ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"453"> hors, jaunes en dedans, faits comme des pommes orbiculaires, mais applatis au dessus, comme si on en avoit coupé une tranche. Ils contiennent chacun un noyau de la grosseur d'une aveline, anguleux, cordiforme, & de couleur de foie luisante. (D. J.)

JAPARE (Page 8:453)

JAPARE, (Géog.) ville des Indes orientales, dans l'île de Java, sur la côte septentrionale, avec un bon port. Il s'y fait un très - grand commerce, & l'on y voit aborder de toutes les nations des Indes, Javanois, Persans, Arabes, Guzarates, Chinois, Malais, Péguans, &c. Les femmes y sont également laides, & portées à l'amour. Voyez les recits des voyages de la Compagnie hollandoise. Long. 128. 40. latit. méridionale. 6. 45. (D. J.)

JAPODES (Page 8:453)

JAPODES, les, (Géog. an.) les Japodes, selon Strabon, ou JAPIDES selon Ptolomée, étoient un ancien peuple de l'Illyrie, dont le pays s'étendoit en deçà & au - de - là des Alpes, jusqu'auprès des la mer. Strabon, l. IV. nous dit que cette nation étoit en partie originaire des Gaules, & en partie de l'Illyrie; qu'elle possédoit quatre villes, Metulum, Arupinum, Monetium, & Vendum; qu'elle étoit très belliqueuse, quoiqu'elle vécût pauvrement de miel & d'épautre; & qu'enfin le pays qu'elle habitoit, faisoit partie des Alpes. Comme ils s'étoient adonnés au brigandage, Auguste lassé des plaintes qui lui en revenoient, entreprit de les réduire, & y réussit. Dion Cassius, l. XLIX de son Histoire, parle de cette conquête d'Auguste. Le P. Briet croit que le pays des anciens Japides, répond à la Croatie, & à une partie de l'Istrie, & du Vendismarck. Il est très - vraisemblable que les Japodes sont les Jaunthalers de nos jours, habitans de cette vallée d'Allemagne, dans la Carinthie & la Carniole, au midi de la Draye. Les Arupini auront fondé Aversperg, les Monetii, Mansperg, les Metuli, Medaitz, & les Vendi, Windischgratz. (D. J.)

JAPON (Page 8:453)

JAPON, le, (Géog.) grand pays de la partie la plus orientale de l'Asie. C'est un composé de quantité d'îles, dont les trois principales sont celles de Niphon, de Saikokf, & de Sikokf; ces trois îles sont entourées d'un nombre prodigieux d'autres îles; les unes petites, pleines de rochers stériles, les autres grandes, riches & fertiles. Toutes ces îles & terres qui forment le Japon, ont été divisées l'an 590 de J. C. en sept principales contrées, qui sont partagées en quarante - huit provinces, & subdivisées en plusieurs moindres districts.

Le revenu de toutes les îles & provinces, qui appartiennent à l'empire du Japon, monte tous les ans à 3228 mans, & 6200 kokfs de ritz; car au Japon, tous les revenus sont réduits à ces deux mesures en ritz; un mans contient dix mille kokfs, & un kokf trois mille balles ou sacs de ritz.

Le tems est fort inconstant dans cette vaste contree; l'hiver est sujet à des froids rudes, & l'été à des chaleurs excessives. Il pleut beaucoup pendant le cours de l'année, & sur - tout dans les mois de Juin & de Juillet, mais sans cette régularité qu'on remarque dans les pays plus chauds des Indes orientales. Le tonnerre & les éclairs sont très - fréquens. La mer qui environne le Japon, est fort orageuse, & d'une navigation périlleuse, par le grand nombre de rochers, de bas - fonds & d'écueils, qu'il y a au - dessus & au - dessous de l'eau.

Le terroir est en général montagneux, pierreux, & stérile; mais l'industrie & les travaux infatigables des habitans, qui d'ailleurs vivent avec une extrème frugalité, l'ont rendu fertile, & propre à se passer des pays voisins. Toute la nation se nourrit de ritz, de légumes & de fruits, sobriété qui semble en elle une vertu plûtôt qu'une superstition. L'eau douce ne manque pas, car il y a un grand nombre de lacs, de rivieres, & de fontaines froides, chaudes & minérales; les tremblemens de terre n'y sont pas rares, & détruisent quelquefois des villes entieres par leurs violentes & longues secousses.

La plus grande richesse du Japon consiste en toutes sortes de minéraux & de métaux, particulierement en or, en argent, & en cuivre admirable. Il y a quantité de soufrieres, entr'autres une île entiere qui n'est que soufre. La province de Bungo produit de l'étain si fin & si blanc, qu'il vaut presque l'argent. On trouve ailleurs le fer en abondance; d'autres provinces fournissent des pierres précieuses, jaspes, agathes, cornalines, des perles dans les huitres, & dans plusieurs autres coquillages de mer. L'ambre gris se recueille sur les côtes, & chacun peut l'y ramasser. Les coquillages de la mer, dont les habitans ne font aucun cas, ne cedent point en beauté à ceux d'Amboine & des îles Moluques. Le Japon possede aussi des drogues estimées, qui servent à la Teinture & à la Médecine. On n'y a point encore découvert l'antimoine, & le sel armoniac; le vif - argent & le borax y sont portés par les Chinois.

L'empire du Japon est situé entre le 31 & le 42d de latitude septentrionale. Les Jesuites, dans une carte corrigée sur leurs observations astronomiques, le placent entre le 157 & le 175d 30'de longitude. Il s'étend au nord - est, & à l'est - nord - est; sa largeur est très - irréguliere, & étroite en comparaison de sa longueur, qui prise en droite ligne, & sans y comprendre toutes les côtes, a au moins 200 milles d'Allemagne. Il est comme le royaume de la Grande - Bretagne, haché & coupé, mais dans un plus haut dégré, par des caps, des bras de mer, des anses & des baies. Il se trouve un bras de mer entre les côtes les plus septentrionales du Japon, & un continent voisin; c'est un fait confirmé par les découvertes récentes des Russes; Jedo est aujourd'hui la capitale de cet empite; c'étoit autrefois Meaco. Voyez Jedo & Méaco.

Si le Japon exerce la curiosité des Géographes, il est encore plus digne des regards d'un philosophe. Nous fixerons ici les yeux du lecteur, sur le tableau intéressant qu'en a fait l'historien philosophe de nos jours. Il nous peint avec fidélité ce peuple étonnant, le seul de l'Asie qui n'a jamais été vaincu, qui paroît invincible; qui n'est point, comme tant d'autres, un mélange de différentes nations, mais qui semble aborigene; & au cas qu'il descende d'anciens Tartares, 1200 ans avant J. C. suivant l'opinion du P. Couplet, toujours est - il sûr qu'il ne tient rien des peuples voisins. Il a quelque chose de l'Angleterre, par la fierté insulaire qui leur est commune, & par le suicide qu'on croit si fréquent dans ces deux extrémités de notre hémisphere; mais son gouvernement ne ressemble point à l'heureux gouvernement de la Grande - Bretagne; il ne tient pas de celui des Germains, son système n'a pas été trouvé dans leurs bois.

Nous aurions dû connoître ce pays dès le xiij. siecle, par le recit du celebre Marco Paolo. Ce illustre vénitien avoit voyagé par terre à la Chine; & ayant servi long - tems sous un des fils de Gengis - Kan, il eut les premieres notions de ces îles, que nous nommons Japon, & qu'il appelle Zipangri; mais ses contemporains qui admettoient les fables les plus grossieres, ne crurent point les vérités que Marc Paul annonçoit: son manuscrit resta long - tems ignoré. Il tomba enfin entre les mains de Christophe Colomb, & ne servit pas peu à le confirmer dans son espérance, de trouver un monde nouveau, qui pouvoit rejoindre l'orient & l'occident. Colomb ne se trompa que dans l'opinion, que le Japon touchoit à l'hémisphere qu'il découvrit; il en étoit si convain<pb-> [p. 454] cu, qu'étant abordé à Hispaniola, il se crut dans le Zipangri de Marco Paolo.

Cependant, pendant qu'il ajoûtoit un nouveau monde à la monarchie d'Espagne, les Portugais de leur côté s'aggrandissoient avec le même bonheur dans les Indes orientales. La découverte du Japon leur est dûe, & ce fut l'effet d'un naufrage. En 1542, lorsque Martin Alphonse de Souza étoit viceroi des Indes orientales, trois portugais, Antoine de Mota, François Zeimoto, & Antoine Peixota, dont les noms méritoient de passer à la postérité, furent jettés par une tempête sur les côtes du Japon; ils étoient à bord d'une jonque chargée de cuir, qui alloit de Siam à la Chine: voilà l'origine de la premiere connoissance qui se répandit du Japon en Europe.

Le gouvernement du Japon a été pendant deux mille quatre cent ans assez semblable à celui du calif des Musulmans, & de Rome moderne. Les chefs de la religion ont été, chez les Japonnois, les chefs de l'empire plus long - tems qu'en aucune autre nation du monde. La succession de leurs pontifes rois, & de leurs pontifes reines (car dans ce payslà les femmes ne sont point exclues du trône pontifical) remonte 660 ans avant notre ere vulgaire.

Mais les princes séculiers s'étant rendus insensiblement indépendans & souverains dans les provinces, dont l'empereur ecclésiastique leur avoit donné l'administration, la fortune disposa de tout l'empire en faveur d'un homme courageux, & d'une habileté consommée, qui d'une condition basse & servile, devint un des plus puissans monarques de l'univers; on l'appella Taïco.

Il ne détruisit, en montant sur le trône, nile nom, ni la race des pontifes, dont il envahit le pouvoir, mais depuis lors l'empereur ecclésiastique, nommé Dairi ou Dairo, ne fut plus qu'une idole révérée, avec l'apanage imposant d'une cour magnifique; voyez Dairo. Ce que les Turcs ont fait à Bagdat, ce que les Allemans ont voulu faire à Rome, Taïco l'a fait au Japon, & ses successeurs l'ont confirmé.

Ce fut sur la fin du xvj siecle, vers l'an 1583 de J. C. qu'arriva cette révolution. Taïco instruit de l'état de l'empire, & des vûes ambitieuses des princes & des grands, qui avoient si longtems pris les armes les uns contre les autres, trouva le secret de les abaisser & de les dompter. Ils sont aujourd'hui tellement dans la dépendance du Kubo, c'est - à - dire, de l'empereur séculier, qu'il peut les disgracier, les exiler, les dépouiller de leurs possessions, & les faire mourir quand il lui plaît, sans en rendre compte à personne. Il ne leur est pas permis de demeurer plus de six mois dans leurs biens héréditaires; il faut qu'ils passent les autres six mois dans la capitale, où l'on garde leurs femmes & leurs enfans pour gage de leur fidélité. Les plus grandes terres de la couronne sont gouvernées par des lieutenans, & par des receveurs; tous les revenus de ces terres doivent être portés dans les coffres de l'empire; il semble que quelques ministres qu'on a eus en Europe ayent été instruits par le grand Taïco.

Ce prince, pour mettre ensuite son autorité à couvert de la fureur du peuple, qui sortoit des guerres civiles, fit un nouveau corps de lois, si rigoureuses, qu'elles ne semblent pas être écrites, comme celles de Dracon, avec de l'encre, mais avec du sang. Elles ne parlent que de peines corporelles, ou de mort, sans espoir de pardon, ni de surséance pour toutes les contraventions faites aux ordonnances de l'empereur. Il est vrai, dit M. de Montesquieu, que le caractere étonnant de ce peuple opiniâtre, capricieux, déterminé, bizarre & qui brave tous les périls & tous les malheurs, semble à la premiere vûe, absoudre ce législateur de l'atrocité de ses lois; mais des gens, qui naturellement méprisent la mort, & qui s'ouvrent le ventre par la moindre fantaisie, sont - ils corrigés ou arrêtés par la vûe des supplices, & ne peuvent - ils pas s'y familiariser?

En même tems que l'empereur, dont je parle, tâchoit par des lois atroces, de pourvoir à la tranquilité de l'état, il ne changea rien aux diverses religions établies de tems immémorial, dans le pays, & laissa à tous ses sujets la liberté de penser comme ils voudroient sur cette matiere.

Entre ces religions, celle qui est la plus étendue au Japon, admet des récompenses & des peines après la vie, & même celle de Sinto qui a tant de sectateurs, reconnoît des lieux de délices pour les gens de bien, quoiqu'elle n'admette point de lieu de tourmens pour les méchans; mais ces deux sectes s'accordent dans la morale. Leur principaux commandemens qu'ils appellent divins, sont les nôtres; le mensonge, l'incontinence, le larcin, le meurtre, sont défendus; c'est la loi naturelle réduite en préceptes positifs. Ils y ajoûtent le précepte de la tempérance, qui défend jusqu'aux liqueurs fortes, de quelque nature qu'elles soient, & ils étendent la défense du meurtre jusqu'aux animaux; Siaka qui leur donna cette loi, vivoit environ mille ans avant notre ere vulgaire. Ils ne different donc de nous en morale, que dans le précepte d'épargner les bêtes, & cette différence n'est pas à leur honte. Il est vrai qu'ils ont beaucoup de fables dans leur religion, en quoi ils ressemblent à tous les peuples, & à nous en particulier, qui n'avons connu que des fables grossieres avant le Christianisme.

La nature humaine a établi d'autres ressemblances entre ces peuples & nous. Ils ont la superstition des sortileges que nous avons eu si long - tems. On retrouve chez eux les pélerinages, les épreuves de feu, qui faisoient autrefois une partie de notre jurisprudence; enfin ils placent leurs grands hommes dans le ciel, comme les Grecs & les Romains. Leur pontife (s'il est permis de parler ainsi) a seul, comme celui de Rome moderne, le droit de faire des apothéoses, & de consacrer des temples aux hommes qu'il en juge dignes. Ils ont aussi depuis très - long - tems des religieux, des hermites, des instituts même, qui ne sont pas fort éloignés de nos ordres guerriers; car il y avoit une ancienne société de solitaires, qui faisoient voeu de combattre pour la religion.

Le Japon étoit également partagé entre plusieurs sectes sous un pontife roi, comme il l'est sous un empereur séculier; mais toutes les sectes se réunissoient dans les mêmes points de morale. Ceux qui croyoient la métempsycose & ceux qui n'y croyoient pas, s'abstenoient & s'abstiennent encore aujourd'hui de manger la chair des animaux qui rendent service à l'homme; tous s'accordent à les laisser vivre, & à regarder leur meurtre comme une action d'ingratitude & de cruauté. La loi de Moyse tue & mange, n'est pas dans leurs principes, & vraisemblablement le Christianisme adopta ceux de ce peuple, quand il s'établit au Japon.

La doctrine de Confucius a fait beaucoup de progrès dans cet empire; comme elle se réduit toute à la simple morale, elle a charmé tous les esprits de ceux qui ne sont pas attachés aux bonzes, & c'est toujours la saine partie de la nation. On croit que le progrès de cette philosophie, n'a pas peu contribué à ruiner la puissance du Dairi: l'empereur qui régnoit en 1700, n'avoit pas d'autre religion.

Il semble qu'on abuse plus au Japon qu'à la Chine de cette doctrine de Confucius. Les philosophes japonnois regardent l'homicide de soi - même, comme une action vertueuse, quand elle ne blesse pas la société; le naturel fier & violent de ces insulaires met

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