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JESUS - CHRIST (Page 8:516)
JESUS - CHRIST, (Hist. & Philosoph.) fondateur
de la religion chrétienne. Cette religion, qu'on peut
appeller la Philosophie par excellence, si l'on veut
s'en tenir à la chose sans disputer sur les mots, a
beaucoup influé sur la Morale & sur la Métaphysique des anciens pour l'épurer, & la Métaphysique
& la Morale des anciens sur la religion chrétienne,
pour la corrompre. C'est sous ce point de vue que
nous nous proposons de la considérer. Voyez ce que
nous en avons déja dit à l'article
A parler rigoureusement, Jesus - Christ ne fut point un philosophe; ce fut un Dieu. Il ne vint point proposer aux hommes des opinions, mais leur annoncer des oracles; il ne vint point faire des syllogismes, mais des miracles; les apôtres ne furent point des philosophes, mais des inspirés. Paul cessa d'être un philosophe lorsqu'il devint un prédicateur. Fuerat Paulus Athenis, dit Tertulien, & istam sapientiam humanam, adfectatricem & interpolatricem veritatis de congressibus noverat, ipsam quoque in suas hoereses multipartitam varietate sectarum invicem repugnantium. Quid ergo Athenis & Jerosolymis? quid academioe & ecclesioe? quid hoereticis & christianis? nobis curiositate non opus est, post Jesum Christum, nec inquisitione post evangelium. Cum credimus, nihil desideramus ultra credere. Hoc enim prius credimus, non esse quod ultrà credere debemus. Paul avoit été à Athènes; ses disputes avec ses Philosophes lui avoient appris à connoître la vanité de leur doctrine, de leurs prétentions, de leurs vérités, & toute cette multitude de sectes opposées qui les divisoit. Mais qu'y a - t il de commun entre Athènes & Jérusalem? entre des sectaires & des chrétiens? il ne nous reste plus de curiosité, après avoir ouï la parole de Jesus - Christ, plus de recherche après avoir lû l'Evangile. Lorsque nous croyons, nous ne desirons point à rien croire au - delà; nous croyons même d'abord que nous ne devons rien croire au - delà de ce que nous croyons.
Voilà la distinction d'Athènes & de Jérusalem, de l'académie & de l'Eglise, bien déterminée. Ici l'on raisonne; là on croit. Ici l'on étudie; là on sait tout ce qu'il importe de savoir. Ici on ne reconnoît aucune autorité; là il en est une infaillible. Le philosophe dit amicus Plato, amicus Aristoteles, sed magis amica veritas. J'aime Platon, j'aime Aristote, mais j'aime encore davantage la vérité. Le chrétien a bien plus de droit à cet axiome, car son Dieu est pour lui la vérité même.
Cependant ce qui devoit arriver arriva; & il faut convenir 1°. que la simplicité du Christianisme ne tarda pas à se ressentir de la diversité des opinions philosophiques qui partageoient ses premiers sectateurs. Les Egyptiens conserverent le goût de l'allégorie; les Pytagoriciens, les Platoniciens, les Stoïciens, renoncerent à leurs erreurs, mais non à leur maniere de présenter la vérité. Ils attaquerent tous la doctrine des Juifs & des Gentils, mais avec des armes qui leur étoient propres. Le mal n'étoit pas grand, mais il en annonçoit un autre. Les opinions philosophiques ne tarderent pas à s'entrelacer avec [p. 517]
Je ne vois pas pourquoi le Platonisme a été reproché aux premiers disciples de Jesus - Christ, & pourquoi l'on s'est donné la peine de les en défendre. Y at - il eu aucun système de Philosophie qui ne contînt quelques vérités? & les Chrétiens devoient - ils les rejetter parce qu'elles avoient été connues, avancées ou prouvées par des Payens? Ce n'étoit pas l'avis de saint Justin, qui dit des Philosophes, quoecumque apud omnes recte dicta sunt, nostra Christianorum sunt, & qui retint des idées de Platon tout ce qu'il en put concilier avec la morale & les dogmes du Christianisme. Qu'importe en effet au dogme de la Trinité, qu'un métaphysicien, à force de subtiliser ses idées, ait ou non rencontré je ne sais quelle opinion qui lui soit analogue? Qu'en conclure, sinon que ce mystere loin d'être impossible, comme l'im<cb->
2°. Qu'emportés par la chaleur de la dispute, nos premiers docteurs se sont quelquefois embarrassés dans des paralogismes, ont mal choisi leurs argumens, & montré peu d'exactitude dans leur logique.
3°. Qu'ils ont outré le mépris de la raison & des sciences naturelles.
4°. Qu'en suivant à la rigueur quelqu'un de leurs préceptes, la religion qui doit être le lien de la société, en deviendroit la destruction.
5°. Qu'il faut attribuer ces défauts aux circonstances des tems & aux passions des hommes, & non à la religion qui est divine, & qui montre par - tout ce caractere.
Après ces observations sur la doctrine des Peres en général, nous allons parcourir leurs sentimens particuliers, selon l'ordre dans lequel l'histoire de l'Eglise nous les présente.
Saint Justin fut un des premiers Philosophes qui embrasserent la doctrine évangélique. Il reçut au commencement du second siecle, & signa de son sang la foi qu'il avoit défendue par ses écrits. Il avoit d'abord été stoïcien, ensuite péripatéticien, pytagorien, platonicien, lorsque la constance avec laquelle les Chrétiens alloient au martyre, lui fit soupçonner l'imposture des accusations dont on les noircissoit. Telle fut l'origine de sa conversion. Sa nouvelle façon de penser ne le rendit point intolérant; au contraire, il ne balança pas de donner le nom de Chrétiens, & de sauver tous ceux qui avant & après Jesus - Christ, avoient sçû faire un bon usage de leurs raisons. Quicumque, dit - il, secundum rationem & verbum vixere, Christiani sunt, quamvis athoei, id est, nullius numinis cultores habiti sunt, quales inter Groecos fuere Socrates, Heraclitus, & his similes, inter barbaros autem Abraham & Ananias & Azarias & Misael & Elias, & alii complures; & celui qui nie la conséquence que nous venons de tirer de ce passage, & que nous pourrions inférer d'un grand nombre d'autres, est, selon Brucker, d'aussi mauvaise foi que s'il disputoit en plein midi contre la lumiere du jour.
Justin pensoit encore, & cette opinion lui étoit commune avec Platon & la plûpart des peres de son tems, que les Anges avoient habité avec les filles des hommes, & qu'ils avoient des corps propres à la génération.
D'où il s'ensuit que quelques éloges qu'on puisse donner d'ailleurs à la piété & à l'érudition de Bullus, de Baltus & de le Nourri, ils nuisent plus à la religion qu'ils ne la servent, par l'importance qu'ils semblent attacher aux choses, lorsqu'on les voit occupés à obscurcir des questions fort claires. Saint Justin étoit homme, & s'il s'est trompé en quelques points, pourquoi n'en pas convenir?
Tatien syrien d'origine, gentil de religion, sophiste de profession, fut disciple de saint Justin. Il partagea avec son maître la haine & les persécutions du cynique Crescence. Entraîné par la chaleur de son imagination, Tatien se fit un christianisme mélé de philosophie orientale & égyptienne. Ce mélange malheureux souilla un peu l'apologie qu'il écrivit pour la vérité du Christianisme, apologie d'ailleurs pleine de vérité, de force & de sens. Celui - ci fut l'auteur de l'hérésie des Encratites. Voyez cet article. Cet exemple ne sera pas le seul d'hommes transfuges de la Philosophie que l'Eglise reçut d'abord dans son giron, & qu'elle fut ensuite obligée d'en rejetter comme hérétiques.
Sans entrer dans le détail de ses opinions, on voit qu'il étoit dans le système des émanations; qu'il croyoit que l'ame meurt & résuscite avec le corps; que ce n'étoit point une substance simple, mais com<pb-> [p. 518]
Théophile d'Antioche eut occasion de parcourir
les livres des Chrétiens chez son savant ami Antolique, & se convertit; mais cette faveur du ciel ne
le débarrassa pas entiérement de son platonisme. Il
appelle le Verbe
Athenagoras fut en même tems chrétien, platonicien
& éclectique. On peut conjecturer ce qu'il entendoit
par ce mot
Celui - ci croyoit aussi au commerce des Anges avec les filles des hommes. Ces impudiques errent à présent autour du globe, & traversent autant qu'il est en eux, les desseins de Dieu. Ils entraînent les hommes à l'idolatrie, & ils avalent la fumée des victimes; ils jettent pendant le sommeil dans nos esprits, des songes & des images qui les souillent, &c.
Après Athénagore, on rencontre dans les fastes de l'Eglise, les noms d'Hermias & d'Irenée. L'un s'appliqua à exposer avec soin les sentimens des Philosophes payens, & l'autre à en purger le Christianisme. Il seroit seulement à souhaiter qu'Irenée eût été aussi instruit qu'Hermias fut zèlé; il eût travaillé avec plus de succès.
Nous voici arrivés au tems de Tertulien, ce bouillant Africain qui a plus d'idée que de mots, & qui seroit peut - être à la tête de tous les docteurs du Christianisme, s'il eût pû concevoir la distinction des deux substances, & ne pas se faire un Dieu & une ame corporels. Ses expressions ne sont point équivoques. Quis negabit, dit - il, Deum corpus esse, & si spiritus sit?
Clément d'Alexandrie parut dans le second siecle.
Il avoit été l'éleve de Pantaenus, philosophe stoïcien,
avant que d'être chrétien. Si cependant on juge de sa
philosophie, par les précautions qu'il exige avant que
d'initier quelqu'un au Christianisme, on sera tenté
de la croire un peu pytagorique; & si l'on en juge
par la diversité de ses opinions, fort éclectique. L'éclectisme ou cette philosophie qui consistoit à rechercher
dans tous les systèmes ce qu'on y reconnoissoit
de vérités, pour s'en composer un particulier, commençoit
à se renouveller dans l'Eglise. Voyez l'article
L'histoire d'Origene, dont nous aurions maintenant à parler, fourniroit seul un volume considérable; mais nous nous en tiendrons à notre objet, en exposant les principaux axiomes de sa Philosophie.
Selon Origene, Dieu dont la puissance est limitée par les choses qui sont, n'a créé de matiere qu'autant qu'il en avoit à employer; il n'en pouvoit ni créer ni employer davantage. Dieu est un corps seulement plus subtil. Toute la matiere tend à un état plus par<cb->
Les tems de l'Eglise qui suivent, virent naître Anatolius, qui résuscita le Parépatétisme; Arnobe, qui mélant l'Optimisme avec le Christianisme, disoit que nous prenant pour la mesure de tout, nous faisons à la nature qui est bonne, un crime de notre ignorance; Lactance, qui prit en une telle haine toutes les sectes philosophiques, qu'il ne put souffrir que ni Socrate ni Platon eussent dit d'eux - mêmes quelque chose de bien, & qui affectant des connoissances de toutes sortes d'especes, tomba dans un grand nombre de puérilités qui défigurent ses ouvrages d'ailleurs très - précieux; Eusebe, qui nous auroit laissé un ouvrage incomparable dans sa préparation évangélique, s'il eût été mieux instruit des principes de la Philosophie ancienne, & qu'il n'eût pas pris les dogmes absurdes des argumentateurs de son tems pour les vrais sentimens de ceux dont ils se disoient les disciples; Didyme d'Alexandrie; qui sçut très - bien séparer d'Aristote & de Platon ce qu'ils avoient de faux & de vrai, être philosophe & chrétien, croire avec jugement, & raisonner avec sobriété; Chalcidius, dont le Christianisme est demeuré fort suspect jusqu'à ce jour; Augustin, qui fut d'abord manichéen; Synesius, dont les incertitudes sont peintes dans une lettre qu'il écrivit à son frere d'une maniere naïve qui charme. La voici: ego cum me ipsum considero, omnino inferiorem sentio quam ut episcopali fastigio respondeam. Plus je m'examine moi - même, plus je me sens au - dessous du poids & de la dignité épis<pb-> [p. 519]
Cette protestation ne l'empêcha point d'être consacré évêque de Ptolomaïs. Il est incroyable que Théophile n'ait point balancé à élever à cette dignité un philosophe infecté de Platonisme, & s'en faisant honneur. On eut égard, dit Photius, à la sainteté de ses moeurs, & l'on espéra de Dieu qu'il l'éclaireroit un jour sur la résurrection & sur les autres dogmes que ce philosophe rejettoit.
Denis l'Aréopagite, Claudien Mamert, Boëtce, AEneas Gazaeus, Zacharie le Scholastique, Philopon & Nemesius, ferment cette ere de la Philosophie chrétienne que nous allons suivre, dans l'Orient, dans la Grece & dans l'Occident, en exposant les révolutions depuis le septieme siecle jusqu'au douzieme.
Cette philosophie des émanations, cette chaîne d'esprits qui descendoit & qui s'élevoit, toutes ces visions platonico - origenico - alexandrines qui promettoient à l'homme un commerce plus ou moins intime avec Dieu, étoient très - propres à entretenir l'oisiveté pieuse de ces comtemplateurs inutiles qui remplissoient les forêts, les monasteres & les solitudes; aussi fit - elle fortune parmi eux. Le Péripatétisme au contraire, dont la dialectique subtile fournissoit des armes aux hérétiques, s'accréditoit d'un autre côté. Il y en eut qui, jaloux d'un double avantage, tâcherent de concilier Aristote avec Platon; mais celui - ci perdit de jour en jour; Aristote gagna, & la philosophie alexandrine etoit presque oubliée, [p. 520]
Les ténebres de la barbarie se répandirent en Grece au commencement du huitieme siecle. Dans le neuvieme la Philosophie y avoit subi le sort des Lettres qui y étoient dans le dernier oubli. Ce fut la suite de l'ignorance des empereurs, & des incursions des Arabes. Le jour ne reparut, mais foible, que vers le milieu du neuvieme; sous le regne de Michel & de Barda. Celui - ci établit des écoles, & stipendia des maîtres. Les connoissances s'étendirent un peu sous Constantin Porphyrogenete. Psillus l'ancien & Léon Allatius son disciple lutterent contre les progrès de l'ignorance, mais avec peu de succès. L'honneur de relever les Lettres & la Philosophie étoit réservé à ce Photius qui deux fois nommé patriarche, & deux fois déposé, mit toute l'Eglise d'orient en combustion. Cet homme nous a conservé dans sa bibliotheque des notices d'un grand nombre d'ouvrages qui n'existent plus. Il fit aussi l'éducation de l'empereur Léon, qu'on a surnommé le sage, & qui a passé pour un des hommes les plus instruits de son tems. On trouve sous le regne de Léon, dans la liste des restaurateurs de la Science, les noms de Nicetas David, de Michel Ephesius, de Magentinus, d'Eustratius, de Michel Anchialus, de Nicephore Blenimides, qui furent suivis de Georgius de Pachemere, de Théodore Méthochile, de Georgius de Chypre, de Georgius Lapitha, de Michel Psellius le jeune, & de quelques autres travaillans successivement à ressusciter les Lettres, la Poésie & la Philosopbie aristotélique & péripatéticienne jusqu'à la prise de Constantinople, tems où les connoissances abandonnerent l'Orient, & vinrent chercher le repos en Occident, où nous allons éxaminer l'état de la Philosophie depuis le septieme siecle jusqu'au douzieme.
Nous avons vû les Sciences, les Lettres & la Philosophie décliner parmi les premiers Chrétiens, & s'éteindre pour ainsi dire à Boëtce. La haine que Justinien portoit aux Philosophes; la pente des esprits à l'esclavage, les miseres publiques, les incursions des Barbares, la division de l'Empire romain, l'oubli de la langue greque, même par les propres habitans de la Grece, mais sur - tout la haine que la superstition s'efforçoit à susciter contre la Philosophie, la naissance des Astrologues, des Genethliaques & de la foule des fourbes de cette espece, qui ne pouvoient espérer d'en imposer qu'à la faveur de l'ignorance, consommerent l'ouvrage; les livres moraux de Grégoire devinrent le seul livre qu'on eût.
Cependant il y avoit encore des hommes; & quand n'y en a - t - il plus? mais les obstacles étoient trop difficiles à surmonter. On compte parmi ceux qui chercherent à secouer le joug de la barbarie, Capella, Cassiodore, Macrobe, Firmicus Maternus, Chalcidius, Augustin; au commencement du septieme siecle, Isidore d'Hispale, les moines de l'ordre de S. Benoît, sur la fin de ce siecle Aldhelme, au milieu du huitieme Beda, Acca, Egbert, Alcuin, & notre Charlemagne auquel ni les tems antérieurs, ni les tems posterieurs n'auroient peut - être aucun homme à comparer, si la Providence eût placé à côté de lui des personnages dignes de cultiver les talens qu'elle lui avoit accordés. Il tendit la main à la science abattue, & la releva. On vit renaître
Nous n'oublierons pas ici Rabanus Maurus, qui naquit dans le huitieme siecle, & qui se fit distinguer dans le neuvieme; Strabon, Scot, Enginhard, Anlegisus, Adelhard, Hincmar, Paule - Wenfride, Lupus - Servatus, Herric, Angilbert, Egobart, Clément, Wandalbert, Reginon, Grimbeld, Ruthard, & d'autres qui repousserent la barbarie, mais qui ne la dissiperent point. On sait quelle fut encore l'ignorance du dixieme siecle. C'étoit envain que les Ottons d'un côté, les rois de France d'un autre, les rois d'Angleterre & différens princes offroient des asyles & des secours à la Science, l'ignorance duroit. Ah, si ceux qui gouvernent, parcouroient des yeux l'histoire de ces tems, ils verroient tous les maux qui accompagnent la stupidité; & combien il est difficile de reproduire la lumiere, lorsqu'une fois elle s'est éteinte! Il ne faut qu'un homme & moins d'un siecle pour hébêter une nation; il faut une multitude d'hommes & le travail de plusieurs siecles pour la ranimer.
Les écoles d'Oxford produisirent en Angleterre Bridferth, Dunstan, Alfred de Malmesburi; celles de France, Remy, Constantin Abbon; on vit en Allemagne Notkere, Ratbode, Nannon, Bruno, Baldric, Israel, Ratgerius, &c... mais aucun ne se distingua plus que notre Gerbert, souverain pontife sous le nom de Sylvestre second, & notre Odon; cependant le onzieme siecle ne fut pas fort instruit. Si Guido Arétin composa la gamme, un moine s'avisa de composer le droit pontifical, & prépara bien du mal aux siecles suivans. Les princes occupés d'affaires politiques, cesserent de favoriser les progrès de la Science, & l'on ne rencontre dans ces tems que les noms de Fulbert, de Berenger & de Lanfranc, & des Anselmes ses disciples, qui eurent pour contemporains ou pour successeurs Léon neuf, Maurice, Franco, Willeram, Lambert, Gerard, Wilhelme, Pierre d'Amien, Hermann Contracte, Hildebert, & quelques autres, tels que Roscelin.
La plûpart de ces hommes, nés avec un esprit très - subtil, perdirent leur tems à des questions de dialectique & de théologie scholastique; & la seule obligation qu'on leur ait, c'est d'avoir disposé les hommes à quelque chose de mieux.
On voit les frivolités du Péripatétisme occuper toutes les têtes au commencement du douzieme siecle. Que font Constantinus Afer, Daniel Morlay, Robert, Adelard, Oton de Frisingue, &c. ils traduisent Aristote, ils disputent, ils s'anathématisent, ils se détestent, & ils arrêtent plûtôt la Philosophie qu'ils ne l'avancent. Voyez dans Gerson & dans Thomasius l'histoire & les dogmes d'Alméric. Celui - ci eut pour disciple David de Dinant. David prétendit avec son maître, que tout étoit Dieu, & que Dieu étoit tout; qu'il n'y avoit aucune différence entre le créateur & la créature; que les idées créent & sont créées; que Dieu étoit la fin de tout, en ce que tout en étoit émané, & y retournoit, &c. Ces opinions furent condamnées dans un concile tenu à Paris, & les livres de David de Dinant brûlés.
Ce fut alors qu'on proscrivit la doctrine d'Aristote; mais tel est le caractere de l'esprit humain, qu'il [p. 521]
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