ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"733"> couvert, les erreurs qui en sont provenues n'en ont été ni moins considérables, ni moins funestes; & tel qui rit des prétentions ridicules des Astrologues, de leurs prédictions trompeuses, mais le plus souvent indifférentes à la santé, ne fait pas attention qu'il a des idées dominantes qu'il pousse à l'excès, & qui, quoique plus conformes à la façon présente de penser & de s'exprimer, sont souvent plus éloignées du vrai, & presque toujours plus dangereuses. Voyez Fermentation, Acrimonie, Epaississement, Saignée, Purgatifs , &c.

Nous allons tâcher, en suivant les traces des auteurs que nous avons cités en dernier lieu, d'examiner ce qu'il y a de positif dans l'influence des astres, de pénétrer dans ce puits profond où réside la vérité cachée & obscurcie par les fables, la superstition, &c. de séparer le vrai du faux, le certain de l'incertain, de retenir & de faire appercevoir ce qu'il peut y avoir d'utile & d'avantageux dans cette science. D'abord il n'est pas douteux que les astres ne produisent quelque effet sur la terre, sur l'air, sur les animaux. Quand ces effets ne seroient pas aussi évidens pour la plûpart qu'ils le sont, quand l'action réciproque des astres ne seroit pas connue, la croyance presque continuelle de tous les peuples, de tous les savans, de tous les medecins, me paroît, en faveur de cette doctrine, l'argument le plus incontestable. Il est en effet moralement impossible qu'un dogme constamment & universellement soutenu pendant plusieurs siecles par des physiciens de différentes sectes, combattu ensuite & abandonné, & enfin rétabli de nouveau, ne soit pas foncierement vrai; le faux, sur - tout en matiere de science, n'a que des partisans passagers, le vrai seul peut arracher un consentement unanime; ou si les préjugés ou quelque attrait de nouveauté le font disparoître, si quelque mensonge mélé l'altere, le cache à nos yeux, ce n'est que pour un tems, il ne tarde pas à percer les nuages qui l'obscurcissoient. Mais la lumiere du soleil, des astres, frappe tous les jours les yeux; la chaleur, le froid, la sécheresse, l'humidité, les vents, la pluie, les météores, ne cessent de nous affecter; accoutumés à ces impressions, nous en sommes peu frappés, & nous négligeons d'en pénétrer les causes. Ces effets sont incontestablement dûs à l'opération du soleil vraissemblablement jointe à celle des planetes plus voisines. La gravitation mutuelle des planetes est un phénomene dont il n'est plus permis de douter, quoiqu'on en ignore la cause; l'effet qui résulte de cette gravitation sur la terre & sur ses productions, est un nouveau moyen d'influence. Ces effets, beaucoup plus sensibles de la part de la lune dont la proximité & la vîtesse, relativement à la terre, compensent au - delà le défaut de masse, sont très - manifestes sur la mer par le flux & reflux qu'elle éprouve; comment est - ce que l'homme, la machine la plus sensible, la plus impressionnable, ne seroit - il pas affecté par une force qui fait une impression très - marquée sur les corps les plus bruts, les moins doués de sentiment, sur l'air, l'eau & la terre? Les observations sont ici d'accord avec le raisonnement. Parmi le grand nombre que les fastes de la Medecine nous offrent, nous choisirons les plus constatées & les plus récentes; celles - ci ne pourront point être soupçonnées d'être dictées par la prévention & les préjugés.

Nous distinguons auparavant avec M. de Sauvages, trois especes d'influence; savoir, l'influence morale, physique & méchanique; nous appellons influence morale, cette vertu mystérieuse, fondement de l'Astrologie judiciaire (voyez ce mot), attribuée aux planetes & aux étoiles fixes, de décider & de régler le sort, la fortune, les moeurs, le caractere, &c. des hommes en conséquence d'un aspect particulier, du passage au méridien dans un tems marqué, &c. c'est sur cette influence que portent les prédictions, les horoscopes, les devinations, qui ont rapport aux choses fortuites, aux événemens volontaires ou regardés comme tels, &c. Nous n'ignorons pas que ces oracles, semblables à ceux que rendoient anciennement les Sibylles, sont le plus souvent susceptibles d'une double interprétation, très - obscurs, & quelquefois aussi faux; mais nous savons en même tems que quelquefois ils ont rencontré très - juste, en entrant même dans des détails très - circonstantiés. Nous tenons d'un prélat respectable l'histoire d'une femme, à qui un tireur d'horoscope détailla avec la derniere exactitude les moindres particularités de sa vie passée & future; & tout ce qu'il lui dit, soit sur le passé, soit sur l'avenir, se trouva entierement conforme à la vérité: le prélat qui m'a raconté ce fait, en a été lui - même témoin oculaire, & toute une grande ville a vû avec surprise toutes les prédictions s'accomplir ponctuellement. Il y a bien d'autres semblables faits aussi - bien constatés que le philosophe speculatif traite d'erreurs populaires; il les méprise, ne les approfondit point, & les déclare impossibles, parce qu'il n'en voit point les raisons. Pour nous, nous nous contenterons d'exposer les faits sans hazarder un jugement qui ne pourroit qu'être inconsidéré, n'étant point appuyé sur des raisons suffisantes qui en démontrent l'impossibilité, sachant d'ailleurs qu'il est bien prouvé que des fous, dans des violens accès de manie, ont pû lire dans l'avenir, & que les événemens ont ensuite confirmé ce qu'ils avoient annoncé dans cet état. Voyez Manie. Nous ne nous arrêterons pas davantage à cette influence, parce que nous n'en appercevons aucune utilité pour la Medecine, point auquel nous rapportons tous nos travaux.

L'influence que nous avons nommée physique, est cette action des astres, dont les effets sont manifestés sur l'air avant d'affecter le corps, & qui même ne l'affectent le plus souvent qu'en conséquence des variations qui sont excitées dans l'atmosphere. On pourroit appeller cette influence, météorologique médiate; la cause & le méchanisme en sont inconnus; les phénomenes qui en résultent, peuvent seuls la rendre sensible.

Nous donnons le nom d'influence méchanique à celle qu'on croit dépendre & suivre les lois de cette tendance mutuelle qu'ont tous les astres les uns à l'égard des autres, connue sous le nom de gravitation, expliquee par divers physiciens, tantôt par les tourbillons, & tantôt par l'attraction. Nous allons entrer dans quelque détail sur ces deux especes d'influences, dont la réalité & les avantages paroissent assez constatés.

Influence physique du soleil. I. Le soleil est de tous les astres celui dont l'action physique sur les hommes est la plus apparente: personne n'ignore que la lumiere & la chaleur en sont les effets primitifs; mais ces mêmes effets, & sur - tout la chaleur, deviennent encore la source d'un grand nombre d'autres phénomenes; ou pour parler avec plus d'exactitude, cette même cause (qu'on croit être le mouvement) qui donne lieu à la lumiere & à la chaleur, produit aussi d'autres effets; car ni la lumiere ni la chaleur ne sont dans les corps appellés lumineux & chauds; ce sont des sensations particulierement modifiées dans les yeux & dans l'organe du toucher: le soleil considéré comme influant physiquement sur la terre, peut être regardé comme un feu immense, successivement placé dans des distances & des positions différentes, soit par rapport à toute la terre, soit relativement à quelques contrées. Les effets en sont par - là plus variés & par conséquent plus sensibles; une tranquille & constante uniformité frappe rare<pb-> [p. 734] ment, & n'excite pas à chercher la cause; le soleil entant que lumineux, ne cesse jamais d'agir sur la terre en général; mais il y a toujours quelques parties qui ne sont point éclairées; la partie antipode de celle qui reçoit directement les rayons du soleil, est dans l'obscurité, tandis que celle - ci jouit du spectacle brillant & utile de la lumiere; le mouvement de la terre sur son axe présente pendant les vingt - quatre heures successivement toutes les parties de la terre au soleil, & occasionne par - là dans elles une alternative de lumiere & d'obscurité, sur laquelle porte la distinction frappante du jour & de la nuit. Pour appercevoir les effets de la lumiere sur l'homme & sur les animaux, qu'un physicien porte des yeux attentifs sur tout ce qui suit les lois de la simple nature dans ces chaumieres rustiques, où l'art n'est point encore venu la maîtriser & la plier à ses caprices; il verra lorsque le jour a fait place à la nuit, tous les travaux interrompus, le ramage des oiseaux suspendu, les vents appaisés, tout en un mot annoncer & préparer un sommeil tranquille & restaurant, encore attiré par un travail pénible, bien différent & bien au - dessus de cette ombre de sommeil qui vient languissamment sur les pas de la mollesse & de l'indolence, que la lumiere du jour auquel on l'a différé, interrompt & trouble, & qui ne peut être profond que lorsque l'obscurité la plus parfaite peut en quelque façon ressembler à la nuit. Mais lorsque l'aurore naissante ramene la lumiere, & annonce le retour prochain du soleil, voyez tous les oiseaux témoigner par leurs chants l'impression qu'ils en ressentent; le coq bat des aîles & leve ses cris perçans jusqu'aux cieux; le sommeil se dissipe, le jour paroît, & le regne du travail commence. Voyez Jour, Nuit & Lumiere.

Le medecin apperçoit dans les personnes que quelques maladies rendent plus sensibles, des preuves évidentes de l'action de la lumiere; les maniaques, par exemple, les phrénétiques, les typhomaniaques, ceux qui sont dans quelqu'accès d'hydrophobie, & ceux enfin qui ont mal aux yeux, sont pour l'ordinaire blessés par la lumiere; les ténebres leur sont infiniment plus favorables; la lumiere rend les délires plus fougueux, l'obscurité les appaise; c'est pourquoi il est très - important d'y placer ceux qui sont attaqués de ces maladies, précaution que recommandoient spécialement les méthodiques. Baillou raconte que madame de Varades étant malade, tomba dans une syncope violente dans l'instant de l'immersion du soleil dans une éclipse, & qu'elle en revint naturellement lors de l'émersion, que le soleil recouvra sa lumiere. Il n'est personne qui n'ait éprouvé en écrivant, en composant, combien la lumiere & les ténebres influent diversement sur les idées & sur la maniere de les énoncer. Nous voyons enfin dans bien des maladies, la mort survenir, ou quelque changement considérable se faire au lever & au coucher du soleil. Ramazzini dit avoir observé des fievres épidémiques qui redoubloient vivement sur le soir vers le coucher du soleil, de façon que les malades étoient extrèmement abattus, presque mourans; ils passoient dans cet état toute la nuit; mais ils en sortoient promptement dès que le soleil paroissoit sur l'horison, & ils pouvoient se lever & se promener. Constit. épidem. ann. 1691. Voyez Lumiere, Soleil, &c.

Les effets du soleil, comme principe de la chaleur, sont beaucoup plus grands, plus étendus, & mieux constatés; c'est avec raison qu'on l'appelle la source de la vie, de toutes les productions de la terre; c'est sur - tout par elle que les plantes vivent, végetent; les animaux mêmes ne peuvent s'en passer; une privation trop prompte & trop sensible produit beaucoup d'incommodités. Voyez Froid. Lorsqu'elle est aussi poussée à l'excès contraire, elle entraîne de grands inconvéniens. Voyez Chaleur, Feu. Les effets de la chaleur sur les corps ne sont jamais plus marqués & plus mauvais que lorsqu'on s'expose en repos aux rayons directs du soleil, & sur - tout ayant la tête découverte; d'abord la peau devient érésipélateuse, ensuite noire, un mal de tête affreux survient, on tombe dans le délire, ou dans un assoupissement mortel; c'est ce qu'on appelle coup de soleil. Voyez ce mot à l'article Soleil. La chaleur que nous éprouvons du soleil varie beaucoup, suivant qu'elle est directe ou réfléchie, suivant les distances, l'obliquité des rayons, la quantité & la direction des points qui réfléchissent; de - là naissent les différences de chaleur, à l'ombre ou au soleil, dans les plaines, dans les vallées, ou sur les hautes montagnes; de - là aussi les distinctions des saisons: dans la position où nous sommes, les plus grandes chaleurs se font ressentir dans le tems où le soleil est le plus éloigné, mais où l'obliquité de ses rayons est moins grande. Voyez Saisons, Été, Automne, Hyver & Printems. Tout le monde sait par expérience l'influence des saisons sur l'homme; les maladies qui en dépendent sont exactement classées par Hippocrate; & les Medecins observateurs qui l'ont suivi, ont bien remarqué qu'il y avoit des maladies particulieres à chaque saison, & que les maladies qui passoient d'une saison à une autre, changeoient de génie, de type, de caractere, & demandoient souvent une méthode curative différente. Voyez sur - tout Fievre intermittente. La chaleur influe non seulement sur nous par une action immédiate, c'est - à - dire lorsqu'elle est trop forte en augmentant la transpiration, la sueur, en occasionnant des foiblesses, lassitudes, langueurs, en efféminant, ramollissant les vaisseaux, animant le mouvement intestin du sang, rendant les sommeils inquiets & la respiration lente, hâtée, laborieuse; mais encore par les effets qui la suivent lorsqu'elle est appliquée à la terre, à l'eau, aux végétaux, &c. On n'a pour s'en convaincre, qu'à voir ce qui se passe lorsque les rigueurs de l'hiver sont dissipées, qu'un printems gracieux lui succede, & enfin lorsque les ardeurs de l'été se font ressentir; d'abord on voit toutes les plantes sortir de la terre, renaître, fleurir, embaumer l'air de leurs parfums, le rendre & plus sain & plus délicieux; les vapeurs élevées pendant le jour retombent le soir en sérain, & le matin en rosée, & humectent de nouveau la terre; mais lorsque le brûlant sirius paroît, les vapeurs élevées avec plus de force & en plus grande abondance, deviennent la matiere des orages, des pluies, des tonnerres, des éclairs, &c. la terre cependant devient aride, les marais se dessechent, les exhalaisons les plus mauvaises s'en élevent & se répandent dans l'air; les animaux morts se pourrissent promptement, & infectent l'atmosphere de miasmes contagieux; les rivieres & les fontaines abaissées fournissent une eau moins salutaire; les vins tournent dans les caves; les alimens sont moins bons, digérés avec plus de peine, &c. de - là viennent toutes ces especes de fievres ardentes, inflammatoires, pétéchiales, pourprées, malignes, &c. les dissenteries, diarrhées bilieuses, la peste enfin, & les maladies épidémiques; ces accidens seroient encore bien plus grands, si les fruits que produit alors la terre n'en prenoient une grande partie; nous avons successivement les cerises, les fraises, les prunes, les poires, les melons, les concombres, les pêches, les figues, les raisins, les aséroles, &c. lorsque ces fruits manquent, ou qu'ils sont viciés, ou enfin lorsqu'on en fait des exces, les maladies sont plus mauvaises & plus fréquentes.

Sans m'arrêter à beaucoup d'autres exemples, je

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