ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"783"> les phalenes sur le corcelet, les bourdons sur la partie postérieure du corps; on en voit sur les aîles & sur les jambes. Tous ces poils ont différentes couleurs, qui changent lorsque l'insecte vieillit, ou lorsqu'il est prêt à former sa coque. Il y a aussi sur différens insectes des tousses de poils disposés en forme de brosses rondes ou quarrées, & souvent terminées en pointe comme un pinceau. Certains insectes ont des poils si gros qu'on leur a donné le nom d'épine, ils ont quelquefois plusieurs branches. Ces poils & ces épines se brisent lorsqu'on tient l'insecte, & leurs débris entrent dans la peau & y causent de la demangeaison; c'est ce qui a fait croire que les chenilles étoient venimeuses: celles qui sont rases ne font pas le même effet à ceux qui les manient.

Plusieurs insectes ont des cornes dures qui sont mobiles ou immobiles, qui different des antennes, en ce qu'elles n'ont point d'articulations. Quelques uns portent sur la tête une corne recourbée ou droite; tel est le scarabé du tan appellé rhinoceros, à cause de sa corne. D'autres insectes ont sur le devant de la tête deux cornes qui s'étendent en haut ou en dehors; ces cornes sont courtes, un peu recourbées & unies, ou branchues comme celles du cers - volant: quelquefois elles sont plus longues l'une que l'autre. Il y a des insectes qui ont trois cornes perpendiculaires sur la tête ou sur les épaules.

Tous les insectes ont les sens du tact & du goût; mais il y en a qui sont privés de la vûe, d'autres n'ont point d'odorat; aucun n'a des oreilles apparenrentes à l'extérieur ni même à l'intérieur; cependant il paroît qu'ils ne sont pas tous privés du sens de l'oüre.

Plusieurs insectes ont des qualités fort extraordinaires; il y en a qui jettent de la lumiere pendant la nuit, tels sont les vers - luisans & les portes - lanternes de la Chine & d'Amérique; la lumiere de ceuxci est si vive qu'ils peuvent servir de chandelle pour lire & pour faire différens ouvrages pendant la nuit.

Les insectes n'ont à proprement parler point de voix, mais il y en a plusieurs qui rendent des sons & qui font différens bruits, comme les cigales, les grillons, les abeilles, &c. Ces sons viennent du frottement de la nuque du cou contre le corcelet, du frottement des aîles l'une contre l'autre ou contre le dos, ou d'une conformation particuliere de quelque partie du corps; c'est par ces sons que les grillons des champs appellent leurs femelles.

Il y a des insectes qui répandent une odeur très - desagréable; telles sont les cantharides, les panaises, &c. au contraire il y a des scarabés qui sentent le musc, la violette, la rose.

Une grande quantité d'insectes offrent aux yeux les couleurs les plus vives & les plus belles, principalement les papillons & même les chenilles, les scarabés, les buprestes, &c.

La plûpart des insectes n'ont pas toûjours la même forme; la plûpart en changent au point de n'être pas reconnoissables; ce changement est ce qu'on appelle transformation ou métamorphose des insectes. Swammerdam (Biblia naturoe) en distingue de quatre sortes.

Dans la premiere sorte de métamorphose, les insectes ne subissent d'autre transformation que celle qu'ils éprouvent, en sortant de l'oeuf, ils croissent; la plûpart changent de peau, quelques - unes de leurs parties grandissent quelquefois un peu plus que d'autres, & prennent une couleur différente de celle qu'elles avoient auparavant; telles sont les araignées & les diverses especes de poux des hommes & des animaux, les vers de terre, les sangsues, les millepiés, &c.

Dans les trois autres sortes de métamorphose, lorsque les insectes ont mué la plûpart diverses sois, & qu'ils sont parvenus à leur point d'accroissement, ils prennent la forme de sémi - nymphe, de nymphe, ou de chrysalide; après être restés quelque tems sous l'une de ces formes, ils la quittent & deviennent des insectes parfaits & propres à la génération.

La seconde sorte de métamorphose est une transformation incomplette; car les insectes, tels que les demoiselles aquatiques, les sauterelles, les grillons, les punaises volantes, &c. n'acquierent par ce changement que des aîles qui leur manquoient auparavant; lorsque ces aîles se forment, on donne à l'insecte le nom de sémi - nymphe; dans cet état on voit sur le dos au - delà du corcelet, des étuis qui renferment les aîles naissantes; auparavant elles ne paroissent que très - peu ou point du tout. Les insectes dans l'état de sémi - nymphe, mangent, marchent, courent, sautent ou nagent comme à l'ordinaire. La forme de la plûpart de ces insectes ne differe guere après l'état de sémi - nymphe de celle qu'ils avoient auparavant, que par les aîles qu'ils ont de plus; cependant il s'en trouve qui sont très - différens de ce qu'ils étoient dans leur premier état.

Dans la troisieme & quatrieme sorte de métamorphose, les insectes perdent l'usage de tous leurs membres; ils ne peuvent ni manger ni agir, & ne ressemblent en rien à ce qu'ils étoient auparavant; tel de ces insectes qui auparavant n'avoit point de jambes, ou en avoit jusqu'à cinq ou six, sept, huit, neuf, dix & onne paires, n'en a alors jamais ni plus ni moins que trois paires, qui avec ses aîles & ses antennes sont ramenées sur son estomac, & s'y tiennent immobiles.

Dans la troisieme sorte de métamorphose, les insectes, tels que les abeilles, sont revêtus d'une fine membrane; on leur donne lorsqu'ils sont dans cet état, le nom de nymphe. Dans la quatrieme sorte de métamorphose, les insectes, tels que les papillons, les phalenes, sont renfermés dans une enveloppe dure & crustacée, qui réunit toutes les parties de l'animal en une seule masse; dans cet état on les nomme chrysalides.

« Les insectes qui se changent en chrysalides, subissent une transformation de plus que les autres insectes; avant de devenir nymphes ils prennent sous cette peau la forme d'une ellipsoide, ou d'une boule allongée, dans laquelle on ne reconnoît aucune partie de l'animal; dans cet état la tête, le corcelet, les aîles & les jambes de la nymphe sont renfermées dans la cavité intérieure du ventre, dont elles sortent successivement par le bout antérieur, à peu - près de la même maniere qu'on feroit sortir l'extrémité d'un doigt de gant qui seroit rentré dans sa propre cavité. Les insectes de cette classe ne se distinguent pas des autres seulement en ce qu'ils se changent en nymphes sous leur peau, mais sur - tout en ce que pour devenir nymphes, ils subissent une double transformation. Suivant cette idée on pourroit réduire les différences des quatre ordres de transformation à des termes plus aisés & plus simples, disant que les insectes du premier ordre, après être sortis de l'oeuf, parviennent à leur état de perfection, sans s'y disposer par aucun changement de forme; que ceux de la seconde classe s'y disposent par un changement de forme incomplet; ceux de la troisieme par un changement de forme complet, & ceux de la quatrieme par un double changement de forme ».

Indépendamment de ces métamorphoses, les insectes changent de peau; les uns tels que les araignées une seule fois, & les autres plusieurs fois, par exemple les grillons des champs & les chemlles du chou en changent quatre fois; d'autres enfin se dépouillent jusqu'à six fois, & même plus. Les uns fendent leur peau près de la tête pour la quitter, & les au<pb-> [p. 784] tres sous le ventre; la dépouille de plusieurs especes d'insectes garde la forme exacte de toutes les parties de leur corps.

Les chrysalides ont différentes formes; il y en a de coniques, d'autres sont angulaires; il s'en trouve de ressemblans à des dattes; on leur donne le nom de feves. D'autres ressemblent en quelque façon à un enfant au maillot, à la tête d'un chien, d'un chat, d'une souris, d'un oiseau, &c. On se doute bien que ces ressemblances sont très - imparfaites. On reconnoît plus aisément dans la forme de la chrysalide celles des principales parties de l'insecte qui en doit sortir; tous ses membres sont rangés, appliqués, pliés ou étendus contre le corps; on les voit à - travers la coque de quelques chrysalides, ou au moins on distingue leur figure. Les chrysalides ont différentes couleurs quelquefois très - belles; il y en a de dorées, de brunes, de jaunes, de rouges, de vertes, de blanches, de violettes; on en voit qui ont différentes teintes de ces couleurs. Souvent les plus beaux insectes sortent des chrysalides les moins belles, & les insectes les plus laids viennent des plus belles chrysalides.

Quelques insectes sont immobiles dans l'état de chrysalides; d'autres font quelques petits mouvemens lorsqu'on les touche; mais aucun ne prend de nourriture durant cet état. Comme ils ne peuvent pas veiller à leur sureté, ils se placent à l'abri d'une pierre ou d'une racine; & ils rendent le côté de leur coque qui est exposé plus ferme pour résister à la dent des vers; d'autres se suspendent à des fils, ou font au - tour d'eux une sorte de filet à larges mailles; d'autres enfin se revêtent de laine ou de coques de soie. Il y a des coques ovales; il y en a de sphéroïdes, de coniques, de cylindriques, d'angulaires; d'autres ont la forme d'un bateau, d'une navette ou d'une larme de verre, dont le corps seroit renflé & la pointe recourbée, &c.

Chaque espece d'insecte a son tems pour se transformer en nymphe ou en chrysalide; les uns au mois de Mai, d'autres en Juin, en Juillet, en Août, en Septembre. Il y en a qui ne demeurent dans cet état que douze jours, tandis que d'autres y en restent quinze, seize ou vingt; quelques uns ne sortent pas même si tôt de leur prison; ils y sont enfermés les uns trois semaines & les autres un mois; on en voit qui y restent deux mois, d'autres six, neuf ou dix; d'autres enfin une année & même plus; par conséquent on les voit paroître successivement dans différent tems de l'année, depuis le mois de Février jusqu'au mois de Décembre; il y en a même qui ont deux générations en un an.

S'il y a des insectes dont la génération soit spontanée, comme l'ont cru les anciens, au moins la plûpart des insectes que nous connoissons le mieux sont les uns mâles & les autres femelles; ils s'accouplent & produisent des oeufs d'où il sort un ver. Les éphemeres ne s'accouplent pas, le mâle fraie seulement comme les poissons sur les oeufs de la femelle; dans quelques especes, comme celles des limaces, des escargots, des vers de terre, chaque individu a les deux sexes qui se joignent réciproquement de part & d'autre dans l'accouplement; dans certaines especes, tels que celles des abeilles, des guêpes, des fourmis, il y a grand nombre d'individus qui ne sont ni mâles ni femelles; c'est pourquoi on les appelle mulets. On a observé dans ce siecle qu'un puceron produit d'autres pucerons lui seul sans accouplement; enfin, différentes parties d'un polype coupées & séparées les unes des autres, deviennent chacune des polypes entiers, comme le rameau d'un arbre devient par bouture un arbre complet.

Dans les especes d'insectes qui s'accouplent, les femelles sont ordinairement plus grosses que les mâ<cb-> les; cette différence est évidente parmi les puces, les grillons, &c. dans plusieurs especes les antennes des mâles ont des noeuds, des barbes ou des bouquets de poils qui ne sont pas sur les antennes des femelles; les mâles de quelques especes d'insectes ont des aîles, & les femelles en manquent, ou n'en ont que d'imparfaites; elles sont pourvûes dans d'autres especes d'un tuyau qui sert à conduire leurs oeufs entre l'écorce des arbres, dans la terre, dans le parenchyme des feuilles, & dans d'autres endroits où ils ne pourroient pas parvenir sans cet organe. Quelquefois les couleurs du mâle sont différentes de celles de la femelle.

Il se trouve autant de variétés entre les oeufs des insectes qu'entre leurs différentes especes, tant par la grandeur & la forme de ces oeufs, que par les couleurs. On en voit de ronds, d'ovales, de coniques, &c. de bruns, de verds, de rougeâtres, de jaunâtres, de couleur d'or & de perles, &c. la ponte de quelques insectes, tels que le grand scarabé pillulaire, n'est que d'un oeuf; d'autres en sont six ou sept, trente, soixante, &c. il en sort plusieurs centaines, & même plusieurs milliers d'une seule femelle, telle par exemple qu'une mere abeille. Il y a des insectes qui ne prennent d'autre soin de leurs oeufs que de les déposer dans des lieux où les vers trouvent au sortir de l'oeuf une nourriture convenable; plusieurs les enveloppent de soie, les couvrent de poils qu'ils tirent de leur corps, les enduisent d'une matiere visqueuse, les mettent sous des arbres, les cachent en terre, &c. la plûpart des meres meurent dès qu'elles ont pondu; d'autres au contraire, n'abandonnent jamais leurs oeufs; quelques especes d'araignées les portent toûjours avec elles renfermés dans une enveloppe; les abeilles, les guêpes, les frelons, les fourmis ont un soin continuel de leurs oeufs & de leurs nymphes.

Plusieurs insectes font des nids avec une singuliere industrie; ils y emploient différentes matieres. La teigne qui vit au fond de l'eau se fait un fourreau avec des brins d'herbe, de petites pierres, des fragmens de bois, d'écorces, de feuilles, &c. elles collent ces différentes matieres les unes contre les autres avec une sorte de glu, qui rend le fourreau lisse à l'intérieur tandis qu'il est raboteux à l'extérieur. D'autres insectes, tels que les scarabés pillulaires, font des petits nids ronds semblables à ceux des hirondelles. Il y a des abeilles qui roulent des feuilles pour en faire un étui où elles déposent leurs oeufs; cet étui a la forme d'un dé à coudre: « elles soudent de leur bouche, par le moyen d'une humeur visqueuse, les côtes d'une feuille fort soigneusement; elles ferment le fond de leur nid par trois ou quatre morceaux de feuilles circulaires, appliquées les unes sur les autres pour rendre l'ouvrage plus solide; & comme ces pieces circulaires ont un peu plus de circonférence que n'en a l'ouverture qu'elles doivent fermer, cela fait que quand le bourdon les y colle, elles prennent une figure convexe. Le dessus du nid est fermé par un couvercle qui a la forme d'une assiete. Le bourdon le leve quand il veut sortir, après quoi il se referme de lui - même ». Elles se servent des feuilles de différentes autres manieres aussi industrieuses, & font d'autres manoeuvres très - singulieres, pour se loger & pour renfermer leurs provisions, leurs oeufs, leur nymphes, &c. comme on peut le voir dans cet ouvrage aux articles de plusieurs insectes, par exemple, voyez Abeille, Ruche, Guepe, Guépier , &c. Extrait de la Théolog. des insectes.

On divise les insectes en sept classes.

La premiere classe comprend les insectes coléopteres; ils ont des fourreaux sur les aîles, & leurs mâchoires sont posées l'une à côté de l'autre, & non<pb->

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