ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"931"> célébroit dans la saison où les maladies regnent davantage.

On y disputoit comme aux jeux olympiques les prix de la lutte, de la course, du saut, du disque & du javelot. Il paroît par un passage de Plutarque, & par un autre de l'empereur Julien, que les combats de musique & de poësie y furent encore admis.

Le concours de peuple étoit si grand à ces jeux, qu'il n'y avoit que les principaux membres des villes de la Grece, qui pussent y être placés. Quoiqu'Athenes y tînt le premier rang, elle ne pouvoit occuper d'espace qu'autant que la voile du navire qu'elle envoyoit à l'isthme, en pouvoit couvrir.

Les Eléens étoient les seuls de tous les Grecs qui ne se trouvoient point aux jeux isthmiques, pour éviter les malheurs des imprécations que Molione femme d'Actor avoit faites contre tous ceux de l'Elide qui oseroient jamais y assister.

Mais les Romains qui y furent reçus après leurs victoires, éleverent la magnificence de ces jeux au plus haut degré de splendeur. Alors outre les excrcices ordinaires du pentathle, de la musique, & de la poësie, on y donnoit le spectacle de la chasse, dans laquelle on faisoit paroître les animaux les plus rares, qu'on y conduisoit à grands frais de toutes les parties du monde connu. Enfin, ce qui augmenta le lustre de ces jeux, c'est qu'ils servirent d'époque aux Corinthiens, & aux habitans de l'isthme.

Au milieu de cette pompe qui attiroit une si prodigieuse multitude de spectateurs & de combattans, quels prix, me direz - vous, quelle récompense recevoient donc les vainqueurs? Une simple couronne d'abord de feuille de pin, ensuite de persil, selon Archias & le scoliaste de Pindare, mais selon la plus commune opinion & celle de Pindare lui - même, d'ache seche de marais, parce que cette herbe aquatique étoit consacrée à Neptune, & que de plus on s'en servoit dans les funérailles. Or les jeux isthmiques n'étoient dans leur institution qu'une cérémonie funebre; leur éclat se ternit quand les Romains joignirent les plus riches présens à cette couronne d'honneur.

Cependant ces jeux furent touiours réputés si sacrés dans l'esprit des peuples, qu'on n'osa pas les discontinuer quand Mummius eut pris Corinthe, 144 ans avant l'ere chrétienne. Le sénat de Rome se contenta d'ôter aux Corinthiens le droit qu'ils avoient d'en être les juges: mais dès que leur ville fut rétablie dans ses prérogatives, ils rentrerent dans leur ancienne possession.

Ce fut peu de tems après cet évenement, & dans la célébration des jeux isthmiques, que les Romains portant au plus loin leur générosité, dirai - je mieux, leur sage politique, rendirent authentiquement la liberté à toute la Grece. Voici de quelle maniere ce fait à jamais mémorable est rapporté dans Tite - Live.

Il étoit venu, dit - il, aux jeux de l'isthme, une multitude innombrable de peuples, soit par la passion naturelle que les Grecs ont pour ce spectacle où l'on propose toutes sortes de combats d'adresse, de force & d'agilité, soit à cause de la situation du lieu qui est placé entre deux mers, ce qui fait qu'on peut aisément s'y rendre de toutes parts.

Les Romains ayant pris leur place dans l'assemblée, le héraut accompagné d'un trompette selon la coutume, s'avance au milieu de l'arene, & ayant fait faire silence à son de trompe, prononce ces mots à haute voix: « Le sénat, le peuple romain, & le général Titus Quintius Flaminius, après avoir vaincu le roi de Macédoine, déclarent qu'à l'avenir les Corinthiens, les Phocéens, les Lo<cb-> criens, l'île d'Eubée, les Magnésiens, les Thessaliens, les Perrhébiens, les Achéens, les Phthiotes, & tous les peuples ci - devant soumis à la domination de Philippe, jouiront des - à - présent de leur liberté, de leurs immunités, de leurs privileges, & se gouverneront suivant leurs loix ».

Cette proclamation causa un ravissement de joie que toute la multitude d'hommes qui se trouvoient présens, ne put contenir. Ils doutent s'ils ont bien entendu; pleins d'étonnement ils se regardent les uns les autres, & prennent pour un songe ce qui se passe à leurs yeux; ils n'osent s'en fier à leurs oreilles.

On redemande, on fait paroître le héraut une seconde fois; tous se pressent, non - seulement pour entendre, mais encore pour voir le proclamateur de leur liberté. Le héraut répete la même formule: alors on se livre aux transports d'allégresse avec toute assurance, & les acclamations furent si grandes, & tant de fois réitérées, qu'il fut aisé de reconnoître qu'au jugement de l'univers la liberté est le plus précieux de tous les biens. On célébra les jeux à la hâte, car ni les esprits ni les yeux de personne ne furent attentifs au spectacle, tant la joie qu'on ressentoit, avoit ôté le goût de tous les autres plaisirs. Ce grand évenement arriva 194 ans avant J. C.

Au bout de 260 ans on sait que Néron renouvella la même protestation, & dans la même assemblée. Il fut le propre héraut de la grace qu'il accordoit. Il fit plus: il donna le droit de bourgeoisie romaine aux juges des jeux Isthmiques, & les combla de ses présens.

Cependant les peuples de la Grece accablés du joug de Rome, & des malheurs qu'ils éprouvoient depuis plus d'un siecle, n'espérant plus de retour de leurs beaux jours, ne sentirent aucun des transports de joie qui les avoit saisis du tems de Flaminius, & comptant encore moins sur les faveurs d'un Néron, ils ne répondirent à ses promesses que par de foibles acclamations.

Leurs conjectures ne furent point fausses, les préteurs d'Achaïe continuerent à les accabler; insensiblement tous leurs jeux perdirent leur éclat, & ceux de l'isthme vinrent à cesser entierement sous l'empire d'Hadrien, c'est - à - dire vers l'an 130 de l'ere chrétienne.

Il ne resta dans le monde, pour en perpétuer le souvenir, que les belles odes de Pindare, à la louange des vainqueurs, auxquels il a fait un présent plus considérable que s'il leur eût élevé cent statues, centum potiore signif munere donavit.

Ces odes ont passé jusqu'à nous, & leur quatrieme livre est intitulé les isthmiques. (D. J.)

ISTHMION (Page 8:931)

ISTHMION, s. f. (Littérat. greq.) isthmion, espece d'ornement qui ceignoit & couronnoit la tête des femmes chez les anciens Grecs, comme il paroît par quelques médailles. (D. J.)

ISTRIE (Page 8:931)

ISTRIE, l'(Géog.) presqu'île d'Italie dans l'état de Venise, entre le golfe de Trieste & le golfe de Quarner. Les Colques y fonderent autrefois le fameux port de Pola, si connu depuis chez les Romains sous le nom de Julia pietas; & d'autres colonies greques qui s'y etablirent, y porterent le culte d'Isis.

L'air y est mal - sain, & le pays dépeuplé; la plus grande partie de l'Istrie est aux Vénitiens; la maison d'Autriche y possede seulement la principauté & le port de Trieste: il ne faut pas dire avec Magin, que l'Istrie répond à la Japidie des anciens, cela n'est vrai que d'une partie de l'Istrie & de la Japidie.

Capo d'Istria est la capitale de cette contrée. Voyez Capo - d'Istria. J'ajouterai qu'elle est sur une petite île nommée. AEgida par les anciens, & que le P. Coronelli met à 36. 36. de long. & à 45. [p. 932] 31 de lat. septen. Elle quitta le nom d'AEgida & de Copraria qu'elle avoit eu depuis, pour celui de Justinopolis qu'elle garde encore dans les actes publics. L'évêché de Capo - d'Istria fut fondé en 756; elle a d'assez belles églises; sa maison de ville étoit un temple de Pallas; son principal revenu consiste en salines qui produisent par an plus de sept mille muids de sel; la mer lui fournit du poisson en abondance, & la terre ferme d'alentour est couverte d'oliviers & de vignes qui donnent d'excellent vin.

Mathias Francowitz plus connu sous le nom de Mathias Flaccus Illyricus, l'un des plus savans & des plus turbulens théologiens de la confession d'Ausgbourg, nâquit dans l'Istrie le 3 de Mars 1520; il s'éleva avec force contre l'interim de Charles - Quint, eut des démêlés très - vifs avec les Catholiques, & mourut le 11 Mars 1575, à 55 ans. Il tira de la poussiere des bibliotheques, une vieille messe qu'il fit imprimer en 1557, & compila l'ouvrage fameux intitulé, Catalogus testium veritatis, Basileoe 1556, premiere édition, suivie de celles de 1597 & 1608, & à Francfort 1666 in - 4°. & 1672. Le plus considérable de ses travaux, fut sans doute cette histoire ecclésiastique latine, qu'on a nommée les Centuries de Magdebourg, dont il eut la principale direction; il y a 13 centuries. Les trois premieres parurent en 1559, & la derniere en 1574. L'édition de Basle en 1624, 3 vol. in - fol. est la bonne de ce grand ouvrage; mais le clavis sacroe scripturoe d'Illyricus, est un de ses meilleurs livres: Bayle a donné un excellent article critique de ce célebre auteur. (D. J.)

ISTROPOLIS (Page 8:932)

ISTROPOLIS, (Géog. anc.) ancienne ville sur la mer Noire, à l'embouchure du Danube. Ptolomée & Etienne le Géographe la nomment Istros; c'étoit une peuplade des Milésiens, qui éleverent cette ville lorsque l'armée de Scythes barbares vint poursuivre en Asie les habitans du Bosphore Cimmérien. C'est aujourd'hui Stravico, ou Prostravisa, qui placée près d'une des embouchures du Danube, servoit alors d'entrepôt général à toutes les nations qui trafiquoient le long de ce fleuve.

ISTURIE (Page 8:932)

ISTURIE, (Géog.) petit village à cinq lieues de Bayonne dans le pays - basque, contrée d'Arberou. Je n'en parle que parce qu'il a donné son nom à une fameuse mine connue, & jadis exploitée par les Romains; son ouverture avoit près de douze cent piés de profondeur. La montagne étoit percée pour l'écoulement des eaux d'une petite riviere qui la traverse: trois grosses tours dont une existe encore en partie, avec un retranchement d'une douzaine de toises de surface, & quelques fortifications au haut de la montagne, servoient à loger des soldats pour soutenir les mineurs. Des naturalistes qui ont examiné cet endroit, croyent que c'étoit une mine de fer, & ont regardé le grand souteriein comme une carriere d'où l'on tiroit la pierre. (D. J.)

ISUM (Page 8:932)

ISUM, (Géog.) ville commerçante de la Russie, sur la riviere de Donetz, entre Asoph & Bormut.

ISUREN (Page 8:932)

ISUREN, s. m. (Idolat. mod.) nom d'une des trois principales divinités auxquelles les Indiens idolâtres attribuent le gouvernement de l'univers; les deux autres sont Bramha, qu'ils prennent pour le créateur du monde, & Wisnou. Voyez Bramha & Wisnou.

Les Indiens adorent Isuren sous une figure obscène & monstrueuse qu'ils exposent dans les temples, & qu'ils portent en procession. Lorsque cette divinité ne paroît pas dans les temples sous la forme infame du Lingam, mais sous celle d'un homme, elle est représentée comme ayant un troisieme oeil au milieu du front. On lui donne deux femmes, l'une qui est peinte en verd, & l'autre en rouge, avec une queue de poisson. Les adorateurs de ces idoles se frottent le visage & quelques autres parties du corps, d'une cendre faite de fiente de vache, à laquelle ils attachent une grande idée de sainteté.

La secte d'Isuren passe pour la plus étendue qu'il y ait dans les Indes; elle est même subdivisée en plusieurs sectes, dont les unes n'adorent que le seul Isuren, d'autres ses femmes, d'autres ses enfans, d'autres enfin joignent à leurs adorations toute la famille & les domestiques. Voyez l'histotre du christianisme des Indes, par M. de la Croze, où vous trouverez des particularités que je passe sous silence. (D. J.)

IT (Page 8:932)

* IT, s. m. (Hist. mod.) c'est le nom que les Iguréens donnent à l'onzieme géagh de leur cycle duodenaire; il signifie chien, & désigne encore l'onzieme heure du jour, & l'onzieme de leurs signes célestes. Bibliotheq. orient. & Dict. de Trév.

ITABU (Page 8:932)

ITABU, s. m. (Hist. nat. botan.) c'est un arbre du Japon qui est une espece de figuier sauvage, dont le fruit est de couleur purpurine, & la feuille longue de quatre ou cinq doigts, terminée en pointe, & sans découpure. Un autre figuier nommé Inuitabu, porte un fruit insipide, & jette des racines qui tirent sur le roux. Ses branches sont courtes, grosses, courbées, revetues d'une écorce rousse, ou d'un verd clair. Ses feuilles qui durent toute l'année, sont fermes, dures, épaisses, ovales, & terminées en pointe, longues ordinairement de trois pouces, unies & brillanies par - dessus, & d'un verd clair par le dos, qui est garni dans toute son étendue d'une infinité de nervures entrelassées les unes dans les autres d'une maniere sort agréable. Les fleurs ne se montrent point. Les fruits dont le pédicule est court, gros & ligneux, sont de la grosseur & de la figure d'une noix, mais que quefois de la figure d'une poire. Leur chair est branche, fongueuse garnie d'un grand nombre de petites semences blanches & transparentes, qui sont environnées d'une très - petite fleur blanche à quatre pétales. L'albre c oît dans les endroits pierreux & le long des murs.

ITALICA (Page 8:932)

ITALICA, (Géog. anc.) ancienne ville d'Espagne dans la Betique, aujourd'hui l'Anda ousie. Appien nous en apprend l'origine, lorsqu'il dit que Scipion laissa les invalides de son armée dans une ville qui en reçut le nom d'Italica. Elle a le titre de municipe dans les médailles frappées sous l'empire d'Auguste; mais elle est bien autrement fameuse par les grands hommes dont elle a été la patrie. Je compte d'abord trois empereurs romains, Trajan sous le regne duquel ce fut un bonheur d'être ne, Adrien son cousin & son successeur qui n'étoit point chrétien, mais qui loin de les persécuter, ordonna de châtier leurs calomniateurs; & Théodose le vieux, après la mort duquel l'empire s'affaissa tout à coup; le quatrieme homme illustre, natif d'Italica selon quelques critiques, ou plûtôt de Corsinium, est sans doute moins célebre par les honneurs de son consulat qui tombe à l'an 68 de l'ere vulgaire, que par son poëme, ou si l'on aime mieux, son histoire versifiée de la seconde guerre punique.

Les notices d'Espagne donnent à la ville d'Italica le premier rang après le siege de Spalis, Séville. Aujourd'hui ce n'est qu'un bourg ruiné, situe à trois ou quatre milles de Séville, & qu'on nomme Sevillala Veja; mais M. Baudrand remarque que la canpagne de ces environs est encore appellée los campos de Talca. (D. J.)

ITALIE (Page 8:932)

ITALIE, (Géog. anc.) à ce grand pays de l'Europe, situé entre les Alpes & la mer Méditerranée, où il s'étend en forme de presqu'île, Pline donnoit en longueur mille & vingt de ces milles romains qui étoient en usage de son tems, & sept cens quarantecinq milles dans sa plus grande largeur.

Tandis que quelques - uns dérivent le nom d'Ialie

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