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JEUNESSE (Page 8:544)
JEUNESSE, juventus, s. f. (Littérat.) c'est cet âge qui touche & qui accompagne le dernier progrès de l'adolescence, s'étend jusqu'à l'âge viril, & va rarement au - delà de trente ans.
Les Grecs l'appelloient d'ordinaire l'autonne,
Les Latins suivirent les mêmes idées, ou les emprunterent des Grecs; de - là vient qu'Horace compare un jeune homme à une grappe de raisin que l'autonne va peindre de ses plus vives couleurs.
Jam tibi lividos Distinguet autumnus racemos Purpuero varius colore. Ode v, lib. II.
Dans notre langue nous avons attaché une idée toute différente au mot d'autonne, par rapport à l'âge; & nous ne nous en servons qu'au sujet des personnes qui commencent à vieillir. Nos poëtes appellent la jeunesse le printems des beaux jours, & en d'autres termes,
Cette agréable saison Où le coeur à son empire Assujettit la raison.
Le Guarini la nomme verde étade; elle porte partout avec elle les heureuses saillies de l'imagination, les attraits séduisans, & les graces enchanteresses.
Cet âge a ses défauts comme les autres, qui n'ont pas échapé au crayon des grands peintres.
Un jeune homme toujours bouillant dans ses caprices, Est prompt à recevoir l'impression des vices, Est vain dans ses discours, volage en ses desirs, Rétif à la censure, & fou dans les plaisirs.
J'ajoûte que la jeunesse sans expérience se livre volontiers à la critique qui la dégoûte des modeles qu'elle auroit besoin d'imiter. Trop présomptueuse elle se promet tout d'elle - même quoique fragile, croit pouvoir tout, & n'avoir jamais rien à craindre; elle se confie légerement & sans précaution. Entreprenante & vive elle pousse ses projets au - delà de sa portée, & plus loin que ses forces ne le permettent. Elle vole à son but par des moyens peu
Mais malgré les écarts de la jeunesse, & la vérité de ce tableau qui les peint d'après nature, c'est toûjours l'âge le plus aimable & le plus brillant de la vie; n'allons donc pas ridiculement estimer le mérite des saisons par leur hiver, ni mettre la plus triste partie de notre être au niveau de la plus florissante. Si l'âge avancé veut des égards & des respects, la jeunesse, la beauté, la vigueur, le génie qui marchent à sa suite, sont dignes de nos autels.
Ceux qui parlent en faveur de la vieillesse, comme sage, mûre & modérée, pour faire rougir la jeunesse, comme vicieuse, folle, & débauchée, ne sont pas de justes appréciateurs de la valeur des choses; car les imperfections de la vieillesse sont assurément en plus grand nombre & plus incurables que celles de la jeunesse. L'hiver de nos années grave encore plus de rides sur l'esprit que sur le front. Il se voit peu d'ames, disoit Montagne, qui en vieillissant ne sentent l'aigre & le moisi; & quand Montagne parloit aiusi, il avoit les cheveux blancs.
En effet l'invention & l'exécution qui sont deux grandes & belles prérogatives, appartiennent à la jeunesse; & si ses écarts menent trop loin, ceux de la vieillesse froids & glacés retardent & arrêtent perpétuellement le cours des affaires.
Le sang qui fermente dans la jeunesse, la rend sensible aux impressions de la morale, de la vertu, de l'amour, de l'amitié, & de tout ce qui attendrit l'ame. La circulation rallentie dans les vieillards, produit le refroidissement pour tous les objets capables d'émouvoir le coeur, & porte en eux seuls le repli de l'humanité.
La jeunesse est légere par bouillonnement; la vieillesse constante par paresse. D'un côté la pétulance qui s'abuse dans ses projets; de l'autre une méfiance générale, & des soupçons continuels; défauts qui se peignent dans les yeux, dans les discours, & dans toute la conduite des gens âgés.
Le jeune homme est amoureux de la nouveauté, parce qu'il est curieux & qu'il aime à changer. Le vieillard est entêté de ses préjugés, parce qu'ils sont les siens, & qu'il n'a plus le tems de s'instruire, ni la force de se passionner.
En un mot on ne peut donner raisonnablement la préférence au couchant des jours sur leur midi. Mais souvenons - nous que ce midi, ce bel âge si justement vanté, n'est qu'une fleur presqu'aussi - tôt flétrie qu'elle est éclose. Les graces riantes, les doux plaisirs qui l'accompagnent, la force, la santé, la joie s'évanouissent comme un songe agréable; il n'en reste que des images fugitives: & si par malheur on a consumé dans une honteuse volupté cette brillante jeunesse, il ne lui succede qu'un triste & cruel souvenir de ses plaisirs passés. On paye cher le soir les folies du matin. (D. J.)
Jeunesse (Page 8:544)
Jeunesse (Page 8:544)
Il suit donc de - là qu'en adoptant la distribution
des tems de la vie, par septenaires d'années, comme
l'ont fait la plûpart des auteurs qui ont traité de la
division des âges, la jeunesse se trouve comprise
dans le quatrieme & le cinquieme septenaires, après
lesquels vient l'âge viril ou de consistence. Voyez
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Les parties qui forment la tête ayant acquis les premieres la consistence, la solidité qui conviennent à leurs fonctions; elles deviennent susceptibles de résister davantage aux efforts des fluides qui portent ensuite leurs effets sur celles qui étant les plus voisines de proche en proche, n'ont pas encore à proportion autant de ressort, de force systaltique: conséquemment les visceres de la poitrine devienneut plus sujets à être affectés, comme l'a très - judicieusement remarqué Hippocrate (aphor. 29. sect. 3.) & à éprouver des engorgemens; d'où suivent des embarras inflammatoires, des dilatations forcées de vaisseaux, des solutions de continuité dans leurs parois, d'où se forment des angines, des pleurésies tant vraies que fausses, des fluxions de poitrine, des péripneumonies ou hémoptisies qui deviennent habituelles, & tous les effets qui peuvent s'ensuivre, tels que des toux d'abord peu fatigantes, ensuite seches & opiniatres; des tubercules, des ulceres dans la substance des poumons, la phtysie enfin avec tous les accidens & les dangers qui l'accompagnent.
Sur ces différentes maladies, leur nature & leur
traitement, voyez les articles de ce Dictionnaire qui
leur sont propres, ainsi que ceux de
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