ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"176"> vint aussi qu'on appella clercs, ceux qui avoient un peu étudié & qui savoient lire, pour les distinguer des autres. Voyez Clerc. (G)

Lai (Page 9:176)

Lai, s. m. (Littérat.) espece de vieille poésie françoise; il y a le grand lai composé de douze couplets de vers de mesure différente, sur deux rimes; & le petit lai composé de seize ou vingt vers en quatre couplets, & presque toûjours aussi sur deux rimes; ils sont l'un & l'autre tristes; c'étoit le lyrique de nos premiers poetes. Au reste cette définition qu'on vient de donner du lai, ne convient point à la piece qu'Alain Chartier a intitulée lai; elle a bien donze couplets, mais le nombre de vers de chacun varie beaucoup, & la mesuro avec la rime encore davantage. Voyez Lai.

LAJAZZE, ou LAJAZZO (Page 9:176)

LAJAZZE, ou LAJAZZO, (Géog.) ville de la Turquie asiatique, dans la Caramanie, aux confins de la Syrie, près du mont Néro, sur la côte septentrionale du golfe de même nom, assez près de son embouchure, à six lieues de l'ancien Issus; mais son golfe reste toûjours le même que l'Issicus sinus des anciens. Ce golfe est dans la Méditetranée, entre la Caramanie & la Syrie, entre Adana & Antioche. (D. J.)

LAICOCEPHALES (Page 9:176)

LAICOCEPHALES, s. m. pl. (Théolog.) nom que quelques catholiques donnerent aux schismatiques anglois, qui, sous la discipline de Samson & Morisson, étoient obligés d'avouer, sous peine de prison & de confiscation de biens, que le roi du pays étoit le chef de l'église. Scandera, her. 120. (G)

LAID (Page 9:176)

LAID, adj. (Gram. Mor.) se dit des hommes, des femmes, des animaux, qui manquent des proportions ou des couleurs dont nous formons l'idée de beauté; il se dit aussi des différentes parties d'un corps animé; mais quoi qu'en disent les auteurs du dictionnaire de Trévoux, & même ceux du dictionnaire de l'académie, on ne doit pas dire, & on ne dit pas quand on parle avec noblesse & avec précision, une laide mode, une laide maison, une étoffe laide. On fait usage d'autres épithetes ou de périphrases, pour exprimer la privation des qualités qui nous rendroient agréables les êtres inanimés; il en est de même des êtres moraux; & ce n'est plus que dans quelques poverbes, qu'on emploie le mot de laid dans le sens moral.

Les idées de la laideur varient comme celles de la beauté, selon les tems, les lieux, les climats, & le caractere des nations & des individus; vous en verrez la raison au mot Ordre. Si le contraire de beau ne s'exprime pas toujours par laid, & si on donne à ce dernier mot bien moins d'acceptions qu'au premier, c'est qu'en général toutes les langues ont plus d'expressions pour les défauts ou pour les douleurs, que pour les perfections ou pour les plaisirs.

Laid se dit des especes trop différentes de celles qui peuvent nous plaire, & difforme se dit des individus qui manquent à l'excès des qualités de leur espece; laid suppose des défauts, & difforme suppose des défectuosités: la laideur dégoûte, la difformité blesse.

LAIDANGER (Page 9:176)

LAIDANGER, v. act. (Jurisprud.) signifioit anciennement injurier. Voyez ci - après Laidanges. (A)

LAIDANGES (Page 9:176)

LAIDANGES, s. f. (Jurisprud.) dans l'ancien style de pratique signifioit vilaines paroles, injures verbales. Celui qui injurioit ainsi un autre à tort, devoit se dédire en justice en se prenant par le bout du nez; c'est sans doute de - là que quand un homme paroît peu assuré de ce qu'il avance, on lui dit en riant votre nez branle. Voyez l'ancienne coûtume de Normandie, ch. 51. 50 & 86; le style de juge, c. xv. art. 14. Monstrelet, en son hist. ch. xl. du I. vol. (A)

LAIE (Page 9:176)

LAIE, s. f. (Hist. nat.) c'est la femelle du sanglier. Voyez l'article Sanglier.

LAIDEUR (Page 9:176)

LAIDEUR, f. f. (Gramm. & Morale.) c'est l'op<cb-> posé de la beauté; il n'y a au moral rien de beau ou de laid, sans regles; au physique, sans rapports; dans les Arts, sans modele. Il n'y a done nulle connoissance du beau ou du laid, sans connoissance de la regle, sans connoissance du modele, sans connoissance des rapports & de la fin. Ce qui est nécessaire n'est en soi ni bon ni mauvais, ni beau ni laid; ce monde n'est donc ni bon ni mauvais, ni beau ni laid en lui - même; ce qui n'est pas entierement connu, ne peut être dit ni bon ni mauvais, ni beau ni laid. Or on ne connoît ni l'univers entier, ni son but; on ne peut done rien prononcer ni sur sa perfection ni sur son imperfection. Un bloc informe de marbre, considéré en lui - même, n'offre ni rien à admirer, ni rien à blâmer; mais si vous le regardez par ses qualités; si yous le destinez dans votre esprit à quelqu'usage; s'il a déja pris quelque forme sous la main du statuaire, alors naistent les idées de beauté & de laideur; il n'y a rien d'absolu dans ces idées. Voilà un palais bien construit; les murs en sont solides; toutes les parties en sont bien combinées; vous prenez un lesard, vous le laissez dans un de ses appartemens; l'animal ne trouvant pas un trou où se refugier, trouvera cette habitation fort incommode; il aimera mieux des décombres. Qu'un homme soit boiteux, bossu; qu'on ajoute à ces difformités toutes celles qu'on imaginera, il ne sera beau ou laid, que comparé à un autre; & cet autre ne sera beau ou laid que rélativement au plus ou moins de facilité à remplir ses fonctions animales. Il en est de même des qualités morales. Quel témoignage Newton seul sur la surface de la terre, dans la supposition qu'il eût pu s'élever par ses propres forces à toutes les découvertes que nous lui devons, auroit - il pû se rendre à lui - même? Aucun; il n'a pu se dire grand, que parce que ses semblables qui l'ont environné, étoient petits. Une chose est belle ou laide sous deux aspects différens. La conspiration de Venise dans son commencement, ses progres & ses moyens nous font écrier: quel homme que le comte de Bedmard! qu'il est grand! La même conspiration sous des points de vûe moraux & relatifs à l'humanité & à la justice, nous fait dire qu'elle est atroce, & que le comte de Bedmard est hideux! Voyez l'article Beau.

Laie (Page 9:176)

Laie, (Jurisp.) cour laie, c'est une cour séculiere & non ecclésiastique.

Laie en termes d'eaux & forêts, est une route que l'on a ouverte dans une forêt, en coupant pour cet effet le bois qui se trouvoit dans le passage. Il est permis aux arpenteurs de faire des laies de trois piés pour porter leur chaîne quand ils en ont besoin pour arpenter ou pour marquer les coupes. L'ordonnance de 1669 défend aux gardes d'enlever le bois qui a été abattu pour faire des laies. On disoit autrefois lée.

Laie se prend aussi quelquefois pour une certaine étendue de bois.

Laies accenses dans quelques coutumes, sont des baux à rente perpétuelle ou à longues années. (A)

Laie (Page 9:176)

Laie, s. f. (Maçonnerie.) dentelure ou bretelure que laisse sur la pierre le marteau qu'on appelle aussi laie, lorsqu'on s'en sert pour la tailler.

LAINAGE (Page 9:176)

LAINAGE, s. m. (Commerce.) il se dit de tous les poils d'animaux qui s'emploient dans l'ourdissage, dont on fait commerce, & qui payent la dixme aux ecclésiastiques. Cet abbé a la dixme des lainages.

Il se dit encore d'une façon qu'on donne aux étoffes de laine qu'on tire avec le chardon. Voyez aux articles suivans Laine, (manufacture en.)

LAINE (Page 9:176)

LAINE, s. f. (Arts, Manufactures, Commerce.) poil de béliers, brebis, agneaux & moutons, qui de - là sont appellés bêtes à laine, & quand ce poil [p. 177] coupé de dessus leur corps n'a point encore reçu d'apprêt, il se nomme toison.

La laine est de toutes les matieres la plus abondante, & la plus souple; elle joint à la solidité le ressort & la mobilité. Elle nous procure la plus sûre défense contre les injures de l'air. Elle est pour les royaumes florissans le plus grand objet de leurs manufactures & de lèur commerce. Tout nous engage à le traiter cet objet, avec l'étendue qu'il mérite.

Les poils qui composent la laine, offrent des filers très déliés, flexibles & moëlleux. Vûs au microscope, ils sont autant de tiges implantées dans la peau, par des radicules: ces petites racines qui vont en divergeant; forment autant de canaux qui leur portent un suc nourricier, que la circulation dépose dans des folécules ovales, composées de deux membranes; l'une est externe, d'un tissu assez ferme, & comme tendineux; l'autre est interne, enveloppant la bulbe. Dans ces capsules bulbeuses, on apperçoit les racines des poils baignées d'une liqueur qui s'y filtre continuellement, outre une substance moelleuse qui fournit apparemment la nourriture. Comme ces poils tiennent aux houpes nerveuses, ils sont vasculeux, & prennent dans des pores tortueux la configuration frisée que nous leur voyons sur l'animal.

Mais tandis que le physicien ne considere que la structure des poils qui composent la laine, leur origine, & leur accroissement, les peuples ne sont touchés que des commodités qu'ils en retirent. Ce sentiment est tout naturel. La laine fournit à l'homme la matiere d'un habillement qui joint la souplesse à la solidité, & dont le tissu varié selon les saisons, le garantit successivement du souffle glacé des aquilons, & des traits enflammés de la canicule. Ces précieuses couvertures qui croissent avec la même proportion que le froid, deviennent pour les animaux qui les portent, un poids incommode, à mesure que la belle saison s'avance. L'été qui mûrit pour ainsi dire les toisons, ainsi que les moissons, est le terme ordinaire de la récolte des laines.

Les gens du métier distinguent dans chaque toison trois qualités de laine. 1°. La laine mere, qui est celle du dos & du cou. 2°. La laine des queues & des cursses. 3°. Celle de la gorge, de dessous le ventre & des autres endroits du corps.

Il est des classes de laines, dont l'emploi doit être défendu dans les manufactures; les la nes dites pelades, les laines cottisées ou sallies, les morelles ou laines de moutons morts de maladies; enfin les peignons & les bourres (on nomme ainsi la laine qui reste au fond des peignes, & celle qui tombe sous la claie). On donne à toutes ces laines le nom commun de jettices & de rebut. S'il est des mégissiers qui ne souscrivent pas à cette tiste de laines rejettables, il ne faut pas les écouter.

Il y a des laines de diverses couleurs. de blanches, de jaunes, de rougeâtres & de noires. Autrefois presque toutes les bêtes à laine d'Espagne, excepté celles de la Bétique (l'Andalousie), étoient noires. Les naturels préféroient cette couleur à la blanche, qui est aujourd'hui la seule estimée dans l'Europe, parce qu'elle reçoit à la teinture des couleurs plus vives, plus variées, & plus foncées que celles qui sont naturellement colorées.

Le soin des bêtes a laine n'est pas une institution de mode ou de caprice; l'histoire en fait remonter l'époque jusqu'au premier âge du monde. La richesse principale des anciens habitans de la terre consistoit en troupeaux de brebis. Les Romains regarderent cette branche d'agriculture, comme la plus essentielle. Numa voulant donner cours à la monnoie dont il fut l'inventeur, y fit marquer l'empreinte d'une brebis, en signe de son utilité, pecunia à pecude, dit Varron.

Quelle preuve plus authentique du cas qu'on faisoit à Rome des bêtes à laine, que l'attachement avec lequel on y veilloit à leur conservation? Plus de six siecles après Numa, la direction de tous les troupeaux de bêtes blanches appartenoit encore aux censeurs, ces magistrats suprêmes, à qui la charge donnoit le droit d'inspection sur la conduite & sur les moeurs de chaque citoyen. Ils condamnoient à de sortes amendes ceux qui négligeoient leurs troupeaux, & accordoient des récompenses avec le titre honorable d'ovinus, aux personnes qui faisoient preuve de quelque industrie, en concourant à l'amélioration de leurs laines. Elles servoient chez eux, comme parmi nous, aux vêtemens de toute espece. Curieux de celles qui surpassoient les autres en soie, en finesse, en mollesse, & en longueur, ils tiroient leurs belles toisons de la Galatie, de la Pouille, surtout de Tarente, de l'Attique & de Milet. Virgile célebre ces dernieres laines dans ses Georgiques, & leurs teintures étoient fort estimées.

Milesia vellera nymphoe Carpebant.

Pline & Columelle vantent aussi les toisons de la Gaule. L'Espagne & l'Angleterre n'avoient encore rien en ce genre qui pût balancer le choix des autres contrées soumises aux conquérans du monde; mais les Espagnols & les Anglois sont parvenus depuis à établir chez eux des races de bêtes à laine, dont les toisons sont d'un prix bien supérieur à tout ce que l'ancienne Europe a eu de plus parfait.

La qualité de la laine d'Espagne est d'être douce, soyeuse, fine, déliée, & molle au toucher. On ne peut s'en passer, quoiqu'elle soit dans un état affreux de mal - propreté, lorsqu'elle arrive de Castille. On la dégage de ces impuretés en la lavant dans un bain composé d'un tiers d'urine, & de deux tiers d'eau. Cette opération y donne un éclat solide, mais elle coûte un déchet de 53 pour cent. Cette laine a le défaut de fouler beaucoup plus que les autres, sur la longueur & sur la largeur des draps, dans la fabrique desquels elle entre toute seule. Quand on la mêle, ce doit être avec précaution, parce qu'étant sujette à se retirer plus que les autres, elle forme dans les étoffes de petits creux, & des inégalités très - apparentes.

Les belles laines d'Espagne se tirent principalement d'Andalousie, de Valence, de Castille, d'Arragon & de Biscaye. Les environs de Sarragosse pour l'Arragon, & le voisinage de Ségovie pour la Castille, fournissent les laines espagnoles les plus estimées. Parmi les plus fines de ces deux royaumes, on distingue la pile de l'Escurial, celles de Munos, de Mondajos, d'Orléga, de Torre, de Paular, la pile des Chartreux, celle des Jésuites, la grille & le refin de Ségovie; mais on met la pile de l'Escurial au - dessus de toutes.

La laine est le plus grand objet du commerce particulier des Espagnols; & non - seulement les François en emploient une partie considérable dans la fabrique de leurs draps fins, mais les Anglois eux - mêmes, qui ont des laines si fines & si précieuses, en font un fréquent asage dans la fabrique de leurs plus belles étoffes. On donne des noms aux laines d'Espagne, selon les lieux d'où on les envoie, ou selon leur qualité. Par exemple, on donne le nom commun de Ségovie aux laines de Portugal, de Roussillon & de Léon, parce qu'elles sont de pareille qualité.

La laine de Portugal a pourtant ceci de particulier, qu'elle foule sur la longueur, & non pas sur la largeur des draps où on l'emploie.

Les autres noms de laines d'Espagne, ou réputées d'Espagne, sont l'albarazin grand & petit, les ségé<pb->

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