ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"495"> amis ne remplacent pas ceux qu'on a perdus, ce n'est pas parce qu'ils ne sont pas de la même humeur, du même âge, &c. ce sont là des changemens par où nous passons; mais nous ne devenons pas nous - mêmes d'autres individus, comme les amis nouveaux sont des individus différens des an ciens.

M. Loke me paroît définir juste l'identité d'une plante, en disant que l'organisation qui lui a fait commencer d'être plante subsiste: il applique la même idée au corps humain.

Identité (Page 8:495)

Identité, (Gramm.) terme introduit récemment dans la Grammaire, pour exprimer le rapport qui sert de fondement à la concordance. Voyez Concordance.

Un simple coup d'oeil jetté sur les différentes especes de mots, & sur l'unanimité des usages de tou tes les langues à cet égard, conduit naturellement à les partager en deux classes générales, caractérisées par des différences purement matérielles. La premiere classe comprend toutes les especes de mots déclinables, je veux dire les noms, les pronoms, les adjectifs & les verbes, qui, dans la plûpart des langues, reçoivent à leurs terminaisons des changemens qui désignent des idées accessoires de relation, ajoutées à l'idée principale de leur signification. La seconde classe renferme les especes de mots indéclinables, c'est - à - dire les adverbes, les prépositions, les conjonctions & les interjections, qui gardent dans le discours une forme immuable, parce qu'ils expriment constamment une seule & même idée principale.

Entre les inflexions accidentelles des mots de la premiere classe, les unes sont communes à toutes les especes qui y sont comprises, & les autres sont propres à quelqu'une de ces especes. Les inflexions communes sont les nombres, les cas, les genres & les personnes; les tems & les modes sont des inflexions propres au verbe.

C'est entre les inflexions communes aux mots qui ont quelque correlation, qu'il y a, & qu'il doit y avoir concordance dans toutes les langues qui admettent ces inflexions. Mais pour établir cette concordance, il faut d'abord déterminer l'inflexion de l'un des mots corrélatifs, & ce sont les bescins réels de l'énonciation, d'après ce qui existe dans l'esprit de celui qui parle, qui reglent cette premiere détermination, conformément aux usages de chaque langue: les autres mots correlatifs se revêtent ensuite des inflexions correspondantes, par imitation, & pour être en concordance avec leur correlatif, qui leur sert comme d'original: celui - ci est dominant, les autres sont subordonnés. C'est ordinairement un nom ou un pronom qui est le correlatif dominant; les adjectifs & les verbes sont subordonnés: c'est à eux à s'accorder, & la concordance de leurs inflexions avec celles du nom ou du pronom, est comme une livrée qui atteste leur dependance.

Cette dépendance est fondée sur un rapport, qui est, selon les meilleurs Grammairiens modernes, un rapport d'identité. On voit en effet que le nom & l'adjectif, qui l'accompagne par opposition, ne font qu'un, n'expriment ensemble qu'une seule & même chose indivisible; la loi naturelle, la loi politique, la loi évangélique, sont trois objets différens, mais il n'y en a que trois; la loi naturelle est un objet aussi unique que la loi en général. C'est la même chose du verbe avec son sujet; le soleil luit, est une expression qui ne présente à l'esprit qu'une seule idée indivisible.

Cependant l'adjectif & le verbe expriment très distinctement une idée attributive, fort différente du sujet exprimé par le nom ou par le pronom: com<cb-> ment peut - il y avoir identité entre des idées si disparates?

C'est que les noms & les pronoms présentent à l'esprit des êtres déterminés, voyez Nom & Pronom, & que les adjectifs & les verbes présentent à l'esprit des sujets quelconques sous une idée précise, applicable à tout sujet déterminé qui en est susceptible; voyez Verbe. Or il en est, dans le discours, de cette idée vague de sujet quelconque, comme de la signification générale & indéfinie des symboles algébriques dans le calcul: de part & d'autre, la généralisation des idées n'a été instituée que pour éviter l'embarras des cas particuliers trop multipliés; mais de part & d'autre, c'est à la charge de ramener la précision dans chaque occurrence par des applications particulieres ou individuelles.

C'est la concordance des inflexions de l'adjectif ou du verbe avec celles du nom ou du pronom, qui désigne l'application du sens vague de l'un au sens précis de l'autre, & l'identification du sujet vague présenté par la premiere espece, avec le sujet déterminé énoncé par la seconde.

Pour prévenir une erreur dans laquelle bien des gens pourroient tomber, puisque M. l'abbé Fromant y a donné lui - même, qu'il me soit permis d'insister un peu sur la véritable idée que l'on doit prendre de l'identité, qui sert de fondement à la concordance. J'ose avancer que ce grammairien n'en a pas une idée exacte; il la suppose entre le sujet d'un mode & ce mode: en voici la preuve dans son supplément, aux ch. ij. iij. & iv. de la II. partie de la gramm. gén. pag. 62. Il rapporte d'abord un passage de M. du Marsais, extrait de l'article adjectif, dans lequel il assure que la concordance n'est fondée que sur l'identité physique de l'adjectif avec le substantif; puis il discute ainsi l'opinion du grammairien philosophe.

« S'il y a des adjectifs qui marquent l'appartenance sans marquer l'identité physique, il s'ensuit que la concordance n'est pas fondée uniquement sur cette identité, comme le prétend M. du Marsais. Or dans ces expressions meus liber, Evandrius ensis, meus marque l'appartenance du livre à moi, Evandrius marque l'appartenance de l'épée à Evandre; ces deux mots meus liber, & ces deux autres Evandrius ensis, présentent à l'esprit deux objets divers, dont l'un n'est pas l'autre; & bien loin de désigner l'identité physique, ils indiquent au contraire une vraie diversité physique. Meus liber équivaut à liber mei, BIBLOS2 MD=, le livre de moi; Evandrius ensis équivaut à ensis Evandri, l'épée d'Evandre; par conséquent le sentiment qui fonde la concordance sur l'identité physique n'est pas exact, & M. du Marsais n'a point tant à se glorifier d'en être l'auteur; encore s'il eût dit que la concordance est fondée sur l'identité physique ou métaphysique, il auroit rendu ce sentiment probable: ce n'est pas moi qui suis une même chose avec mon livre, c'est la qualité d'être à moi, c'est la propriété de m'appartenir qui est une même chose avec mon livre; de même ce n'est pas Evandre qui est une même chose avec son épée, mais c'est la qualité d'être à Evandre. On peut soutenir qu'il y a rapport d'identité métaphysique entre la qualité d'appartenir & la chose appartenante; mais on ne prouvera jamais, ce me semble, qu'il puisse s'y trouver un rapport d'identité physique, puisque l'appartenance n'est qu'une qualité métaphysique ».

La doctrine de M. Fromant sur l'identité n'est point équivoque, mais elle confond positivement la nature des choses. L'identité ne suppose pas deux choses différentes, il n'y auroit plus d'identité; elle suppose seulement deux aspects d'un même objet: or une substance & une mode sont des choses si diffé<pb-> [p. 496] rentes, que nous en avons nécessairement des idées toutes différentes, & conséquemment il ne peut jamais y avoir d'identité, sous quelque dénomination que ce soit, entre une substance & un mode.

L'identité qui fonde la concordance est donc l'identité du sujet, présenté d'une maniere vague & indéfinie dans les adjectifs & dans les verbes, & d'une maniere précise & déterminée dans les noms & dans les pronoms. Ces deux mots, pour me servir du même exemple, meus liber, ne présentent pas à l'esprit deux objets divers; meus exprime un être quelconque qualifié par la propriété de m'appartenir, & liber exprime un être déterminé qui a cette propriété: la concordance de meus avec liber, indique que le sujet actuel de la qualification exprimée par l'adjectif meus, est l'être particulier déterminé par le nom liber: meus, par lui - même, exprime un sujet quelconque ainsi qualifié; mais dans le cas présent, il est appliqué au sujet particulier liber; & dans un autre, il pourroit être appliqué à un autre sujet, en vertu même de son indétermination. La concordance indique donc l'application du sang vague d'une espece au sens précis de l'autre; & l'identité, si j'ose le dire, très - physique du sujet énoncé par les deux especes de mots, sous des aspects différens.

Peut - être y a - t - il en effet peu d'exactitude à dire, l'identité physique de l'adjectif avec le substantif, comme a fait M. du Marsais, parce que l'adjectif & le substantif sont des mots absolument différens, & qui ne peuvent jamais être un même & unique mot: l'identité n'appartient pas aux différens signes d'un même objet, mais à l'objet désigné par différens signes. Il me semble pourtant que l'on pourroit regarder l'expression de M. du Marsais comme un abrégé de celle que la justesse métaphysique paroît exiger; mais quand cela ne seroit point, ne faut - il donc avoir aucune indulgence pour la premiere exposition d'un principe véritablement utile & lumineux? Et un petit défaut d'exactitude peut - il empêcher que M. du Marsais n'ait à se glorisier beaucoup d'être l'auteur de ce principe? M. Fromant lui - même ne doit guere se glorifier d'en avoir fait une censure si peu mesurée & si peu juste; je dis, si peu juste, car il est évident que c'est pour avoir mal compris le vrai sens du principe de l'identité, qu'il est tombé dans l'inconséquence qui a été remarquée en un autre lieu. Voyez Genre. Art. de M. Beauzée.

IDES, les (Page 8:496)

IDES, les, s. f. plur. (Calendrier romain.) idus, uum, ce terme étoit d'usage chez les Romains pour compter & distinguer certains jours du mois; on se sert encore de cette méthode dans la chancellerie romaine, & dans le calendrier du breviaire.

Les ides venoient le treizieme jour de chaque mois, excepté dans les mois de Mars, de Mai, de Juillet & d'Octobre, où elles tomboient le quinzieme, parce que ces quatre mois avoient six jours devant les nones, & les autres en avoient seulement quatre.

On donnoit huit jours aux ides; ainsi le huitieme dans les mois de Mars, Mai, Juillet & Octobre, & le sixieme dans les huit autres, on comptoit le huitieme avant les ides, & de même en diminuant jusqu'au douze ou au quatorze, qu'on appelloit la veille des ides, parce que les ides venoient le treize ou le quinze, selon les différens mois.

Ceux qui veulent employer cette maniere de dater, doivent encore savoir que les ides commencent le lendemain du jour des nones, & se ressouvenir qu'elles durent huit jours: or les nones de Janvier étant le cinquieme dudit mois, on datera le sixieme de Janvier, octavo idus Januarii, huit jours avant les ides de Janvier; l'onzieme Janvier se datera tertio idus, le troisieme jour avant les ides; & le trei<cb-> zieme idibus Januarii, le jour des ides de Janvier; si c'est dans les mois de Mars, de Mai, de Juillet & d'Octobre, où le jour des nones n'est que le sept, on ne commence à compter avant les ides que le huitieme jour de ces quatre mois, à cause que celui des ides n'est que le quinze.

Pour trouver aisément le jour qui marque les dates des ides dont se sert la chancellerie romaine, comme nous l'avons dit ci - dessus, il faut compter combien il y a de jours depuis la date jusqu'au treize, ou au quinze du mois que tombent les ides, selon le nom du mois, en y ajoutant une unité, & l'on aura le jour de la date. Par exemple, si la lettre est datée quinto idus Januarii, c'est - à - dire le cinquieme jour avant les ides de Janvier, joignez une unité au treize, qui est le jour des ides de ce mois, vous aurez quatorze, ôtez - en cinq, il restera neuf; ainsi le cinquieme avant les ides est le neuf de Janvier. Si la lettre est datée quinto idus Julii, qui est un mois où le jour des ides tombe le quinze, joignez une unité à quïnze, vous aurez seize; ôtez - en cinq, il reste onze; ainsi le cinquieme avant les ides de Juillet, c'est le onzieme dudit mois.

On observera la même méthode quand on voudra employer cette sorte de date; par exemple, si j'écris le neuf Juillet, depuis le neuf jusqu'à seize il y a sept jours; ainsi je date septimo idus Julii, le septieme jour avant les ides de Juillet. Voyez Antoine Aubriot, Principes de compter les kalendes, ides & nones.

Le mot ides vient du latin idus, que plusieurs dérivent de l'ancien toscan iduare, qui signifioit diviser, parce que les ides partageoient les mois en deux parties presqu'égales. D'autres tirent ce mot d'idulium, qui étoit le nom de la victime qu'on offroit à Jupiter le jour des ides; mais peut être aussi qu'on a donné à la victime le nom du jour qu'elle étoit immolée. Quoi qu'il en soit, la raison pour laquelle chaque mois à huit ides, c'est que le sacrifice se faisoit toûjours neuf jours après les nones, le jour des nones étant compris dans le nombre de neuf.

Enfin, pour obmettre peu de chose en littérature sur ce sujet, nous ajouterons que les ides de Mai étoient consacrées à Mercure; les ides de Mars passerent pour un jour malheureux, dans l'idée des partisans de la tyrannie, depuis que César eut été tué ce jour - là; le tems d'après les ides de Juin étoit réputé favorable aux noces. Les ides d'Août étoient consacrées à Diane, & les esclaves les chommoient aussi comme une fête. Aux ides de Septembre on prenoit les augures pour faire les magistrats, qui entroient en charge autrefois aux ides de Mai, & puis aux ides de Mars, qui furent transportées finalement aux ides de Septembre. (D. J.)

IDIOCRASE (Page 8:496)

IDIOCRASE, s. f. (Méd.) on entend par ce mot la nature, l'espece, le caractere, la disposition, le tempérament propre d'une chose, d'une substance animale, minérale ou végétale.

IDIOME (Page 8:496)

IDIOME, s. f. (Gram.) variétés d'une langue propres à quelques contrées; d'où l'on voit qu'idiome est synonyme à dialecte; ainsi nous avons l'idiome gascon, l'idiome provençal, l'idiome champenois: on lui donne quelquefois la même étendue qu'à langue. Servez - vous de l'idiome que vous aimerez le mieux, je vous répondrai.

IDIOMELE (Page 8:496)

* IDIOMELE, s. m. (Théolog.) certains versets qui ne sont point tirés de l'Ecriture - sainte, & qu'on chante sur un ton particulier dans l'office divin suivant le rit grec. Le mot idiomele vient de I)DI\ON, propre, particulier, & de ME/LOS2, chant.

IDIOPATHIE (Page 8:496)

IDIOPATHIE, s. f. (Méd.) I)DIOPA/QEIA, proprius affectus: c'est un terme de Pathologie, employé pour distinguer la maladie qui affecte une partie quelconque, qui ne dépend pas du vice d'une autre partie,

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