ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"338"> & encore moins qui puisse porter à le regarder comme impossible.

Pour donner une idée complette de toute la manoeuvre nécessaire dans l'exécution du procédé de l'inflammation des huiles en général, voici celui de M. Rouelle sur la plus difficile de toutes les huiles, sur l'huile d'olive. « Je prends de l'huile d'olive, de l'acide nitreux le plus concentré, nouvellement fait, & de l'acide vitriolique concentré, de chacun une demi - once. Je mêle d'abord ensemble l'acide nitreux & l'acide vitriolique, & je les verse sur l'huile, qui est contenue dans une capsule ou segment de balon: ces matieres sont un instant sans agir; mais le mouvement s'excite bientôt, & elles entrent dans une violente effervescence; alors ayant à la main une fiole, où il y a une demi-once du même acide nitreux concentré, j'en verse environ un tiers sur les matieres: ce nouvel acide accélere considérablement l'effervescence: les vapeurs qui s'élevent sont beaucoup plus considérables & plus blanches. Un instant après je verse dessus l'autre tiers de l'acide nitreux; pour lors le mouvement s'accélere, & l'effervescence acquiert une rapidité étonnante; les vapeurs redoublent & sont très - blanches; & je verse le reste de l'acide nitreux sur le charbon embrasé: il paroît toutd'un - coup scintillant, & l'huile s'enflamme. Les espaces de tems pour verser ainsi les portions d'acide nitreux, doivent être momentanés, cependant sans précipitation ».

Les doses absolues employées dans cette expérience sont suffisantes; mais en général, l'inflammation réussit d'autant mieux, qu'en emploie des quantités absolues plus considérables; mais sur les huiles très - inflammables, l'expérience réussit à deux gros, & même à un de chaque matiere.

Huiles pharmaceutiques, ou par infusion & décoction. On fait infuser ou bouillir dans l'huile d'olive un grand nombre de substances végétales & quelques substances animales, comme les petits chiens, les lésards, les crapaux, les vers de terre, le castor, &c. On passe ensuite ces huiles, ou même on les garde sur le marc. Ces compositions sont destinées à l'usage extérieur, & elles sont, pour la plûpart, des préparations monstrueuses, parce que l'huile n'a aucune action sur la plus grande partie des matieres végétales qu'on y fait entrer; & la décoction altere inutilement la nature de l'huile. Lesvertus vraies ou prétendues de ces diverses huiles sont rapportées aux articles particuliers. Voyez, par exemple Chien, Lézard, Iris, Rose, Camomille, Mélilot, Mucilage , &c. (b)

Huile d'antimoine, d'arsenic, de Jupiter, de Mars, de Mercure, de Saturne, de Vénus. Ce sont des noms qu'on a donnés à des liqueurs épaisses, denses, approchant, quoique d'une maniere fort éloignée, de la consistence de l'huile commune, & qui sont des dissolutions des substances métalliques, dont chacune porte le nom dans divers acides. Voyez les articles particuliers des ces substances métalliques.

Huile de chaux. C'est le nom ordinaire du sel neutre, formé par l'union de l'acide marin & de la chaux, lorsqu'il est sous la forme d'une liqueur concentrée. Voyez Chaux (Chimie.)

Huile de tartre, huile de tartre par défaillance. On appelle communément ainsi le sel de tartre ou alkalifixe ordinaire en état de défaillance ou deliquium. Voyez Tartre.

Huile de vitriol. C'est le nom vulgaire de l'acide vitriolique concentré. Voyez Vitriol. (b)

Falsification des huiles essentielles. Les huiles essentielles peuvent être falsifiées par le mélange d'une huile par expression, par celui d'un esprit de vin, ou par celui d'autres huiles essentielles.

Les huiles essentielles des aromates des Indes, que les Hollandois nous vendent très - cher, sortent rarement de leurs boutiques sans quelque falsification. L'huile de cannelle, celle de girofle, de macis & de muscade, sont ordinairement mêlées d'huile d'amandes ou d'huile de ben. Cette fraude se découvre aisément: on n'a qu'à tenter de dissoudre dans l'esprit - de - vin une huile ainsi falsifiée; car, comme l'esprit - de - vin est le menstrue des huiles essentielles, & qu'il ne touche point aux huiles par expression, il enlevera toute l'huile essentielle, & laissera a fond du vaisseau dans lequel on fera l'expérience, l'huile par expression très - pure, très - reconnoissable, & souvent en une quantité très - considérable.

Des fripons plus adroits mêlent l'huile de cannelle ou de girofle avec une quantité très - considérable d'esprit - de - vin: ce mélange peut être porté jusqu'à parties égales de chaque liqueur; & il retient encore, à cette proportion, la couleur & l'odeur qui sont propres à ces huiles essentielles. Il n'est pas plus difficile de reconnoître cette fraude que la précédente. Si on noye d'une grande quantité d'eau une huile essentielle fourrée d'esprit - de - vin, on produit une liqueur laiteuse; au lieu que ces mêmes huiles nagent sur l'eau, & s'en séparent sans la blanchir lorsqu'elles ne renferment point d'esprit - de - vin.

La troisieme espece de falsification, qui consiste à mêler une huile essentielle de vil prix à une autre huile essentielle plus chere, ne peut avoir lieu que pour les huiles qui ont une odeur forte, & capable de couvrir celle de l'huile qu'on y mêle, qui est toûjours celle de térébenthine. Les huiles des plantes à fleurs labiées de notre pays, telles que le thim, la menthe, l'origan, la sauge, le romarin, la lavande, &c. sont très - propres à être ainsi falsifiées. Mais cette fraude se découvre bientôt, & par l'action seule du tems; car l'odeur spécifique & agréable des huiles de ces plantes se dissipe lorsqu'on les a gardées un certain tems, & l'odeur forte de l'huile de térébenthine perce & se fait reconnoître aux moins expérimentés. Mais il y a un moyen plus prompt & plus abregé pour produire dans ces huiles mélangées l'altération qui développe & fait dominer l'odeur de l'huile de térébenthine. On n'a qu'à imbiber de ces huiles des morceaux de linge ou de papier, & les approcher d'un corps chaud, des parois d'un fourneau, par exemple; alors l'odeur plus subtile & plus douce de l'huile de lavande, de thym, &c. se dissipe la premiere, & il ne reste bientôt plus que l'odeur forte de l'huile de térébenthine. On peut ajoûter à cette épreuve deux signes assez démonstratifs de cette derniere falsification: le premier se déduit de ce que les huiles falsifiées par l'huile de térébentine sont plus limpides & plus fluides que ces huiles pures; & le second, de ce que les étiquettes appliquées assez ordinairement sur le bouchon des fioles qui contiennent ces huiles, sont effacées en tout ou en partie par les exhalaisons de l'huile de thérébentine; propriété qui est particuliere à cette derniere huile, & que n'ont pas au moins les huiles des plantes dont nous parlons.

On prétend encore que certains Artistes distillent les plantes qui ne donnent qu'une très - petite quantité d'huile essentielle, avec des substances très chargées d'huile par expression, la rue, par exemple, avec les semences de pavot; & que dans cette opération, une assez bonne quantité d'huile par expression, qui est naturellement fixe, est enlevée dans la distillation par le secours de l'huile essentielle. Mais cette prétention a besoin d'être confirmée par des expériences; & si elle se trouve fondée, il restera à savoir encore si l'huile par expression enlevée dans cette distillation, a changé de nature, & quel est son nouvel état. Voyez Frid. Hoffmann, Observat. physico - chimic. Lib. I, obs. ij. [p. 339]

Huile des Métaux (Page 8:339)

Huile des Métaux, (Chimie) c'est ainsi que quelques chimistes ont appellé le phlogistique, ou la partie inflammable qui entre dans la combinaison des métaux. Voyez l'article Phlogistique.

Huile d'Onction (Page 8:339)

Huile d'Onction, (Hist. sacr.) c'est celle que Moyse avoit composée pour l'onction & la consécration du roi, du souverain sacrificateur, & de tous les vaisseaux sacrés, dont on se servoit dans la premiere maison de Dieu.

Nous apprenons dans l'exode, chap. 30, que cette huile étoit faite de myrrhe, de cinnamome, de calamus aromaticus & d'huile d'olive, le tout confi par artifice de parfumeur.

Moyse ordonna aux israëlites de garder précieusement cette huile de génération en génération; voilà pourquoi elle étoit déposée dans le lieu très saint.

Chaque roi n'étoit pas oint, mais seulement le premier de la famille, tant pour lui - même, que pour tous les successeurs de sa race; il ne falloit pas d'autre onction, à moins qu'il ne s'élevât quelque difficulté touchant la succession, auquel cas celui qui l'avoit obtenue, quoiqu'il fût de la même famille, recevoit l'huile d'onction pour mettre fin à toute dispute, personne n'étant en droit, après cette cérémonie, de lui contester son titre: ce fut le cas de Salomon, de Joas & de Jéhoahaz; mais chaque souverain sacrificateur étoit oint à sa consécration, ou lorsqu'il entroit en charge, & il en étoit de même du prêtre qui alloit à la guerre en sa place.

Les vaisseaux & les ustensiles qu'on oignoit avec l'huile d'onction, étoient l'arche de l'alliance, l'autel des parfums, la table des pains de proposition, le chandelier d'or, l'autel des holocaustes, le lavoir & les vases qui en dépendoient.

Comme Moyse consacra toutes ces choses par l'huile d'onction à l'érection du tabernacle, aussi lorsque quelqu'une venoit à être détruite, à s'user, ou à se perdre, elle pouvoit, tant que cette huile subsista, être rétablie & réparée, en faisant & consacrant d'autres ustensi les à la place, qui acquéroient la même sainteté que les premiers, au moyen de l'existence de l'huile d'onction; mais malheureusement cette huile ayant péri avec le premier temple, & manquant dans le second temple, ce triste accident causa un défaut de sainteté dans toutes les autres choses qui y appartenoient. En vain, les Juifs, à leur retour de Babylone, & après le rétablissement de leur têmple, eurent un arche, un autel des parfums, une table des pains de proposition, un chandelier d'or, un autel des holocaustes, un lavoir avec les vases qui y appartenoient, & le tout plus beau que dans le premier temple, cela ne servit de rien; en vain, ils mirent toutes ces choses dans leur premiere place, & les appliquerent aux mêmes usages; le manque d'huile d'onction rendit le tout défectueux.

Ajoutons aussi, qu'outre ce défaut d'huile, le second temple fut encore privé de cinq choses qui constituoient la gloire principale du premier; savoir, 1°. de l'arche de l'alliance, qui étoit un petit coffret de bois de cédre, de trois piés neuf pouces de long, sur deux piés trois pouces de large, & deux piés trois pouces de haut. Il renfermoit la cruche où étoit la manne, & la verge d'Aaron qui avoit fleuri; le propitiatoire faisoit le couvercle de ce coffre. 2°. Il manquoit au second temple le Schekinna, c'est - à - dire, la présence divine se manifestant dans une nuée qui reposoit sur le propitiatoire. 3°. Il manquoit l'urim & le thummin, qui étoit quelque chose que nous ignorons, & que Moyse mit dans le pectoral du souverain sacrificateur. Exode 28, 30, Lévitiq. 8, 8. On sait que le pectoral étoit une piece d'étoffe en dou<cb-> ble de la grandeur de quelques pouces en quarré, dans laquelle piece d'étoffe étoient enchassées douze pierres précieuses gravées des noms des douze tribus. 4°. Il manquoit au second temple le feu sacré qui fut éteint lors de la destruction du premier temple; ensorte qu'on ne vit plus que du feu commun dans le second temple. 5°. L'esprit de prophétie y manquoit, ce qui pourtant ne doit pas être entendu à la rigueur; car Aggée, Zacharie & Malachie prophétiserent encore.

Il ne faut donc pas être surpris que toutes ces choses, outre l'huile d'onction, manquant dans le second temple, les vieillards, lorsqu'on en posoit les fondemens, versassent des larmes au souvenir du premier; mais tout cela fut abondamment réparé, lorsque, pour me servir des termes des prophetes, le desir des nations, le seigneur qu'elles cherchoient entra dans son temple; lors, dis - je, que J. C. le véritable Schékinna, honora le dernier temple de sa présence; & à cet égard, la gloire de la seconde maison l'a emporté de beaucoup sur celle de la premiere. (D. J.)

Huile de Cade (Page 8:339)

Huile de Cade, (Hist. des Drog.) huile fétide, rousse ou noire, empyreumatique, qui se tire du tronc & des rameaux de l'oxycédre & du genevrier en arbre que l'on brûle dans quelques fours destinés à cet usage. Cette huile appliquée en liniment à l'extérieur, est puissamment résolutive; on s'en sert dans les provinces, pour les ulceres qui viennent aux brebis & aux moutons, après qu'on les a tondus. Les maréchaux s'en servent aussi pour la gale & les ulceres des chevaux. En Languedoc, on fait beaucoup d'huile de cade, semblable à celle du genevrier à baies rougeâtres; on en tire de l'huile, en distillant son bois par la cornue. (D. J.)

Huile de Médie (Page 8:339)

Huile de Médie, (Pharmac. anc.) autrement dite huile des Medes, ou huile de Médée, en latin oleum medicum, nom que les anciens ont donné à une huile célebre qui avoit la propriété de brûler dans l'eau, malgré tout ce qu'on pouvoit faire pour l'éteindre. On l'appella huile de Médie, parce qu'on la recevoit de ce pays - là; d'autres la nommerent huile de Médée, parce qu'ils imaginerent que c'étoit avec cette huile que la fille d'Hécate avoit brûlé la couronne de sa rivale.

Ammien Marcellin raconte que, si l'on trempe une fleche dans cette huile, & qu'on la tire avec un arc contre quelque corps imflammable, le tout prend feu immédiatement sans possibilité de l'éteindre avec de l'eau.

Le poison de Pharos, venenum pharicum de Nicandre, passoit pour être la même chose que l'huile de Médie; & tout ce qu'il en dit convient parfaitement au récit que font d'autres auteurs, des propriétés de l'huile de Médée, de sorte qu'on ne peut douter que ces, deux liqueurs ne soient la même chose.

Quelques uns prétendent qu'on tiroit cette huile d'une plante; mais Pline assure positivement que c'étoit un minéral bitumineux, liquide, de la nature du naphte, ce qui est très - apparent, parce que les huiles minérales sont les substances les plus inflammables que nous connoissions. Babylone est fameuse chez plusieurs auteurs, pour fournir cette liqueur; il est certain que le naphthe s'y trouve abondamment. Strabon dit qu'elle en produit deux especes, l'une blanche, & l'autre noire. La blanche étoit vraisemblablement ce qu'on nommoit l'huile de Médie, ou de Médée; mais on ne doit pas douter que les anciens n'ayent extrêmement exagéré les effets, les propriétés & les vertus qu'ils lui ont attribuées; l'hyperbole leur est familiere dans tous les récits qu'ils nous ont fait des choses étrangeres à leurs pays, en quoi nous les avons assez bien imités. (D. J.)

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