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Ce dernier cas est ordinairement celui des hémorrhagies symptomatiques: le précédent convient à celles qui sont critiques; dans celui - là tout est, pour ainsi dire, méchanique; dans celui - ci, les effets sont comme prédéterminés.
Il suit, de ce qui vient d'être dit, que les différentes causes de l'hémorrhagie peuvent se réduire à deux sortes de changemens qui se font dans la partie où elle a lieu, respectivement à l'état naturel; savoir 1°. à la disposition particuliere des vaisseaux d'où se fait l'effusion de sang, disposition par laquelle la force retentrice de ces vaisseaux est considérablement diminuée, au point de céder à la force expultrice ordinaire, ou peu augmentée; 2°. à la disposition générale, par laquelle la force retentrice restant la même que dans l'état habituel, la force expultrice augmente dans toutes les autres parties, au point de surmonter la résistance de cette partie, de la faire cesser, & de forcer les vaisseaux à se dilater outre mesure, ou à se rompre.
On ne conçoit pas aisément que le simple écartement des fibres, qui composent les vaisseaux des
parties qui souffrent une hémorrhagie, puisse suffire
pour la procurer, par l'espece de disposition qu'on
appelle diapédeze. Voyez
L'érosion des vaisseaux, qu'on appelle diabrose,
(voyez
Tel est le système de toutes les hémorrhagies, tant
Après - avoir établi que l'hémorrhagie, de quelque
nature qu'elle soit, ne semble dépendre que de la
foiblesse de la partie où elle se fait, ou des efforts,
soit méchaniques par les loix de l'équilibre vasculaire,
ou spasmodiques, par une action déterminée
de la puissance motrice, qui sont produits dans toutes
les parties du corps contre celle qui s'ouvre,
d'où suit l'effusion de sang; on peut donc conclure,
que dans le premier cas l'hémorrhagie ne peut être
regardée que comme un symptome morbifique, un
vice, une lésion dans l'économie animale; & que
dans le second, elle est toujours une tendance de la
nature à produire un effet utile, à diminuer la trop
grande quantité de sang absolue ou respective, dans
une partie ou dans tout le corps; par conséquent à remédier
à la pléthore générale ou particuliere; (voyez
Ainsi Sthaal, Venter, & la plûpart des observateurs en pratique, rapportent avoir souvent vû des hémoptysies, des crachemens, des vomissemens, des pissemens de sang qui avoient des retours aussi réglés que sont ceux de l'évacuation menstruelle dans l'érat naturel: ce qui établit indubitablement qu'il y a quelque chose d'actif dans ces sortes d'hémorrhagies utiles, qui est une vraie tendance de la nature à faire des efforts pour suppléer, par une évacuation extraordinaire, au défaut d'une autre qui devoit se faire naturellement, ou qui étoit devenue nécessaire par habitude, par tempérament.
Mais cette tendance suivie des effets, peut cependant
pécher par excès ou par défaut: il en est
donc de toute hémorrhagie spontanée comme des
menstrues utérines qui sont toujours produites pour
l'avantage de l'individu; mais il peut y avoir des
variations très - nuisibles, en tant que l'évacuation
peut être trop ou trop peu considérable, ou qu'elle
peut être accompagnée d'autres circonstances nuisibles
à l'économie animale. Voyez
On trouvera, dans ces différens articles, à se convaincre, que si les hémorrhagies sont souvent des effets grandement nuisibles à l'économie animale, en tant qu'elles procurent l'évacuation d'un fluide, qui devroit être retenu, conservé dans ses vaisseaux, ou qu'elles causent par excès du déréglement à l'égard d'une excrétion naturelle, elles sont aussi très - souvent un des plus sûrs moyens que la nature emploie pour préserver des maladies qu'une trop grande quantité même de bonnes humeurs pourroit occasionner; & qu'ainsi les hémorrhagies ne doivent pas toûjours être regardées comme des maladies, puisqu'elles sont au contraire très souvent propres à en garantir, & qu'elles peuvent produire des effets salutaires, en tant qu'elles tien<pb-> [p. 119]
Il s'ensuit qu'il n'y a pas moins de danger à supprimer une hémorrhagie critique, simple, dans quelque partie du corps qu'elle ait lieu, qu'à faire cesser mal - à - propos l'hémorhagie naturelle aux femmes: la disposition de l'économie animale peut rendre celle - là aussi utile, aussi nécessaire que celle - ci.
L'effort salutaire de la nature se démontre clairement par les signes qui précedent dans la plûpart des hémorrhagies spontanées, & qui dénotent une véritable dérivation des humeurs vers la partie où doit se faire l'évacuation pour l'avantage de l'individu. Ainsi, avant le saignement de nez, la tête devient pesante, le visage devient rouge, les jugulaires s'enflent, les rameaux des carotides battent plus fortement, tandis que toute l'habitude du corps devient pâle, & que les extrémités inférieures sont froides; ce qui ne peut être que l'effet de la révulsion spasmodique de toutes ces parties - ci vers les parties supérieures. Dès que le sang a coulé suffisamment, l'égalité de la chaleur & du cours des humeurs se rétablit dans tout le corps à mesure que les efforts toniques cessent d'être déterminés par le besoin, & que les lois de l'équilibre reprennent le dessus. Les symptomes qui précedent le plus souvent le flux menstruel, le flux hémorrhoïdal, le vomissement de sang, l'hémoptisie & les autres hémorrhagies spontanées ou critiques, sont respectivement de la même nature. Voyez les articles où il est traité de ces différentes évacuations.
Mais si le sang qui est forcé à sortir de ses vaisseaux, ne trouve point d'issue pour être versé immédiatement hors du corps; s'il se répand dans quelque cavité où il se ramasse, où il devient un corps étranger, soit que la cause efficiente de l'hémorrhagiè soit symptomatique ou critique, il en résulte des desordres dans l'économie animale, qui sont proportionnés à l'importance des fonctions qui sont lésées en conséquence: ainsi l'épanchement du sang, dans l'intérieur du crâne, produit une compression du cerveau, qui intercepte le cours des esprits dans le genre nerveux, à proportion qu'elle est plus considérable; d'où s'ensuivent des causes très - fréquentes de paralysies plus ou moins étendues, selon que les nerfs sont affectés dans leur principe en plus ou moins grand nombre; d'où résultent très - souvent des apoplexies, des morts subites, lorsque la compression est assez étendue & assez considérable pour porter sur les nerfs qui se distribuent aux organes des fonctions vitales: ainsi l'effusion du sang qui se fait par l'ouverture ou par la rupture de quelque gros vaisseau dans la poitrine, cause des compressions sur les poûmons, sur les arteres principales ou sur le coeur même, d'où s'ensuivent des suffocations, des syncopes mortelles. L'épanchement de sang dans la cavité du basventre ne produit point des effets si dangereux; & ce n'est qu'à raison de la quantité qui s'en répand qu'il peut s'ensuivre des lésions qui portent atteinte au principe vital, autrement ces sortes d'hémorrhagies ne nuisent point d'une maniere aussi prompte & aussi violente que celles qui se font dans des cavités, où le sang accumulé peut gêner les fonctions des organes qui servent immédiatement à l'entretien de la vie.
Dans ces différens cas, si l'on peut s'assûrer par
Cependant ce fluide, hors de ses vaisseaux, est un corps étranger qui dégénere bien - tôt, & ne peut qu'être très - nuisible à l'économie animale, tant qu'il est renfermé entre les visceres, sans issue en quantité considérable: il n'y a d'autre moyen d'en faire cesser les mauvais effets, qu'en le faisant sortir hors du corps, ce qui est très - difficile, comme on vient de le faire entendre, & rend toujours ces sortes d'hémorrhagies très - dangereuses, & le plus souvent mortelles; qu'elles soient, ainsi qu'il a été dit, symptomatiques ou critiques.
Les hémorrhagies les plus communes, dans lesquelles
le sang se répand hors du corps, peuvent
être aussi très - nuisibles, si elles causent une trop
grande déperdition de ce fluide par quelque cause
qu'elles soient produites, soit qu'elles se fassent par
la dilatation forcée des vaisseaux, soit qu'elles dépendent
d'une rupture de leurs tuniques: le cerveau
recevant moins de sang qu'à l'ordinaire, il s'y sépare
à proportion moins de fluide nerveux; d'où
s'ensuit le défaut d'esprits nécessaires pour soutenir
les forces, pour opérer les mouvemens nécessaires
à l'exercice de toutes les fonctions: d'où résultent
la débilité & toutes ses suites, particulierement l'imperfection
des digestions, de la sanguification, qui
en fournissant un chyle mal travaillé & moins propre
à donner la matiere propre à former des globules
rouges; cette matiere elle - même étant mal
travaillée, & ce qui en résulte faisant une très - petite quantité de ces globules, & respectivement trop
de parties séreuses, disposent ainsi le fluide des vaisseaux
sanguins, à manquer de la consistence qui
lui est nécessaire, & à être plus susceptible de passer
dans les vaisseaux collatéraux d'un genre différent,
à les remplir d'humeurs aqueuses plus tenues
qu'elles ne devroient se trouver dans ces vaisseaux
d'où elles s'échappent plus aisément, & fournissent
matiere à une plus grande quantité d'exhalations
par la voie de la transpiration, particulierement
dans les capacités des différens ventres, dont la chaleur
tient les pores plus ouverts; ensorte que ces
vapeurs s'y ramassent, s'y condensent ensuite, & y
forment la matiere de différentes sortes d'hydropisies,
telles qu'on les observe souvent à la suite des
pertes de sang produites par les grandes blessures,
ou par toute autre cause externe ou interne d'effusion
de sang; voyez Next page
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