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IMAGE (Page 8:559)
IMAGE, s. f. en Optique, est la peinture naturelle
& très - ressemblante qui se fait des objets, quand
ils sont opposés à une surface bien polie. Voyez
Image signifie plus généralement le spectre ou la
représentation d'un objet que l'on voit, soit par réflexion,
soit par réfraction. Voyez
C'est un des problêmes des plus difficiles de l'Optique, que de déterminer le lieu apparent de l'image
d'un objet que l'on voit dans un miroir, ou à - travers
un verre. Voyez ce que nous avons dit sur ce sujet
aux articles
Image (Page 8:559)
Les Luthériens blâment les Calvinistes d'avoir brisé les images dans les églises des Catholiques, & regardent cette action comme une espece de sacrilége, quoiqu'ils traitent les Catholiques romains d'idolâtres, pour en avoir conservé le culte. Les Grecs ont poussé ce culte si loin, que quelques - uns d'entr'eux ont reproché aux Latins de ne point porter de respect aux images; cependant l'église d'Orient & celle d'Occident n'ont jamais disputé que sur des termes; elles étoient d'accord pour le fond.
Les Juifs condamnent absolument les images, & ne souffrent aucunes statues ni figures dans leurs maisons, & encore moins dans leurs synagogues & dans les autres lieux consacrés à leurs dévotions.
Les Romains conservoient avec beaucoup de soin les images de leurs ancêtres, & les faisoient porter dans leurs pompes funebres & dans leurs triomphes. Elles étoient pour l'ordinaire de cire & de bois, quoiqu'il y en eût quelquefois de marbre ou d'airain. Ils les plaçoient dans les vestibules de leurs maisons, & elles y demeuroient toujours, quoique la maison changeât de maître, parce qu'on regardoit comme une impiété de les déplacer.
Appius Claudius fut le premier qui les introduisit dans les temples l'an de Rome 259 & qui y ajouta des inscriptions, pour marquer l'origine de ceux qu'elles représentoient, aussi bien que les actions par lesquelles ils s'étoient distingués.
Il n'étoit pas permis à tout le monde de faire porter les images de ses ancêtres dans les pompes funebres. On n'accordoit cet honneur qu'à ceux qui s'étoient acquittés glorieusement de leurs emplois. Quant à ceux qui s'étoient rendus coupables de quelques crimes, on brisoit leurs images.
Image (Page 8:559)
Les images, suivant la définition qu'en donne Longin, sont des pensées propres à fournir des expressions, & qui présentent une espece de tableau à l'esprit.
Il donne, dans un autre endroit, à ce mot un sens beaucoup moins étendu, lorsqu'il dit que les images sont des discours que nous prononçons, lorsque par une espece d'enthousiasme, ou émotion extraordinaire de l'ame, nous croyons voir les cboses dont nous parlons, & que nous tâchons de les peindre aux yeux de ceux qui nous écoutent.
Les images, dans la Rhétorique, ont un tout autre
usage que parmi les Poëtes. Le but qu'on se propose
dans la Poésie, c'est l'étonnement & la surprise;
au lieu que dans la prose, c'est de bien peindre les
choses, & de les faire voir clairement. Elles ont
pourtant cela de commun, qu'elles tendent à émouvoir dans l'un & l'autre genre. Voyez
Ces images ou ces peintures sont d'un grand secours pour donner du poids, de la magnificence & de la force au discours. Elles l'échauffent & l'animent, & quand elles sont menagées avec art, dit Longin, elles domptent, pour ainsi dire, & soumettent l'auditeur.
On appelle généralement images, tant en éloquence qu'en poésie, toute description courte & vive, qui présente les objets aux yeux autant qu'à l'esprit. Telle est dans Virgile cette peinture de la consternation de la mere d'Euryale, en apprenant la mort de son fils:
Miseroe calor ossa reliquit, Excussi manibus radii, revolutaque pensa. AEneid. IX. ou cette autre de Verrès par Ciceron: Stetit soleatus proetor populi romani, cum pallio purpureo, tunicaque talari, mulierculâ nixus in littore; ou cette image de Racine dans Athalie:
De princes égorgés la chambre étoit remplie,
Un poignard à la main l'implacable Athalie
Au carnage animoit ses barbares soldats, &c.
Voyez
Image (Page 8:559)
On fait des images & médailles avec la colle de poisson. Pour cet effet, prenez de la colle de poisson bien nette & bien claire; brisez - la avec un marteau; lavez - la d'abord en eau claire & fraiche, ensuite en eau tiede; ayez un pot neuf; mettez - la dans ce pot à tremper dans de l'eau pendant une nuit; faites - la bouillir doucement une heure jusqu'à ce qu'elle prenne corps; elle en aura suffisamment, si elle fait la goute sur l'ongle. Cela fait, ayez vos moules prêts; serrez - les à l'entour d'une corde, ou avec du coton, ou d'une meche de lampe, qui serve à retenir la colle; frottez - les de miel; versez dessus la colle jusqu'à ce que tout le moule en soit couvert; exposez - les au soleil; la colle s'égalisera & se séchera; quand elle sera seche, l'image se détachera du creux, d'elle - même, sera mince comme le papier, ou de l'épaisseur d'une médaille, selon la quantité de colle dont on aura couvert le moule. Les traits les plus déliés seront rendus, & l'image sera lustrée. Si on l'eût voulu colorer, on eût teint l'eau dans laquelle on a fait bouillir la colle, soit avec le bois de Brésil, de Fernambouc, soit avec la graine d'Avignon, le bois d'Inde, &c. Il faut que l'eau n'ait qu'une teinte légere, & que la colle ne soit pas trop épaisse; l'image en viendra d'autant plus belle.
IMAGINAIRE (Page 8:560)
* IMAGINAIRE, adj. (Gram.) qui n'est que dans l'imagination; ainsi l'on dit en ce sens un bonheur imaginaire, une peine imaginaire. Sous ce point de vûe, imaginaire ne s'oppose point à réel; car un bonheur imaginaire est un bonheur réel, une peine imaginaire est une peine réelle. Que la chose soit ou ne soit pas comme je l'imagine, je souffre ou je suis heureux; ainsi l'imaginaire peut être dans le motif, dans l'objet; mais la réalité est toûjours dans la sensation. Le malade imaginaire est vraiment malade, d'esprit au moins, sinon de corps. Nous serions trop malheureux, si nous n'avions beaucoup de biens imaginaires.
Imaginaire (Page 8:560)
Non - seulement toute racine paire d'une quantité négative, comme [omission: formula; to see, consult fac-similé version], est imaginaire; mais encore si on y joint une quantité réelle b, le tout devient imaginaire; ainsi [omission: formula; to see, consult fac-similé version] est imaginaire, ce qui est évident; car si [omission: formula; to see, consult fac-similé version] étoit égal à une quantité réelle c, on auroit [omission: formula; to see, consult fac-similé version], ce qui est impossible.
Les quantités composées de réel & d'imaginaire, s'appellent mixtes imaginaires, & les autres imaginaires simples.
J'ai démontré le premier dans les mémoires de l'académie de Berlin, pour l'année 1746, & même dans un ouvrage antérieur, envoyé à l'académie de Berlin au commencement de 1746, que toute quantité imaginaire donnée à volonté, & de telle forme qu'on voudra, peuttoûjours se réduire à [omission: formula; to see, consult fac-similé version] e & f étant des quantités réelles. M. Euler a démontré depuis cette même proposition, dans les mémoires de l'académie de Berlin 1749, mais il est aisé de
J'ai démontré de plus, dans les mêmes mémoires de 1746, que toute racine imaginaire d'une équation quelconque pouvoit toûjours se réduire à e + f [omission: formula; to see, consult fac-similé version], e & f étant des quantités réelles. M. Euler a donné de son côté, dans les mémoires de 1749, une démonstration de cette proposition, qui differe entierement de la mienne, & qui ne me paroît pas aussi simple. On peut voir les démonstrations des deux propositions dont je viens de parler, dans le traité de M. de Bougainville le jeune, sur le calcul intégral.
Un corollaire de cette proposition, qui est démontré
fort simplement dans les mémoires de Berlin
1746, c'est que si [omission: formula; to see, consult fac-similé version] est une des racines
d'une équation, [omission: formula; to see, consult fac-similé version] en sera une autre; &
voilà pourquoi les racines imaginaires des équations
vont toûjours en nombre pair. Voyez
Deux quantités imaginaires jointes ensemble peuvent
former une quantité réelle; p. ex. [omission: formula; to see, consult fac-similé version]
est une quantité réelle. Voyez
Imaginaire (Page 8:560)
IMAGINATION, IMAGINER (Page 8:560)
IMAGINATION, IMAGINER, (Logique, Métaphys. Litterat. & Beaux - Arts.) c'est le pouvoir que chaque être sensible éprouve en soi de se représenter dans son esprit les choses sensibles; cette faculté dépend de la mémoire. On voit des hommes, des animaux, des jardins; ces perceptions entrent par les sens, la mémoire les retient, l'imagination les compose; voilà pourquoi les anciens Grecs appellerent les Muses filles de Mémoire.
Il est très - essentiel de remarquer que ces facultés de recevoir des idées, de les retenir, de les composer, sont au rang des choses dont nous ne pouvons rendre aucune raison; ces ressorts invisibles de notre être sont dans la main de l'Être suprême qui nous a faits, & non dans la nôtre.
Peut - être ce don de Dieu, l'imagination, est - il le seul instrument avec lequel nous composions des idées, & même les plus métaphysiques.
Vous prononcez le mot de triangle, mais vous ne prononcez qu'un son si vous ne vous représentez pas l'image d'un triangle quelconque; vous n'avez certainement eu l'idée d'un triangle que parce que vous en avez vû si vous avez des yeux, ou touché si vous êtes aveugle. Vous ne pouvez penser au triangle en général si votre imagination ne se figure, au moins confusément, quelque triangle particulier. Vous calculez; mais il faut que vous vous représentiez des unités redoublées, sans quoi il n'y a que votre main qui opere.
Vous prononcez les termes abstraits, grandeur,
vérité, justice, fini, infini; mais ce mot grandeur
est - il autre chose qu'un mouvement de votre langue
qui frappe l'air, si vous n'avez pas l'image de
quelque grandeur? Que veulent dire ces mots vérité, mensonge, si vous n'avez pas apperçu par vos
sens que telle chose qu'on vous avoit dit existoit en
effet, & que telle autre n'existoit pas? & de cette
expérience ne composez - vous pas l'idée générale
de vérité & de mensonge? & quand on vous demande
ce que vous entendez par ces mots, pouvez - vous
vous empêcher de vous figurer quelque image
sensible, qui vous fait souvenir qu'on vous a dit
quelquefois ce qui étoit, & fort souvent ce qui n'étoit
pas?
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