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Influence physique de la lune. On a absolument rejetté
toute influence de la lune, excepté celle qui dépend
de sa gravitation, que nous avons appellée méchanique; & lorsque les femmes ont objecté qu'elles
s'appercevoient que les rayons de la lune brunissoient
leur teint, on a fait des expériences pour chercher
l'explication d'un fait qui paroissoit assez constaté
par la relation des femmes dans un point le plus
intéressant pour leur vanité; on exposa un miroir ardent
aux rayons de la lune, qu'on ramassa de façon
à leur donner un éclat prodigieux, on mit au foyer
un thermometre extrèmement mobile, la liqueur
n'en reçut aucune impression, ne monta pas sensiblement;
on en conclut avec raison que les rayons
de la lune n'étoient pas capables de produire de la
chaleur; & sur cela on décida qu'ils ne pouvoient
pas brunir, & qu'ainsi l'observation des femmes
étoit une de ces erreurs populaires que le philosophe
doit nier lorsqu'il ne sait pas les expliquer; il eût été
plus sage de bien constater le fait, d'en chercher une
autre cause, ou de le croire sans l'approfondir, sans
en pénétrer la cause, comme l'on fait dans bien d'autres
cas. Voici quelques autres observations qui démontrent
cette action physique de la lune, dûe vraissemblablement
à sa lumiere: la lumiere ne seroit - elle
qu'une émanation? seroit - elle, comme l'a pensé
Hierne, combinée, lorsqu'elle sort de la lune. avec
quelques vapeurs, avec quelques corps étrangers?
quoi qu'il en soit, voici le fait. Mathiolus Faber rapporte
qu'un jeune mélancholique quelques jours
avant l'éclipse de lune, devint plus triste, plus sombre
qu'à l'ordinaire, & qu'au moment de l'éclipse il
devint furieux, courant de côté & d'autre dans sa
maison, dans les rues & les carrefours, l'épée à la
main, tuant & renversant tout ce qu'il trouvoit sur
ses pas, hommes, animaux, portes, fenêtres, &c.
Miss. natur. curiosor. in appendic. dec. II. ann. 19.
pag. 49. Baillou raconte qu'en 1691, vers le solstice
d'hiver, il y avoit beaucoup de fluxions, de morts
subites, especes d'apoplexies, & de sueurs angloises.
Au mois de Décembre pendant la nuit, il se fit des
changemens inouis, incroyables; les corps les plus
sains étoient languissans; les malades sembloient tourmentés
par des démons, prêts à rendre l'ame; il n'y
avoit d'autre cause apparente qu'une éclipse;
Influence physique des autres astres. Il ne vient absolument
point de chaleur des planetes ni des étoiles
fixes; la lumiere qui s'en échappe est très - foible,
très - peu propre à faire quelqu'impression sensible;
nous n'en voyons aussi aucun effet: la production
des vents, de la pluie, &c. que Goad & Kook leur
attribuent, si elle est réelle, vient sans doute de leur
gravitation, & par consequent est une influence méchanique
dont il sera question plus bas. L'influence
physique des cometes mérite plus d'attention, quoiqu'elle soit assurément dépourvue de toute utilité;
ces especes de planetes peuvent s'approcher d'assez
près de la terre pour lui faire éprouver & à ses habitans
l'activité de leur influence. Voyez les ingénieuses
conjectures de M. de Maupertuis. Voyez l'article
Influence méchanique du soleil. II. Cette influence est fondée sur l'action constante qui porte les planetes les unes vers les autres, & toutes vers le soleil, qui est à son tour attiré par chacune; l'influence méchanique du soleil sur la terre n'est point un probleme, c'est un fait très - décidé; c'est en obéissant à cette influence que la terre résistant à chaque point à sa force de projection, est comme obligée de former une courbe autour du soleil; ses effets, quoique très réels sur l'homme, sont trop constans & trop nécessaires pour être beaucoup sensibles; le mouvement de rotation de la terre ne fait de même sur eux aucune impression, cette influence croissant en raison inverse des quarrés des distances est dans certains tems beaucoup plus forte que dans d'autres. Les différences les plus remarquables s'observent aux solstices & aux équinoxes; dans ces tems précisément on a apperçu quelques phénomenes, quelques variations dans les maladies, qu'on a jugé inexplicables, & tout de suite fausses, & qui pourroient vraissemblablement être rapportées à cette cause. Le tems des équinoxes est fort contraire aux phtisiques, aux hectiques, à ceux qui sont dans des fievres lentes; [p. 736]
Influençe méchanique de la lune. L'action méchanique
de la lune sur la terre, est incontestablement
prouvée par le flux & reflux de la mer; & c'est surtout
de la correspondance exacte du flux & reflux
avec les périodes lunaires, qu'on est parti pour établir que la lune est la cause principale de ce phénomene;
ainsi des observations qui démontreroient la
même réciprocité entre les phénomenes de l'économie
animale & les phases & mouvemens de la lune,
seroient une preuve évidente de l'influence méchanique de la lune sur le corps. Je passe sous silence les
preuves physiques qu'on pourroit tirer du reflux de
l'air, des changemens qui y arrivent alors, & de
l'action de l'air sur le corps humain (Voyez
Joignons à toutes ces preuves les observations propres qui établiront la même influence sur le corps humain, & qui sont d'autant plus convainquantes qu'elles ont été faites la plûpart par des medecins qui ajoûtoient peu de foi à l'influence des astres, ou qui la négligeoient entierement.
1°. Le retour périodique des regles dans les femmes, est si exactement d'accord avec le mois lunaire, qu'il y a eu presqu'une voix sur ce point dans tous les siecles, chez tous les medecins & chez les femmes même; les maladies qui dépendent de quelque vice dans cette excrétion (classe fort étendue à laquelle on peut rapporter la plûpart des maladies des femmes), suivent souvent avec une extrème régularité les mêmes périodes. Charles Pison raconte qu'une fille fut pendant tous le printems tourmentée de symptômes d'hystéricité qui commençoient
2°. Maurice Hoffman dit avoir vu une jeune fille âgée de quatorze ans, née d'une mere épileptique, à qui le ventre enfloit tous les mois à mesure que la lune croissoit, & diminuoit en même tems que la lune alloit en décroissant. (miscell. nat. curios. ann. 6. observ. 161.) On assure que les huitres sont beaucoup plus grosses & les coquillages plus remplis pendant la nouvelle & la pleine lune, que pendant les derniers quartiers au déclin. Gelle, témoin oculaire de ce fait, prétend l'avoir vu s'opérer de même dans bien d'autres animaux, qui engraissoient & maigrissoient successivement selon que la lune étoit nouvelle ou vieille. Hippocrate pense que les femmes conçoivent principalement dans la pleine lune. Voyez Hoffman, dissertation citée.
3°. Les maladies nerveuses sont très - souvent conformes aux périodes lunaires. Il y a une foule d'observations qui justifient le nom de lunatiques, qu'on a donné aux épileptiques & aux maniaques; Galien, Coelius Aurelianus, Pitcarn, ont principalement observé cette uniformité. Méad rapporte l'histoire d'un jeune enfant attaqué de convulsions, qui étant revenues à la pleine lune, suivirent si exactement les périodes de la lune, qu'elles répondoient tous les jours au flux & reflux de la mer; de façon que lorsque les eaux venoient couvrir le rivage, l'enfant perdoit l'usage de la voix & de tous ses sens, & lorsque les eaux s'en retournoient, l'enfant revenoit entierement à lui; il resta pendant quatorze jours dans cet état jusqu'à la nouvelle lune. (de imper. solis & lun. pag. 169.) Pitcarn a observé un chorea sancti Viti aussi régulierement périodique. Charles Pison parle d'une paralysie, que la nouvelle lune ramenoit tous les mois. Tulpius a vu un tremblement, dont les accès étoient correspondans au flux & reflux de la mer, à la lune, & quelquefois au soleil. Un medecin de Paris m'a communiqué depuis quelques jours un mémoire à consulter pour un épileptique, dont les accès reviennent pendant la vieille lune.
4°. On trouve dans les éphémerides des curieux de la nature, une quantité d'exemples de maux de tête, de vertiges, de blessures à la tête, d'affections épidémiques, de fievres malignes, de diabetes, de maladies exhantématiques, &c. qui démontrent l'influence méchanique de la lune sur le corps. Synops. ad litter. lunoe. Voyez Sauvages de influx. syder. Il y est aussi fait mention de deux somnambules, dont l'un tomboit dans ses accès dans le tems de la pleine lune, & les paroxysmes de l'autre étoient correspondans aux phases de la lune.
5°. Il arrive aussi quelquefois que les redoublemens
dans les maladies aiguës suivent les alternatives
du flux & reflux; & cela s'observe principalement
dans les villes maritimes. Charles Pison dit
que les malades se trouvoient très - mal lorsque le
flux de la mer se rencontroit dans la pleine lune; c'est
un fait connu, dit - il, que plusieurs sont morts pendant
le tems du reflux; mais pour l'ordinaire, les
douleurs, suivant le rapport des malades, & les symptomes
redoubloient pendant six heures que dure le
flux, & le reflux amenoit une intermission plus ou
moins parfaite. Dans la fievre pétéchiale, épidémique, qui régnoit à Thuringe en 1698 & 1699, on
apperçut beaucoup d'altération dans les maladies
correspondantes aux lunaisons pendant l'hiver &
l'autonne; & au printems, presque tous les fébricitans
mouroient très - promptement pendant les derniers
quartiers de la lune, tandis que ceux qui
étoient malades pendant la nouvelle lune & les pre<pb->
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