ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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INDIVIDU
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INDIVIDU, s. m. (Métaphysiq.) c'est un être
dont toutes les déterminations sont exprimées. Quand
il reste des déterminations à faire dans la notion de
l'espece, & qu'on les assigne toutes d'une maniere
qui ne répugne pas à l'espece, on parvient à l'indi -
vidu; car l'espece n'exprimant que les choses communes
aux individus, omet les différences qui les
distinguent. Indiquez - donc ces différences, & vous
dépeindrez par - là même l'individu. L'espece de cheval renferme tout ce qui se trouve dans chaque animal
de cette espece, certaine figure, proportion de
parties; & ajoûtez - y tel poil, tel âge, telle conformation
précisément déterminée, tel lieu où un cheval
se trouve, & vous aurez l'idée d'un individu de
cette espece; & voilà le vrai principe d'individuation, sur lequel les scholastiques ont débité tant de
chimeres. Ce n'est autre chose qu'une détermination
complette, de laquelle naît la différence numérique.
Pierre est un homme, Paul est un homme, ils appartiennent
à la même espece; mais ils different numériquement par les différences qui leur sont propres.
L'un est beau, l'autre laid; l'un savant, l'autre ignorant,
& un tel sujet est un individu suivant l'étymologie,
parce qu'on ne peut plus le diviser en nouveaux
sujets qui ayent une existence réellement indépendante
de lui. L'assemblage de ses propriétés est
tel, que prises ensemble elles ne sauroient convenir
qu'à lui. Les scholastiques expriment les circonstances
d'où l'on peut recueillir ces propriétés par le
vers suivant,
Forma, figura, locus, stirps, nomen, patria, tempus.
Les différentes subtilités qu'ils proposent là - dessus
ne méritent pas de nous arrêter; il vaut mieux lire
le chapitre du Traité de l'entendement humain, où M.
Loke examine ce que c'est qu'identité & diversité.
Je rapporterai ici une partie de ce qu'il dit
liv. II. chap. 27, v. 3.
« Il est évident que ce qu'on
nomme principium individuationis dans les écoles,
où l'on se tourmente si fort pour savoir ce que
c'est; il est, dis - je, évident que ce principe consiste
dans l'existence même, qui fixe chaque être,
de quelque sorte qu'il soit, à un tems particulier,
& à un lieu incommunicable à deux êtres de la même
espece. . . . . Supposons, par exemple, un
atôme, c'est - à - dire un corps continu sous une surface
immuable qui existe dans un tems & dans un
lieu déterminé. Il est évident que dans quelque
instant de son existence qu'on le considere, il est
dans cet instant le même avec lui - même; car étant
dans cet instant ce qu'il est effectivement, & rien
autre chose, il est le même, & doit continuer d'être
tel aussi long - tems que son existence est continuée;
car pendant tout ce tems il sera le même,
& non un autre. . . . Quant aux créatures vivantes,
leur identité ne dépend pas d'une masse
composée des mêmes particules, mais de quelque
autre chose; car en elles un changement de grandes
parties de matiere ne donne point d'atteinte à
l'identité. Un chêne qui d'une petite plante devient
un grand arbre, est toûjours le même chêne. Un
poulain devenu cheval, tantôt gras, tantôt maigre,
est toûjours le même cheval ».
Voyez Identité.
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