ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"678"> préparées de plus loin. Ces cas ne sont pas rares; cependant c'est communément le concours des causes extérieures & des dispositions particulieres qui produit les indigestions graves. Comme il n'y a que ce concours qui vraissemblablement puisse produire une maladie proprement dite. Voyez Maladie.

Les indigestions que j'ai appellées infaillibles, étant comme ce nom même l'exprime, des accidens toûjours prévus, elles peuvent toûjours être détournées par un régime convenable; & c'est presque à les prévenir, que se borne uniquement le secours que l'art peut fournir dans ce cas; car ces indigestions surviennent à des sujets si foibles, ou d'ailleurs si malades, qu'ils y succombent le plus souvent, ou du moins que leur mort en est considérablement hâtée. Au reste elles indiquent, lorsqu'elles ne sont pas absolument incurables, les secours communs aux indigestions graves en général; secours que nous indiquerons dans la suite de cet article.

Les indigestions legeres, celles qu'éprouvent les sujets sains & vigoureux, se terminent ordinairement d'elles - mêmes par une abondante purgation, soit par le vomissement & par les selles, soit par les selles seulement, ce qui s'appelle percer; une pareille indigestion doit être regardée comme un effort critique, suivi de l'effet le plus complet; ou si l'on veut, comme l'action d'une forte medecine, comme une superpurgation plus ou moins modérée.

Les malades & les Medecins ont coûtume de seconder cette évacuation spontanée par une boisson abondante d'une liqueur aqueuse tiede, ou même par quelques grains de tartre stibié donnés soit en lavage, soit en une seule dose. Ces secours abregent en effet le mal aise souvent très - incommode, les angoisses, la douleur; mais il est sûr qu'ils ne sont pas nécessaires, & qu'une courageuse expectation suffiroit le plus souvent. Il est plus généralement utile de donner après que les évacuations spontanées ont presque entierement cessé, un purgatif doux, & dont l'effet se borne, autant qu'il est possible, à entraîner le reste des alimens non digérés, & quelques sucs, dont l'excrétion a été vraissemblablement augmentée, forcée pendant l'indigestion. Les eaux minérales purgatives sont éminemment propres à remplir cette indication.

Les indigestions qui se présentent sous l'apparat le moins effrayant, qui ont d'abord le caractere par lequel nous avons défini les indigestions legeres, & lors même qu'elles tendent à la solution de la maniere la plus avantageuse, qu'elles percent; ces affections, dis - je, qui selon ce que nous venons de faire entendre, méritent à peine le nom d'incommodité chez les personnes saines & vigoureuses, ne doivent pas être regardées comme une affection d'aussi peu de conséquence chez les sujets mal constitués dont nous avons fait mention plus haut. Elles peuvent dans tous les tems de l'attaque dégénérer en indigestion grave. On ne sauroit trop se hâter, sur - tout dans les sujets humides, pléthoriques, lourds, chargés d'embonpoint, sujets aux affections soporeuses, de dégager l'estomac & les intestins par le secours de puissans évacuans, & sur - tout du tartre émétique donné d'abord à assez haute dose pour vuider l'estomac, & ensuite très - étendu & mêlé à la manne, ou aux sels purgatifs, ou bien dissous dans une eau minérale, chargée d'un sel ou de sels neutres.

L'indigestion grave est relativement à sa terminaison accompagnée de vomissement, ou d'évacuation par les selles; ou bien elle n'est point accompagnée de ces évacuations, & elle s'appelle dans le langage ordinaire indigestion seche. La derniere est communément regardée comme plus dangereuse que la premiere; mais cette opinion n'est pas confirmée par l'expérience. Il n'est pas rare de voir, sur - tout chez des hommes mélancholiques & chez des femmes vaporeuses, des indigestions seches, accompagnées de gonflement considerable du bas - ventre, de douleurs de colique très - cruelles, de borborygmes énormes, de convulsions, de fiévre, se dissiper en deux ou trois jours sans aucun secours médicinal, ou tout au plus par celui de quelques lavages, & moyennant la diete la plus sévere; & n'être terminées par aucune évacuation abdominale, mais seulement par la voie de la transpiration & par l'écoulement de quelques urines troubles: & d'un autre côté des indigestions qui produisent de bonne heure le vomissement, n'en sont pas moins suivies pour cela des accidens les plus funestes, d'affections convulsives ou soporeuses, d'inflammations du bas - ventre, d'une fiévre prolongée, & qui devient une seconde maladie susceptible de toutes les diverses déterminations vers la poitrine, la tête, les visceres du bas ventre, & de tous les caracteres de maladie humorale, nerveuse, maligne, &c. Voyez Maladie.

L'indigestion grave n'a pas, comme on voit par ce court exposé, un caractere constant & une marche uniforme, d'après quoi on puisse établir une méthode curative générale; on peut avancer seulement que l'administration convenable des boissons aqueuses & des divers évacuans, soit émétiques, soit purgatifs, doit fournir la base de la curation dans tous les cas.

C'est un ancien dogme en Medecine, de ne pas saigner dans les indigestions, non plus que pendant l'effet d'un purgatif, dans les coliques d'estomac, & dans les coliques intestinales. Les Medecins s'en sont un peu écartés dans le traitement des coliques, vraissemblablement mal - à propos: l'observation a prouvé que la saignée étoit presque constamment funeste pendant l'action d'un vrai purgatif. Quelques medecins mettent aujourd'hui en problème si on doit saigner dans les indigestions, voyez Journal de Medecine, Février 1759; & la mode paroît même être sur le point de se décider pour l'affirmative. Car la pléthore, les érétismes, l'engorgement du cerveau annoncé par l'assoupissement, le délire, les convulsions, sont des états que la théorie courante a si fort réalisés, & qu'elle a soumis si exclusivement, aussi bien que la violence de la fiévre, à l'action victorieuse de la saignée, que certes il est difficile de renoncer à la conséquence pratique qui découle naturellement de ses principes. Aussi est - il déja écrit qu'il faut saigner dans les indigestions, lorsque la fiévre est violente, la pléthore évidente, &c. voyez Journal de Medecine à l'endroit déja cité. Mais j'ose l'avancer avec assurance: cette pratique est proscrite par trop d'événemens malheureux. Les raisons sur lesquelles on l'a appuyée jusqu'à présent sont, s'il est permis d'ainsi parler, si rationelles; & la distinction des cas qu'on a voulu assigner les uns à l'émétique, les autres à la saignée, cette distinction sur laquelle on l'établit principalement, constitue une division si incomplette, puisqu'on a omis ceux qu'il falloit livrer à l'expectation ou au rien - faire; l'utilité de la saignée est si peu manifestée par des faits; d'ailleurs l'analogie des funestes effets de la saignée pendant l'action réelle d'un purgatif, est si frappante; l'induction plus générale à tirer de ce que l'indigestion est un effort critique très - évident, très actuel, très présent, & du trouble dangereux que la saignée a coutume de jetter dans un pareil travail; enfin, le peu de valeur réelle de la saignée en soi, & comme secours véritablement curatif; toutes ces considérations doivent faire prévaloir l'ancienne pratique, rendre la saignée scrupuleusement prohibée dans l'indigestion proprement dite, pendant tout le tems où l'on peut raisonnablement soupçonner l'action des alimens non digérés sur l'esto<pb-> [p. 679] mac & sur les intestins. Or nous pensons que dans les indigestions graves prolongées, cette cause doit être soupçonnée au - moins pendant trois jours. Quant à leurs suites proprement dites, c'est - à - dire ce tems qu'il faut regarder comme une maladie secondaire ou subséquente, la circonstance d'avoir été produite ou déterminée par une indigestion, ne paroît point influer sur le caractere de cette maladie, de façon à contre - indiquer les secours ordinaires. (b)

INDIGETE (Page 8:679)

INDIGETE, s. m. & f. (Littér.) nom que les anciens donnoient à quelques - uns de leurs dieux: sans discuter ici les différentes opinions des savans sur la signification & l'origine de ce mot, je me contenterai de dire, que le sentiment le plus vraissemblable est de ceux qui le dérivent de inde genitus, ou de in loco degens, ou bien encore de inde, & ago, pris pour dego, je vis, je demeure. En effet, on apappelloit aussi ces dieux, dieux locaux, dii locales; ou pour m'exprimer avec Servius, dieux topiques.

Les dieux Indigetes étoient communément des mortels divinisés, qui étoient censés des dieux du lieu, des protecteurs des lieux où on les faisoit dieux. Virgile joint patrii avec Indigetes, comme étant la même chose, dii patrii, Indigetes, Géorg. I. v. 498.

Les dieux auxquels les Romains donnoient le nom d'Indigetes, sont entr'autres Faune, Vesta, Enée, Romulus, ou Quirinus, tous dieux d'Italie; à Athènes Minerve dit Servius, & Didon à Carthage. Mais parmi les dieux Indigetes, il n'y en avoit point de plus célebre & dont le culte fût plus répandu, que celui d'Hercule. La Grece, l'Italie, les Gaules, l'Espagne, l'Afrique, la Lybie, l'Egypte, & la Phénicie, lui avoient élevé des temples & des autels.

Il est vrai que l'on trouve Jupiter Indiges; mais ce Jupiter Indigete, est Enée, & non le grand Jupiter. Le fils d'Anchise ayant perdu la vie dans un combat contre Mézence, comme son corps ne se trouva point, parce qu'on l'avoit peut - être jetté dans le fleuve Numicus, près duquel s'étoit donné la bataille, on dit que Vénus, après l'avoir purifié dans les eaux de cette riviere, l'avoit mis elle - même au rang des dieux. Sur cette tradition, on prit soin de lui élever un tombeau dans cet endroit, monument qui subsistoit encore du tems de Tite - Live; & là, on lui offrit des sacrifices sous le nom de Jupiter Indigete. Tout cela paroît incontestable par le témoignage de Tite - Live, liv. I. ch. iij. & liv. VI. chap. xij. C'est aussi ce que confirme Servius, sur le I. liv. de l'Enéïde, v. 262, où il ajoute que dans ce sens, Indiges vient de in diis ago, je suis parmi les dieux.

Le lecteur peut consulter sur les Indigetes, leurs temples & leur culte, Pausanias & Strabon entre les anciens; & parmi les modernes, outre Vossius, l'ouvrage de Meursius, de Groeciâ feriatâ, mérite d'être lû. (D. J.)

INDIGIRKA (Page 8:679)

INDIGIRKA, (Géog.) fleuve de la partie septentrionale de la Sibérie, qui a son embouchure dans la mer glaciale.

INDIGNATION (Page 8:679)

* INDIGNATION, s. f. (Gramm.) sentiment mêlé de mépris & de colere que certaines injustices inattendues excitent en nous. L'indignation approuve la vengeance, mais n'y conduit pas. La colere passe; l'indignation plus réfléchie dure: elle nous éloigne de l'indigne. L'indignation est muette; c'est moins par le propos que par les mouvemens qu'elle se montre. Elle ne transporte pas, elle gonfle; il est rare qu'elle soit injuste; nous sommes souvent indignés d'un mauvais procédé, dont nous ne sommes pas l'objet. Une ame délicate s'indigne quelquefois des obstacles qu'on lui oppose, des motifs qu'on lui croit, des rivaux qu'on lui donne, des récompenses qu'on lui promet, des éloges qu'on lui adresse, des préférences mêmes qu'on lui accorde; en un mot, de tout ce qui marque qu'on n'a pas d'elle l'estime qu'elle croit mériter.

INDIGNE (Page 8:679)

* INDIGNE, adj. (Gramm.) qui ne mérite pas une chose. C'est la honte de l'Eglise d'être gouvernée par des hommes indignes du rang où ils sont élevés. Dictionnaire de Trévoux.

Il se dit aussi des actions: il y a des hommes vains qui croient qu'il est indigne d'eux de parler honnêtement à leurs domestiques.

Il est indigne de la grace qu'il me demande; il s'est rendu indigne de mon amitié; il a fait une action indigne d'un galant homme.

Ce qui n'est pas indigne d'un pere qui a une femme & des enfans; d'un amant qui est sensible à la misere de celle qu'il aime; d'un ami qui parle pour son ami, seroit quelquefois indigne d'un homme libre.

Indignes (Page 8:679)

Indignes, (Jurisprud.) sont ceux qui pour avoir manqué à quelque devoir envers une personne de son vivant ou après sa mort, ont démérité à son égard, & en conséquence sont privés par la loi de sa succession ou des legs & autres droits qu'ils pouvoient avoir à répéter sur ses biens.

Ainsi le donataire qui use d'ingratitude envers son donateur, se rend indigne de la donation; & quoiqu'en général elle soit irrévocable de sa nature, néanmoins dans ce cas, elle peut être révoquée par le donateur, mais elle ne l'est pas de plein droit.

La femme qui est convaincue d'adultere perd sa dot & toutes ses conventions matrimoniales; le mari ne lui doit que des alimens dans un couvent.

Celle qui quitte son mari sans cause légitime, ou qui étant veuve se remarie dans l'an du deuil, ou qui vit impudiquement soit dans l'an du deuil ou depuis, ou qui se remarie à une personne indigne de sa condition, est privée, selon le Droit écrit, de tous ses gains nuptiaux.

Le conjoint survivant qui a procuré la mort du prédécédé, ou qui n'en a pas poursuivi la vengeance, est aussi privé comme indigne des avantages qu'il auroit pû prétendre en vertu de la loi, coutume, ou usage sur les biens du prédécédé.

L'héritier testamentaire ou ab intestat qui est auteur ou complice de la mort du défunt, ou qui a négligé d'en poursuivre la vengeance, se rend indigne de la succession; la peine s'étend même jusqu'aux enfans du coupable.

Il faut néanmoins observer qu'il y a des circonstances telles que la minorité & autres, qui peuvent excuser l'héritier de n'avoir pas poursuivi la mort du défunt.

Celui qui a attenté à l'honneur du défunt, ou qui lui a fait quelque injure grave, se rend aussi indigne de sa succession.

On doit appliquer aux légataires ce qui vient d'être dit de l'héritier.

Ceux qui traitent de la succession de quelqu'un de son vivant, qui ont empêché le défunt de faire un testament, qui tiennent le testament caché, au préjudice des héritiers, sont indignes de la succession, & de toutes les libéralités que le défunt auroit pû leur faire.

Chez les Romains, ce qui étoit ôté aux indignes, appartenoit au fisc; mais parmi nous le fisc n'en profite point; les biens appartiennent à ceux qui les auroient eu, si la personne devenue indigne ne les eût pas recueillis.

L'indignité est différente de l'incapacité, en ce que celle - ci empêche d'acquérir; l'autre empêche bien aussi d'acquérir, mais elle opere de plus que l'indigne ne peut conserver ce qu'il a acquis. Voyez le tit. 9. du XXXIV. liv. du Digeste, & le tit. 35. du V I. livre du code. (A)

INDIGO (Page 8:679)

INDIGO, autrement appellé INDE, s. m. (Botan. & Comm.) substance de couleur bleue servant

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.