ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"873"> phetes. Voyez Prophetes. Jonas étoit fils d'Amathi; & prophétisa sous le regne de Jéroboam, roi d'Israel, & du tems d'Osias ou Azarias, roi de Juda. Il semble être le plus ancien des prophetes. Dieul'envoya à Ninive, pour exhorter les habitans de cette ville à la pénitence. L'histoire de cette mission, de la désobéissance du prophete, & de sa punition, & ensuite de sa prédication à Ninive, suivie de la conversion de cette ville, & de quelques autres circonstances personnelles à Jonas, font le sujet de cette prophétie qui ne contient que quatre chapitres.

Jonas avoit aussi composé une autre prophétie, dont il est parlé dans le IV. livre des Rois, ch. xjv. v. 22. dans laquelle il avoit prédit, sous le regne de Joas, les conquêtes que feroit son fils Jéroboam. Le livre que nous avons, semble être cité dans Tobie, ch. xjv. v. 6. & est approuvé par J. C. même. C'est pourquoi l'Eglise l'a toujours reconnu pour canonique, & la synagogue l'avoit mis dans le canon des Juifs. Dupin, Dissert. prélim. sur la Bible, liv. V. ch. iij. §. 22. p. 377.

JONC (Page 8:873)

JONC, juncus, s. m. (Hist. nat.) genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond; il sort du milieu de la fleur un pistil qui devient dans la suite un fruit ou une capsule. Cette capsule a ordinairement trois côtés qui s'ouvrent en trois pieces, & qui renferment des semences, dont la plûpart sont arrondies. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Jonc d'eau (Page 8:873)

Jonc d'eau, (Hist. nat.) scirpus, genre de plante à fleur sans pétales, composée d'étamines & disposée en bouquet écailleux; il sort des aisselles de ces écailles des pistils qui deviennent dans la suite des semences triangulaires disposées en bouquets. Ajoutez à ces caracteres que les tiges ne sont pas triangulaires. Tournefort, Inst. rei herbar. Voyez Plante.

Jonc fleuri (Page 8:873)

Jonc fleuri, (Hist. nat.) butomus, genre de plante à fleur en rose, composée pour l'ordinaire de plusieurs pétales disposés en rond, dont les uns sont plus grands que les autres. Il sort du milieu de la fleur un pistil qui devient dans la suite un fruit membraneux composé de plusieurs gaines rassemblées en forme de tête, la plûpart terminées par une corne; elles s'ouvrent dans leur longueur, & elles renferment des semences ordinairement oblongues. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Jonc marin (Page 8:873)

Jonc marin, (Hist. nat.) genista spartium, genre de plante qui ne differe du genêt & du sparte, qu'en ce qu'il est épineux. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Jonc odorant (Page 8:873)

Jonc odorant, (Botan. exot.) schoenanthus. C'est, suivant l'exacte description de M. Geoffroi, une espece de gramen ou de chaume qu'on nous apporte d'Arabie, garni de feuilles, & quelquefois de fleurs. Il est sec, roide, cylindrique, luisant, genouillé, de la longueur d'un pié ou environ, rempli d'une moelle fongueuse. Il est pâle ou jaunâtre près la racine; verd ou de couleur de pourpre, près du sommet; d'un goût brûlant, un peu âcre, amer, aromatique & agréable, semblable à celui du pouliot, cependant beaucoup plus fort. Son odeur tient le milieu entre celle des roses & du pouliot, elle est très - pénétrante; il s'éleve plusieurs tiges d'une même racine.

Ne doutons plus que notre jonc odorant ne soit le même que celui des anciens. Matthiole & Bauhin en ont donné plusieurs preuves convaincantes. Dioscoride & Galien l'appellent simplement SXOI=NOS2 ou jonc par excellence. Hippocrate le nomme SXOI\NON E)NO/DH, jonc odoriférant, & le recommande par cette qualité. Les autres anciens grecs l'appelloient SXOI/ND= A=NQOS2, c'est - à - dire fleur de jonc ou jonc précieux; car le mot A=NQOS2 ne désigne pas seulement une fleur, mais quelque chose d'excellent, selon les observations de Saumaise; & nous employons aussi le mot de fleur dans le même sens en srançois.

La plante d'où le jonc odorant est tiré, s'appelle par les Botanistes schoenanthus, sive juncus odoratus, J. B. T. Juncus rotundus, aromaticus, C. B. &c.

Ses racines sont blanchâtres, petites, pliantes, dures, ligneuses, accompagnées à leur origine de plusieurs fibres très - menues. Ses feuilles ont plus d'une palme de longueur, semblables à celles du blé, roides, épaisses, larges vers la racine, roulées les unes sur les autres en maniere d'écailles; elles se terminent en pointe dure, menue, arrondie, & embrassent étroitement les tuyaux par leurs gaines, comme dans le roseau. Les tiges ont un pié de long, & sortent du haut de la racine; elles sont cylindriques, grêles vers leurs sommets, divisées par des noeuds fort éloignés les uns des autres; quelquefois elles sont ligneuses, sans noeuds, & remplies d'une moelle fongueuse,telle qu'est celle du jonc ordinaire. Elles portent des épis de fleurs disposées deux à deux, comme l'ivraie; ces fleurs sont très petites, composées d'étamines & d'un pistil à aigrette, contenus dans des petits calices rougeâtres en dehors. Quand ces fleurs sont tombées, il leur succede des graines.

Cette plante vient en si grande quantité dans quelques provinces d'Arabie, qu'elle sert de nourriture commune aux chameaux. Autrefois on recherchoit toutes les parties de ce jonc, savoir les tiges, les fleurs & les racines pour l'usage médicinal; en effet elles sont toutes odorantes. Les feuilles piquent la langue par une certaine acrimonie agréable; la racine a un goût brûlant & aromatique; les fleurs récentes sont un peu aromatiques; mais au bout d'un an elles ont perdu leur parfum, & paroissent inutiles. Il faut donc employer pour les compositions de Pharmacie, comme la thériaque & le mithridate, le jonc odorant, quand il est récent, aromatique, d'un goût brûlant & d'une odeur pénétrante. Il donne pour lors beaucoup d'huile essentielle par la distillation; ses fleurs, ses feuilles & ses tiges sont un peu astringentes, atténuantes & composées de parties volatiles. (D. J.)

Joncodorant (Page 8:873)

Joncodorant, (Mat. méd.) voyez Schoenante.

Joncs de Pierre (Page 8:873)

Joncs de Pierre, junci lapidei, (Hist. nat. Minéralogie.) Quelques auteurs nomment ainsi une pierre formée par l'assemblage de tubulites pétrifiées, ou de coralloïdes cylindriques paralleles les unes aux autres, & placées perpendiculairement, eu égard à la masse de la pierre; il se trouve une pierre de cette espece en Angleterre, dans la province ou comté de Shropshire, suivant le rapport d'Emanuel Mendez d'Acosta, qui place cette pierre parmi celles qu'il nomme marmoroïdes ou ressemblantes au marbre. C'est aussi de cette espece qu'est, selon lui, le marmor juncum ou les junci lapides décrits dans le catalogue de Woodward, où il est dit que les cylindres qu'on remarquoit dans le morceau qu'il possédoit, avoient près de deux piés de longueur, & s'étendoient autant que la pierre, quoiqu'elle ne fût elle - même qu'un fragment. Ce morceau curieux étoit tiré d'une carriere située entre Carlisle & Cokesmouth, dans le duché de Cumberland. Il s'en trouve aussi en Angleterre dans l'évêché de Durham & dans la province d'Yorck. Voyez Em. Mendez d'Acosta, natural history of fossils, tom. I. pag. 248. ( - )

Jonc (Page 8:873)

Jonc, (Joaillier.) bague unie qui n'a point de chaton, & dont le cercle est par - tout égal.

JONCHER (Page 8:873)

* JONCHER, verb. act. (Gramm.) c'est répandre sur la terre sans ordre & à profusion. Il se dit des fleurs, des herbes, des corps morts, &c. Après cette action sanglante, la terre resta jonchée de morts. [p. 874] On joncha de fleurs les chemins qui conduisoient à son palais.

De joncher on a fait jonchée. Les Juifs firent des jonchées de palmes à l'entrée de Jesus - Christ dans Jérusalem. Les Grecs firent des jonchées de fleurs à l'arrivée d'Iphigénie en Aulide.

JONCHETS (Page 8:874)

JONCHETS, les s. m. pl. (Jeux) sorte de jeu ancien dont parle Ovide. On jouoit autrefois aux jonchets avec de petits brins de joncs, auxquels ont succédé de petits brins de paille, & ensuite de petits bâtons d'ivoire; c'est des brins de joncs que lui vient son nom, comme il paroît par le Diction. étymolog. de Ménage. Rabelais n'a pas oublié ce jeu dans la longue liste de ceux auxquels Gargantua passoit la meilleure partie de son tems. Jonchée, dit Nicod, signifie « la poignée de petites branches d'ivoire dont les filles s'ébattent, & qu'on appelle le jeu des jonchées ». On empoigne ces brins de joncs pour les faire tomber tous ensemble, de maniere qu'ils s'éparpillent en tombant: nos enfans y jouent encore avec des allumettes. (D. J.)

JONCTION ou UNION (Page 8:874)

JONCTION ou UNION, (Synonymes.) quoique ces deux mots désignent également la liaison de deux choses ensemble, les Latins ont rendu communément le premier par junctio, & le second par consensus; nous ne les employons pas non plus indistinctement en françois, & l'abbé Girard en a marqué la différence avec beaucoup de justesse; il suffira presque de le copier ici.

La jonction, dit - il, regarde proprement deux choses éloignées qu'on rapproche, ou qui se rapprochent l'une auprès de l'autre; l'union regarde particulierement deux différentes choses qui se trouvent bien ensemble. Le mot de jonction semble supposer une marche ou quelque mouvement; celui d'union renferme une idée d'accord ou de convenance: on dit la jonction des armées, & l'union des couleurs; la jonction des deux rivieres, & l'union de deux voisins; ce qui n'est pas joint, est séparé; ce qui n'est pas uni est divisé. On se joint pour se rassembler & n'être pas seuls; on s'unit pour former des corps de société.

Union s'emploie souvent au figuré, & toujours avec grace, mais on ne se sert de jonction que dans le sens littéral. La jonction des ruisseaux forme les rivieres; l'union soutient les familles & la puissance des états. La jonction de l'Océan & de la Méditerranée par le canal de Languedoc, est un projet magnifique, conçu d'abord sous François I. renouvellé sous Henri IV. & finalement exécuté sous Louis XIV. par les soins de M. Colbert. La sympathie qui forme si promtement l'union des coeurs, qui fait que deux ames assorties se cherchent, s'aiment, s'attachent l'une à l'autre, est une chose aussi rare que délicieuse. (D. J.)

Jonction (Page 8:874)

Jonction, (Jurisprud.) est l'union d'une cause, instance ou procès à un autre, pour les juger conjointement par un seul & même jugement.

Appointement de jonction, est le réglement qui unit ainsi deux instances ou procès qui étoient auparavant séparés.

Dans les instances ou procès appointés, on appointe en droit & joint les nouvelles demandes qui sont incidentes au fond.

On joint même quelquefois au fond des requêtes contenant demande provisoire, lorsqu'on ne trouve pas qu'il y ait lieu de statuer sur le provisoire.

Quand on joint simplement la requête, il n'y a point d'instruction à faire, on statue sur la requête en jugeant le fond.

Mais quand on appointe en droit & joint, il faut écrire & produire en exécution de ce réglement. (A)

Jonction du procureur - général, ou du procureur du roi, ou du ministere public en général, c'est lorsque dans une affaire criminelle où il y a une partie civile, le ministere public intervient pour conclure à la vengeance & punition du délit. Cette intervention s'appelle jonction, parce que le ministere public se joint à l'accusateur, lequel requiert la jonction du ministere public, parce qu'en France les particuliers ne peuvent conclure qu'aux intérêts civils; le droit de poursuivre la punition du crime, & la vindicte publique, résident en la personne du ministere public. (A)

JONE (Page 8:874)

JONE, (Géog.) petite île d'Ecosse au S. O. de celle de Mull; elle a deux milles de long & un mille de large. Je n'en parle que parce qu'elle étoit le lieu où résidoient les évêques des îles, & celui du tombeau des rois d'Ecosse: on compte quarante rois d'Ecosse, quatre d'Irlande, & autant de Norwege, qui y sont enterrés. (D. J.)

JONGLEURS (Page 8:874)

JONGLEURS, s. m. pl. (Littérat.) joueurs d'instrumens qui, dans la naissance de notre poésie, se joignoient aux troubadours ou poëtes provençaux, & couroient avec eux les provinces.

L'histoire du théatre françois nous apprend qu'on nommoit ainsi des especes de bâteleurs, qui accompagnoient les trouveurs ou poëtes provençaux, fameux dès le xj. siecle. Le terme de jongleur paroît être une corruption du mot latin joculator, en françois joueur. Il est fait mention des jongleurs dès le tems de l'empereur Henri II. qui mourut en 1056. Comme ils jouoient de différens instrumens, ils s'associerent avec les trouveurs & les chanteurs, pour exécuter les ouvrages des premiers, & ainsi de compagnie ils s'introduisirent dans les palais des rois & des princes, & en tirerent de magnifiques présens. Quelque tems après la mort de Jeanne premiere du nom, reine de Naples & de Sicile & comtesse de Provence, arrivée en 1382, tous ceux de la profession des trouveurs & des jongleurs se séparerent en deux différentes especes d'acteurs. Les uns, sous l'ancien nom de jongleurs, joignirent aux instrumens le chant ou le récit des vers; les autres prirent simplement le nom de joueurs, en latin joculatores, ainsi qu'ils sont nommes par les ordonnances. Tous les jeux de ceux ci consistoient en gesticulations, tours de passe - passe, &c. ou par eux mêmes, ou par des singes qu'ils portoient, ou en quelques mauvais récits du plus bas burlesque. Mais leurs excès ridicules & extravagans les firent tellement mépriser, que pour signifier alors une chose mauvaise, folle, vaine & fausse, on l'appelloit jonglerie; & Philippe - Auguste dès la premiere année de son regne les chassa de sa cour & les bannit de ses états. Quelques - uns néanmoins qui se réformerent s'y établirent & y furent tolérés dans la suite du regne de ce prince & des rois ses successeurs, comme on le voit par un tarif fait par S. Louis pour régler les droits de péage dûs àl'entrée de Paris sous le petit - châtelet. L'un de ces articles porte, que les jongleurs seroient quittes de tout péage en faisant le récit d'un couplet de chanson devant le péager. Un autre porte « que le marchand qui apporteroit un singe pour le vendre, payeroit quatre deniers; que si le singe appartenoit à un homme qui l'eût acheté pour son plaisir, il ne donneroit rien, & que s'il étoit à un joueur, il joueroit devant le péager; & que par ce jeu il seroit quitte du péage tant du singe que de tout ce qu'il auroit acheté pour son usage ». C'est de - là que vient cet ancien proverbe, payer en monnoie de singe, en gambades. Tous prirent dans la suite le nom de jongleurs comme le plus ancien, & les femmes qui se mêloient de ce métier celui de jongleresses. Ils se retiroient à Paris dans une seule rue qui en avoit pris le nom de rue des jongleurs, & qui est aujourd'hui celle de saint Julien des Menétriers. On y alloit louer ceux que l'on jugeoit à propos pour

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.