ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"535"> cune partie extérieure de la génération, ni mâle, ni femelle, ni aucun vestige de ces organes. Les autres parties du corps étoient conformes à l'état naturel & ordinaire, excepté que vers le milieu de l'espace qui est entre le nombril & l'os pubis, se trouvoit une substance spongieuse, nue, sans prominence, tendre, fort sensible, percée de pores innombrables, desquels pores l'urine sortoit sans cesse. L'enfant a vêcu cinq ans, & est mort de la petite vérole. Mém. d'Edinb. ann. 1740. tom. V. p. 428.

Exemples de jeux de la nature qui peuvent être utiles dans la pratique. Il est possible quelquefois de trouver dans les jeux de la nature des variations, dont la connoissance peut avoir quelque utilité, c'est - à - dire peut servir dans l'explication des fonctions de l'économie animale ou des maladies, & peut faire éviter quelque erreur dans la pratique. Je compte au nombre de ces variations les os triangulaires, qu'on trouve quelquefois dans les sutures du crane, & plus fréquemment dans la suture lambdoïde, que dans aucune autre; parce que, faute de connoître ces jeux, quelqu'un pourroit se tromper à l'égard de ceux qui ont de pareils os, & prendre une légere plaie pour une fracture considérable.

Observation générale. Enfin, personne n'ignore les jeux de la nature qui s'étendent sur les proportions des parties du corps d'un même individu, car non seulement les mêmes parties du corps n'ont point les mêmes dimensions proportionelles dans deux personnes différentes; mais dans la même personne une partie n'est point exactement semblable à la partie correspondante. Par exemple, souvent le bras ou la jambe du côté droit n'a pas les mêmes dimensions que le bras ou la jambe du côté ganche. Ces variétés sont faciles à comprendre; elles tirent leur origine de celle de l'accroissement des os, de leurs ligamens, de leur nutrition, des vaisseaux qui se distribuent à ces parties, des muscles qui les couvrent, &c. C'est à l'art du dessein qu'on doit les idées de la proportion; le sentiment & le goût ont fait ce que la méchanique ne pouvoit faire, & comme dit encore M. de Buffon, on a mieux connu la nature par la représentation que par la nature même. (D. J.)

Jeux de la Nature (Page 8:535)

Jeux de la Nature, lusus naturoe. (Hist. nat. Lithologie.) Les Naturalistes nomment ainsi les pierres qui ont pris par divers accidens fortuits une forme étrangere au regne minéral, & qui ressemblent ou à des végétaux, ou à des animaux, ou à quelques - unes de leurs parties, ou à des produits de l'art, &c. sans qu'on puisse indiquer la cause qui a pû leur donner la figure qu'on y remarque. Ces pierres ainsi conformées ne different point dans leur essence des pierres ordinaires; ce sont ou des cailloux, ou des agates, ou des pierres à chaux, ou du grès, &c. toute la différence, s'il y en a, vient de la curiosité & de l'imagination vive de ceux qui forment des cabinets d'histoire naturelle, & qui attachent souvent de la valeur à ces pierres, en raison de la bizarrerie de leurs figures. Wallerius à raison de dire que dans ces sortes de pierres la nature n'a fait qu'ébaucher des ressemblances grossieres, que l'imagination des propriétaires supplée à ce qui leur manque, & qu'on pourroit plûtôt les nommer lusus lithophilorum que lusus naturoe.

On doit placer parmi les jeux de la nature les pierres ou marbres de Florence sur lesquelles on voit des ruines, les priapolites, les dendrites, les agates herborisées, les agates & les jaspes, & les marbres sur lesquels on remarque différens objets, dont la ressemblance n'est formée que par l'arrangement fortuit des veines, des taches, & des couleurs de ces sortes de pierres.

Bruckmann, grand compilateur d'histoire natu<cb-> relle, rapporte une dissertation, intitulée de Papatu à naturâ detestato; l'auteur de cette ridicule dissertation est un nommé Gleichmann. Il y est question d'une pierre, sur laquelle on voyoit, ou du moins on croyoit voir, une religieuse ayant une mitre sur sa tête, vêtue des ornemens pontificaux, & portant un enfant dans ses bras. Il dit que la papesse Jeanne se présenta aussitôt à son imagination, & il ne douta pas que la nature en formant cette pierre n'eût voulu marquer combien elle avoit d'horreur pour le papisme. Voyez Bruckmann, Epistoloe itinerarioe, centuriâ I. epistol. lvj. On conserve deux agates dans le cabinet d'Upsal, sur l'une desquelles on dit qu'on voit le jugement dernier, & sur l'autre le passage de la mer Rouge par les enfans d'Israël. Voyez Wallerius, Minéralogie, tome I.

Il y a des gens qui connoissant le goût de quelques collecteurs d'histoire naturelle pour le merveilleux, savent le mettre à profit, & leur font payer cherement, comme jeux de la nature, des pierres chargées d'accidens, qu'ils ont eu le secret d'y former par art, ou du - moins dans lesquelles ils ont aidé la nature, en perfectionnant des ressemblances qu'elle n'avoit fait que tracer grossierement, avec de la dissolution d'or, avec celle d'argent, &c. On peut tracer des desseins assez durables sur les agates; il est aussi fort aisé d'en former sur le marbre, &c. Voyez la Minéralogie de Wallerius, tome I. page 172 de la traduction françoise, & tome II. page 128.

On ne doit point confondre avec les jeux de la nature les pierres qui doivent leurs figures à des causes connues, telles que sont celles qui ont été moulées dans des coquilles, celles qui ont pris les empreintes des corps marins qui se trouvent dans le sein de la terre, celles dans lesquelles on voit des empreintes de végétaux & de poissons, les bois pétrifiés, les crabes pétrifiés, &c. ce n'est point le hasard qui a produit les figures qu'on y remarque. Voyez Fossiles.

Il ne faut point non plus appeller jeux de la nature les corps que la nature produit toûjours sous une forme constante & déterminée, tels que les crystallisations, les marcassites, &c. & encore moins ceux qui sont des produits de l'art des hommes. Voyez Figurées Pierres. ( - )

Jeu de mots (Page 8:535)

Jeu de mots, (Gramm.) espece d'équivoque, dont la finesse fait le prix, & dont l'usage doit être fort modéré. On peut la définir, une pointe d'esprit fondée sur l'emploi de deux mots qui s'accordent pour le son, mais qui different à l'égard du sens. Voyez Pointe.

Les jeux de mots, quand ils sont spirituels, se placent à merveille dans les cris de guerre, les devises & les symboles. Ils peuvent encore avoir lieu, lorsqu'ils sont délicats, dans la conversation, les lettres, les épigrammes, les madrigaux, les impromptus, & autres petites pieces de ce genre. Voltaire pouvoit dire à M. Destouches,

Auteur solide, ingénieux, Qui du théatre êtes le maître, Vous qui fites le Glorieux, Il ne tiendroit qu'à vous de l'être. Ces sortes de jeux de mots ne sont point interdits, lorsqu'on les donne pour un badinage qui exprime un sentiment, ou pour une idée passagere; car si cette idée paroissoit le fruit d'une réflexion sérieuse, si on la débitoit d'un ton dogmatique, on la regarderoit avec raison comme une petitesse frivole.

Mais on ne permet jamais les jeux de mots dans le sublime, dans les ouvrages graves & sérieux, dans les oraisons funebres, & dans les discours oratoires. C'est par exemple un jeu de mots bien misérable que ces paroles de Jules Mascaron, évêque de Tulles, [p. 536] & puis d'Agen, dans l'oraison funebre d'Henriette d'Angleterre. « Le grand, l'invincible, le magnanime Louis, à qui l'antiquité eut donné mille coeurs, elle qui les multiplioit dans les héros, selon le nombre de leurs grandes qualités, se trouve sans coeur à ce spectacle ».

Il est certain que ce mauvais goût a paru & s'est éclipsé à plusieurs reprises dans les divers pays. Il n'y a même nul doute qu'il ne revienne dans une nation, toutes les fois que l'amour de la frivolité, de la plaisanterie, & du ridicule, succédera à l'amour du bon, du solide & du vrai. Si cette réflexion est juste, craignons le retour prochain de ce mauvais goût parmi nous. Cependant je n'appréhende pas si - tôt le retour des jeux de mots grossiers; nous sommes encore assez délicats pour les renvoyer, je ne dirai point aux gens de robe, comme on le prétend à la cour, mais aux spectacles des farceurs, ou aux artisans qui sont les plaisans de leur voisinage. (D. J.)

Jeu (Page 8:536)

Jeu, lusus. (Bell. lett.) Voyez Jouer & Jeux.

Jeu de théatre (Page 8:536)

Jeu de théatre, (en poësie.) Voyez Drame, Tragédie, Comédie, &c.

Jeux (Page 8:536)

Jeux (Salle de). Voyez Théatre, Amphithéatre, &c.

Jeux (Page 8:536)

Jeux, s. m. pl. (Antiq. greq. & rom.) sortes de spectacles publics qu'ont eû la plûpart des peuples pour se délasser, ou pour honorer leurs dieux; mais puisque parmi tant de nations nous ne connoissons gueres que les jeux des Grecs & des Romains, nous nous retrancherons à en parler uniquement dans cet article.

La religion consacra chez eux ces sortes de spectacles; on n'en connoissoit point qui ne fût dédié à quelque dieu en particulier, ou même à plusieurs ensemble; il y avoit un arrêt du sénat romain qui le portoit expressément. On commençoit toûjours à les solemniser par des sacrifices, & autres cérémonies religieuses: en un mot, leur institution avoit pour motif apparent la religion, ou quelque pieux devoir.

Les jeux publics des Grecs se divisoient en deux especes différentes; les uns étoient compris sous le nom de gymniques, & les autres sous le nom de scéniques. Les jeux gymniques comprenoient tous les exercices du corps, la course à pié, à cheval, en char, la lutte, le saut, le javelot, le disque, le pugilat, en un mot le pentathle; & le lieu où l'on s'exerçoit, & où l'on faisoit ces jeux, se nommoit Gymnase, Palestre, Stade, &c. selon la qualité des jeux. Voyez Gymniques, Gymnase, Palestre, Stade , &c.

A l'égard des jeux scéniques on les représentoit sur un théatre, ou sur la scene, qui est prise pour le théatre entier. Voyez Scene.

Les jeux de Musique & de Poësie n'avoient point de lieux particuliers pour leurs représentations.

Dans tous ces jeux il y avoit des juges pour décider de la victoire, mais avec cette différence que dans les combats tranquilles, où il ne s'agissoit que des ouvrages d'esprit, du chant, de la musique, les juges étoient assis lorsqu'ils distribuoient les prix; & dans les combats violens & dangereux, les juges prononçoient debout: nous ignorons la raison de cette différence. Pour ce qui regarde l'ordre, les lois, les statuts de ces derniers combats, on en trouvera le détail au mot Gymniques.

Toutes ces choses présupposées connues, nous nous contenterons de remarquer, que parmi tant de jeux, les Olympiques, les Pythiens, les Néméens & les Isthmiens, ne sortiront jamais de la mémoire des hommes, tant que les écrits de l'antiquité subsisteront dans le monde.

Dans les quatre jeux solemnels qu'on vient de nommer; dans ces jeux qu'on faisoit avec tant d'éclat, & qui attiroient de tous les endroits de la terre une si prodigieuse multitude de spectateurs & de combattans; dans ces jeux, dis - je, à qui seuls nous devons les odes immortelles de Pindare, on ne donnoit pour toute récompense qu'une simple couronne d'herbe; elle étoit d'olivier sauvage aux jeux Olympiques, de laurier aux jeux Pythiques, d'ache verd aux jeux Néméens, & d'ache sec aux jeux Isthmiques. La Grece voulut apprendre à ses enfans que l'honneur devoit être l'unique but de leurs actions.

Aussi lisons - nous dans Hérodote que durant la guerre de Perse, Tigrane entendant parler de ce qui constituoit le prix des jeux si fameux de la Grece, il se tourna vers Mardonius, & s'écria, frappé d'étonnement: « Ciel, avec quels hommes nous avez - vous mis aux mains! insensibles à l'intérêt, ils ne combattent que pour la gloire ». Voyez donc Jeux Olympiques, Pythiens, Néméens, Isthmiens .

Il y avoit quantité d'autres jeux passagers, qu'on célébroit dans la Grece; tels sont dans Homere ceux qui furent faits aux funérailles de Patrocle; & dans Virgile, ceux qu'Enée fit donner pour le jour de l'anniversaire de son pere Anchise. Mais ce n'étoient là que des jeux privés, des jeux où l'on prodiguoit pour prix des cuirasses, des boucliers, des casques, des épées, des vases, des coupes d'or, des esclaves. On n'y distribuoit point de couronnes d'ache, d'olivier, de laurier; elles étoient réservées pour de plus grands triomphes.

Les jeux Romains ne sont pas moins fameux que ceux des Grecs, & ils furent portés à un point incrovable de grandeur & de magnificence. On les distingua par le lieu où ils étoient célébrés, ou par la qualité du dieu à qui on les avoit dédiés. Les premiers étoient compris sous le nom de jeux circenses & de jeux scéniques, parce que les uns étoient célébrés dans le cirque, & les autres sur la scene. A l'égard des jeux consacrés aux dieux, on les divisoit en jeux sacrés, en jeux votifs, parce qu'ils se faisoient pour demander quelque grace aux dieux; en jeux funebres & en jeux divertissans, comme étoient par exemple les jeux compitaux. Voyez Circenses, Funebres, Sacrés, Votifs .

Les rois réglerent les jeux Romains pendant le tems de la royauté; mais après qu'ils eurent été chassés de Rome, dès que la république eut pris une forme reguliere, les consuls & les préteurs présiderent aux jeux Circenses, Apollinaires & Séculaires. Les édiles plébéïens eurent la direction des jeux Plébéiens; le préteur, ou les édiles curules, celle des jeux dédiés à Cérès, à Apollon, à Jupiter, à Cybele, & aux autres grands dieux, sous le titre de jeux Mégalésiens. Voyez Apollinaires, Jeux Céréaux, Capitolins, Mégalésiens

Dans ce nombre de spectacles publics, il y en avoit que l'on appelloit spécialement jeux Romains, & que l'on divisoit en grands, magni, & très - grands, maximi.

Le sénat & le peuple ayant été réunis l'an 387, par l'adresse & l'habileté de Camille, la joie fut si vive dans tous les ordres, que pour marquer aux dieux leur reconnoissance de la tranquillité, dont ils esperoient jouir, le sénat ordonna que l'on fît de grands jeux à l'honneur des dieux, & qu'on les solemnisât pendant quatre jours, au lieu qu'auparavant les jeux publics n'avoient eû lieu que pendant trois jours, & ce fut par ce changement qu'on appella ludi maximi les jeux qu'on nommoit auparavant ludi magni.

On célébroit chez les Romains des jeux, non - seulement à l'honneur des divinités qui habitoient le ciel, mais même à l'honneur de celles qui régnoient

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