arbres, & laissent sur leurs branches une humidité rouge, qui se durcit d'abord à l'air par sa superficie, & ensuite dans toute sa substance en cinq ou six jours. On pourroit croire que ce n'est pas une production des fourmis, mais un suc qu'elles tirent de l'arbre, en y faisant de petites incisions; & en effet, si on pique les branches proche de la laque, il en sort une gomme; mais il est vrai aussi que cette gomme est d'une nature différente de la laque. Les fourmis se nourrissent de fleurs; & comme les fleurs des montagnes sont plus belles & viennent mieux que celles des bords de la mer, les fourmis qui vivent sur les montagnes sont celles qui font la plus belle laque, & du plus beau rouge. Ces fourmis sont comme des abeilles, dont la laque est le miel. Elles ne travaillent que huit mois de l'année, & le reste du tems elles ne font rien à cause des pluies continuelles & abondantes.

B, sa préparation. Pour préparer la laque, on la sépare d'abord des branches où elle est attachée; on la pile dans un mortier; on la jette dans l'eau bouillante; & quand l'eau est bien teinte, on en remet d'autre jusqu'à ce qu'elle ne se teigne plus. On fait évaporer au soleil une partie de l'eau qui contient cette teinture; après quoi on met la teinture épaissie dans un linge clair; on l'approche du feu, & on l'exprime au - travers du linge. Celle qui passe la premiere est en goutes transparentes, & c'est la plus belle laque. Ceile qui sort ensuite, & par une plus sorte expression, ou qu'on est obligé de racler de dessus le linge avec un coûteau, est plus brune & d'un moindre prix.

C, son analyse chimique. M. Lemery l'a faite, principalement dans la vûe de s'assurer si la laque étoit une gomme ou une réfine. Ces deux mixtes, assez semblables, différent en ce que le soufre domine dans les résines, & le sel ou l'eau dans les gommes. Il trouva que l'huile d'olive ne dissolvoit point la laque, & n'en tiroit aucune teintare; que l'huile étherée de téré benthine & l'esprit - de - vinn en

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