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Lac (Page 9:152)
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LACCOS (Page 9:152)
LACCOS,
LACÉDEMONE (Page 9:152)
LACÉDEMONE, (Géog.) voilà cette ville si célebre de l'ancienne Grece, au Péloponèse, située sur la rive droite ou occidentale de l'Eurótas. C'est dans cette ville, dit Terpandre, que regne la valeur, mere de la victoire, la musique mâle qui l'inspire, & la justice qui soutient la gloire de ses armes. Quoiqu'elle fùt quatre fois moins grande qu'Athénes, elle l'égaloit en puissance, & la surpassoit en
Nous marquerons l'état présent de cette ville au
mot,
Consultez, si vous voulez, fur l'ancien état du
pays le mot
Enfin, pour ce qui regarde la république de Lacédémone, son gouvernement, ses lois, le caractere, le génie, les moeurs & le mérite de ses citoyens, on verra dans l'article suivant, combien nous en sommes admirateurs. (D. J.)
Lacédémone (Page 9:152)
Il semble que la nature n'ait jamais produit des hommes qu'à Lacédémone. Par - tout le reste de l'univers, le secours des sciences ou des lumieres de la religion, ont contribué à discerner l'homme de la bête. A Lacédémone on apportoit en naissant, si l'on peut parler ainsi, des semences de l'exacte droiture & de la véritable intrépidité. On venoit au monde avec un caractere de philosophe & de citoyen, & le seul air natal y faisoit des sages & des braves. C'est - là que, par une morale purement naturelle, on voyoit des hommes assujettis à la raison, qui, par leur propre choix, se rangeoient sous une austere discipline, & qui soumettant les autres peuples à la force des armes, se soumettoient eux - mêmes à la vertu: un seul Lycurgue leur en traça le chemin, & les Spartiates y marcherent sans s'égarer pendant sept ou huit cens ans: aussi je déclare avec Procope, que je suis tout lacédémonien. Lycurgue me tient lieu de toutes choses; plus de Solon ni d'Athenes.
Lycurgue étoit de la race des Héraclides; l'on sait assez précisément le tems où il fleurissoit, s'il est sur, comme le prétend Aristote, qu'une inscription gravée sur une planche de cuivre à Olympie, marquoit qu'il avoit été contemporain d'Iphitus, & qu'il avoit contribué à la surséance d'armes qui s'observoit durant la fête des jeux olympiques. Les Lacédémoniens vivoient encore alors comme des peuples barbares; Lycurgue entreprit de les policer, de les éclairer & de leur donner un éclat durable.
Après la mort de son frcre Polydecte, roi de Lacédémone, il refusa la couronne que lui o roit la veuve, & qui s'engageoit de se faire avorter de l'enfant dont elle étoit grosse, pourvu qu'il voulût l'épouser. Pensant bien différemment de sa bellesoeur, il la conjura de conserver son enfant, qui fut Léobotés ou Labotés; &, selon Plutarque Charilaüs; il le prit sous sa tutelle, & lui remit la couronne quand il eut atteint l'âge de majorité.
Mais dès le commencement de sa régence il exécuta le projet qu'il avoit formé, de changer toute la face du gouvernement de Lacédémone, dans la police, la guerre, les finances, la religion & l'éducation; dans la possession des biens, dans les magistrats, dans les particuliers, en un mot, dans les personnes des deux sexes de tout âge & de tóute condition. J'ébaucherai le plus soigneusement que je pourrai ces choses admirables en elles - mêmes & dans leurs suites, & j'emprunterai quelquefois des [p. 153]
Le premier soin de Lycurgue, & le plus important,
fut d'établir un sénat de 28 membres, qui,
joints aux deux rois, composoient un conseil de
30 personnes, entre les mains desquels fut déposée
la puissance de la mort & de la vie, de l'ignominie
& de la gloire des citoyens: On nomma gérontes les 28 sénateurs de Lacédémone; & Platon dit
qu'ils étoient les modérateurs du peuple & de l'autorité
royale, tenant l'équilibre entre les uns &
les autres, ainsi qu'entre les deux rois, dont l'autorité
étoit égale. Voyez
Lycurgue, après avoir formé le sénat des personnes les plus capables d'occuper ce poste, & les plus initiées dans la connoissance de ses secrets, ordonna que les places qui viendroient à vaquer fussent remplies d'abord après la mort, & que pour cet effet le peuple éliroit, à la pluralité des suffrages, les plus gens de bien de ceux de Sparte qui auroient atteint 60 ans.
Plutarque vous détaillera la maniere dont se faisoit l'élection. Je dirai seulement qu'on couronnoit sur le champ le nouveau sénateur d'un chapeau de fleurs, & qu'il se rendoit dans les temples, suivi d'une foule de peuple, pour remercier les dieux. A son retour ses parens lui présentoient une collation, en lui disant: la ville Chonore de ce festin. Ensuite il alloit souper dans la salle des repas publics, dont nous parlerons, & on lui donnoit ce jour - là deux portions. Après le repas il en remettoit une à la parente qu'il estimoit davantage, & lui disoit, je vous offre le prix de l'honneur que je viens de recevoir. Alors toutes les parentes & amies la reconduisoient chez elle au milieu des acclamations. des voeux & des bénédictions.
Le peuple tenoit ses assemblées générales & particulieres dans un lieu nud, où il n'y avoit ni statues, ni tableaux, ni lambris, pour que rien ne détournât son attention des sujets qu'il devoit traiter. Tous les habitans de la Laconie assistoient aux assemblées générales, & les seuls citoyens de Sparte composoient les assemblées particulieres. Le droit de publier les assemblées & d'y proposer les matieres, n'appartenoit qu'aux rois & aux gérontes: les éphores l'usurperent ensuite.
On y délibéroit de la paix, de la guerre, des alliances, des grandes affaires de l'état, & de l'élection des magistrats. Après les propositions faites, ceux de l'assemblée qui tenoient une opinion, se rangeoient d'un côté, & ceux de l'opinion contraire se rangeoient de l'autre; ait si le grand nombre étant connu, décidoit la contestation.
Le peuple se divisoit en tribus ou lignées; les principales étoient celles des Heraclides & des Pitanates, dont sortit Ménélas, & celle des Egides, différente de la tribu de ce nom à Athènes.
Les rois des Lacédémoniens s'appelloient archagètes, d'un nom différent de celui que prenoient les autres rois de la Grece, comme pour montrer qu'ils n'étoient que les premiers magistrats à vie de la république, semblables aux deux consuls de Rome. Ils étoient les généraux des armées pendant la guerre; présidoient aux assemblées, aux sacrifices publics pendant la paix; pouvoient proposer tout ce qu'ils croyoient avantageux à l'état, & avoient la liberté de dissoudre les assemblées qu'ils avoient convoquées, mais non pas de rien conclure sans le consentement de la nation; enfin il'ne leur étoit pas permis d'épouser une femme étrangere. Xénophon vous instruira de leurs autres prérogatives; Hérodote & Pausanias vous donneront la liste de leur succession: c'est assez pour moi d'observer, que dans la forme du gouvernement, Lycurgue se pro<cb->
Ce grand homme ne procéda point aux autres changemens
qu'il méditoit, par une marche insensible &
lente. Echauffé de la passion de la vertu, & voulant
faire de sa patrie une république de héros, il
profita du premier instant de ferveur de ses concitoyens
à s'y prêter, pour leur inspirer, par des
oracles & par son génie, les mêmes vûes dont il
étoit enflammé. Il sentit
Après avoir fondu ensemble les trois pouvoirs du gouvernement, afin que l'un ne pût pas empiéter sur l'autre, il brisa tous les liens de la parenté, en déclarant tous les citoyens de Lacédémone enfans nés de l'état. C'est, dit un beau génie de ce siecle, l'unique moyen d'étouffer les vices, qu'autorise une apparence de vertu, & d'empêcher la subdivision d'un peuple en une infinité de familles ou de petites sociétés, dont les intérêts, presque toujours opposés à l'intérêt public, éteindroient à la fin dans les ames toute espece d'amour de la patrie.
Pour détourner encore ce malheur, & créer une vraie république, Lycurgue mit en commun toutes les terres du pays, & les divisa en 39 mille portions égales, qu'il distribua comme à des freres républicains qui feroient leur partage.
Il voulut que les deux sexes eussent leurs sacrifices réunis, & joignissent ensemble leurs voeux & leurs offrandes à chaque solemnité religieuse. Il se persuada par cet instirut, que les premiers noeuds de l'amitié & de l'union des esprits seroient les heureux augures de la fidélité des mariages.
Il bannitides funérailles toutes superstitions; ordonnant qu'on ne mît rien dans la biere avec le cadavre, & qu'on n'ornât les cercueils que de simples feuilles d'olivier. Mais comme les prétentions de la vanité sont sans bornes, il défendit d'écrire le nom du défunt sur son tombeau, hormis qu'il n'eût été tué les armes à la main, ou que ce ne sùt une prêtresse de la religion.
Il permit d'enterrer les morts autour des temples, & dans les temples mêmes, pour accoutumer les jeunes gens à voir souvent ce spectacle, & leur apprendre qu'on n'étoit point impur ni souillé en passant par - dessus des ossemens & des sépulchres.
Il abrégea la durée des deuils, & la régla à onze jours, ne voulant laisser dans les actions de la vie rien d'inutile & d'oiseux.
Se proposant encore d'abolir les superfluités religieuses, il fixa dans tous les rits de la religion les lois d'épargne & d'économie. Nous présentons aux dieux des choses communes, disoit un lacédémonien, asin que nous ayons tous les jours les moyens de les honorer.
Il renferma dans un même code politique les lois,
les moeurs & les manieres, parce que les lois & les
manieres représentent les moeurs; mais en formant
les manieres il n'eut en vûe que la subordination à
la magistrature, & l'esprit belliquoux qu'il vouloit
donner à son peuple. Des gens toujours corrigeans
& toujours corrigés, qui instruisoient toujours &
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