ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"773"> l'eau - forte agit bien sur l'argent, quand il est en la quantité relative dont nous venons de parler, & elle agit d'autant mieux qu'il y a plus d'argent; mais si l'or n'y est pas pour moins d'un tiers, l'eau - forte n'agit pas; il faut ajouter de l'argent, mais il ne faut pas y en mettre plus qu'il ne convient; car alors il s'en détache des pailletes d'or, ce qu'on n'a point à craindre avec les proportions requises, à moins que la dissolution ne se fasse trop rapidement; car l'or doit rester dans son entier. Voyez Cornet, Départ, Rouleau & Grenaileer.

IN - QUARTO (Page 8:773)

IN - QUARTO, s. m. (Imprimerie.) une des formes qu'on donne aux livres; elle dépend de la maniere dont la feuille a été imprimée. L'in - quarto porte huit pages par feuille.

INQUIET (Page 8:773)

INQUIET, (Marechal.) un cheval inquiet est la même chose qu'un cheval qui a de l'ardeur. Voyez Ardeur.

INQUIÉTATION (Page 8:773)

INQUIÉTATION, (Jurisprud.) est un ancien terme de pratique, qui signifie trouble, interruption. Il se trouve dans quelques coutumes, notamment dans les articles 113, 114 & 118 de la coutume de Paris. Voyez Interruption, Trouble. (A)

INQUIÉTUDE (Page 8:773)

INQUIÉTUDE, s. f. (Gramm. & Morale.) c'est une agitation de l'ame qui a plusieurs causes; l'inquiétude, quand elle est devenue habituelle, se trouve ordinairement dans les hommes, dont les devoirs, l'état, la fortune contrarient l'instinct, les goûts, les talens. Ils sentent sréquemment le besoin de faire autre chose que ce qu'ils font. Dans l'amour, dans l'ambition, dans l'amitié, l'inquiétude est presque toujours l'effet du mécontentement de soi même, du doute de soi - même, & du prix extrème qu'on attache à la possession de sa maîtresse, d'une place, de son ami. Il y a un autre genre d'inquiétude, qui n'est qu'un effet de l'ennui, du besoin, des passions, du dégoût. Il y a l'inquiétude des remords. Voyez Remords.

Inquiétude (Page 8:773)

Inquiétude, (Med. Pathologie.) symptôme de maladie désigné plus communément dans le langage ordinaire par les noms d'anxiété, d'angoisse. de jactation, &c. Voyez Angoisse & Jactation.

INQUISITEUR (Page 8:773)

INQUISITEUR, s. m. (Hist. ecclé iastique.) officier du tribunal de l'inquisition. Voyez Inquisition & Office, Congrégation du S.

Il y a des inquisiteurs généraux & des inquisiteurs particuliers. Saint Dominique fut le premier inquisiteur général, commis par Innocent III. & par Honoré III. contre les hérétiques Albigeois. De - là vient que les généraux de cet ordre ont été long - tems comme inquisiteurs nés dans la chrétienté. Le pape même qui les nomme actuellement, laisse toujours subsister à Rome la congrégation du saint - office dans le couvent de la Minerve des dominicains; & ces moines sont encore inquisiteurs dans 32 tribunaux de l'Italie, sans compter ceux de l'Espagne & du Portugal.

Les inquisiteurs généraux de la ville de Rome en particulier, sont les cardinaux membres de la congrégation du saint - office. Ils prennent le titre d'inquisiteurs généraux dans toute la chrétienté; mais heureusement ils n'ont point de jurisdiction en France, dont le royaume fait partie de la chrétienté.

Le grand inquisiteur d'Espagne est nommé par le roi d'Espagne, & après avoir été confirmé par le Pape il juge en dernier ressort & sans appel à Rome. Le droit de confirmation suffit à Sa Sainteté pour prouver que l'inquisition releve d'elle immédiatement.

Je finis par une requête inutile, c'est de prier MM les inquisiteurs d'Espagne & de Portugal, de vouloir bien lire les très - humbles remontrances qui leur sont adressées dans l'esprit des loix. liv. XXV. chap. xiij. (D. J.)

Inquisiteur d'état (Page 8:773)

Inquisiteur d'état, sub. mas. (Hist. mod. de Venise.) membre du tribunal qu'on appelle le tribunal des inquisiteurs d'état le plus révoltant & le plus formidable qu'on ait jamais établi dans aucune république. Il est seulement composé de trois membres, qui sont deux sénateurs du conseil des dix, & d'un des conseillers du dôge. Ces trois hommes exercent leur pouvoir absolu sur la vie de tous les sujets de l'état, & même sur celle des nobles, après avoir oui leur justification, sans être tenus de rendre compte à personne de leur conduite, ni d'en communiquer avec aucun conseil, s'ils le trouvent tous trois de même avis.

Les deux seuls avocadors ou procureurs généraux ont droit de suspendre pendant trois jours les jugemens de ce tribunal, lorsqu'il ne s'agit pas d'un crime que le tribunal répute positif.

Ses exécutions sont très - secretes; & quelquefois sur la simple confrontation de deux témoins ou d'espions dont la ville est remplie, ils envoyent noyer un misérable pour quelques propos qui lui auront échappé contre le gouvernement. Venise se sert de ce terrible moyen pour maintenir son aristocratie.

Cette magistrature est permanente, parce que les desseins ambitieux peuvent être commencés, suivis, suspendus, repris; elle est cachée, parce que les crimes qu'elle est censée punir, se forment dans le secret. Elle a une inquisition générale, parce qu'elle doit connoître de tout. C'est ainsi que la tyrannie s'exerce sous le prétexte d'empêcher l'état de perdre sa liberté; mais elle est anéantie cette liberté par tout pays où trois hommes peuvent faire périr dans le silence à leur volonté, les citoyens qui leur déplaisent. (D. J.)

INQUISITION (Page 8:773)

INQUISITION, s. f. (Hist. ecclésiast.) jurisdiction ecclésiastique érigée par le siege de Rome en Italie, en Espagne, en Portugal, aux Indes même, pour extirper les Juifs, les Maures, les infideles, & les hérétiques.

Cette jurisdiction après avoir pris naissance vers l'an 1200, fut adoptée par le comte de Toulouse en 1229, & confiée aux dominicains par le pape Grégoire IX. en 1233. Innocent IV. étendit son empire en 1251 dans toute l'Italie, excepté à Naples. L'Espagne s'y vit entierement soumise en 1448, sous le regne de Ferdinand & d'Isabelle. Le Portugal l'adopta sous Jean III. l'an 1557, conformément au modele reçu par les Espagnols. Douze ans auparavant, en 1545, Paul III. avoit formé la congrégation de ce tribunal sous le nom du saint office; & Sixte V. confirma cette congrégation en 1588. Ainsi l'inquisition relevant toujours immédiatement de la cour de Rome, fut plantée malgré plusieurs contradictions dans un grand nombre d'états de la chrétienté.

Parcourons tous ces faits avec M. de Voltaire, & dans un plus grand détail, mais qui certainement n'ennuyera personne. Le tableau qu'il en a tracé est de main de maître, on ne sauroit trop en multiplier les copies.

Ce fut dans les guerres contre les Albigeois, que vers l'an 1200 le pape Innocent III. érigea ce terrible tribunal qui juge les pensées des hommes; & sans aucune considération pour les évêques, arbitres naturels dans les procès de doctrine, la cour de Rome en commit la décision à des dominicains & à des cordeliers.

Ces premiers inquisiteurs avoient le droit de citer tout hérétique, de l'excommunier, d'accorder des indulgences à tout prince qui extermineroit les condamnés, de reconcilier à l'Eglise, de taxer les [p. 774] pénitens, & de recevoir d'eux en argent une caution de leur repentir.

La bisarrerie des évenemens qui met tant de contradiction dans la politique humaine, fit que le plus violent ennemi des papes fut le protecteur le plus sévere de ce tribunal.

L'empereur Fréderic II. accusé par le pape tantôt d'être mahométan, tantôt d'être athée, crut se laver du reproche en prenant sous sa protection les inquisiteurs; il donna même quatre édits à Pavie eu 1244, par lesquels il mandoit aux juges séculiers de livrer aux flammes ceux que les inquisiteurs condamneroient comme hérétiques obstinés, & de laisser dans une prison perpétuelle ceux que l'inquisition déclareroit repentans. Fréderic II. malgré cette politique n'en fut pas moins persécuté, & les papes se servirent depuis contre les droits de l'empire des armes qu'il leur avoit données.

En 1255 le pape Alexandre III. établit l'inquisition en France sous le roi S. Louis. Le gardien des Cordeliers de Paris, & le provincial des Dominicains étoient les grands inquisiteurs. Ils devoient par la bulle d'Alexandre III. consulter les évêques, mais ils n'en dépendoient pas. Cette étrange jurisdiction donnée à des hommes qui font voeu de renoncer au monde, indigna le clergé & les laïques au point que bien - tôt le soulevement de tous les esprits ne laissa à ces moines qu'un titre inutile.

En Italie les papes avoient plus de crédit, parce que tout desobéis qu'ils étoient dans Rome, tout éloignés qu'ils en furent long - tems, ils étoient toujours à la tête de la faction Guelphe, contre celle des Gibelins. Ils se servirent de cette inquisition contre les partisans de l'empire; car en 1302 le pape Jean XXII. fit procéder par des moines inquisiteurs, contre Mathieu Viscomti, seigneur de Milan, dont le crime étoit d'être attaché à l'empereur Louis de Baviere. Le dévouement du vassal à son suzerain fut déclaré hérésie; la maison d'Est, celle de Malatesta furent traitées de même, pour la même cause; & si le supplice ne suivit pas la sentence, c'est qu'il étoit plus aisé aux papes d'avoir des inquisiteurs que des armées.

Plus ce tribunal prenoit de l'autorité, & plus les évêques qui se voyoient enlever un droit qui sembloit leur appartenir, le reclamoient vivement; cependant ils n'obtinrent des papes que d'être les assesseurs des moines.

Sur la fin du treizieme siecle en 1289, Venise avoit dejà reçu l'inquisition, avec cette différence, que tandis qu'ailleurs elle étoit toute dépendante du pape, elle fut dans l'état de Venise toute soumise au sénat. Il prit la sage précaution d'empêcher que les amendes & les confiscations n'appartinssent pas aux inquisiteurs. Il espéroit par ce moyen modérer leur zele, en leur ôtant la tentation de s'enrichir par leurs jugemens: mais comme l'envie de faire valoir les droits de son ministere, est chez les hommes une passion aussi forte que l'avarice, les entreprises des inquisiteurs obligerent le sénat long - tems après, savoir au seizieme siecle, d'ordonner que l'inquisition ne pourroit jamais faire de procédure sans l'assistance de trois sénateurs. Par ce réglement, & par plusieurs autres aussi politiques, l'autorité de ce tribunal fut anéantie à Venise, à force d'être éludée. Voyez Fra Paolo sur cet article.

Un royaume où il sembloit que l'inquisition dût s'établir avec le plus de facilité & de pouvoir, est précisément celui où elle n'a jamais eu d'entrée, l'entends le royaume de Naples. Les souverains de cet état & ceux de Sicile se croyoient en droit, par les concessions des papes, d'y jouir de la jurisdiction ecclésiastique. Le pontife romain & le roi se disputant toujours à qui nommeroit les inquisiteurs, on n'en nomma point; & les peuples profiterent pour la premiere fois des querelles de leurs maîtres. Si finalement l'inquisition fut autorisée en Sicile, après l'avoir été en Espagne par Ferdinand & Isabelle en 1478, elle fut en Sicile, plus encore qu'en Castille, un privilege de la couronne, & non un tribunal romain; car en Sicile c'est le roi qui est pape.

Il y avoit déjà long - tems qu'elle étoit reçue dans l'Arragon; elle y languissoit ainsi qu'en France, sans fonction, sans ordre, & presque oubliée.

Mais après la conquête de Grenade, ce tribunal déploya dans toute l'Espagne cette force & cette rigueur que jamais n'avoient eu les tribunaux ordinaires. Il faut que le génie des Espagnols eût alors quelque chose de plus impitoyable que celui des autres nations. On le voit par les cruautés réfléchies qu'ils commirent dans le nouveau monde: on le voit sur - tout ici par l'excès d'atrocité qu'ils porterent dans l'exercice d'une jurisdiction où les Italiens ses inventeurs metttoient beaucoup de douceur. Les papes avoient érigé ces tribunaux par politique, & les inquisiteurs espagnols y ajouterent la barbarie la plus atroce.

Lorsque Mahomet II. eut subjugué la Grece, lui & ses successeurs laisserent les vaincus vivre en paix dans leur religion: & les Arabes maîtres de l'Espagne n'avoient jamais forcé les chrétiens regnicoles à recevoir le mahométisme. Mais après la prise de Grenade, le cardinal Ximènès voulut que tous les Maures fussent chrétiens, soit qu'il y fût porté par zele, soit qu'il écoutât l'ambition de compter un nouveau peuple soumis à sa primatie.

C'étoit une entreprise directement contraire au traité par lequel les Maures s'étoient soumis, & il falloit du tems pour la faire réussir. Ximènès néanmoins voulut convertir les Maures aussi vîte qu'on avoit pris Grenade; on les prêcha, on les persécuta, ils se souleverent; on les soumit, & on les força de recevoir le baptême. Ximènès fit donner à cinquante mille d'entr'eux ce signe de religion à laquelle ils ne croyoient pas.

Les Juifs compris dans le traité fait avec les rois de Grenade, n'éprouverent pas plus d'indulgence que les Maures. Il y en avoit beaucoup en Espagne. Ils étoient ce qu'ils sont par - tout ailleurs, les courtiers du commerce. Cette profession bien loin d'être turbulente, ne peut subsister que par un esprit pacifique. Il y a plus de vingt huit mille Juifs autorisés par le pape en Italie: il y a près de 280 synagogues en Pologne. La seule ville d'Amsterdam possede environ quinze mille Hébreux, quoiqu'elle puisse assurément faire le commerce sans leur secours. Les Juifs ne paroissoient pas plus dangereux en Espagne, & les taxes qu'on pouvoit leur imposer étoient des ressources assurées pour le gouvernement. Il est donc bien difficile de pouvoir attribuer à une sage politique la persécution qu'ils essuyerent.

L'inquisition procéda contr'eux, & contre les Musulmans. Combien de familles mahométanes & juives aimerent mieux alors quitter l'Espagne que de soutenir la rigueur de ce tribunal? Et combien Ferdinand & Isabelle perdirent ils de sujets? C'étoient certainement ceux de leur secte les moins à craindre, puisqu'ils préféroient la fuite à la révolte. Ce qui restoit feignit d'être chrétien; mais le grand inquisiteur Torquemada fit regarder à la reine Isabelle tous ces chrétiens déguisés comme des hommes dont il falloit confisquer les biens & proscrire la vie.

Ce Torquemada dominicain, devenu cardinal, donna au tribunal de l'inquisition espagnole, cette forme juridique qu'elle conserve encore aujourd'hui, & qui est opposée à toutes les loix humaines. Il fit pendant quatorze ans le procès à plus de 80 mille

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