ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"158"> 1711, in - 4°. une bonne traduction Latine de ce dernier ouvrage, & y a joint la vie de l'auteur. (D.J.)

HERE - MARTEA (Page 8:158)

* HERE - MARTEA, s. f. (Myth.) divinité que les anciens honoroient, par des actions de graces, lorsqu'il leur survenoit quelque héritage ou succession. Ils en avoient fait une des compagnes de Mars. Son nom est un composé de hereditas & de Mars.

HÉRÉMITIQUE (Page 8:158)

HÉRÉMITIQUE, adj. (Gram.) qui est de l'hérémite. La vie hérémitique.

HÉRÉNAQUE (Page 8:158)

HÉRÉNAQUE, s. m. (Hist. eccl.) En Hybernie les Hérénaques étoient des clercs à simple tonsure, chargés de ramasser les revenus ecclésiastiques & de les distribuer. Ils en donnoient une partie à l'évêque, une autre aux pauvres; la troisieme étoit réservée aux réparations des églises & aux dépenses qui se faisoient dans les temples.

HÉRENTHALS (Page 8:158)

HÉRENTHALS, (Géog.) c'est - à - dire la vallée des seigneurs, bourgade des Pays - Bas Autrichiens dans le Brabant, au quartier d'Anvers, bâtie par Henri duc de Brabant en 1212 sur la Nettre. Long. 22. 26. lat. 51. 9. (D. J.)

HÉRÉSIARQUE (Page 8:158)

HÉRÉSIARQUE, s. m. (Théolog.) premier auteur d'une hérésie, ou le chef d'un secte hérétique. Voyez Hérétique. Les principaux hérésiarques ont été Cérinthe, Ebion, Basilides, Valentin, Marcion, Montan, Manés, Arius, Macédonius, Sabellius, Pélage, Nestorius, Eutychés, Berenger, Wicklef, Jean Hus & Jérôme de Prague, Luther, Calvin, Zuingle, Servet, Socin, Fox, &c.

Arius & Socin sont appellés hérésiarques, parce qu'ils ont été les chefs des Ariens & des Sociniens. Voyez Ariens & Sociniens. Simon le magicien est le premier hérésiarque qu'il y ait eu dans la nouvelle loi. Voyez Simonien.

HÉRÉSIDES (Page 8:158)

* HÉRÉSIDES, s. f. (Myht.) prêtresses de Junon l'Orgienne. On les honoroit à Argos, & l'année de leur sacerdoce servoit de dates dans les monumens publics.

HÉRÉSIE (Page 8:158)

HÉRÉSIE, s. f. (Critiq. sacrée.) Ce mot, qui se prend à présent en très - mauvaise part, & qui signifie une erreur opiniâtre, fondamentale contre la religion, ne désignoit dans son origine, qu'un simple choix, une secte bonne & mauvaise; c'est le sens du mot Grec AI(\RESIS2, electio, secta, du verbe AI(\REW, je choisis.

On disoit hérésie péripatéticienne, hérésie stoïcienne, & l'hérésie chrétienne étoit la secte de Jesus - Christ. Saint Paul déclare, que pendant qu'il vivoit dans le Judaisme, il s'étoit attaché à l'hérésie pharisienne, la plus estimable qu'il y eût dans cette nation; & c'est ce qu'il allegue pour preuve de la droiture d'ame avec laquelle il avoit vécu. Il ne prend point, par cette déclaration, le nom d'hérétique pharisien, comme étant un titre flétrissant, il le renferme au contraire dans sa défense; si ce terme eût eu le sens qu'on lui donne aujourd'hui, c'est plûtôt aux Saducéens qu'aux Pharisiens qu'il auroit convenu.

Les hérésies, c'est - à - dire, les différentes sectes qu'on suivoit, n'avoient rien de choquant quant au nom, & elles ne devenoient blâmables que par la nature des erreurs qu'elles admettoient; mais vraies ou fausses, innocentes ou dangereuses, importantes ou indifférentes, elles portoient également le nom d'hérésies. Ce n'est que dans la suite des tems qu'on a attaché à cette qualification une idée si grande d'horreur, que peu s'en faut qu'on ne frémisse au simple son de ce terrible mot.

On définit l'hérésie, une opiniâtreté erronée contre quelque dogme de la foi; mais comment juger sûrement de cette opiniâtreté, car ceux - là même qui sont dans l'erreur peuvent regarder comme opi<cb-> niâtres les partisans de la vérité? Rien n'est plus difficile, disoit saint Chrysostome. que d'abandonner les opinions ausquelles on s'est attaché. Ajoutons, pour preuve de cette réflexion, que le dégré de la faute de ceux qui errent, est proportionné au dégré de leurs lumieres, & à d'autres dispositions intérieures que les hommes ne sçauroient ni pénétrer ni changer.

A Dieu ne plaise qu'on prétende faire ici l'apologie des hérésies. On desireroit au contraire que les Chrétiens n'eussent qu'une même foi; mais puisque la chose n'est pas possible, on voudroit du moins qu'à l'exemple de leur Sauveur, ils fussent remplis les uns pour les autres de bienveillance & de charité.

Le malheur de ce royaume en particulier, a voulu qu'on fût divisé depuis plus de 200 ans sur les dogmes de créance, & l'un des articles du serment de nos rois est de détruire les hérésies; mais comme ce mot n'est point défini, & que d'ailleurs on ne sauroit trop en restraindre le sens, ce n'est pas à dire que pour parvenir à cette extirpation, le prince y doive procéder avec violence, contre la foi publique, & rompre l'amour, la sûreté, la protection qu'il doit à ses sujets pour le bien de l'état. Il n'y a point de serment qui puisse être contraire aux commandemens de Dieu, & nos rois ne jurent l'article de la destruction de l'hérésie, qu'après avoir juré un autre article qui le précede, par lequel ils promettent de conserver inviolablement la paix dans leur royaume. Ce premier serment regle tous les autres, & par conséquent emporte avec lui la douceur & la tolérance. Je crois qu'il est à propos de répéter souvent ces vérités, & de les inculquer respectueusement aux fils & petits - fils des rois qui doivent un jour monter sur le trône, afin de jetter dans leur ame dès la tendre enfance, les semences d'une piété véritable & lumineuse. (D. J.)

Hérésie se dit par extension de quelques propositions fausses dans des matieres qui n'ont aucun rapport à la foi.

Les théologiens distinguent deux sortes d'hérésie, l'une matérielle, & l'autre formelle. La premiere consiste à avancer une proposition contraire à la foi, mais sans opiniâtreté, au contraire dans la disposition sincere de se soumettre au jugement de l'Eglise. La seconde a les caracteres contraires.

Hérésie (Page 8:158)

Hérésie, (Jurisprud.) Les sujets orthodoxes ne sont point dispensés de la fidélité & obéissance qu'ils doivent à leur souverain, quand même il seroit hérétique, suivant la doctrine de saint Paul.

L'hérésie étant un crime contre la religion, la connoissance en appartient au juge d'Eglise, pour déclarer quelles sont les opinions contraires à celles de l'Eglise, & punir de peines canoniques ceux qui soutiennent leurs erreurs avec obstination. Les évêques peuvent absoudre du crime d'hérésie.

Mais ce crime est aussi considéré comme un cas royal, en tant qu'il contient un scandale public, commotion populaire & autres excès qui troublent la religion & l'état; c'est pourquoi la connoissance en appartient aussi aux juges royaux, même contre les ecclésiastiques qui en sont prévenus. Voyez l'ordonnance du 30 Août 1742.

Les hérétiques sont incapables de posséder des bénéfices: l'hérésie où tombe le bénéficier fait vaquer le bénéfice de plein droit, mais non pas ipso facto; il faut un jugement qui déclare le bénéficier hérétique.

Les seigneurs & patrons déclarés hérétiques sont exclus des droits honorifiques dans les églises, & incapables de jouir du droit de patronage.

On n'admet plus aussi les hérétiques à aucun office, [p. 159] où il faut une information des vie & moeurs du récipiendaire.

Sur l'hérésie, voyez les textes de droit cités par Brillon au mot Hérésie; les loix ecclésiastiques de Héricourt, part. I, chap. xxiv. Voyez aussi ce qui est répandu dans les mémoires du clergé. (A)

HÉRÉTICITÉ (Page 8:159)

HÉRÉTICITÉ, s. f. (Gram. & Théolog.) imputation bien ou mal fondée d'une doctrine hérétique. On dit l'héréticité d'un livre, l'héréticité d'un auteur, l'héréticité d'une proposition, ou ce qui la rend hérétique.

HÉRÉTIQUE (Page 8:159)

HÉRÉTIQUE, adj. s. m. (Morale.) Un hérétique, dans le sens propre du mot, est un homme quï fait choix d'une opinion, d'une secte, bonne ou mauvaise. Dans le sens ordinaire, ce terme désigne toute personne qui croit ou soutient opiniâtrement un sentiment erroné sur un ou plusieurs dogmes de la religion chrétienne. Voyez Hérésie.

Nous n'avons pas dessein de démontrer ici combien est détestable le principe qui permet de manquer de foi aux hérétiques; ceux qui adopteroient cette maxime odieuse, s'il s'en trouve encore dans le monde, seroient incapables de toute lumiere & de toute instruction.

Nous ne nous arrêterons pas non - plus à prouver l'injustice de la haine que certaines gens portent aux hérétiques; nous aimons mieux tâcher de rectifier leur façon de penser par celle des gens éclairés & respectables dans l'Eglise, & nous ne leur citerons pour directeurs que Salvien & saint Augustin. Voici comme s'exprime sur les sectateurs d'une des premieres hérésies, je veux dire sur les Ariens mêmes, le digne & célebre prêtre de Marseille, qu'on surnomma le maître des évêques, & qui déploroit avec tant de douleur les déréglemens de son tems, qu'on l'appella le Jérémie du v. siecle.

« Les Ariens (dit - il) sont hérétiques, mais ils ne le savent pas; ils sont hérétiques chez nous, mais ils ne le sont pas chez eux; car ils se croient si bien catholiques, qu'ils nous traitent nous - mêmes d'hérétiques. Nous sommes persuadés qu'ils ont une pensée injurieuse à la génération divine, en ce qu'ils disent que le fils est moindre que le pere. Ils croient eux, que nous avons une opinion injurieuse pour le pere, parce que nous faisons le pere & le fils égaux: la vérité est de notre côté, mais ils croient l'avoir en leur faveur. Nous rendons à Dieu l'honneur qui lui est dû, mais ils prétendent aussi le lui rendre dans leur maniere de penser. Ils ne s'acquittent pas de leur devoir, mais dans le point même où ils manquent, ils font consister le plus grand devoir de la religion. Ils sont impies, mais dans cela même ils croient suivre la véritable piété. Ils se trompent donc; mais par un principe d'amour envers Dieu, & quoiqu'ils n'ayent pas la vraie foi, ils regardent celle qu'ils ont embrassée comme le parfait amour de Dieu. Il n'y a que le souverain juge de l'univers qui sache comment ils seront punis de leurs erreurs au jour du jugement. Cependant il les supporte patiemment, parce qu'il voit que s'ils sont dans l'erreur, ils errent par un mouvement de piété ». Salvianus de Gubernat. Dei, lib. V. pag. 150 & 151 de l'édit. de Paris 1645, publiée par M. Baluze.

Ecoutons maintenant saint Augustin sur les hérétiques Manichéens, son discours n'est pas moins beau. « Nous n'avons garde (leur dit - il) de vous traiter avec rigueur; nous laissons cette conduite à ceux qui ne savent pas quelle peine il faut pour trouver la vérité, & combien il est difficile de se garantir des erreurs. Nous laissons cette conduite à ceux qui ne savent pas combien il est rare & pénible de s'élever au - dessus des fan<cb-> tômes d'une imagination grossiere par le calme d'une pieuse intelligence. Nous laissons cette conduite à ceux qui ne savent pas quelle difficulté il y a à guérir l'oeil de l'homme intérieur, pour le mettre en état de voir son soleil..... Nous laissons cette conduite à ceux qui ne savent pas quels soupirs & quels gémissemens il faut pour acquérir quelque petite connoissance de la nature divine.... Pour moi, je dois vous supporter comme on m'a supporté autrefois, & user envers vous de la même tolérance dont on usoit envers moi lorsque j'étois dans l'égarement. .....»

Le latin est d'une grande pureté. Illi in vos soeviant, qui nesciunt, cum quo labore verum inveniatur, & quàm difficile caveantur errores..... Illi in vos soeviant, qui nesciunt.... Illi in vos soeviant..... C'est dans l'épître contra Epist. Manichoei, cap. II. & III, pag. 78 & 79, tom. VI, édit. Basil. 1528. Si saint Augustin s'est quelquefois écarté de sa morale, ce n'est pas ce que j'examine, il suffit que j'expose ses sentimens d'après lui - même.

Enfin, je renvoie tous ceux qui seroient portés à hair ou à approuver les violences contre les hérétiques, à l'école du philosophe de la Grece, qui remercioit les dieux de ce qu'il étoit né du tems de Socrate. Platon disoit « que la seule peine dûe à un homme qui erre, est d'être instruit ».

En effet, ce qui prouve invinciblement combien l'on doit supporter les errans en matiere de religion, c'est que leur erreur peut avoir pour principe une louable inclination de s'éclairer, qui malheureusement ne se trouve pas soutenue de toute la capacité, de toute l'attention & de toute l'étendue d'esprit nécessaire.

Il est donc honteux de décrier jusqu'au style & aux vertus mêmes des hérétiques. On a employé cette ruse odieuse, de peur que de l'estime de leurs personnes, on ne passât à celle de leurs ouvrages, & du goût de leur maniere d'écrire, à celui de leurs opinions. Mais n'y a - t - il pas de meilleures voies pour apprendre aux hommes à séparer le bon du mauvais? Arius, a - t - on dit autrefois, avoit un fond d'orgueil incroyable qui le rongeoit, sous l'apparence de la plus grande modestie: eh d'où sçavoit - on qu'il avoit tant d'orgueil, s'il en montroit si peu?

La défense de la vérité ne tire aucune gloire de tous ces sortes de moyens. Elle n'est pas plus heureuse en mettant en usage les noms injurieux d'hérétiques & d'hétérodoxes, qu'on se rend réciproquement; outre que souvent l'homme du monde, qui est le plus dans l'erreur, en charge avec zèle celui qui pense le plus juste, & qui a le plus travaillé à s'éclairer.

Je ne déciderai point la question s'il faut permettre la lecture des livres hérétiques: je demanderai seulement, au cas qu'on défende cette lecture, si on renfermera dans la défense les livres des orthodoxes qui les réfutent. Si les orthodoxes, dans leurs réfutations, rapportent, comme ils le doivent, les argumens des hérétiques dans toute leur force, il paroît qu'il vaudroit tout autant laisser lire les ouvrages des hérétiques. Si les orthodoxes manquent à cette justice & à ce devoir en fait de critique, ils se deshonorent par leur peu de sincérité, & ils trahissent la bonne cause par leur défiance. (D. J.)

Hérétiques négatifs (Page 8:159)

Hérétiques négatifs, (Théol.) dans le langage de l'inquisition, sont ceux qui étant convaincus d'hérésie par des preuves dont ils ne peuvent nier l'évidence, demeurent sur la négative, font profession ouverte de la religion catholique, & déclarent l'horreur qu'ils ont pour l'hérésie dont on les accuse. Voyez Inquisition. (G)

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