ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"417"> par leur date, mais par le plus ou moins de faveur que mérite la cause dont ils procedent; ce qui est fondé sur la loi 32. au digeste de rebus autor. jud. possid. (A)

Hypotheque simple (Page 8:417)

Hypotheque simple est opposée à hypotheque privilégiée. Voyez ci - devant Hypotheque privilegiée. (A)

Hypotheque spéciale (Page 8:417)

Hypotheque spéciale est opposée à hypotheque générale. Voyez ci - devant Hypotheque générale.

Hypotheque staende seker (Page 8:417)

Hypotheque staende seker est une espece singuliere d'hypotheque usitée dans la Flandre flamande, qui se donne provisionnellement pour sûreté de la dette, sans qu'il soit dû aucun droit seigneurial qu'après deux termes de trois ans chacun. Ces deux termes écoulés, la sûreté provisionnelle passe en hypotheque absolue, & il en est dû un droit seigneurial, suivant le placard du 21 Janvier 1621, qui est au second volume des placards de Flandres, fol. 443. Il est parlé de cette sûreté provisionnelle au livre des partages du Franc de Bruges, art. lxiij. & ibi Vanden - Hanc in notis. Il cite Rypaeus in not. jur. belg. de reditibus, n°. 29.

On a douté si cette sûreté devoit être renouvellée au bout des trois premieres années, mais le bureau des Finances de Lille l'a ainsi décidé le 23 Juillet 1734. Voyez l'Inst. au droit belgique, part. II. tit. V. §. 9. n°. 17. (A)

Hypotheque tacite (Page 8:417)

Hypotheque tacite est celle qui a lieu sans convention expresse, ainsi l'hypotheque légale est une hypotheque tacite. On donne aussi ce nom à l'hypotheque résultante d'un acte authentique, lorsque l'hypotheque n'y est pas stipulée.

Voyez ci - devant Hypotheque conventionnelle, & Hypotheque légale. (A)

HYPOTHENAR (Page 8:417)

HYPOTHENAR, s. m. (Anatomie.) nom d'un muscle situé sous le thenar; il prend ses attaches du ligament circulaire interne, un peu plus en - dedans de la main que le thenar de l'os du carpe qui soutient le pouce & se termine à l'os sesamoïde externe & à la partie inférieure de la premiere phalange du pouce.

HYPOTHESE (Page 8:417)

HYPOTHESE, s. f. (Métaphysiq.) c'est la supposition que l'on fait de certaines choses pour rendre raison de ce que l'on observe, quoique l'on ne soit pas en état de démontrer la vérité de ces suppositions. Lorsque la cause de certains phénomenes n'est accessible ni à l'expérience, ni à la démonstration, les Philosophes ont recours aux hypotheses. Les véritables causes des effets naturels & des phénomenes que nous observons, sont souvent si éloignées des principes sur lesquels nous pouvons nous appuyer, & des expériences que nous pouvons faize, qu'on est obligé de se contenter de raisons probables pour les expliquer. Les probabilités ne sont donc pas à rejetter dans les sciences; il faut un commencement dans toutes les recherches, & ce commencement doit presque toûjours être une tentative très imparfaite, & souvent sans succès. Il y a des vérités inconnues, comme des pays, dont on ne peut trouver la bonne route qu'après avoir essayé de toutes les autres; ainsi, il faut que quelques - uns courent risque de s'égarer, pour montrer le bon chemin aux autres.

Les hypotheses doivent donc trouver place dans les sciences, puisqu'elles sont propres à faire découvrir la vérité & à nous donner de nouvelles vûes; car une hypothese étant une fois posée, on fait souvent des expériences pour s'assûrer si elle est bonne. Si on trouve que ces expériences la confirment, & que non - seulement elle rende raison du phénomene, mais encore que toutes les conséquences qu'on en tire s'accordent avec les observations, la probabilité croît à un tel point, que nous ne pouvons lui refuser notre assentiment, & qu'elle équivaut à une démonstration. L'exemple des Astronomes peut servir merveilleusement à éclaircir cette matiere; il est évident que c'est aux hypotheses, successivement faites & corrigées, que nous sommes redevables des belles & sublimes connoissances, dont l'Astronomie & les sciences qui en dépendent sont à présent remplies. Par exemple, c'est par le moyen de l'hypothese de l'ellipticité des orbites des planetes, que Kepler parvint à découvrir la proportionalité des aires & des tems, & celle des tems & des distances, & ce sont ces deux fameux théorèmes, qu'on appelle les analogies de Kepler, qui ont mis M. Newton à portée de démontrer que la supposition de l'ellipticité des orbes des planetes s'accorde avec les lois de la Méchanique, & d'assigner la proportion des forces qui dirigent les mouvemens des corps célestes. C'est de la même maniere que nous sommes parvenus à savoir que Saturne est entouré d'un anneau qui réfléchit la lumiere, & qui est séparé du corps de la planete, & incliné à l'écliptique; car M. Huyghens, qui l'a découvert le premier, ne l'a point observé tel que les Astronomes le décrivent à présent; mais il en observa plusieurs phases, qui ne ressembloient quelquefois à rien moins qu'un anneau, & comparant ensuite les changemens successifs de ces phases, & toutes les observations qu'il en avoit faites, il chercha une hypothese qui pût y satisfaire, & rendre raison de ces différentes apparences; celle d'un anneau réussit si bien, que par son moyen, non - seulement on rend raison des apparences, mais on prédit encore les phases de cet anneau avec précision.

Il y a deux excès à éviter au sujet des hypotheses, celui de les estimer trop, & celui de les proscrire entierement. Descartes, qui avoit établi une bonne partie de sa philosophie sur des hypotheses, mit tout le monde savant dans le goût de ces hypotheses, & l'on ne fut pas long - tems sans tomber dans celui des fictions. Newton & sur - tout ses disciples, se sont jettés dans l'extrémité contraire. Dégoatés des suppositions & des erreurs, dont ils trouvoient les livres de philosophie remplis, ils se sont élevés contre les hypotheses, ils ont taché de les rendre suspectes & ridicules, en les appellant le poison de la raison & la peste de la philosophie. Cependant, ne pourroit - on point dire qu'ils prononcent leur propre condamnation, & le principe fondamental du Newtonianisme sera - t - il jamais admis à titre plus honorable que celui d'hypothese? Celui - là seul qui seroit en état d'assigner & de démontrer les causes de tout ce que nous voyons, seroit en droit de bannir entierement les hypotheses de la Philosophie.

Il faut que l'hypothese ne soit en contradiction avec aucun des premiers principes qui servent de fondement à nos connoissances; il faut encore se bien assûrer des faits qui sont à notre portée, & connoître toutes les circonstances du phénomene que nous voulons expliquer.

L'écueil le plus ordinaire, c'est de vouloir faire passer une hypothese pour la vérité elle - même, sans en pouvoir donner des preuves incontestables. Il est très - important pour le progrès des sciences, de ne se point faire illusion à soi - même & aux autres sur les hypotheses que l'on a inventées. La plûpart de ceux qui depuis Descartes ont rempli leurs écrits d'hypotheses, pour expliquer des faits que bien souvent ils ne connoissoient qu'imparfaitement, ont donné contre cet écueil, & ont voulu faire passer leurs suppositions pour des vérités, & c'est - là en partie la source du dégoût que l'on a pris pour les hypotheses; mais en distinguant entre leur bon & leur mauvais usage, on évite d'un côté les fictions [p. 418] & de l'autre on n'ôte point aux sciences une méthode très - nécessaire à l'art d'inventer, & qui est la seule qu'on puisse employer dans les recherches difficiles, qui demandent la correction de plusieurs siecles & les travaux de plusieurs hommes, avant que d'atteindre à une certaine perfection. Les bonnes hypotheses seront toûjours l'ouvrage des plus grands hommes. Copernic, Kepler, Huyghens, Descartes, Leibnitz, Newton lui - même, ont tous imaginé des hypotheses utiles pour expliquer les phénomenes compliqués & difficiles, & ce seroit mal entendre l'intérêt des sciences que de vouloir condamner des exemples justifiés par des succès aussi éclatans en métaphysique; une hypothese doit être regardée comme démontrée fausse, si, en examinant la proposition qui l'exprime, elle est conçue dans des termes vuides de sens, ou qui n'ont aucune idée fixe & déterminée, si elle n'explique rien, si elle entraîne après elle des difficultés plus importantes que celles qu'on se propose de résoudre, &c. Il y a beaucoup de ces hypotheses. Voyez le chap. v. des Institutions de Phis. & sur - tout le traité des Systèmes de M. l'Abbé de Condillac.

Hypothese (Page 8:418)

Hypothese, en Mathématiques, c'est une supposition que l'on fait, pour en tirer une conséquence qui établit la vérité ou la fausseté d'une proposition, ou même qui donne la résolution d'un problême. Il y a donc deux choses principalement à considérer dans une proposition mathématique, l'hypothese & la conséquence; l'hypothese est ce que l'on accorde, ou le point d'où l'on doit partir, pour en déduire la conséquence énoncée dans la proposition, ensorte qu'une conséquence ne peut être vraie, en Mathématiques, à moins qu'elle ne soit tirée de l'hypothese, ou de ce que les Géometres appellent les données d'une question ou d'une proposition: quand une conséquence seroit vraie absolument, si elle ne l'est pas relativement à l'hypothese ou aux données de la proposition, elle passe & doit effectivement passer pour fausse en Mathématiques, puisqu'elle n'a pas été déduite de ce dont l'on étoit convenu; on n'a donc pas pris l'état de la question, & par conséquent l'on a fait un paralogisme, que l'on appelle dans les écoles, ignorantia elenchi, ignorance ou oubli de ce qui est en question.

Dans cette proposition, si deux triangles sont équiangles, leurs côtés homologues sont proportionels; la premiere partie, si deux triangles sont équiangles, est l'hypothese; & la seconde, leurs côtés homologues sont proportionels, est la conséquence. (E)

Hypothese (Page 8:418)

Hypothese, (Med.) ce mot grec est synonyme d'opinion. Voyez Opinion, Système, Médecine, Nature, Expérience, Observation

HYPOTYPOSE (Page 8:418)

HYPOTYPOSE, s. f. (Rhetor.) l'hypotypose, dit Quintilien, est une figure qui peint l'image des choses dont on parle avec des couleurs si vives, qu'on croit les voir de ses propres yeux, & non simplement en entendre le récit.

On se sert de cette figure lorsqu'on a des raisons pour ne pas exposer simplement un fait, mais pour le peindre avec force, & c'est en quoi consiste l'éloquence, qui n'a pas tout le succès qu'elle doit avoir, si elle frappe simplement les oreilles sans remuer l'magination & sans aller jusqu'au coeur.

L'hypotypose s'exprime quelquefois en peu de mots, & ce n'est pas la tournure qu'on aime le moins; ainsi Virgile peint la consternation de la mere d'Euryale au moment qu'elle apprit sa mort,

Miseroe calor ossa reliquit: Excussi manibus radii, revolutaque pensa. Ainsi Cicéron se plaît à peindre la fureur de Verrès, pour le rendre plus odieux. Ipse inflammatus scelere ac furore, in forum venit; ardebant oculi; tot ex ore crudelitas eminebat.

La poësie tire tout son lustre de l'hypotypose; j'en pourrois alléguer mille exemples, un seul me suffira, j'entends le portrait de la Mollesse personnifiée dans le Lutrin.

La Mollesse oppressée Dans sa bouche à ce mot sent sa langue glacée; Et lasse de parler, succombant sous l'effort, Soupire, étend ses bras, ferme l'oeil & s'endort.

Je croyois ne pas citer d'autres exemples en ce genre; cependant la description que je trouve sous la main, d'un vieux livre, dans le même poëme, est une hypotypose si parfaite, que je ne puis la passer sous silence. Il est question du chanoine, qui, pour frapper ses ennemis,

Saisit un vieil infortiat, Grossi des visions d'Accurse & d'Alciat; Inutile ramas de gothique écriture, Dont quatre ais mal unis formoient la couverture, Entourée à demi d'un vieux parchemin noir, Où pendoit à trois clous un reste de fermoir. Lutrin, Chant V. Il y a d'autres hypotyposes, qui ressemblent à des tableaux, dont toutes les attitudes frappent; telle est cette peinture d'un repas de débauche qu'on lisoit dans une harangue de Ciceron, qui n'est pas parvenue jusqu'à nous. Videbar mihi videre alios intrantes, alios autem exeuntes, partim ex vino vacillantes, partim hesternâ potatione oscitantes; versabatur inter hos Gallius, unguentis oblitus, redimitus coronis. Humus erat immunda lutulento vino, coronis languidulis, & spinis cooperta piscium. Quintilien, qui nous a conservé ce beau passage, ajoute; quid plus videret, qui intrasset?

Mais une hypotypose sublime, c'est le tableau que Racine nous donne dans Athalie, de la maniere dont Jozabet sauva Joas du carnage: elle s'exprime ainsi.

Hélas! l'état horrible où le ciel me l'offrit, Revient à tout moment effrayer mon esprit. De princes égorgés la chambre étoit remplie. Un poignard à la main l'implacable Athalie, Au carnage animoit ses barbares soldats, Et poursuivoit le cours de ses assassinats. Joas laissé pour mort, frappa soudain ma vue; Je me figure encore sa nourrice éperdue, Qui devant les bourreaux s'étoit jettée en vain, Et foible le tenoit renversé sur son sein. Je le pris tout sanglant; en baignant son visage, Mes pleurs du sentiment lui rendirent l'usage, Et soit frayeur encore, ou pour me caresser, De ses bras innocens je me sentis presser. Grand Dieu que mon amour ne lui soit point funeste! Acte I. Scene 2.

Cet autre morceau de la même piece, où Athalie raconte à Abner & à Mathan le songe qu'elle a fait, n'est pas une hypotypose moins admirable; voici comme elle peint ce songe, ce cruel songe qui l'inquiete tant, & qui par - tout la poursuit.

C'étoit pendant l'horreur d'une profonde nuit, Ma mere Jézabel devant moi s'est montrée, Comme au jour de sa mort pompeusement parée. Ses malheurs n'avoient point abattu sa fierté, Même elle avoit encor cet éclat emprunté, Dont elle eut soin de peindre & d'orner son visage, Pour réparer des ans l'irréparable outrage. Tremble, m'a - t - elle dit, fille digne de moi, Le cruel Dieu des Juifs l'emporte aussi sur toi. Je te plains de tomber dans ses mains redoutables, Ma fille! En achevant ces mots épouvantables,

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