ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"156"> doux & sage, élevé dans la charmante société des muses. J'ai lû dans le dixieme tome des Mémoires de Littérature, une dissertation expresse sur le savoir d'Hercule, qui ne m'a point gueri de ce préjugé. (D. J.)

Hercule (Page 8:156)

Hercule colonnes d', (Géog. anc.) On entend présentement par ce nom, deux montagnes aux deux côtés du détroit de Gibraltar, savoir Calpé en Espagne, & Abila en Afrique. Les anciens ne s'accordent point sur l'endroit où il falloit placer les colonnes d'Hercule, & ce sont eux - mêmes qui nous l'apprennent. Les uns, dit Strabon, entendent par ces colonnes, le détroit, ou ce qui resserre le détroit; d'autres Gades; d'autres des lieux situés au - delà de Gades. Quelques - uns prennent Calpé & Abyla pour les colonnes d'Hercule; d'autres croyent que ce sont de petites isles voisines de l'une & de l'autre montagne. D'autres enfin, veulent que ces colonnes ne soient autre chose, sinon les colonnes de bronze de huit coudées, qui étoient à Gades, dans le temple d'Hercule: ce sont, dit - on, celles que les Tyriens trouverent; & ayant fini là leur navigation, & sacrifié à Hercule, ils eurent soin de publier que la terre & la mer ne s'étendoient pas plus loin. D'ailleurs c'est un ancien usage d'élever de pareils monumens, & ces monumens de main d'homme étant ruinés avec le tems, le nom demeure au lieu même où ils étoient. Voilà le précis des réflexions de Strabon sur ce sujet; & ce précis suffiroit pour prouver que cet auteur est un critique des plus judicieux, indépendamment de son mérite en Geographie. (D. J.)

HERCULÉEN (Page 8:156)

HERCULÉEN, adj. (Méd.) c'est une épithete que l'on trouve employée dans quelques ouvrages de Médecine, pour designer la qualite de quelques maladies & de quelques remedes, relativement à leur force, c'est - à - dire à la violence des symptomes de celles - là, ou des effets de ceux - ci. Ainsi on appelle maladie herculéene, l'épilepsie, parce qu'elle cause dans l'économie animale un très - grand desordre, qui est l'effet d'un vice tres - difficile à détruire. Voyez Epilepsie. Aëtius fait mention d'une sorte de collyre, qu'il nomme herculéen, parce qu'il lui attribue la propriété de détruire radicalement les égilops, les fistules lachrymales: Schroder, lib. III. cap. xvij. & Willis, Pharmac. Rat. part. 1. f. 2. c. 2. vantent beaucoup un remede chimique, vomitif & purgatif, qu'ils appellent l'Hercule de Bovius: on peut consulter les oeuvres des auteurs cités. Voyez Castell. Lexic.

HERCULIEN (Page 8:156)

HERCULIEN, noeud. (Antiq.) C'est ainsi qu'on appelloit le noeud de la ceinture de la nouvelle mariée; le mari seul le dénouoit lorsqu'elle se deshabilloit pour se mettre au lit, & en le dénouant, il invoquoit toujours les bontés de Junon, & la prioit de rendre son mariage aussi fécond que celui d'Hercule; mais cette heureuse simplicité ne subsista que dans les premiers siecles de Rome; sur la fin de la république, loin d'adresser des invocations à Junon, on évita de se marier, pour ne pas mettre au jour des malheureux; envain Auguste tenta par ses loix Julia & Papia - Poppoea, de remettre en vigueur les anciennes ordonnances, qui enjoignoient aux censeurs de ne pas permettre aux citoyens de vivre dans le célibat. Comme il n'attaquoit pas les vraies causes de la dépopulation, il n'eut pas plus de succès que Louis XIV. n'en a eu dans ce royaume. (D. J.)

HERCYNIE, Foret d (Page 8:156)

HERCYNIE, Foret d', (Géog. anc.) La forêt & la montagne d'Hercynie, Hercynius saltus, Hercynium jugum, sont, selon les historiens grecs, une forêt & une montagne de la Germanie, où ils mettent la source du Danube & celle de la plûpart des rivieres qui coulent vers le nord; ils regardoient les montagnes d'Hercynie comme les plus hautes de toute l'Europe, les avançoient jusqu'à l'océan, & les bordoient de plusieurs îles, dont la plus considérable étoit la grande Bretagne; voilà du - moins l'idée qu'en avoit Diodore de Sicile.

Les Grecs ayant oüi dire aux Germains que la Germanie avoit quantité de montagnes & de vastes forêts, & remarquant qu'ils se servoient du mot hartzen pour les exprimer, se figurerent que ce n'étoit qu'une seule forêt continuée dans toute la Germanie, & une seule chaîne de montagnes répandue dans tout le pays; pour désigner cette forêt & cette chaîne de montagnes, ils firent le mot *E(RKUNION.

Pline dit que la grosseur des arbres de cette forêt, aussi anciens que le monde, & que les siecles ont épargnés, surpasse toutes les merveilles par leur destinée immortelle. Jules - César, qui en parle fort en détail, & qui l'appelle Orcynia, lui donne 60 journées de longueur; mais sa mesure est bien éloignée d'être exacte. M. d'Ablancourt traduit l'Hercynia sylva de César, par la forêt - noire, qui n'y convient en aucune maniere; la forêt noire n'a point cette étendue, & répond seulement à la Martiana sylva des anciens. Nos traducteurs françois tombent souvent dans ces sortes de fautes.

A l'égard des montagnes d'Hercynie répandues dans toute la Germanie, suivant l'opinion des anciens, c'est une chimere qui a la même erreur pour fondement; il ne faut donc pas croire avec quelques modernes, que ce fût une forêt continue, quoiqu'elle le fût réellement beaucoup plus que de nos jours, & les raisons n'en sont pas difficiles à trouver. (D. J.)

HÉREDIE (Page 8:156)

HÉREDIE, s. f. (Littérat.) mesure romaine en fait de terres; l'hérédie contenoit quatre actes quarrés, ou deux jugeres, c'est - à - dire 480 piés romains de long, & 240 piés de large. Voyez Jugere. (D. J.)

HÉREDITAIRE (Page 8:156)

HÉREDITAIRE, adj. m. & f. (Jurisprud.) se dit de ce qui a rapport à une succession, comme les biens héréditaires, la part héréditaire. (A)

Héréditaire (Page 8:156)

Héréditaire, adj. (Médec.) Ce terme est employé pour désigner l'espece de différence accidentelle d'une maladie, en tant qu'elle dépend d'un vice contracté par la qualite de la liqueur séminale & des humeurs maternelles, qui concourent à donner à l'embryon le principe de vie, & à le former.

Tous les hommes mâles ont acquis dans le corps de leur mere la disposition à ce que la barbe leur croisse à l'âge de puberté, & les femelles à ce qu'elles deviennent sujettes au flux menstruel: cette disposition peut donc être regardée comme héréditaire, en tant qu'elle est transmise des peres & meres aux enfans; il en est de même de certaines maladies: on observe que les individus de certaines familles éprouvent tous qu'ils y deviennent sujets à certain âge; telle sont par exemple, l'épilepsie, la goutte: il est aussi difficile de pouvoir détruire cette disposition, que celle qui fait croître la barbe à un jeune homme qui est en bonne santé.

On range parmi les maladies héréditaires, les cancers, la pierre des voies urinaires, la phthisie, qui surviennent respectivement à un certain âge marqué, dans toute une famille, jusqu'à ce qu'elle soit absolument éteinte; de sorte cependant que si quelqu'un de ceux qui la forment, peut éviter d'en être atteint au tems ordinaire, il en devient exempt pour le reste de sa vie.

On doit distinguer les maladies héréditaires de celles que les Pathologistes appellent connées, morbi connati, c'est - à - dire que le foetus a contractées accidentellement dans le ventre de sa mere, que l'on apporte en naissant, par conséquent sans qu'elles soient l'effet d'un vice de la santé des parens, antérieur à la conception, transmis aux enfans, comme dans le cas des maladies héréditaires: telle est l'idée que [p. 157] donne Boerrhaave, de ces sortes de maladies, dans le Commentaire de ses Institutions. Pathol. §. 738.

Toutes sortes de maladies ne sont pas susceptibles de devenir héréditaires: selon Neuter, ce sont principalement celles qui ont rapport à la pléthore, aux congestions, aux dispositions hémorrhagiques, telles que l'apoplexie, les hémorrhagies de différens âges. Voyez Hémorrhoides & les maladies qui ont été mentionnées ci - devant.

Il n'est pas facile de déterminer en quoi consiste la disposition aux maladies héréditaires; mais on peut dire en général qu'elle paroît dépendre d'une sorte de rapport entre les enfans & les peres, dans le système des solides, dans leur degre habituel d'action sur les fluides (vis vitoe): d'où, comme en résulte vraissemblablement une ressemblance de figure, de caractere, suit aussi celle du tempérament, de la complexion. Voyez Génération. En effet on observe que les enfans qui sont le plus ressemblans à leurs auteurs, sont aussi, tout étant égal, le plus sujets aux maladies héréditaires, s'il y en a dans la famille. Voila ce semble, ce qu'on peut dire de plus raisonnable sur ce sujet, qui de sa nature n'est pas susceptible d'être approfondi.

Mais pour un plus grand détail sur tout ce qui regarde les maladies considérées comme héréditaires, on peut trouver beaucoup d'instruction dans le traité qu'a donné sur ce sujet Dermutius de Meara, intitulé Pathologia hereditaria, annexé à son examen de febribus: on peut aussi consulter fort utilement la dissertation de Zellerus de morbis hereditariis, & celle de Sthaal de hereditariâ dispositione ad varios affectus.

HÉRÉDITÉ (Page 8:157)

HÉRÉDITÉ, (Jurisprud.) signifie succession. Voyez Succession. (A)

Hérédité des offices est le droit que le pourvû a de transmettre son office à ses héritiers successeurs ou ayans cause. Anciennement les offices n'étoient que de simples commissions annales, & même révocables ad nuium; depuis la vénalité des offices qui les a rendu permanens, chaque officier a toujours cherche les moyens de conser ver son office après sa mort; ce qui se pratiquoit d'abord seulement. en obtenant la survivance pour une autre personne. Des survivances particulieres, on passa aux survivances générales, lesquelles furent accordées par divers édits de 1568, 1574, 1576 & 1586. L'hérédité des offices fut inventée par Paulet, & admise par une déclaration du 12 Décembre 1604, en faveur des officiers de judicature & de finance, en payant par eux au commencement de chaque annee, la soixantiéme partie de la finance de leur office, lequel droit a été nommé annuel ou paulette, du nom de celui qui en fut l'inventeur. Il y a eu depuis ce tems divers édits & déclarations, pour donner ou ôter l'hérédité à certains offices. Voyez Loyseau, des Offices, liv. II. ch. x. & les recueils d'Edits concernant l'annuel. (A)

Hérédité des rentes est le droit de transmettre à ses héritiers successeurs & ayans cause, certaines rentes qui ne sont ni viageres ni perpétuelles, étant destinées à être remboursées au bout d'un certain tems; le roi a créé depuis quelque tems de ces rentes héréditaites sur les postes, & autres. (A)

HÉRÉENS Monts (Page 8:157)

HÉRÉENS Monts, (Géog. anc.) montagnes de Sicile nommées *H(\RAIAO)RH\, par Diodore de Sicile, qui en vante la beaute & la salubrité. Liv. IV. ch. xvj. pag. 283.

Cette chaîne de montagnes, suivant l'opinion la plus commune, s'étend dans la vallée de Démone; on les appelle présentement monti Sori, & celle où la Chrysa prend sa source, se nomme monte Artesino.

La description que Diodore fait de ces montagnes est confirmée par Fazel; ce sont, dit ce moderne, les plus belles & les plus agréables du pays; elles ont des sources en abondance, des vignes, des rosiers, des oliviers, & autres arbres domestiques, qui y conservent toujours leur verdure. Presque toutes - les autres montagnes de Sicile sont nues, dégarnies, ou couvertes seulement de forêts & d'arbres sauvages; mais celles - ci, ajoute - t - il, sont entierement différentes; c'est, selon lui, dans ces montagnes propres à être culrivées, que Daphnis, si célebre dans les poésies bucoliques, naquit des amours de Mercure, & d'une nymphe du canton; c'est ici que ce même Daphnis fut changé en rocher, pour avoir été insensible aux charmes d'une jeune bergere. Mais Carrera, ou l'auteur della Antica Syracuja illustrata, revendique la naissance de Daphnis près de Raguse, dans une vallée qui est arrosée des eaux de la Loza.

Enfin les auteurs qui placent les monts Héréens aux environs de Syracuse, font Daphnis Syracusain. II paroît assez que chacun souhaite que le pays de sa naissance lui soit commun avec celui du charmant poëte bucolique. (D. J.)

HÉRÉES (Page 8:157)

HÉRÉES, s. f. pl. (Antiq.) fêtes en l'honneur de Junon, à Argos, à Samos, à Egine, en Elide & en plusieurs autres villes de la Grece; vous en trouverez la description dans Potter, Archoeolog. groec. l. II. c. xx. t. 1. p. 397. Je ne dirai qu'un mot de la maniere dont on les célébroit à Argos.

Là après avoir immolé cent boeufs à la déesse, tous les jeunes gens du lieu se disputoient chaque année le prix proposé. Au - dessus du theatre il y avoit un quartier fort d'assiete, où l'on clouoit un bouclier de maniere qu'il étoit très - difficile à arracher; celui qui y parvenoit; recevoit pour le prix de sa victoire une couronne de myrthe, & un bouclier d'airain; de - là vient que le lieu s'appelloit Aspis, c'est - à - dire le bouclier. Ce prix ne regardoit pas seulement la jeunesse d'Argos, les étrangers étoient aussi admis à y concourir, comme il paroit par l'Ode VII. des Olympioniques de Pindare, où Diagoras de l'île de Rhodes est loué d'avoir remporté le prix: « Le bouclier d'airain l'a connu », dit Pindare dans son style poétique.

Au reste ces fêtes sont nommées Hérées, du nom grec *H(RH, Junon. (D. J.)

HEREFORD (Page 8:157)

HEREFORD, (Géog.) considérable ville d'Angleterre, capitale de l'Herefordshire, avec un évêché suffragant de Cantorbery; elle envoie deux députés au parlement, & est située sur la Wye, à sept lieues N. O. de Glocester, six S. O. de Worcester, treize N. O. de Bristol, 120 milles N. O. de Londres. On prétend qu'elle a été bâtie des ruines d'Ariconium, qui étoit à ce que l'on croit, au lieu où est aujourd'hui Wenchester. Long. 14. 55. lat. 52. 6. (D. J.)

HEREFORDSHIRE (Page 8:157)

HEREFORDSHIRE, (Géog.) province d'Angleterre, dans l'intérieur, vers le pays de Galles. Elle a environ 100 milles de tour, 660000 arpens & 15000 maisons. Elle abonde en blé, bois, laine, saumon & cidre: sa laine est la plus estimée d'Angleterre, de même que son cidre, qui se fait d'une pomme appellée redstreak, fort mauvaise à manger. C'est dans cette province qu'on trouve la fameuse colline ambulante, Marsley - Hill, ainsi nommée, parce qu'en 1574 au mois de Février, un tremblement de terre détacha 26 arpens de terrain qui changerent de place.

Stanley (Thomas) naquit dans cette province: ce gentilhomme Anglois est fort connu des savans par deux beaux ouvrages: le premier est sa traduction latine des tragedies d'Eschyle, avec un commentaire & des scholies; elle parut à Londres en 1664 in - fol. Le second est son histoire de la philosophie, ecrite en Anglois. Un savant d'Allemagne, M. Godefroy Oléarius, a publié à Leipsick en

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