ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"413"> en matiere de Théologie, ne leur fournissoit qu'un seul mot pour deux grecs DSIA & U(POSTASIS2, & les mettoit hors d'état de distinguer l'essence de l'hypostase. Ils aimerent donc mieux se servir du terme de trois personnes que de celui de trois hypostases. On termina enfin cette dispute dans un synode qui se tint à Alexandrie vers l'an 362, auquel S. Athanase assista; & depuîs ce tems - là, les Latins ne se sont plus fait un scrupule de dire trois hypostases, ni les Grecs trois personnes. Les Grecs prirent la coûtume de dire MI)A DSIA, TREIS2 U(POSTASEIS2, une essence, trois subsistances, & les Latins non dans le même sens, una essentia, tres substantioe, mais, una essentia ou substantia, tres personoe. Ceux qui prenoient le mot d'hypostase dans son ancienne signification, ne pouvoient supporter qu'on admît trois hypostases, c'étoient trois essences divines selon eux, mais ce mot fut expliqué. Ceux qui s'en servoient contre les Sabelliens, déclarerent qu'ils entendoient par - là trois individus, ou trois sujets qui subsistent également, & non pas trois substances ou essences différentes. Dans ce sens, ils reconnoissoient trois hypostases dans une seule essence. D'autres entendoient par essence une nature commune & indéfinie, comme l'humanité à l'égard de tous les hommes en général, & par hypostase une nature singuliere & propre à chaque individu, comme chaque homme en particulier est une modification de la nature ou essence universelle. Mais cette derniere interprétation, que quelques - uns attribuent à S. Basile appliquée à la Divinité, emporteroit le trithéisme; parce que si les trois Personnes de la Trinité sont trois Hypostases, précisément comme Pierre, Jacques & Jean, il y a manifestement trois Dieux. Diction. de Trévoux.

Hypostase (Page 8:413)

Hypostase, sedimentum, s. m. (Med.) ce terme grec signifie la partie la plus grossiere de l'urine, qui se dépose ou tend à se déposer au fond du vase, où elle est contenue; c'est le sédiment de l'urine qui est aussi appellé quelquefois hyposteme, mot qui est par conséquent synonyme d'hypostase. Voyez Urine, Sédiment.

HYPOSTATIQUE (Page 8:413)

HYPOSTATIQUE, adj. (Théolog.) se dit en Théologie en parlant du mystere de l'incarnation.

L'union hypostatique est celle de la nature divine avec la nature humaine dans la personne du Verbe. Voyez Incarnation.

Les Chimistes & particulierement Paracelse entendent par principe hypostatique les trois élémens chimiques, le sel, le soufre & le mercure, qu'ils appellent tria prima. Voyez Principe & Élément.

HYPOSTROPHE ou HYPOTROPE (Page 8:413)

HYPOSTROPHE ou HYPOTROPE, (Med.) ce terme grec a deux significations; ou il est employé pour désigner l'action d'un malade, qui se tourne & se retourne dans son lit d'un côté à l'autre, & c'est le sens dans lequel Hippocrate s'en sert, Epid. lib. VII. &c. ou il est synonyme de récidive, rechûte dans les maladies selon le même auteur, Epid. l. II. Voyez Récidive, Rechûte.

HYPOSYNAPHE (Page 8:413)

HYPOSYNAPHE, en Musique, est, au rapport du vieux Bacchius, la séparation de deux tétracordes par la consonance de quarte, de sorte que les sons homologues de ces deux tétracordes ont entre eux cinq tons d'intervalle: tels sont les deux tétracordes hypaton & synnemenon. Voyez Ststème, Tétracorde. (S)

HYPOTENUSE (Page 8:413)

HYPOTENUSE, s. m. terme de Géométrie, c'est le plus grand côté d'un triangle rectangle, ou la soûtendante de l'angle droit. Voyez Triangle.

Ce mot est grec, soûtendante, formé d'U(/PO, sous, & TEI/NW, j'étends. La plûpart des Géometres écrivent hypotenuse par une h: si cette ortographe n'est pas vicieuse, ce mot ne doit pas venir de TEI/NW, j'étends, mais de TI/QHMI, je pose. On s'en rapporte là - dessus aux savans.

Dans le triangle K M L (Pl. géom. fig. 71.) le côté M L, opposé à l'angle droit K, est appellé hypotenuse.

C'est un théorème fameux en Géométrie que, dans tout triangle rectiligne rectangle K M L, le quarré de l'hypotenuse M L est égal aux quarrés des deux autres côtés K L & K M; on l'appelle le théorème de Pythagore, à cause qu'il en est l'inventeur. Il fut si charmé de cette découverte, qu'il fit, diton, une hécatombe aux muses pour les remercier de ce bienfait. Voyez Géométrie.

L'auteur des Institutions de Géométrie, imprimées en 1746 chez Debure l'aîné, observe qu'il est assez difficile de concevoir la raison pour laquelle Pythagore s'est livré à des transports si marqués à l'occasion de cette découverte: car, quand on découvre une nouvelle propriété dans l'étendue, on ne voit pas sur le champ la liaison qu'elle a avec toutes celles que la suite des tems a manifestées: l'usage de cette proposition est effectivement très - étendu, mais Pythagore n'en pouvoit presque rien savoir; les Mathématiques alors n'étoient pas parvenues à cette fécondité qui leur donne aujourd'hui tant d'éclat & d'excellence: cette découverte même ne nous apprend - elle pas que les élémens de Géométrie ne faisoient que de naître? Il faut donc, quoique l'histoire n'en dise rien, supposer que Pythagore avoit trouvé auparavant un grand nombre de propositions fondées sur celle - ci, & qui n'attendoient que cette découverte pour être mises elles - mêmes au nombre des grandes découvertes: & avec tout cela, la reconnoissance de Pythagore ne laissera pas de nous paroître extreme; car il y a bien d'autres vérités dans la Géométrie élémentaire, plus sublimes & plus utiles dont les auteurs n'ont pas fait tant de bruit; telles sont celles qui enseignent que les trois angles d'un triangle pris ensemble sont égaux à deux angles droits; que les triangles semblables ont leurs côtés proportionnels; & celles par où l'on résout tous les problemes de la Trigonométrie, moyennant les sinus.

Au reste, la proposition de Pythagore se déduit très - simplement d'une proposition fort connue dans les élémens; ce qui va nous fournir une nouvelle démonstration, qui nous paroît beaucoup plus facile que toutes celles dont nous ayons connoissance.

On sait que si d'un point pris hors d'un cercle on tire une tangente & une sécante qui aillent se terminer à la circonférence du cercle, la tangente est moyenne proportionnelle entre la sécante entiere & la partie de cette sécante qui est hors du cercle. Soit donc le triangle rectangle A B C (Pl. de Géom. fig. 23. n°. 1.). Avec l'un des deux côtés C A qui comprennent l'angle droit, décrivons un cercle du centre C, & prolongeons l'hypotenuse B C jusqu'à ce qu'elle rencontre un autre point de la circonférence en D; supposons maintenant que l'hypotenuse B C = h, le côté A C = C L = D = r; ainsi B D = h + r & B L = h - r soit aussi le côté A B = t. Il s'agit de démontrer que h h = r r + t t.

Démonstration par la proposition précédente B D. A B :: A B. B L ou h + r. t :: t. h - r; donc, en faisant le produit des extrèmes & celui des moyens, l'on a h h - r r = t t, & par conséquent h h = r r + t t. C. Q. F. D. (E)

De ce que h h = r r + t t, il n'en faut pas conclure que h = r + t; car la racine quarrée de r r + t t n'est pas r + t, puisque le quarré de r + t est r r + 2r t + t t. Nous faisons cette remarque, parce que nous avons vû plusieurs commençans qui croyoient que la proposition du quarré de l'hypotenuse étoit contradictoire à celle qui prouve que l'hypotenuse est plus petite que la somme des deux côtés: ces deux propositions sont au contraire parfaite<pb-> [p. 414] ment d'accord; car, puisque h h = r r + t t & que r r + t t est moindre que r r + 2r t + t t, c'est - à - dire que [omission: formula; to see, consult fac-similé version], il s'en suit que h h est moindre que [omission: formula; to see, consult fac-similé version], & par conséquent h moindre que r + t.

HYPOTHÉCAIRE (Page 8:414)

HYPOTHÉCAIRE, s. m. (Jurisprud.) se dit de ce qui a une hypotheque, comme un créancier hypothécaire, une créance ou dette active hypothécaire. Voyez Hypotheque. (A)

HYPOTHEQUE (Page 8:414)

HYPOTHEQUE, s. f. (Jurisprud.) est un engagement particulier des biens du débiteur en faveur du créancier pour plus grande sûreté de sa dette.

Ce mot vient du grec U(POQH/KH, qui signifie une chose sur laquelle une autre est imposée, c'est - à - dire qui est sujette à quelque obligation.

Lorsque le créancier ne se confie pas pleinement en la bonne - foi ou en la solvabilité du débiteur, il prend pour sa sûreté des gages ou des cautions, & quelquefois l'un & l'autre: la sûreté qui se trouve dans le gage est plus grande que celle des cautions ou fidéjusseurs, de - là vient cette maxime, plus cautionis est in re quam in personâ.

On oblige les choses en deux manieres, ou par tradition actuelle, ou par simple convention; la premiere est ce que l'on appelle gage, ou, si c'est un immeuble, engagement ou anticrese; la seconde est la simple hypotheque, où le débiteur oblige son héritage sans néanmoins se désaisir du fond, ni de la jouissance en faveur de son créancier.

Les Grecs, plus habiles que les autres peuples, mais aussi plus méfians & plus cauteleux, ne prétoient leur argent que sur l'assûrance des fonds du débiteur; ils inventerent deux manieres d'engager les fonds pour sûreté de la dette; savoir, l'anticrese & la simple hypotheque.

Lorsqu'ils se contentoient de l'hypotheque, ils exigeoient que le débiteur déclarât ses biens francs & quittes de toute autre hypotheque; & comme, en prenant cette voie pour sûreté de la dette, le débiteur demeuroit en possession de l'héritage, on y mettoit des marques ou brandons qui se voyoient de loin, afin que chacun pût connoître que l'héritage étoit engagé.

Il est parlé de ces brandons dans deux endroits de Démosthenes; il est dit dans l'un, qu'ayant été fait une descente sur un héritage, pour savoir s'il étoit hypothéqué, il ne s'y étoit point trouvé de brandons ou marques; & Phenippus, qui prétendoit y avoir hypotheque, fut sommé de montrer les brandons supposé qu'il y en eût, faute de quoi il ne pourroit plus prétendre d'hypotheque sur cet héritage: l'autre passage est dans son oraison PRO\S2 SW=DDI/AN, où il dit qu'un testateur ordonne que pour mille dragmes qui restoient à payer de la dot de sa fille, sa maison soit hypothéquée, & pour cet effet que l'on y mette des brandons.

Il falloit même que l'usage des hypotheques & des brandons fût déja ancien du tems de Solon; car Plutarque, en la vie de Solon, dit qu'il s'étoit vanté dans ses poëmes, d'avoir ôté les brandons qui étoient posés çà & là dans tout le territoire de l'Attique. Amiot, dans sa traduction, a pris ces brandons pour des bornes qui séparoient les héritages, & a cru de - là que Solon avoit non - seulement réduit les dettes, mais aussi qu'il avoit remis les héritages en commun & en partage égal, comme Lycurgue avoit fait à Lacédémone; mais la vérité est que Solon ayant ordonné en faveur des débiteurs la remise d'une partie de ce qu'ils devoient, & ayant augmenté le prix de la monnoie, il remit par - là les débiteurs en état de se libérer: c'est pourquoi il se vantoit d'avoir fait ôter les brandons ou marques d'hypotheque qui étoient sur les terres; ainsi chez les Grecs brandonner un héritage, signifioit la même chose que l'hypothéquer.

Les Romains, dans les premiers tems, avoient inventé une espece de vente simulée, par le moyen de laquelle le créancier entroit en possession de l'héritage de son débiteur, jusqu'à ce que la somme prêtée fut rendue.

Mais comme souvent les créanciers abusoient de ces ventes simulées pour s'emparer de la propriété, cette maniere d'engager les héritages fut abolie; on introduisit l'usage d'en céder ouvertement la possession.

Il parut encore dur aux débiteurs d'être obligés de se désaisir, c'est pourquoi l'on parvint comme par degrés à se contenter de la simple hypotheque, dont l'usage fut emprunté des Grecs.

L'hypotheque ne se suppléoit point, elle dépendoit de la convention; mais il n'étoit pas besoin que l'acte fût publié ni authentique.

Les biens présens étoient seuls sujets à l'hypotheque, jusqu'à ce que Justinien l'étendit aussi aux biens que le débiteur avoit acquis depuis son obligation.

Il étoit parlé des gages & hypotheques dans la loi des douze tables; mais l'on a perdu la onzieme table qui concernoit cette matiere, & nous n'en avons connoissance que par le commentaire de Caïus.

L'usage de mettre des marques aux héritages engagés ou hypothéqués, se pratiquoit à Rome avant les empereurs, comme il paroît par plusieurs lois du digeste: aux terres & héritages imponebantur tituli, & aux maisons superscribebantur nomina.

Les empereurs défendirent à toutes personnes, de faire de ces appositions de marques sur les héritages de leur autorité privée; cette défense fit perdre l'usage d'apposer aucunes marques publiques, ni privées, pour l'hypotheque conventionnelle.

Il ne paroît pas qu'en France on ait jamais usé de marques ou brandons pour la simple hypotheque, mais seulement aux gages de justice & choses saisies.

L'hypotheque se contracte par le seul consentement des parties.

Dans les commencemens, il falloit une stipulation expresse, ensuite l'hypotheque fut supplée de plein droit dans toute obligation authentique.

Je ne sais pourquoi l'on tient communément que c'est l'ordonnance de Moulins, qui a attribué aux jugemens l'effet de produire hypotheque; il est vrai qu'il en est parlé dans l'article liij. de cette ordonnance, mais cette hypotheque avoit déja lieu, suivant l'ordonnance de 1539, art. xcij. & xciij.

Elle a lieu du jour du jugement même, lorsque le jugement est contradictoire; pour les jugemens par défaut à l'audience, ou pour les jugemens sur procès par écrit, elle n'est que du jour de la signification du jugement à procureur; voyez l'ordonnance de 1667, tit. xxxv. des requêtes civiles, art. ij. quand la sentence est confirmée par arrêt, l'hypotheque remonte au jour de la sentence.

Pour mieux assûrer l'hypotheque & la rendre notoire, de maniere qu'un second créancier ne soit point trompé, plusieurs coûtumes, notamment dans les provinces de Picardie & de Champagne, ont établi une espece de tradition fictive de l'héritage hypothéqué, qu'on appelle nantissement & qui se fait en trois manieres; savoir, par saisine & desaisine, ou par vest & dévest, par main - assise & par mise en possession: dans quelques coûtumes on pratique une autre espece de nantissement pour les rentes constituées, appellé ensaisinement; en Bretagne, on fait des appropriances pour purger les hypotheques; en Normandie, on fait lecturer le contrat, mais cette lecture ne sert pas pour l'hypotheque.

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.