ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"11"> fois: ensuite on siche les pointes; on les habille tantôt en passant la pierre sur les pointes & la tirant de gauche à droite & de droite à gauche, afin de les renverser toutes également & du même côté, tantôt en poussant la pierre droit devant soi, & la retirant dans la même direction, pour abattre le tranchant des pointes, tantôt en les redressant avec l'instrument appellé le dresseur, les refendant, &c. ces manoeuvres se réiterent jusqu'à ce que la carde soit distribuée en allées bien compassées, les pointes également renversées, & le tranchant parfaitement usé. Pour en venir à l'habillage, tout étant préparé, c'est - à - dire la matiere des pointes coupée & pliée au premier doublet, mise en petits paquets ou tas contigus sur le plateau, & pliée au second doublet arrêté sur le milieu du plateau par un support de bois élevé d'environ un pouce; le plateau est fixé sur un bloc; l'habilleur est devant un autre bloc couvert d'un patron de la longueur du feuillet qui sert de contrepoids, quand on passe la pierre. On finit par monter le feuillet sur un bois ou fust à manche & à rebord du même côté. C'est la derniere main de la carde.

Habiller (Page 8:11)

Habiller, en Jardinage, c'est avant que de planter les jeunes arbres, les couper de huit ou neuf piés de haut, & visiter leurs racines pour les raccourcir modérément; il faut ôter toutes celles qui sont brisées, & couper les autres en pié de biche par - dessous, eû égard à la situation où doit être planté l'arbre. N'habillez pas si court, ou n'étronçonnez point, & n'ôtez point le chevelu à - moins qu'il ne foit rompu. C'est une erreur de croire qu'il soit inutile; il sert beaucoup à la reprise des jeunes plants.

On laissera aux arbres sauvages une tige de six à sept pieds hors de terre. Les arbres fruitiers de haute tige seront rafraîchis dans leur tête, à laquelle on laissera trois ou quatre branches chacune de la longueur de dix à douze pouces; ce qui forme sa rondeur dès la premiere année.

Les buissons ou nains seront coupés à sept à huit pouces au - dessus de la greffe qu'il faut laisser découverte, c'est - à - dire sans y mettre de terre, mais qu'on enduira de cire ou de mastic.

On prétend qu'il ne faut laisser qu'un seul étage de racines à un arbre, & choisir toujours les plus jeunes & les plus rougeâtres; les autres étant inutiles. Voyez Racines.

Les arbres levés en motte sont exemts d'être ravalés; ils conservent leur tête & une partie de leur ramage. Voyez Lever.

Habiller une peau (Page 8:11)

Habiller une peau, terme de Marchand Pelletier, c'est la préparer à être employée aux différens ouvrages de Pelleterie. Voyez Pelletier.

Habiller un cuir (Page 8:11)

Habiller un cuir. terme de Tannerie, c'est lui donner la premiere préparation pour le mettre au tan. Voyez Tanner.

Celui qui habille les peaux s'appelle l'habilleur. Ce terme est fort en usage chez les Pelletiers; en général il signifie dans les atteliers la personne qui prépare les différentes matieres, denrées, ou marchandises où le terme habiller peut avoir lieu.

Habiller (Page 8:11)

Habiller, en terme de Potier, c'est l'action d'ajoûter une oreille, un manche, un pié, au corps d'une piece; ce qui se fait en déchiquetant la piece de plusieurs coups, pour y insérer l'une des parties que nous venons de nommer.

On habille encore du chanvre, en le passant par le seran. Voyez l'article Chanvre.

HABILLOT (Page 8:11)

* HABILLOT, s. m. (Commerce de bois.) espece de morceau de bois qui sert sur les trains à accoupler les coupons; il fait le même effet que le garot. Voyez l'article Train.

HABIT (Page 8:11)

HABIT, s. m. (Modes.) j'entends ici par habit tout ce qui sert à couvrir le corps.

Il n'est pas possible de donner au lecteur la connoissance de tant d'habits différens dont les hommes ont fait usage, pour couvrir leur nudité & pour se mettre à l'abri de la rigueur des hivers: notre curiosité seroit même peu satisfaite, si nous pouvions pénétrer dans les tems reculés des premiers siecles; nous y verrions sans doute les hommes tout nuds, ou couverts les uns de feuillages, d'écorce d'arbres, & les autres de la peau de quelques bêtes féroces.

Je voudrois seulement connoître la forme des habits des Grecs, lorsqu'ils étoient les peuples les plus polis de la terre; mais à - peine savons - nous les noms de quelques - uns. Nous sommes beaucoup mieux instruits des habits des Romains; & comme tout ce qui concerne ce peuple nous intéresse, nous en ferons un article séparé. Ceux des hommes qui ont été consacrés par la religion méritent aussi par ce motif quelques - uns de nos regards, outre qu'ils ont moins changé de mode: c'est pourquoi nous en dirons un mot. Ainsi voyez Habit ecclésiastique, & Habit religieux.

Pour ce qui concerne les vêtemens de ce grand nombre de peuples qui changerent la face du monde, en chassant les Romains des pays dont ils s'étoient rendus maîtres, nous n'en avons aucune idée, & nous ne devons pas le regretter.

Quant à ce qui nous regarde en particulier, l'inconstance naturelle à notre nation a produit tant de variéte dans la forme de ses habits, qu'il seroit impossible d'en suivre le fil. Nous remarquerons seulement en général, que l'habit long étoit autrefois celui des nobles, & qu'ils ne portoient l'habit court qu'à l'armée & à la campagne: l'ornement principal de l'un & de l'autre consistoit à être bordé de martre zibeline, d'hermine, ou de vair. On s'avisa sous Charles V. d'armoirier les habits, je veux dire de les chamarrer depuis le haut jusqu'en bas de toutes les pieces de son écu; cette mascarade dura cent ans. Louis XI. bannit l'habit long; Louis XII. le reprit; on le quitta sous François I. Un des goûts de ce prince fut de taillader son pourpoint, & tous les gentilshommes suivirent son exemple. Henri II. portoit un jupon pour haut - de - chausses, & un petit manteau qui n'alloit qu'à la ceinture. Les fils s'habillerent comme le pere. Enfin depuis Henri IV. nos habits ont si souvent changé de face, qu'il seroit ridicule d'entrer dans ce détail ennuyeux. Mais on ne pensera pas de même des réflexions qu'a fait sur cette matiere l'illustre écrivain de l'Histoire naturelle de l'homme, & je me flate qu'on sera bien aise de les retrouver ici.

« La variété dans la maniere de se vêtir, dit M. de Buffon, est aussi grande que la diversité des nations; & ce qu'il y a de singulier, c'est que de toutes les especes de vêtemens nous avons choisi l'une des plus incommodes, & que notre maniere, quoique généralement imitée par tous les peuples de l'Europe, est en même tems de toutes les manieres de se vêtir, celle qui demande le plus de tems, & celle qui paroît être le moins assortie à la nature.

Quoique les modes semblent n'avoir d'autre origine que le caprice & la fantaisie, les caprices adoptés & les fantaisies générales méritent d'être examinées. Les hommes ont toujours fait & feront toujours cas de ce qui peut fixer les yeux des autres hommes, & leur donner en même tems des idées avantageuses de richesses, de puissance, de grandeur, &c.

La valeur de ces pierres brillantes qui ont toûjours été regardées comme des ornemens précieux, n'est fondée que sur leur rareté & sur leur [p. 12] éclat ébloüissant; il en est de même de ces métaux éclatans, dont le poids nous paroît si léger, lorsqu'il est reparti sur tous les plis de nos vêtemens pour en faire la parure. Ces pierres, ces métaux sont moins des ornemens pour nous, que des signes pour les autres, auxquels ils doivent nous remarquer & reconnoître nos richesses. Nous tâchons de leur en donner une plus grande idée, en aggrandissant la surface de ces métaux; nous voulons fixer leurs yeux, ou plûtôt les ébloüir. Combien peu y en a - t - il en effet qui soient capables de séparer la personne de son vêtement, & de juger sans mélange l'homme & le métal!

Tout ce qui est rare & brillant sera donc toûjours de mode, tant que les hommes tireront plus d'avantage de l'opulence que de la vertu, tant que les moyens de paroître considérables seront différens de ce qui mérite d'être seul considéré. L'éclat extérieur dépend beaucoup de la maniere de se vêtir. Cette maniere prend des formes différentes, selon les différens points de vûe sous lesquels nous voulons être regardés. L'homme glorieux ne néglige rien de ce qui peut étayer son orgueil ou flater sa vanité; on le reconnoît à la richesse ou à la recherche de ses ajustemens.

Un autre point de vûe que les hommes ont assez généralement, est de rendre leur corps plus grand, plus étendu; peu contens du petit espace dans lequel est circonscrit notre être, nous voulons tenir plus de place en ce monde, que la nature ne peut nous en donner; nous cherchons à aggrandir notre figure par des chaussures élevées, par des vêtemens renflés; quelque amples qu'ils puissent être, la vanité qu'ils couvrent n'est - elle pas encore plus grande »?

Mais laissons l'homme vain faire parade de son mérite emprunté, & considérons l'industrie de l'étoffe qu'il porte, dont il est redevable au génie du fabriquant.

C'est un beau coup - d'oeil, si j'ose parler ainsi, que la contemplation de tout ce que l'art a déployé successivement de beautés & de magnificence, à l'aide de moyens simples dont le hasard a presque toûjours présenté l'usage. La laine, le lin, la soie, le coton, ou le mélange de ces choses les unes avec les autres, ont constitué la matiere & le fond de toutes les étoffes & toiles fines; le travail & les couleurs en font le prix & la différence. Ainsi d'un côté, la dépouille des animaux, les productions de la terre, l'ouvrage des vers; & de l'autre des coquillages, des insectes, la graine des arbres, le suc des plantes, & quelques drogues, servent à la composition de tous les vêtemens.

Les Phrygiens trouverent l'art de broder avec l'aiguille; leur ouvrage étoit relevé en bosse, eminebat ac asperior reddebatur: les Babyloniens au contraire ne formoient qu'un tissu qui n'étoit chargé que de la différence des couleurs, tegmen unitè pictum de coloribus variis; & après cela ils employoient l'aiguille sur ce tissu: ces deux peuples rendoient également les figures. De nouveaux ouvriers s'éleverent à Alexandrie, qui, avec la seule navette & des fils de couleurs différentes, étendirent plus loin l'industrie. Voilà ce que nous savons des anciens.

Je ne parlerai pas de la perfection où l'on a porté dans nos tems modernes la variété, le goût, la richesse, la solidité, la durée, en un mot les fabriques admirables des principales étoffes qui servent aux vêtemens, à la parure, & aux ameublemens. C'est assez de dire que les anciens n'ont rien connu de pareil. On donne dans cet Ouvrage les principales manoeuvres des Arts & Métiers par lesquels on exécute tant de beaux ou d'utiles ouvrages; le discours en décrit les opérations à chaque article; la gravûre les représente à l'oeil: l'un & l'autre réunis en dévoilent le secret à la postérité; & c'est ce qui n'avoit point encore été fait jusqu'à ce jour. (D. J.)

Habits (Page 8:12)

Habits des Romains, (Hist. anc.) habits particuliers à ce peuple célebre.

Il importe beaucoup de les connoître, tant pour l'intelligence des auteurs sacrés & prophanes, que pour celle des loix & des monumens antiques; on le prouveroit par plusieurs recherches d'érudition. Lisez sur ce point Octav. Ferrarius, de re vestiariâ Romanorum, libri VII. Patav. 1670, in - 4°.

Les habits des Romains, dans les anciens tems, n'étoient formés que de diverses peaux de bêtes, auxquelles ils firent succéder de grosses étoffes de laine, qu'on perfectionna & qu'on rendit plus fines dans la suite; mais le genre de vie des premiers Romains étoit si grossier, qu'il approchoit de celui des sauvages. Pendant plusieurs siecles, ils eurent si peu d'attention à l'extérieur de leur personne pour la propreté & la parure, qu'ils laissoient croître leurs cheveux & leur barbe, sans en prendre aucun soin.

Les habits annexés aux charges éminentes de la république, se ressentoient de ce goût si peu recherché, & ne différoient des autres que par quelques ornemens de pourpre; ils pensoient que les dignités par elles - mêmes & par la maniere de les remplir, devoient suffire pour imprimer tout le respect qui leur étoit dû, sans emprunter l'éclat d'une magnificence qui ne frappe que les yeux du vulgaire, & qui d'ailleurs ne convenoit point à l'esprit républicain dont ils étoient épris.

Quand les étoffes de laine furent introduites, ils se firent des tuniques amples avec des manches larges & si courtes, qu'à peine elles descendoient jusqu'au coude: cette mode même dura long - tems; car il paroît que ce ne fut que vers le siecle de Constantin qu'ils prolongerent les manches presque jusqu'au poignet. C'étoit sur cette ample tunique qu'on mettoit une ceinture, & par - dessus une robe sans manches, comme une espece de manteau large ouvert par - devant, qu'on appelloit toge: on en faisoit passer un des bouts par - dessus l'épaule gauche, afin d'avoir le bras droit plus libre; & lorsqu'on vouloit agir avec cet habillement, on le retroussoit en le tournant autour du corps.

Sous la république, la maniere ordinaire, en allant par les rues, étoit de le laisser descendre presque sur les talons; Auguste amena la mode de le relever plus haut; ensorte que par - devant on le laissoit tomber un peu au - dessous du genou, & par - derriere jusqu'à mi jambe.

Lorsque les Romains devinrent plus riches, on fit la toge d'une étoffe de laine fine & blanche pour l'ordinaire: c'étoit dans son origine un habit d'honneur défendu au petit peuple, qui n'alloit par la ville qu'avec la simple tunique; il étoit pareillement défendu à ceux qu'on envoyoit en exil: cependant on quittoit ordinairement la toge en campagne, où l'on se servoit d'un habit plus court & moins embarrassant. A l'égard de la ville, la bienséance vouloit qu'on n'y parût qu'avec cet habillement: ensuite quand il devint commun à presque tout le monde, il n'y eut plus que la finesse de l'étoffe & la plus grande ampleur de cette robe qui distinguât les personnes riches. La toge fut commune aux deux sexes, jusqu'à ce que, vers le déclin de la république, quelques femmes de qualité prirent l'usage de la robe nommée stole: alors la toge ne fut plus que l'apanage des hommes, des femmes du menu peuple, & des libertines. Voyez Stole.

La robe qu'on appelloit prétexte avoit beaucoup de ressemblance avec la toge; c'étoit celle qu'on faisoit porter aux enfans de qualité: dès qu'ils avoient atteint l'âge de douze ans, ils quittoient l'habit d'en<pb->

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