ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"397"> & les connoisseurs sentent bien que les inspirations de sa muse étoient souvent réglées par le profit qu'elle en retiroit. Les odes sacrées de Rousseau nous offrent tout ce que nous avons de plus parfait en ce genre. Pour des hymnes rimés du douze & treizieme siécle, ils sont le sceau de la barbarie; ce n'étoit pas sur ce ton qu'Horace chantoit les jeux séculaires. (D. J.)

HYMNIA (Page 8:397)

HYMNIA, (Mythologie.) surnom donné à Diane, sous lequel elle étoit invoquée, & avoit un temple en Arcadie. C'étoit une vierge qui étoit sa prêtresse, mais Aristocrate lui ayant voulu faire violence, on mit à sa place une femme mariée. Elle avoit encore un temple dans le territoire d'Orchomenes, qui étoit desservi par un homme marié qui n'avoit aucun commerce avec le reste des humains.

HYMNODE (Page 8:397)

HYMNODE, s. m. (Hist. anc.) chanteur d'hymne. C'est ainsi que les Grecs ont appellé ceux qui chantoient les hymnes, comme ils ont nommé hymnographes ceux qui les composoient. Voyez Hymnographe.

Les chanteurs d'hymnes ne furent pas toûjours, & dans toutes les occasions, de même sexe & de même rang. Tantôt c'étoient des filles seulement, comme dans les fêtes de Pallas; tantôt des choeurs composés de jeunes filles & de jeunes garçons, comme dans les fêtes d'Apollon; quelquefois comme à Delphes & à Délos, c'étoit le poëte lui - même, ou les prêtres avec leur famille entiere; dans les veillées, c'étoient les prêtres seuls; mais au lieu que dans les solemnités, on se servoit communément de la cythare, ici les prêtres unissoient leurs voix au son des flûtes. De - là vient qu'Arnobe dit quelque part, des hymnes chantés dans les veillées, qu'ils sont, si je puis m'expliquer de la sorte, l'exercice matinal des dieux, exercitationes deorum matutinas collatas ad tibiam. (D. J.)

HYMNOGRAPHE (Page 8:397)

HYMNOGRAPHE, s. m. (Antiq.) compositeur d'hymnes. Les premiers poëtes de la Grece furent la plûpart hymnographes, & les plus grands poëtes composerent tous des hymnes: sans parler ici d'Orphée, d'Homere & de Callimaque, on compte parmi ceux dont les hymnes ont péri, Anthès, Olen de Lycie, Olympe mysien, Stésichore, Archiloque, Simonide, Alcée, Bacchylide, Pindare; Pindare, dis - je, qui avoit choisi, comme on sait, Apollon delphien pour le sujet ordinaire de ses hymnes; qui chantoit dans le temple ceux qu'il avoit composés; & qui pour prix de ces mêmes hymnes, qui en faisant valoir le dieu, contribuoient sans doute au profit de la Pythie, en avoit obtenu une partie des prémices que l'on apportoit de toutes parts à Delphes.

La Grece accordoit des récompenses de toute espece aux excellens hymnographes; disons plus, à peine commençoit - elle à se policer, qu'elle avoit établi des prix en leur faveur. Pausanias, parlant de plusieurs hymnographes qui furent couronnés, ajoûte qu'Orphée & son disciple Musée ne voulurent jamais consentir à paroitre dans la lyce, soit qu'ils se défiassent de la capacité de leurs juges, ou qu'ils dédaignassent des rivaux trop peu dignes d'eux.

Les Romains de leur côté établirent aussi des prix & des récompenses pour les hymnographes; mais ils n'y songerent que lorsqu'ils n'eurent plus, pour ainsi dire, de poëtes. Horace & Catulle leur avoient fait entendre, dans les fêtes séculaires, des hymnes qui font encore notre admiration. La Poésie étoit alors en honneur, elle tomba avec Auguste & Mécene; Domitien entreprit vainement de la rétablir, il proposa des prix pour les hymnographes, mais leurs beaux jours étoient passés, & ne devoient pas renaître sous un tyran, qui croyoit couvrir ses vices par un amour apparent pour les beaux Arts. (D. J.)

HYMNOLOGIE (Page 8:397)

HYMNOLOGIE, s. f. (Liturgie.) récréation ou chant des hymnes.

HYO - CERATO - PHARINGIEN (Page 8:397)

HYO - CERATO - PHARINGIEN, (Anatomie.) Voyez Hyo - pharingien.

HYO - EPIGLOTIQUE (Page 8:397)

HYO - EPIGLOTIQUE, adj. pris subst. en Anatomie, nom d'une paire de muscles de l'épiglote, qui viennent de la base de l'os hyoïde, & s'inserent à la partie postérieure de la racine de l'épiglote.

HYO - GLOSSE (Page 8:397)

HYO - GLOSSE, en Anatomie, nom des muscles qui s'attachent à l'os hyoïde, & se terminent dans la langue.

HYOIDE (Page 8:397)

HYOIDE, en Anatomie; c'est un os situé à la racine de la langue, dont il est comme la base ou le soutien, voyez Langue. Il est ainsi appellé, parce qu'il ressemble à la lettre grecque U, ce mot étant formé d'U, & EI/DOS2, forme; ce qui l'a fait aussi appeller ypsiloïde.

Il est pour l'ordinaire composé dans les adultes de cinq petits os; celui du milieu, qui est le plus court & le plus gros, est appellé la base, & les quatre autres les cornes, ce qui lui a fait donner le nom de ceratoïde.

La base de l'os hyoïde est de la longueur environ d'un pouce par - dehors où il est convexe, sa face postérieure étant inégalement concave. Il est large d'un demi - travers de doigt, & a une petite éminence au milieu. Ses grandes cornes ont un pouce & demi de long, & sont plus larges à leurs bases qu'aux extrémités qui sont éloignées l'une de l'autre d'environ deux pouces. Il a deux petites têtes cartilagineuses appellées petites cornes, cornicula; vers la jonction de ses cornes avec la base, & au bord supérieur elles sont attachées aux apophyses styloïdes par des ligamens très - déliés; quoique l'on trouve quelquefois entre elles & les apophyses un petit muscle, outre le stylo - cerato - hyoïdien; la petite corne & l'apophyse styloïde ne forment quelquefois qu'un seul os, quand le ligament qui les unit s'ossifie. Voy. Ossification.

La base de ces os est comme posée sur la tête du laryax, & ses grandes cornes sont attachées par des ligamens aux apophyses supérieures du cartilage scutiforme & par ses petites cornes aux apophyses styloïdes. Voyez Larynx & Scutiforme.

Il est mu par cinq paires de muscles; savoir, par les sterno - hyoïdiens, les coraco - hyoïdiens, les mylo - hyoïdiens, les genio - hyoïdiens & les stylo - hyoïdiens. Voyez chacun de ces muscles en leurs places.

HYO - PHARINGIEN (Page 8:397)

HYO - PHARINGIEN, en Anatomie, nom d'une paire de muscles qui viennent de la grande & de la petite corne, & même un peu de la base de l'os hyoïde, & se portent aux parties inférieures moyennes & supérieures du pharynx, en formant une espece de trapeze. Voyez Trapeze.

M. Winslow en a fait trois paires, auxquelles il donne le nom de grand kerato - pharyngiens, de petit kerato - pharyngien, & de basio - pharyngiens.

HYOPHTALMUS (Page 8:397)

HYOPHTALMUS, (Hist. nat.) pierre ainsi nommée par les anciens, parce qu'elle ressembloit à l'oeil d'un cochon.

HYO - TYRODIEN, en Anatomie, c'est ainsi qu'on appelle deux muscles du larynx, qui viennent de la partie inférieure de la base de l'os hyoïde, & vont s'insérer à la tubérosité oblique du cartilage tyroïde.

HYPPALAGE (Page 8:397)

HYPPALAGE, s. f. U(PALLAGH\, changement, subversion, RR. U(PO\, sub, & H(LLAGHN, aor. 2. pass. d'A(/LLA/TW, muto, lequel est dérivé d'A)/LLOS2, alius.

Les Grammairiens ont admis trois différentes figures fondées également sur l'idée générale de changement, savoir l'énallage, l'hypallage & l'hyperbate: mais il semble qu'ils n'en ont pas déterminé d'une maniere assez précise les caracteres distinctifs, puisque l'on trouve les mêmes exemples rapportés à [p. 398] chacune de ces trois figures. Virgile a dit (AEneïd. III. 61.) dare classibus austros, au lieu de dire dare classes austris: M. du Marsais (des tropes, part. II. art. xviij.) rapporte cette expression à l'hyppallage; Minellius & Servius l'avoient fait de même avant lui. Le P. Lamy (Rhét. liv. I. chap. xij.) cite la même phrase comme un exemple de l'énallage; & d'autres l'ont rapportée à l'hyperbate, Méth. lat. de P. R. traité des figures de constr. ch. vj. de l'hyperbate.

La signification des mots est incontestablement arbitraire dans son origine; & cela est vrai, surtout des mots techniques, tels que ceux dont il est ici question. Mais rien n'est plus contraire aux progrès des Sciences & des Arts, que l'équivoque & la confusion dans les termes destinés à en perpétuer la tradition, par conséquent rien de plus essentiel que d'en fixer le sens d'une maniere précise & immuable.

Or je remarque, en effet, par rapport aux mots, trois especes générales de changemens, que les Grammairiens paroissent avoir envisagés, quand ils ont introduit les trois dénominations dont il s'agit, & qu'ils ont ensuite confondues.

Le premier changement consiste à prendre un mot sous une forme, au lieu de le prendre sous une autre, ce qui est proprement un échange dans les accidens, comme sont les cas, les genres, les tems, les modes, &c. C'est à cette premiere espece de changement que M. du Marsais a donné spécialement le nom d'énallage d'après la plus grande partie des Grammairiens. Voyez Enallage. Mais ce terme n'est, selon lui, qu'un nom mystérieux, plus propre à cacher l'ignorance réelle de l'analogie qu'à répandre quelque jour sur les procédés d'aucune langue. J'aurai occasion, dans plusieurs articles de cet Ouvrage, de confirmer cette pensée par de nouvelles observations, & principalement a l'article Tems.

La seconde espece de changement qui tombe directement sur les mots, est uniquement relative à l'ordre successif selon lequel ils sont disposés dans l'expression totale d'une pensée. C'est la figure que l'on nomme communément hyperbate. Voyez Hyperbate.

La troisieme sorte de changement, qui doit caractériser l'hypallage, tombe moins sur les mots que sur les idées mêmes qu'ils expriment; & il consiste à présenter sous un aspect renversé la corrélation des idées partielies qui constituent une même pensée. C'est pour cela que j'ai traduit le nom grec hypallage par le nom françois subversion; outre que la préposition élémentaire U(PO) se trouve rendue ainsi avec fidélité, il me semble que le mot en est plus propre à défigner que le changement dont il s'agit ne tombe pas sur les mots immédiatement, mais qu'il pénetre jusques sous l'écorce des mots, & jusques aux idées dont ils sont les signes. Je vais justifier cette notion de l'hypallage par les exemples mêmes de M. du Marsais, & je me servirai de ses propres termes: ce que je ferai sans scrupule par - tout où j'aurai à parler des tropes. Je prendrai simplement la précaution d'en avertir par une citation & des guillemets, & d'y insérer entre deux crochets mes propres réflexions.

« Cicéron, dans l'oraison pour Marcellus, dit à César qu'on n'a jamais vû dans la ville son épée vuide du fourreau, gladium vaginâ vacuum in urbe non vidimus. Il ne s'agit pas du fond de la pensée, qui est de faire entendre que César n'avoit exercé aucune cruauté dans la ville de Rome ». [Sous cet aspect, elle est rendue ici par une métonymie de la cause instrumentale pour l'effet, puisque l'épée nue est mise à la place des cruautés dont elle est l'instrument]. « Il s'agit de la combinaison des paroles qui ne paroissent pas liées entre elles comme elles le sont dans le langage ordinaire; car vacuus se dit plûtôt du fourreau que de l'épée.

Ovide commence ses métamorphoses par ces paroles:

In nova fert animus mutatas dicere formas Corpora. La construction est, animus fert me dicere formas mutatas in nova corpora; mon génie me porte à raconter les formes changées en de nouveaux corps: il étoit plus naturel de dire, à raconter les corps, c'est - à - dire, à parler des corps changés en de nouvelles formes.....

Virgile fait dire à Didon, AEn. IV. 385.

Et cum frigida mors animâ seduxerit artus; après que la froide mort aura séparé de mon ame les membres de mon corps; il est plus ordinaire de dire, aura séparé mon ame de mon corps; le corps demeure, & l'ame le quitte: ainsi Servius & les autres commentateurs trouvent une hypallage dans ces paroles de Virgile.

Le même poëte, parlant d'Enée & de la sibylle qui conduisit ce héros dans les enfers, dit, AEneid. VI. 268.

Ibant obscuri solâ sub nocte per umbram, pour dire qu'ils marchoient tout seuls dans les ténebres d'une nuit sombre. Servius & le P. de la Rue disent que c'est ici une hypallage, pour ibant soli sub obscurâ nocte.

Horace a dit, V. od. xiv. 3.

Pocula Lethoeos ut si ducentia somnos Traxerim, comme si j'avois bû les eaux qui amenent le sommeil du fleuve Léthé. Il étoit plus naturel de dire, pocula Lethoea, les eaux du fleuve Léthé.

Virgile a dit qu'Enée ralluma des feux presque éteints, sopitos suscitat ignes (AEn. V. 745.) Il n'y a point là d'hypallage; car sopitos, selon la construction ordinaire, se rapporte à ignes. Mais quand, pour dire qu'Enée ralluma sur l'autel d'Hercule le feu presque éteint, Virgile s'exprime en ces termes, AEn. VII. 542.

..... Herculeis sopitas ignibus aras Excitat; alors il y a une hypallage; car, selon la combinaison ordinaire, il auroit dit, excitat ignes sopitos in aris Herculeis, id est, Herculi sacris.

Au livre XII. vers 187, pour dire, si au contraire Mars fait tourner la victoire de notre côté, il s'exprime en ces termes:

Sin nostrum annuerit nobis victoria Martem; ce qui est une hypallage, selon Servius: hypallage, pro, sin noster Mars'annuerit nobis victoriam, nam Martem victoria comitatur».

[Cette suite d'exemples, avec les interprétations qui les accompagnent, doit suffisamment établir en quoi consiste l'essence de cette prétendue figure que les Rhéteurs renvoient aux Grammairiens, & que les Grammairiens renvoient aux Rhéteurs. C'est un renversement positif dans la corrélation des idées, ou l'exposition d'un certain ordre d'idées quelquefois opposé diamétralement à celui que l'on veut faire entendre. Eh, qui ne voit que l'hypallage si elle existe, est un véritable vice dans l'élocution plûtôt qu'une figure? Il est assez surprenant que M. du Marsais n'en ait pas porté le même jugement, après avoir posé des principes dont il est la conclusion nécessaire. Ecoutons encore ce grammairien philosophe.]

« Je ne crois pas,... quoi qu'en disent les commentateurs d'Horace, qu'il y ait une hypallage dans ces vers de l'ode XVII. du livre I.

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