ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Ces Imprimeurs, de la création de Louis XIII, étoient de ses officiers domestiques, & commensaux de sa maison, avec attribution de gages. Leurs successeurs ont les mêmes prérogatives.

Il n'y en avoit que deux. L'une de ces charges est à présent possédée par André François Le Breton, & l'autre par Jacques Colombat, dont le pere obtint en 1719 le titre additionnel de préposé à la conduite de l'imprimerie du cabinet de sa majesté.

Ils sont aujourd'hui au nombre de six. Les quatre de création postérieure, n'ont d'abord été que brévetés par chacun des secrétaires d'état.

Plusieurs arrêts consécutifs les ont tous maintenus dans leurs premiers privileges & anciennes fonctions, & les dernieres lettres - patentes qu'ils ont obtenues en leur faveur, sont du 9 Décembre 1716, enregistrées au Parlement le 12 Janvier 1717.

Outre ces Imprimeurs, il y en a encore un particulierement titré Noteur de la chapelle de sa Majesté, & exclusivement privilégié à l'impression de sa musique. Cette charge fut créée par Henri II. Ce fut un Ballard qui la posséda, & c'est un de ses descendans qui la possede encore aujourd'hui.

Ceux qui ont rangé le code de la Librairie n'ont fait aucune mention de ces places, qui semblent destinées spécialement à ceux qui se conduisent avec honneur dans leurs corps.

Imprimeur (Page 8:630)

Imprimeur, s. f. (Peint.) pour préparer les toiles imprimées à l'huile dont on se sert dans la peinture ordinaire; on a un couteau d'un pié & demi de longueur, qui a le tranchant émoussé, & dont le manche fait un angle obtus avec le dos; on tend la toile sur un chassis; on la frotte avec la pierre ponce, pour en user les noeuds; on lui donne un enduit de colle de poisson, lorsqu'elle est grosse & claire; car si c'est une batiste, ou une autre toile serrée, comme les Peintres d'un genre précieux ont coutume de les prendre, l'enduit de colle devient superflu. On laisse sécher cet enduit; on prépare un gris en délayant à l'huile du blanc & du noir: on jette ce gris sur la toile; on l'étend & le traîne sur toute sa surface avec le couteau, ce qui s'appelle donner une impression; on laisse sécher cette premiere impression: il faut pour cela quatre à cinq jours, selon la saison. Quand cette impression est séche, on en donne une seconde qu'on laisse sécher aussi, & alors la toile est préparée pour la peinture à l'huile.

IMPROBATION, IMPROUVER (Page 8:630)

* IMPROBATION, IMPROUVER, (Gram.) il est plus court & plus clair de fixer l'acception des mots par des exemples que par des définitions, qui composées d'autres mots quelquefois plus abstraits, plus généraux, plus indéterminés, ne font que promener un lecteur sur un cercle vicieux. Un prince corrompu par la flatterie qui se récrie avec admiration sur tout, regarde le silence d'un homme de bien comme une improbation secrette, & celui - ci se trouve à la longue disgracié pour s'être tu, comme il l'eût été pour avoir parlé. M. Duguet dit de certains édits qu'on apporte quelquefois aux parlemens pour être enregistrés, que les juges n'opinent alors que par un morne & triste silence, & que la maniere dont ils enregistrent est le sceau de leur improbation. Si vos démarches sont innocentes, soyez tranquille; l'improbation passagere des hommes prévenus ne les rendra point criminelles, tôt ou tard le public vous connoîtra pour ce que vous êtes, & l'ignominie s'asseira sur vos ennemis.

IMPROMTU (Page 8:630)

IMPROMTU, s. m. (Poésie.) ou plûtôt INPROMTU, terme latin qui a passé dans notre langue; c'est une petite piece de poésie assez semblable au madrigal ou à l'épigramme, mais dont le caractere propre & distinctif est d'être fait sans préparation, sur un sujet qui se présente.

L'in - promtu a commencé visiblement par les re<cb-> parties grossieres des laboureurs dans leurs noces & fêtes rustiques, où ils ne connoissent que la joie & les vapeurs du vin. La nature libre a produit l'inpromtu, c'est sa premiere ébauche; l'art est venu la corriger, la réformer & la polir; sur quoi Moliere fait dire plaisamment à une de ses précieuses, que c'est la pierre de touche du bel esprit.

Les in - promtu que la nature avoit créés se tinrent quelque tems dans les bornes d'une raillerie plus divertissante que piquante & chagrine, mais peu - à - peu ses railleries devinrent ameres & mordantes; leur excès excita des plaintes, & ces plaintes attirerent à Rome une loi qui sévit contre ceux qui blesseroient la réputation de quelqu'un par toutes sortes de vers dits in - promtu, ou autres.

Au lieu d'adopter la loi romaine, nous avons donné des lois aux in - promtu; nous voulons que ces sortes de pieces soient le fruit d'un heureux moment, & qu'elles ayent toûjours un air simple, aisé, naturel, qui garantisse qu'elles n'ont point été faites à loisir; c'est pourquoi nous permettons quelques licences dans ces sortes d'ouvrages en faveur de leur amusement passager; le Comte Hamilton en a prescrit les regles dans les vers suivans, où il appelle l'in promtu,

- Un certain volontaire, Enfant de la table & du vin, Difficile, & peu nécessaire, Vif, entreprenant, téméraire, Etourdi, négligé, badin, Jamais rêveur ni solitaire, Quelquefois délicat & fin, Mais tenant toûjours de son pere. La plûpart des jolies pieces de Lainez, madrigaux; chansons, épigrammes, ont été faites le verre à la main; il partageoit son tems entre l'étude & le plaisir de la table. Un de ses amis lui témoignant un jour sa surprise de le voir à huit heures du matin à la bibliotheque du Roi, & pour ainsi dire au sortir d'un grand repas de la veille, Lainez lui répondit par cet in - promtu ingénieux,

Regnat nocte calix, volvuntur biblia mane, Cum Phoebo, Bacchus dividit imperium.

On rapporte que Théophile étant allé dîner chez un grand seigneur, où tout le monde lui disoit qu'un de ses amis étoit fou puisqu'il étoit poète, il répondit en riant,

J'avouerai sans peine avec vous Que tous les poëtes sont fous; Mais sachant bien ce que vous êtes, Tous les fous ne sont pas poëtes.

Non - seulement nous voulons que l'in - promtu naisse du sujet, mais il faut de plus qu'il renferme une pensée plaisante, vive, juste, neuve, agréable; une raillerie ingénieuse, ou mieux encore, une louange fine & délicate.

Les vers que Gacon dit sur - le - champ à ses amis, qui lui montroient le portrait de Thomas Corneille, sont plaisans;

Voyant le portrait de Corneille, Gardez - vous de crier merveille, Et dans vos transports n'allez pas Prendre ici Pierre pour Thomas. On connoît l'in - promtu que Poisson (Raimond), un de nos meilleurs acteurs comiques, fit à dîner chez M. Colbert, qui avoit tenu un de ses enfans sur les fonts baptismaux. Comme M. Colbert ne devoit arriver qu'au fruit, tout le monde avoit profité de son absence pour élever sa gloire, quand Poisson prit la parole, & dit,

Ce grand ministre de la paix, [p. 631] Colbert, que la France révere, Dont le nom ne mourra jamais, Hé bien, Messieurs, c'est mon compere.

L'impromptu suivant est de Mademoiselle Scudery, sur des fleurs que M. le Prince cultivoit.

En voyant ces oeillets qu'un illustre guerrier Arrose d'une main qui gagne des batailles, Souviens - toi qu'Apollon élevoit des murailles, Et ne t'étonne pas que Mars soit jardinier.

Mais entre plusieurs jolis impromptu de nos poëtes, qu'on ne peut oublier, je ne dois pas taire celui que M. de S. Aulaire fit à l'âge de plus de quatre - vingt - dix ans, chez madame la duchesse du Maine, qui l'appelloit son Apollon. Cette princesse ayant proposé un jeu, où l'on devoit dire un secret à quelqu'un de la compagnie, elle s'adressa à M. de S. Aulaire, & lui demanda le sien; il lui répondit:

La divinité qui s'amuse A me demander mon secret, Si j'étois Apollon ne seroit pas ma muse, Elle seroit Thétis & le jour finiroit.

C'est une chose très - singuliere, dit M. de Voltaire, que les plus jolis vers qu'on ait de lui, ayent été faits lorsqu'il étoit plus que nonagénaire. (D. J.)

IMPROPRE (Page 8:631)

IMPROPRE, adj. Les Grammairiens usent de ce mot, comme d'un terme technique, en trois occasions différentes.

1°. Ils ont coutume de distinguer deux sortes de diphthongues, des propres & des impropres. Voyez Diphthongue. Ils appellent diphthongues propres celles qui font effectivement entendre deux sons consécutifs dans une même syllabe, comme ieu dans Dieu; & ils appellent diphthongues impropres, celles qui n'en ont aux yeux que l'apparence, parce que ce sont des assemblages de voyelles qui ne représentent pourtant qu'un son unique & simple, comme ai dans mais.

La réunion de plusieurs voyelles représente une diphthongue ou un son simple; dans le premier cas, c'est proprement une diphthongue; mais dans le second, ce n'est point une diphthongue, & il y a une véritable antilogie à dire que c'est une diphthongue impropre. J'avoue cependant qu'il y a pour les yeux une apparence réelle de diphthongue, puisqu'il y a les signes de plusieurs sons individuels; c'est pourquoi je pense que l'on peut donner à ces assemblages de voyelles le nom de diphthongues oculaires, & alors la dénomination de diphthongues auriculaires convient très bien par opposition aux diphthongues propres. Ces dénominations semblent présenter à l'esprit des notions plus précises, plus exactes, & même plus lumineuses, que celles de propres & d'impropres.

2°. M. Restaut établit sept sortes de pronoms, & ceux de la septieme espece sont les indéfinis, qu'on appelle encore, dit - il, (VII. Ed. pag. 154.) pronoms impropres, parce qu'il y en a plusieurs qu'on pourroit aussi bien regarder comme des adjectifs que comme des pronoms.

Je ne dis rien ici de la division des pronoms, adoptée par cet auteur & par tant d'autres qui n'ont pas plus approfondi que lui la nature de cette partie d'oraison. Voyez Pronom. Je ne veux que remarquer combien leur langage même est propre à les rendre suspects de peu d'exactitude dans leurs idées & dans leurs principes. Comment se peut - il faire en effet que des mots soient tout - à - la - fois pronoms & adjectifs, c'est - à - dire, selon les notions qu'ils établissent eux - mêmes, qu'ils tiennent la place des noms, & qu'ils soient en même tems inséparables d'un substantif? De quels noms tiennent - ils donc la place, ces prétendus pronoms qui n'osent paroître sans être accompagnés par des noms? La dénomination de pronoms impropres que leur donnent ces Grammairiens, est un aveu réel de leur déplacement dans la classe des pronoms, & tous leurs efforts pour les y établir ne peuvent leur ôter cet air étranger qu'ils y conservent, & qui certifie l'inconséquence des auteurs dans la distribution des especes. Enfin, ces mots sont pronoms ou ne le sont pas; dans le premier cas, ils sont des pronoms propres, c'est - à - dire vraiment pronoms; dans le second cas, il faut les tirer de cette classe & les placer dans une autre, où ils ne seront plus rangés improprement.

3°. On appelle encore terme impropre tout mot qui n'exprime pas exactement le sens qu'on a prétendu lui faire signifier; ce qui fait, comme on voit, un véritable vice dans l'élocution. Par exemple, il faut choisir entre élection & choix: « ces deux mots, dit le P. Bouhours (Rem. nouv. tome I, pag. 170.), ne doivent pas se confondre. Election se dit d'ordinaire dans une signification passive, & choix dans une signification active. L'élection d'un tel marque celui qui a été élu; le choix d'un tel marque celui qui choisit. L'élection du doge a été approuvée de tout le peuple de Venise; le choix du sénat a été approuvé généralement». Dans ces exemples les mots élection & choix sont pris dans une acception propre; mais ils deviendroient des termes impropres, si l'on disoit au contraire le choix du doge ou l'élection du sénat. Le purisme du P. Bouhours lui - même ne l'a pas toûjours sauvé d'une pareille méprise. En expliquant (ibid. pag. 228.) la différence des mots ancien & vieux, voici comme il s'énonce: « on dit, il est mon ancien dans le parlement, c'est - à - dire qu'il est reçu devant moi, quoiqu'il soit peut - être plus jeune que moi ». Devant est ici un terme impropre; il falloit dire avant. T. Corneille montre bien clairement la raison de cette différence, dans sa note sur la remarque 274 de Vaugelas; & M. l'abbé Girard la développe encore davantage dans ses synonymes françois. Voyez Propriété.

Ce n'est que dans ce troisieme sens que je trouverois convenable que le mot impropre fût regardé comme un terme technique de grammaire. Une idée ne laisse pas d'être exprimée par un terme impropre, quoiqu'il manque quelque chose à la justesse ou à la vérité de l'expression; mais une diphthongue impropre n'est point une diphthongue, & un pronom impropre n'est point un pronom.

IMPROPRIATION (Page 8:631)

IMPROPRIATION, s. f. terme de Jurisprudence canonique, se dit des revenus d'un bénéfice ecclésiastique qui sont entre les mains d'un laïque.

Elle differe de l'appropriation par laquelle les profits d'un bénéfice sont entre les mains d'un évêque, d'un collége, &c. On emploie aujourd'hui ces deux termes indifféremment l'un pour l'autre. On prétend qu'il y a 3845 impropriations en Angleterre. Voyez Appropriation.

IMPROPRIÉTÉ (Page 8:631)

IMPROPRIÉTÉ, s. f. (Gramm.) qualité de ce qui n'est pas propre. Voyez Propre & Propriété.

Les Grammairiens distinguent trois sortes de fautes dans le langage, savoir le solécisme, le barbarisme, & l'improprieté. Celle - ci se commet quand on ne se sert pas d'un mot propre, & qui ait une signification convenable; comme si on disoit un grand ouvrage, en parlant d'un livre prolixe & diffus; le mot grand seroit impropre, ou parce qu'il seroit équivoque, grand ouvrage pouvant se dire d'un livre long, mais bien fait & utile; & il ne seroit pas aussi net, aussi expressif que diffus, qui caractérise un défaut. Voyez Solécisme & Barbarisme.

IMPROVISTER, IMPROVISTEUR (Page 8:631)

* IMPROVISTER, IMPROVISTEUR, (Gram.) il se dit du talent de parler en vers, sur le champ & sur un sujet donné. Quelques italiens le possedent à un degré surprenant: on a d'eux des pieces qui ont été enfantées de cette maniere miraculeuse, & qui

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