ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Aux fêtes annuelles, dévotions, te Deum, lits de justice, baptêmes & mariages, ainsi qu'à toutes les céremonies de l'ordre du Saint - Esprit, deux huissiers portent chacun une masse immédiatement devant sa majesté, de même qu'au sacre des rois, où ils marchent aux deux côtés du connétable, habillés de satin blanc avec pourpoint, haut - de - chausse, manches tailladées, manteau & toque de velours. Ils ont part aux sermens prêtés entre les mains du roi; & aux premieres entrées que sa majeste fait dans les villes de son royaume ou dans celles de nouvelles conquêtes, il leur est dû un marc d'or ou sa valeur en argent payable par les officiers de ville.

Lorsqu'il y a des fêtes à la cour, ou que le roi honore l'hôtel - de - ville de sa présence, les huissiers tiennent les portes de la piece qu'occupe sa majesté, & y placent les personnes connues conjointement avec les intendans des menus - plaisirs sous les ordres du premier gentilhomme de la chambre.

Ils ont l'honneur de servir les enfans de France dès le berceau. Dans l'intérieur, ils répondent à madame la gouvernante, & lui annoncent les personnes qu'ils introduisent; & soit aux promenades, soit dans les appartemens extérieurs, en qualité d'écuyers ils donnent la main aux princes jusqu'à sept ans, & aux princesses de France jusqu'à douze. Ils ont bouche à cour à la table des maîtres pendant leur quartier auprès du roi.

Les prérogatives attachées aux huissiers de la chambre, le titre d'écuyer, qui leur est accordé depuis près de 200 ans, ainsi que l'honneur d'être commis dans l'intérieur à la garde de sa majesté, ont fait que cette charge a été exercée sous Louis XIV. par des colonels & capitaines de vaisseaux de roi.

Les anciens états de la France certifient ce dernier article, & font foi des droits dont jouissent les huissiers de la chambre: on y trouvera la date des ordonnances de nos rois, qui leur ont accordé des privileges.

Huissier - Visiteur (Page 8:342)

Huissier - Visiteur, (Commerce & Marine.) on appelle aussi dans les sieges des jurisdictions maritimes de petits officiers quelquefois en titre d'office, & quelquefois seulement commis par les juges de marine pour faire la visite des vaisseaux marchands, soit en entrant dans les ports, soit en sortant. Outre cette visite, dont ils doivent tenir des procès - verbaux exacts aussi bien que de l'arrivée ou du départ des vaisseaux, leurs fonctions sont de s'opposer au transport des marchandises de contrebande & déprédées, & d'empêcher les maîtres de navires de faire voile sans congé. Dict. de Commerce.

HUIT (Page 8:342)

HUIT, s. m. (Arithm.) est le huitieme terme de la suite des nombres naturels, le quatrieme de celle des pairs, & le second de celle des cubes: on n'en fait un article que pour faire connoître une propriété qui lui est particuliere, & qui semble avoir jusqu'ici échappé aux observateurs: la voici avec sa démonstration.

8 étant multiplié successivement par chacun des nombres triangulaires, le produit augmenté de l'unité donne par ordre tous les quarrés impairs, à commencer à celui dont 3 est la racine. [omission: formula; to see, consult fac-similé version]. &c. Il suit que tout quarré impair (le premier excepté) étant diminué de l'unité, le reste se divise exactement par 8.

Soit un quarré impair quelconque représenté par [omission: formula; to see, consult fac-similé version] (a étant un nombre pair); il faut prou<cb-> ver 1°. que 8 est diviseur exact ou facteur de [omission: formula; to see, consult fac-similé version]; 2°. que son co - facteur est un nombre triangulaire.

Les valeurs de a sont tous les termes de la suite des pairs 2, 4, 6, 8, &c. laquelle n'est elle - même que 2 multiplié successivement par chacun des nombres naturels 1, 2, 3, &c. La premiere partie de la propriété étant démontrée pour le premier terme 2, le sera donc par le même moyen pour tous les autres qui n'en sont que des multiples. Or

le quarré de 2 est  [omission: formula; to see, consult fac-similé version]
D'ailleurs 2 pris deux      on a donc  [omission: formula; to see, consult fac-similé version]
fois ne differe point de
son quarré, & est aussi 
Quant à la seconde partie de la propriété, la suite des a a relative aux différentes valeurs de a, est le premier a a ou multiplié successivement par les quarrés des nombres naturels, . . . 1. 4. 9. &c. celle des 2 a n'est pareillement que le premier 2 a (aussi ) multiplié par les racines de ces mêmes quarrés, . . . 1. 2. 3. &c. En ajoûtant ensemble terme à terme ces deux suites correspondantes, il résulte que le co - facteur de 8 est toûjours la somme d'un quarré & de sa racine, divisée par le dénominateur 2 (qu'on peut transporter du premier facteur au second). Mais la moitié de la somme d'un quarré & de sa racine, ou si l'on veut [omission: formula; to see, consult fac-similé version] est l'expression caractéristique d'un nombre triangulaire. Donc, &c. Il suit que si n représente le quantieme d'un terme dans la suite des impairs, le quarré du terme même est [omission: formula; to see, consult fac-similé version].... On emploie ici [omission: formula; to see, consult fac-similé version] au lieu de [omission: formula; to see, consult fac-similé version]; parce qu'à cause de l'exciusion du premier quarré impair (1), au quantieme n du terme dans la suite des impairs, répond dans celle des nombres triangulaires le quantieme, non n, mais [omission: formula; to see, consult fac-similé version]: ce qui n'empêche pas que la formule ne donne l'expression juste du quarré, lors même que la racine est 1. Car alors le quantieme se confondant avec le terme même, n n - n est 1 - 1=0; ce qui rend nul le premier terme de la formule, ensorte qu'il ne reste que le second (+1).

On pourroit au reste faire entrer 8 dans l'expression de tout quarré pair, comme on vient de le faire dans celle de tout quarré impair. Si n désigne le quantieme de la racine dans la suite des pairs, le quarré pair sera généralement [omission: formula; to see, consult fac-similé version] La démonstration en est si aisée à déduire de celle qu'on vient de voir pour les quarrés impairs, qu'il paroît inutile de s'y arrêter.

Comme n n est alternativement un nombre impair & un nombre pair, [omission: formula; to see, consult fac-similé version] est, dans le même ordre alternatif, tantôt une fraction tantôt un entier. Il suit que les quarrés pairs ne sont divisibles par 8 que de deux en deux, mais c'est sans subir aucun changement: au lieu que les impairs le sont tous, mais sous la condition de perdre une unité; compensation qui partage assez également entre les deux especes la propriété. Article de M. Rallier des Ourmes.

HUITAIN (Page 8:342)

HUITAIN, s. m. (Lit.) piece composée de huit vers. Il y en a de deux sortes; ou l'on fait rimer le premier vers du premier quatrain avec le troisieme, & le second avec le quatrieme; ou l'on fait rimer le premier avec le quatrieme, & les deux du milieu ensemble: cette premiere espece de huitain est divisée en deux quatrains, La seconde espece se fait de deux tercets qui [p. 343] sont un sixain, dont les deux premiers vers riment ensemble; le troisieme rime avec le cinquieme, & le quatrieme avec le sixieme; puis on ajoûte deux vers sur une même rime. La premiere sorte est la plus simple: la seconde est la plus variée.

HUITAINE (Page 8:343)

HUITAINE, s. f. (Gram.) intervalle de huit jours: c'est une affaire remise à la huitaine. Les délais des forclusions d'écrire & produire sont de huitaine en huitaine. Il faut qu'une cause soit au rôle pendant une huitaine franche; une adjudication, sauf huitaine.

HUITAINE (Page 8:343)

HUITAINE, s. m. (Commerce.) droit d'aides qui se leve en France sur les vins vendus à pot & par assiete. Voyez Vin. Dict. de Commerce.

HUITIEMIER (Page 8:343)

HUITIEMIER, s. m. (Commerce.) commis des aides, qui fait payer le huitieme des vins. Dict. de Commerce.

HUITRE (Page 8:343)

HUITRE, s. f. voyez Coquille.

Huitre (Page 8:343)

Huitre, (coquille d') Science microsc. Il n'est pas rare de voir sur la coquille des huîtres, dans l'obscurité, une matiere luisante, ou d'une lumiere bleue comme la flamme du soufre, laquelle s'attache aux doigts lorsqu'on la touche, & continue de briller ou de donner de la lumiere pendant un tems considérable, quoique sans aucune chaleur. M. Auxant a observé avec un microscope cette matiere luisante; il a trouvé qu'elle étoit composée de trois sortes de petits animaux; les uns étoient blanchâtres, & avoient vingt - quatre ou ving - cinq jambes fourchues de chaque côté, une tache noire, & le dos comme une anguille écorchée; la seconde espece d'animalcule étoit rouge comme le ver - luisant ordinaire, avec des plis sur le dos, les jambes comme les premiers, le nez comme celui d'un chien, & un oeil à la tête; la troisieme espece étoit marquetée, une tête de sole avec plusieurs houppes de poils blanchâtres; à côté des derniers insectes, il en vit quelques - uns plus gros, de couleur grise, ayant deux cornes comme celles du limaçon, & six ou huit pieds blanchâtres; mais ceux - ci ne brilloient point. Voyez les Trans. Philos. n°. 12. (D. J.)

Huitre (Page 8:343)

* Huitre. Pêche des huîtres au Bourgneuf, dans l'amirauté de Nantes, à la drague & au bateau. Cette manoeuvre est particuliere. Il y a deux pêcheurs dans un bateau; ils jettent une ancre à l'arriere & une autre à l'avant de leur chaloupe, larguant quelques brasses de cablot d'une ancre ou grappin à l'autre. Quand ils se sont établis ainsi, ils mettent leur drague à la mer, soit à l'avant, soit à l'arriere du bateau. Les dragues sont fort petites. Elles ont un sac où les huîtres sont reçues. Ils halent ensuite à force de bras sur le petit funin frappé sur l'organeau de la drague, ensorte que le cablot se roidissant, leur donne lieu de tirer avec plus de force sur leur drague. Ils continuent la même manoeuvre de l'autre bord, en portant leur drague près d'une des ancres; ils l'éloignent ensuite, & halent la drague, soit avant, soit arriere, ear ils n'ont pas l'esprit de pêcher, soit à la rame, soit à la voile, comme font les autres pêcheurs.

Pêche des huîtres au rateau, comme elle se fait dans le fond de la baie de Vanne. Les pêcheurs se mettent deux dans un petit bateau. Ils ont chacun un rateau sans sac, tel que ceux qu'on emploie à la pêche des moules sur les fonds qui ne découvrent pas, & ils entraînent les huîtres avec ce rateau.

Pêche des huîtres à la drague, comme elle se fait dans le ressort de l'amirauté de Marennes. Cette drague n'est armée que d'un seul couteau. On pêche depuis la fin de Septembre jusqu'à la fin d'Avril. Il faut donc publier la déclaration pour défendre la pêche en Mai, Juin, Juillet & Août, afin que les parcs ou fosses d'huîtres que l'on fait vuider de bord & d'autre soient garnis.

Il se ramasse aussi beaucoup d'huîtres à la basse eau de chaque marée, sur - tout des vives eaux.

Les pêcheurs & les sauniers qui sont autour de cette baie font des fosses vers le rivage, profondes d'environ dix - huit à vingt - quatre pouces; ces fosses, qu'ils appellent étangs, sont contigus, & même font partie des parcs des salines. Les pêcheurs y jettent leurs huîtres pêle - mêle sans aucune précaution; elles y sont couvertes de vase noire pendant le séjour qu'elles y font, s'engraissent & se verdissent, mais après y avoir demeuré environ une ou deux années au moins. L'eau sallée qui monte toutes les marées dans la baie n'entre point dans ces fosses que le pêcheur ne le juge à - propos. Les pluies d'eau douce avancent fort la préparation des huîtres vertes. Le transport ne s'en fait que depuis le commencement d'Octobre jusqu'à la fin de Mars; mais elles ne sont d'excellente qualité qu'au bout de deux à trois ans. Voyez toutes ces pêches d'huîtres dans nos Planches, où l'on a aussi représenté les étangs ou parcs aux huîtres vertes. Voyez aussi l'article Salines.

Huitre (Page 8:343)

Huitre, (Diete & Mat. méd.) Les huîtres excitent le sommeil; elles donnent de l'appétit; elles provoquent les ardeurs de Vénus; elles poussent par les urines & lachent un peu le ventre; elles nourrissent peu. Leur usage est estimé par quelques - uns salutaire aux scorbutiques & à ceux qui sont attaqués de la goutte. Je ne conçois pas bien par quel endroit ils les croyent si convenables à ces sortes de maladies. L'opinion commune est que l'huître se digere difficilement, & qu'elle cause des obstructions quand on en fait un usage fréquent; cependant l'expérience n'est pas bien d'accord avec cette opinion, car on voit tous les jours des gens en manger soir & matin, & en assez grande quantité, sans en être incommodés. On remarque même qu'elles passent assez vite, & plusieurs gens assurent qu'aucun aliment ne leur fortifie davantage l'estomac. Lémery, traité des alimens.

On peut ajoûter à ces éloges l'observation très connue des excès qu'on voit pratiquer impunément dans l'usage des huîtres. Il n'est pas rare de trouver des personnes qui avalent cent, & même cent cinquante huîtres à peine machées: ce qui ne sert que de prélude à un dîner très - copieux, & qui leur réussit à merveille.

Mais d'un autre côté les huîtres sont un de ces alimens pour qui plusieurs personnes ont un dégoût invincible. Ce dégoût est naturel chez quelques - unes, mais il est dû chez quelques autres à une espece d'empreinte laissée dans leur estomac par une indigestion d'huîtres; ainsi sur ce point, comme sur la plûpart des sujets de diete, le bien ou le mal dépendent d'une certaine disposition inconnue des organes de la digestion & de l'habitude.

Les écailles d'huîtres fournissent à la Pharmacie un alkali terreux, absolument analogue à la mere des perles, au corail, aux yeux d'écrevisse, aux coquilles d'oeuf, & à celles d'escargot, &c. Voyez Terreux, (Mat. méd.)

L'esprit de nitre & l'esprit de sel dissolvent une plus grande quantité de poudre de coquilles d'huîtres, que des autres alkalis de la même nature, sçavoir des perles, des coraux & de la nacre de perles.

La facilité de leur dissolution semble dépendre en partie de ce que la substance de la coquille d'huître est remplie d'un sel salin, qui paroît manifestement sur la langue; ce sel tient déja la coquille à demi-dissoute, laquelle étant d'ailleurs fort tendre & fort friable, admet aisément les pointes des acides pour en achever la dissolution; au lieu que la substance des perles & de la nacre de perle n'étant pas entremêlée d'un sel salin, au contraire étant un corps sec & très - dur, leur dissolution est plus difficile.

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